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Chroniques du 8 Janvier.

Sommaire

1198

Lothaire de Segni est élu Pape sous le nom d’Innocent III. Le plus grand Pape du Moyen-Âge entre en action. Il n’a pas 40 ans et n’est même pas prêtre.

Né en 1160, dans une famille très influente, Giovanni Lotario, comte di Segni, étudia la théologie à Paris et le droit canon à Bologne, ce qui constituait la meilleure éducation offerte à son époque. Sans être ordonné prêtre, il fut pape à trente-sept ans, élu à l'unanimité par le collège des cardinaux, le jour même de la mort de son prédécesseur, et son pontificat fut à la hauteur de toutes les espérances de ses électeurs.

Innocent s'intéressa à tous les aspects de la vie publique. Fidèle à l'esprit de sa fonction, il prêcha souvent en public et tenta d'imposer à sa curie un mode de vie modeste. Conscient de son autorité de pontife (il était très attaché à son titre de vicaire du Christ), il tenta néanmoins de renforcer les pouvoirs de l'épiscopat en restreignant le nombre de cas jugés directement par Rome.

Ses démarches diplomatiques renforcèrent le pouvoir papal sur les territoires instables aux alentours de Rome, c'est pourquoi il fut souvent considéré comme le véritable fondateur des États pontificaux.

Innocent III affirma la suprématie de l'autorité papale sur les pouvoirs séculiers. Il profita ainsi de la mort de l'empereur germanique Henri IV (1197) pour réaffirmer le rôle du pape dans le choix des prétendants à la couronne impériale et dans l'arbitrage des candidats : il couronna Othon (1209), l'excommunia (1210) pour porter Frédéric II au pouvoir (1212).

Il fit pourtant preuve d'une grande prudence à l'égard du roi de France Philippe Auguste, qui avait fait scandale en répudiant sa femme, et il obtint par ce moyen entière satisfaction (1213). Dans le conflit qui l'opposa à Jean sans Terre au sujet de l'élection de Stephen Langton à l'archevêché de Canterbury, Innocent III marqua une victoire décisive, puisque le roi anglais remit le royaume tout entier sous la protection pontificale (1213).

Les entreprises les plus controversées du pontificat d'Innocent III furent ses deux croisades. En 1209, après avoir dépêché en vain des prédicateurs pour régler la question sans combat, le pape lança une offensive dans le sud-ouest de la France, contre la secte hérétique dualiste des albigeois, dont les pratiques menaçaient selon lui les institutions sociales traditionnelles. La croisade provoqua une terrible effusion de sang, et le pape dut multiplier les appels à la modération, sans pouvoir arrêter le carnage ni vaincre l'hérésie.

Très concerné par la protection de la Terre sainte, Innocent III y envoya la quatrième croisade. En 1204, un bataillon de croisés envahit la ville chrétienne de Constantinople et la mit à sac. Cet incident dramatique devait empoisonner les relations entre les Églises d'Orient et d'Occident pendant des centaines d'années. Il fut aussi le prétexte de l'établissement, à Constantinople, d'un royaume latin éphémère.

Vers la fin de sa vie, en 1215, Innocent convoqua à Rome le quatrième concile du Latran. Ce concile édicta en particulier des lois régissant les droits et les devoirs de toutes les classes de la société. Parmi ces décrets figurait le célèbre " Omnis Utriusque Sexus ", selon lequel tous les chrétiens adultes devaient recevoir au moins une fois par an les sacrements de la confession et de l'eucharistie. Le concile encouragea en outre saint Dominique et saint François dans leurs efforts pour fonder de nouveaux ordres. Ce concile, qui rassembla à Rome quelque quatre cents évêques et huit cents abbés et supérieurs, ainsi que de nombreux princes séculiers, fut ainsi le plus grand rassemblement médiéval et l'une des réalisations les plus spectaculaires du pontificat d'Innocent III.

Innocent mourut subitement le 16 juillet 1216, à Pérouse, pendant un voyage dans le nord de l'Italie.

1916

Rembrandt Bugatti, frère du constructeur automobile, peintre animalier, se suicide.

Ettore Bugatti, créa en 1907 à Molsheim (en Alsace), les usines, désormais célèbres, de construction automobile. Il entrait ainsi dans la légende de l’automobile.

Son frère, Rembrandt, obtint une grande place dans le tout petit groupe des sculpteurs animaliers européens du début du XXe siècle.

Autodidacte mais initié à la sculpture par le prince Troubetzkoï, ancien élève de Rodin, le jeune Rembrandt découvrit tout de suite sa voie. En 1901, sa première œuvre fondue est une vache. À Paris, il va être pris en main par Adrien Hébrard qui possède à la fois le journal " Le Temps ", une fonderie et une galerie rue Royale. Rembrandt accepte de signer un contrat d’exclusivité : il touche un salaire régulier et un droit sur la vente de chaque sculpture.

Littéralement envoûté par le monde animal, le jeune maître trouve insuffisant le parc zoologique du Jardin des Plantes de Paris. Il part pour Anvers où la direction du zoo se montre très accueillante à l’égard des artistes. Ce sera, de 1907 à 1914, la partie la plus créatrice de sa courte vie : une faune complète sortira de ses mains.

De retour à Paris, au début de la guerre, Rembrandt se suicide dans son atelier de Montparnasse, le 8 janvier 1916. Ignoré des dictionnaires spécialisés, Rembrandt Bugatti a laissé un bestiaire qui égale celui de Barye ou de Pompon. Entre le réalisme et la stylisation, il y avait place pour une sorte d’impressionnisme sculptural et elle n’a appartenu qu’à lui.

Ils étaient tous deux les fils d’un génie créateur des plus singuliers, Carlo Bugatti.

1918

La déclaration du président Wilson, les 14 points, explicite l’entrée en guerre des E.U.

Contenus dans le message que le président Wilson a prononcé devant le Congrès, le 8 janvier 1918, les Quatorze Points définissent les buts de guerre des États-Unis : disparition de la diplomatie secrète ; liberté des mers ; suppression des barrières économiques ; réduction des armements ; règlement juste des questions coloniales ; évacuation des territoires russes occupés par les Allemands ; restauration de la Belgique ; libération des territoires français occupés par les Allemands et retour de l’Alsace-Lorraine à la France ; réajustement des frontières italiennes ; développement autonome des peuples formant l’Empire austro-hongrois ; évacuation par les Allemands des territoires serbes, monténégrins et roumains ; sécurité pour les nations balkaniques ; indépendance de la Pologne ; création d’une Société des Nations.

Les Quatorze Points, précisés à diverses reprises dans le cours de l’année 1918, ont servi de base à l’armistice du 11 novembre et à la Conférence de la paix.

1934

.L’affaire Stavisky trouve son épilogue, la mort de Stavisky arrange bien des profiteurs.

D’une famille israélite originaire de Russie, Serge Alexandre Stavisky arrive en France avec son père en 1898. Il est naturalisé français en 1910. Il ne tarde pas à se signaler à la justice française par une série d’escroqueries et de chèques sans provision. Mais, inexplicablement, les plaintes déposées contre lui n’aboutissent jamais et les jugements sont interminablement renvoyés à une date ultérieure.

Au moment où éclatera "l’affaire", quatre-vingts dossiers environ, constitués contre Stavisky, dorment dans les bureaux de la Sûreté et des ministères intéressés.

En 1931, un certain Serge Alexandre fonde, avec l’appui du député-maire de Bayonne, un crédit municipal dans cette ville et, très vite, cet organisme émet une masse considérable de bons à intérêt, placés auprès des compagnies d’assurance, des banques, des petits épargnants.

Le deus ex machina  de l’affaire, Serge Alexandre alias Alexandre Stavisky, est depuis plusieurs années une vedette du Tout-Paris. Il a épousé un mannequin parisien, Arlette, dont il a eu un fils et tous trois vivent dans un palace avec la gouvernante de l’enfant. Vacances à Deauville et à Chamonix alternant avec les réceptions dans les salons parisiens : le couple mène grand train et possède de nombreuses relations dans la presse, la politique et les milieux d’affaires.

Dans les tout premiers jours de 1934, 500 millions se sont envolés des caisses du Crédit municipal et l’affaire éclate. Depuis un mois environ, on sait que Serge Alexandre et l’escroc Stavisky ne sont qu’une seule et même personne et un mandat d’arrêt a été délivré contre lui. Mais il s’est enfui en direction de la frontière suisse.

Le 2 janvier, la police le localise à Chamonix dans un chalet loué sous un nom d’emprunt. Le 8 janvier, elle cerne la maison lorsque des coups de feu éclatent. Stavisky gît au pied de son lit, frappé d’une balle dans la tête et perdant abondamment son sang. Il faudra deux heures pour le faire transporter à l’hôpital le plus proche. Il est trop tard et il meurt dans la soirée.

Dès le 4 janvier, L’Action française  est entrée en campagne contre le gouvernement. Le beau-frère du 1er ministre n’est-il pas l’avocat de Stavisky ? C’est aussi l’occasion pour le journal de Maurras (droite nationaliste) de s’en prendre encore une fois aux "métèques" auxquels la France, selon lui, ouvre trop généreusement ses frontières.

Au lendemain du 8 janvier, les journaux de droite et de gauche trouvent une certaine unanimité pour accuser la police d’avoir "suicidé" Stavisky. Il fallait l’empêcher de parler et, en fait, la certitude de son silence rassura sans doute beaucoup de ses amis. Dès le 9 janvier, à l’appel de L’Action française, des manifestants défilent aux cris de "À bas les voleurs" et "Les députés à la lanterne".

C’est le début d’une grande offensive, menée par la droite, contre le régime parlementaire "pourri" ; communistes et socialistes, contents de la mise en accusation des radicaux, ne réagissent que mollement et rappellent, eux aussi, les scandales précédents. Le ministère tombe.

Aux manifestations des Camelots du roi, des Ligues patriotiques et des anciens combattants, répondent, le 22 janvier et les jours suivants, celles des syndicats et des partis de gauche. Le limogeage du préfet de police de Paris, Jean Chiappe, est l’un des premiers actes du nouveau gouvernement Daladier. Il exaspère la droite pour laquelle Chiappe ne cache pas sa sympathie. Le 6 février, les manifestations tournent à l’émeute, à un affrontement sanglant entre extrémistes des deux bords et avec la police dont la répression, cette fois, est féroce.

Cette journée est généralement considérée comme le prélude au Front populaire et cela explique peut-être que Stavisky bénéficie d’une certaine indulgence, en particulier dans le film tourné par Alain Resnais " L’affaire Stavisky ", avec un Delon très en verve, (1974).

Le mystère qui entoure la mort d’Alexandre Stavisky et les complicités dont il a bénéficié ne sera peut-être jamais éclairci, trop de pistes ayant été brouillées, peut-être volontairement.

1935

Mao-Tse-Toung devient Président du parti Communiste Chinois ; il transforme par son charisme, la retraite de l’armée rouge en victoire morale.

La " Longue Marche " est cette marche historique de 12 000 km entreprise par les troupes communistes chinoises d'octobre 1934 à octobre 1935, après que le Guomindang mené par le nationaliste Jiang Jeishi (Tchang Kaï-chek), les eut contraintes à quitter la province du Jiangxi. Les quelque 100 000 soldats et partisans communistes partis du Jiangxi en octobre 1934 rallièrent en janvier 1935 la ville de Zunyi, dans le Guizhou, au nord.

Ce fut là que Mao Zedong (Mao Tsé-toung) fut élu à la tête du parti. Gênés par les difficultés du terrain, harcelés par les forces du Guomindang, affaiblis par la faim et la maladie, seulement 8 000 survivants atteignirent en octobre 1935 la ville de Yanan, dans le Shaanxi, où ils établirent leur quartier général.

Faisant d'une retraite forcée une victoire morale, les dirigeants communistes surent organiser survivants et renforts ultérieurs en une force combattante efficace!; en 1949, celle-ci avait conquis toute la Chine. On compte parmi les participants à la Longue Marche, hormis Mao, Lin Biao, Zhu De, Zhou Enlai et Deng Xiaoping, autant de dirigeants qui allaient marquer durablement l'histoire de la Chine.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 19/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !