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Chroniques du 11 Janvier.

Sommaire :

Antiquité

Dans l’Antiquité romaine, le 11 Janvier, le culte de Juturne.

Divinité appelée primitivement Diuturna, Juturne fut d’abord une source voisine du fleuve Numicius, près de Lavinium. À Rome, un bassin lui était consacré au Forum, devant le temple de Castor et Pollux (la corrélation de Juturne et de Castor, se manifestant à Lavinium et à Rome, est un argument en faveur de l’origine lavinienne de Castor).

C’est auprès de cette fontaine que les Dioscures (les jumeaux Castor et Pollux) seraient apparus pour annoncer aux Romains la victoire du lac Régille (ou celle de Pydna, selon d’autres traditions), et un groupe statuaire des jumeaux, dressé au milieu du bassin, commémorait cet événement.

Par ailleurs, un temple fut consacré à Juturne au champ de Mars par Lutatius Catullus (sans doute le vainqueur de la première guerre punique). Juturne est essentiellement honorée à Rome comme divinité des eaux : comme de nombreuses sources, elle passait pour donner la guérison aux malades ; lors de la fête des juturnalia , le 11 janvier, les artisans que leur métier liaient à l’eau lui rendaient un culte. Elle était enfin invoquée lors des volcanalia  pour écarter les incendies des récoltes. Virgile a imaginé dans L’Énéide  d’en faire la sœur de Turnus et la divinité de toutes les eaux du Latium, honneur accordé par Jupiter qui l’avait aimée ; une légende tardive en fait la femme de Janus (le dieu aux deux visages, la Paix et la Guerre, fêté en janvier) et la mère de Fons.

1922

Un Canadien, sir Banting, isole l’insuline et permet ainsi le traitement antidiabétique.

Frédérick Grant Banting est un médecin canadien à qui l’on doit la découverte du rôle de l’insuline dans le traitement du diabète. Né en 1891 à Alliston dans l’Ontario, il fit ses études à l’université de Toronto. On connaissait déjà l’existence des hormones (Jokichi Takamine avait isolé l’adrénaline en 1901) et l’on supposait que le métabolisme glucidique était réglé par une hormone sécrétée par le pancréas, mais tous les efforts pour l’isoler avaient échoué.

Après la lecture d’un article du docteur Moses Barron sur le diabète, Banting eut l’idée de ligaturer le conduit permettant au pancréas de déverser ses enzymes dans l’intestin pour que le pancréas dégénère en ne laissant intacts que les îlots de Langerhans qui contiennent l’insuline.

Banting persuada un professeur de l’université de Toronto, John R. Macleod, de lui accorder un laboratoire pour vérifier son hypothèse et, le 16 mai 1921, assisté de C. H. Best, il commença ses expériences. Dès le mois d’août, ils avaient isolé l’insuline à partir des animaux dont le pancréas exocrine avait dégénéré. Le 11 janvier 1922, l’hormone isolée était utilisée pour le traitement du diabète humain. Depuis, l’insuline a sauvé la vie de millions d’hommes. En 1923, Banting et Macleod reçurent le premier prix Nobel de médecine accordé à des Canadiens. Banting continua ses recherches à l’université de Toronto, où l’on créa en 1930 l’institut Banting. Combattant de la Seconde Guerre mondiale, il périt dans un accident d’avion à Terre-Neuve en février 1941.

1944

La mort du Comte Ciano, haut dignitaire fasciste italien.

Né le 18 mars 1903, à Livourne, Galeazzo Ciano est issu d’une famille de marins. Son père, Constanzo, héros de la Première Guerre mondiale, fut un fasciste de la première heure. Mussolini en fit l’un des nantis du régime, amiral, anobli, propriétaire de l’influent journal Telegrafo , ministre des Postes et Communications puis président de la Chambre des faisceaux et corporations. L’ambiance dans laquelle il fut élevé explique la destinée de Galeazzo, produit typique de la "seconde génération fasciste". Doté d’un physique avantageux, très ambitieux, brillant mais cynique, avide de succès mondains, son appartenance à la jeunesse dorée et à l’entourage du Duce lui valut des débuts faciles. Après des études de droit, il entre dans la carrière diplomatique. En 1930, il épouse Edda, la fille préférée de Mussolini, et sa carrière connaît une progression rapide : il est, en 1933, directeur du bureau de presse du ministère des Affaires étrangères.

À trente-trois ans, le 9 juin 1936, il est nommé ministre des Affaires étrangères. Son avènement marque un tournant dans la politique extérieure italienne qui, de 1922 à 1935, sous la direction de Mussolini, était demeurée, en dépit d’écarts passagers, dans la ligne traditionnelle d’entente avec la France et l’Angleterre. Décoré du titre de fondateur de l’Empire, Ciano s’applique à rapprocher l’Italie de l’Allemagne hitlérienne. Se proclamant fidèle inconditionnel du Duce, il contribue à vaincre les ultimes réticences de Mussolini et il est le véritable initiateur de l’axe Rome-Berlin. Dans sa conception de la politique, envisagée comme un simple rapport de forces, où entrent le chantage et la corruption, il se targue de faire jeu égal avec Hitler.

Un tournant capital se dessine dans son attitude, après l’Anschluss de l’Autriche (1938). Il commence à être préoccupé par la puissance croissante du IIIe Reich et la rupture de l’équilibre des forces qui en découle, au détriment de l’Italie. Cette évolution fut sans doute influencée par les sentiments francophiles et anglophiles de la haute société qu’il fréquentait et par son animosité contre Achille Starace, nommé secrétaire du parti fasciste, protagoniste d’un "nouveau style", démagogique et populaire, qu’il avait en horreur. Il signe, à contrecœur, le "pacte d’acier" (1939), liant étroitement le sort de l’Italie à celui de l’Allemagne. Tandis que Mussolini joue désormais à fond la carte nazie, Ciano sépare de plus en plus les intérêts du fascisme, qui passent au premier plan pour le Duce, de ceux de la nation italienne.

Ciano éprouve, dans son for intérieur, une hostilité croissante envers l’Allemagne. Pendant la période de la non-belligérance italienne (sept. 1939-juin 1940), il se montre résolument neutraliste et cherche à freiner la marche à la guerre, dans laquelle le fascisme était irrémédiablement engagé. Mais, fasciné par Mussolini, il continue à cautionner une politique qu’il désapprouve, sans avoir le courage de manifester son opposition.

Mussolini, sans doute pour donner un gage à Hitler, éloigne Ciano du ministère des Affaires étrangères (1943) et le nomme au poste représentatif d’ambassadeur auprès du Saint-Siège.

Les relations entre le dictateur et son gendre se refroidissent ; le 24 juillet 1943, lors de la séance du Grand Conseil fasciste, Ciano vote l’ordre du jour Grandi de défiance à Mussolini. Demeuré à Rome, il ne peut obtenir du gouvernement Badoglio un passeport pour l’Espagne.

Le 23 août 1943, déjouant la surveillance italienne, Ciano s’envole vers l’Allemagne, où il est assigné à résidence forcée. Le 27 septembre, après une conversation dramatique avec Mussolini, il est transféré en Italie et emprisonné à Vérone, en attendant le procès intenté par la République fasciste de Saló aux responsables de l’élimination et de l’arrestation du Duce. Au cours des débats (8-10 janv. 1944), il nie avoir voulu renverser le fascisme, qu’il pensait sauver en faisant remettre l’autorité suprême au roi. Condamné à mort, il est fusillé le 11 janvier.

Edda Ciano réussit à gagner la Suisse, emportant avec elle le manuscrit du journal tenu par son mari du 1er janvier 1939 au 8 février 1943, que les Allemands avaient en vain cherché à récupérer. Publié pour la première fois en 1945, il a été présenté par Summer Welles, qui en préfaça la première édition comme "un des plus précieux documents historiques de notre temps" (Ciano diaries, 1939-1943 , éd. H. Gibson, introd. S. Welles).

1952

La mort d’un prestigieux général français, Jean de Lattre de Tassigny.

Né en 1889, sorti de Saint-Cyr dans la cavalerie, le lieutenant de Lattre reçoit en 1914 sa première blessure : un coup de lance de uhlan en pleine poitrine. Passé dans l’infanterie en 1915, il termine la guerre avec quatre blessures et huit citations. Il sert ensuite au Maroc, se distingue à la guerre du Rif en 1925 et entre à l’École de guerre d’où il sort major de sa promotion. Il commande le 151e régiment d’infanterie, à Metz, tandis que Charles de Gaulle commande le 507e régiment de chars de combat dans la même garnison.

En 1939, de Lattre est le plus jeune général de l’armée française. À la tête de la 14e division d’infanterie, il combat du 15 mai au 15 juin 1940 à Rethel, sur l’Aisne et sur la Loire. Après l’armistice, il fonde à Opme, sur le plateau de Gergovie, sa première école de cadres. Commandant supérieur des troupes en Tunisie, il en fonde une autre à Salambo, ainsi qu’à Montpellier en 1942, lorsqu’il y commande la 17e division militaire.

Le 8 novembre 1942, prévoyant le déferlement prochain des troupes d’occupation sur la zone libre, il part en dissidence avec quelques troupes. Arrêté, condamné à dix ans de prison, il s’évade le 2 septembre 1943 de la prison de Riom, prend le maquis, parvient à Londres, puis à Alger où il reçoit le commandement de l’armée qui, débarquant en août 1944 en Provence, remonte les vallées du Rhône et de la Saône, libère Colmar et, après avoir franchi le Rhin conquiert Karlsruhe et Stuttgart ; il est envoyé à Berlin pour signer l’acte de capitulation de l’Allemagne.

Nommé commandant en chef de l’armée d’occupation française en Allemagne puis inspecteur et chef d’état-major général de l’armée, celui que ses hommes ont surnommé "le roi Jean" veut faire de l’armée nationale une "grande école de jeunesse". En 1948, les cinq pays signataires du pacte de Bruxelles lui confient le commandement en chef des forces terrestres de l’Union occidentale destinée à résister à une éventuelle offensive de l’U.R.S.S. À l’état-major de Fontainebleau, où il s’oppose souvent au maréchal britannique Montgomery, de Lattre élabore la doctrine de la "défense sur un large front".

Mais la situation s’aggravant en Indochine, de Lattre accepte de prendre le commandement des forces françaises auxquelles il rend un "moral de combat" pour résister à l’offensive d’hiver du Viêtminh. Au printemps de 1951 au sud du delta tonkinois, de Lattre perd son fils unique Bernard, tué le 31 mai à la tête d’un escadron vietnamien. Mais il a rétabli la situation du corps expéditionnaire et organisé une armée nationale vietnamienne. Au cours de l’été, il tente, avec un succès limité, de faire comprendre aux États-Unis que la guerre d’Indochine prolonge celle de Corée et mérite le même effort.

En octobre 1951, il gagne encore deux batailles, mais, miné par un cancer, il consent à être hospitalisé à Paris où il meurt le 11 janvier 1952. Au cours de funérailles grandioses, il est élevé, à titre posthume, à la dignité de maréchal de France.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 19/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !