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Chroniques du 14 Janvier.

Sommaire :

Saint-Rémy

Depuis 15 siècles, la fête de Saint – Remy, le baptiseur de Clovis.

Malgré sa célébrité, saint Remi est mal connu. Né en 440, il appartenait certainement à une grande famille et reçut une bonne éducation. Il accéda très jeune au siège de Reims puisque son épiscopat dura environ soixante-dix ans, pendant une sombre période de l’Histoire, les Grandes Invasions qui déferlent sur l’Occident et accélèrent la Chute de l’Empire Romain d’Occident (476).

Remi joua un rôle prépondérant dans la conversion du roi des Francs, Clovis, qu’il baptisa, probablement à Reims, à Noël 496. Ses relations avec le roi furent excellentes. La lettre de condoléances qu’il lui adressa lors de la mort de sa sœur Alboflède a été conservée.

Remi mourut probablement un 13 janvier, vers 533. Sur son tombeau s’éleva l’abbaye de Saint-Remi de Reims. Sa fête fut fixée au 1er octobre, anniversaire d’une translation de reliques, et elle figura longtemps à cette date au calendrier romain ; actuellement, elle est célébrée en France le 14 janvier. La popularité de saint Remi fit éclore des légendes : on voulut que le fameux vase de Soissons brisé par un guerrier ait appartenu à son église ; et, au IXe siècle, on raconta qu’une colombe avait apporté du ciel, lors du baptême de Clovis, la Sainte-Ampoule contenant l’huile sainte qui manquait.

1743

La mort d’un ministre de 88 ans, qui gouverna le Roi pendant 32 ans.

Né en 1653, fils d’un receveur des décimes, André Hercule de Fleury fut voué, en raison de la pauvreté de sa famille, à la carrière ecclésiastique. Il fut introduit à la cour par le cardinal de Bonzi, grand aumônier de la reine Marie-Thérèse et recueillit sa succession en 1679. Après la mort de la reine, il fut expédié dans l’évêché de Fréjus, où l’avait placé, disait-il, "l’indignation divine". Néanmoins, il avait su, par son attitude modeste, gagner la confiance de Mme de Maintenon et celle de Louis XIV. Celui-ci le désigna comme précepteur de son arrière-petit-fils, le futur Louis XV.

Fleury prit son rôle à cœur : il réunit autour de son élève d’excellents professeurs, lui donna le goût des sciences et de la géographie et sut se faire obéir sans éclats d’autorité. En retour, l’orphelin lui voua un attachement qui, en dépit des cabales, ne se démentit jamais. Fleury a soixante-treize ans quand, en 1726, il reçoit la place, sinon le titre, de Premier ministre et, la même année, le chapeau de cardinal. Bel homme, de santé robuste, patient et tenace, sachant plier devant la nécessité et cacher sa volonté de puissance sous des dehors modestes et souriants, il avait beaucoup étudié et beaucoup appris pour compenser l’obscurité de ses origines.

Lorsqu’il accède au pouvoir, il a adroitement manœuvré pour faire tomber le duc de Bourbon, son prédécesseur ; mais son ambition personnelle n’est pas seule en cause ; le nouveau cardinal est persuadé qu’il est le seul à pouvoir gouverner la France. Le roi n’a que seize ans et lui a donné toute sa confiance. Les idées de Fleury sont simples et peuvent se résumer en un mot : maintenir. Maintenir l’absolutisme royal, l’équilibre des finances, la paix à l’intérieur et à l’extérieur. Il s’entoure d’hommes obéissants, solides et efficaces. Le premier acte du gouvernement est de fixer la valeur de la livre tournois, valeur qui, contrairement aux usages précédents, ne changera plus jusqu’à la Révolution. Cette stabilisation de la monnaie redonne confiance au grand commerce que favorise également l’action du Bureau et du Conseil du commerce ; les progrès eussent sans doute été plus spectaculaires si Fleury ne s’était obstiné à maintenir l’économie française dans le carcan imposé par Colbert.

La prospérité croissante du royaume permet au gouvernement d’augmenter à plusieurs reprises le bail de la Ferme générale et de parvenir à l’équilibre du budget. Mais, en dépit de cette action bienfaisante, la grande réforme fiscale, celle qui aurait fait participer les privilégiés aux dépenses de l’État n’est pas entreprise ; lorsque le Trésor est vide, on se contente de rétablir le dixième ou de recourir à un nouvel emprunt.

Le maintien de la paix intérieure et, parallèlement, de l’autorité royale pose, dès le début du ministère, de graves problèmes. Depuis la mort de Louis XIV, les jansénistes, le Parlement, le clergé gallican mènent contre le pouvoir une guerre d’escarmourches. Pour réduire le clergé sympathisant, Fleury fait alterner la diplomatie et la brutalité ; le plus irréductible, l’évêque de Senez, est déposé et enfermé à la Chaise-Dieu. Le Parlement refuse alors de juger les prêtres accusés de répandre l’hérésie et il multiplie les remontrances ; présidents et conseillers sont exilés. L’occasion était bonne pour mettre fin à l’agitation parlementaire en réformant la justice ; Orry et Maurepas y encourageaient le roi. Les conseils de prudence de Fleury en détournèrent Louis XV, qui ne s’y résoudra que quarante ans plus tard.

Attaché à la paix, Fleury doit mener deux guerres. La première, dite de la Succession de Pologne, était inévitable, car il fallait soutenir les prétentions du beau-père de Louis XV. Grâce à l’habileté du cardinal, la guerre coûta peu d’argent et peu d’hommes, et rapporta la Lorraine. Frédéric II écrit alors que le traité de Vienne, qui noue une nouvelle alliance avec l’Autriche, fait de la France l’arbitre de l’Europe.

Deux ans après le règlement de Vienne, la paix est de nouveau menacée : aucune nation européenne ne peut étendre sa puissance sans menacer l’hégémonie de ses voisins. La succession d’Autriche sert de prétexte à un nouveau conflit. Fleury a quatre-vingt-huit ans et, en dépit d’une sage administration, n’a pas su se rendre populaire. Il s’oppose en vain à cette guerre inutile et coûteuse dont il ne verra pas la fin.

Le 14 janvier 1743, il s’éteint dans sa maison d’Issy, qu’il avait remplie d’œuvres d’art. Seul le roi le pleura. Le plus grand malheur du souverain était sans doute de perdre trop tard ce précepteur-ministre qui l’avait maintenu jusqu’à trente-deux ans dans l’obéissance.

1858

L’attentat d’Orsini contre Napoléon III.

Né en 1819, après des études juridiques à Bologne, Félice Orsini participe dans cette ville au soulèvement de 1843 contre la légation pontificale, ce qui lui vaut une condamnation au bagne. Grâcié en 1846 par Pie IX, il est élu député de la République romaine en 1849 et défend Rome contre les Français. Il conspire de nouveau en accord avec Mazzini jusqu’à son arrestation par les Autrichiens qui le condamnent à mort en 1855. Il réussit à s’évader et à gagner Londres où il publie ses Mémoires politiques.

Pour hâter la libération de l’Italie, il décide d’attenter à la vie de Napoléon III qui a soutenu militairement Pie IX. Le jeudi 14 janvier 1858, revenu de Londres, il lance trois bombes avec ses complices Pieri, Gomez et Rudio sur le passage des trois carrosses qui amènent Napoléon III et l’impératrice à l’Opéra, la rue Le Peletier, à Paris.

L’empereur est sauf, mais on dénombre quatre-vingt-quinze victimes dont treize lanciers et trente et un agents de police. Par Gomez, imprudemment assis à la terrasse d’un café voisin, on remonte à Orsini, arrêté avec ses deux complices. Les assises de la Seine le condamnent à mort. Sur les conseils de son avocat, Jules Favre, il adresse une lettre à Napoléon III : "Je vous adjure de rendre à ma patrie l’indépendance qu’elle a perdue par la faute des Français... Tant que l’Italie ne sera pas indépendante, la tranquillité de l’Europe et celle de Votre Majesté ne seront qu’une chimère."

Il est exécuté le 13 mars, mais, dès l’année suivante, Napoléon III, vainqueur à Solferino, libère la Lombardie qu’il cède au royaume du Piémont, début de l’unité italienne parachevée en 1870 par l’annexion de Rome.

1930

Adoption par la France, du projet de défense appelé " Ligne Maginot ".

Le sénateur André Maginot était ministre de la Guerre depuis trois semaines quand il défendit, devant le Parlement, le projet de défense des frontières proposé par ses prédécesseurs ; il le fit adopter le 14 janvier 1930. C’est pourquoi il a laissé son nom à ce système de fortification permanente dont la pénible gestation divisa le Haut Commandement français et dont la fin tragique souligna l’inadéquation à la situation stratégique.

La longue invasion du territoire français, ravagé par les combats de 1914-1918, souligne dès 1919 la nécessité de rendre le territoire national inviolable. Comment y parvenir ? Les avis divisent le Conseil supérieur de la Guerre pendant plusieurs années. En définitive la décision fut prise de construire le plus près possible de la frontière franco-allemande un ensemble fortifié qui, appuyé sur le Rhin, dissuaderait toute velléité d’invasion allemande. Ce système comprend essentiellement deux régions fortifiées, celle de Metz (barrant la vallée de la Moselle et de la Sarre) et celle de la Lauter, entre Bitche et le Rhin. L’ossature de cet ensemble est constituée de gros ouvrages de fortification permanente, forts enfouis ne laissant en surface que les organes d’observation et de tir, ceux-ci étant très dispersés sur le terrain et reliés par galeries souterraines au cœur de l’ouvrage, d’où le nom de forts palmés. Le choix de l’artillerie de la position fortifiée répond à certains impératifs financiers, techniques (une trop grande longueur de tubes interdit l’emploi de tourelle éclipsable) et tactiques (briser vite une attaque lancée par surprise). On choisit donc un 75 rajeuni et adapté aux nécessités de la forteresse, atteignant des cadences utiles de 30 coups par minute pour une portée de 11 kilomètres. On ne tirait donc pas loin en avant de la fortification. Et surtout celle-ci était démunie de défense anti-aérienne. D’autre part ces régions fortifiées ne couvraient qu’une partie de la frontière. Devait-on continuer la construction jusqu’à la mer du Nord, le long de la frontière belge ? Question complexe aux importantes incidences financières et internationales (attitude vis-à-vis de la Belgique notamment). La réponse donnée en 1933 est une solution bâtarde : allonger la région fortifiée de Metz jusqu’à Montmédy face aux pentes boisées des Ardennes belges, puis jalonner la frontière du Nord par une fortification économique.

Réussite technique en ce qui concerne la conception des ouvrages construits avant 1935, la ligne Maginot reste un rare exemple d’inadéquation d’un outil militaire à une situation stratégique donnée. Conçue quelques années après que la France eut souscrit des alliances de revers qui impliquaient d’éventuelles interventions militaires au profit d’États d’Europe centrale, la ligne Maginot, en soulignant l’aspect défensif de la politique militaire française, refusait toute crédibilité à une intervention au-delà des frontières. D’autre part en interdisant toute possibilité de manœuvre aux armées chargées de la défendre, elle mettait l’accent sur les conceptions statiques d’un état-major sous-estimant les potentialités de mouvement contenues dans le binôme chars-avions.

Le sort de la ligne Maginot en 1940 est la tragique illustration de cette constatation. Négligeant la ligne, la Wehrmacht attaquait le 13 mai la frontière française en son point le plus faible, à l’extrémité ouest de la ligne Maginot et à la charnière vulnérable des armées françaises entrées en Belgique. Après la destruction des forces alliées de Belgique et la rapide conversion du dispositif allemand en direction du sud et du sud-est, les chars allemands de Guderian et Kleist, franchissant la Marne le 11 juin, progressaient très rapidement vers Besançon et la frontière suisse, isolant ainsi la ligne Maginot et ses défenseurs, réduits à mettre bas les armes par l’armistice devenu effectif le 25 juin 1940.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 19/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !