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Chroniques du 16 Janvier.

Sommaire :

Tornade

C’est le seul jour de l’année, depuis la création des statistiques météorologiques, où aucune tornade ne sévit aux Etats-Unis. Pour nous Européens, c’est assez étonnant. Plusieurs statistiques m’ont ainsi étonné.

On donne le nom de tornade  à un tourbillon de petite dimension mais de très forte intensité qui sévit sur les continents, plus particulièrement aux États-Unis et en Australie, plus rarement en Europe occidentale, en Inde, en Afrique et au Japon. Sa forme maritime, la trombe, est moins violente ; plus fréquente, elle affecte la plupart des régions intertropicales maritimes et, exceptionnellement, les régions tempérées maritimes au cours de l’été.

Tourbillon de vents violents, une tornade se manifeste par une colonne nuageuse ou un cône renversé en forme d’entonnoir, le tuba, accolé à la base d’un cumulo-nimbus, et par un buisson  formé de poussières, de sable ou de débris divers soulevés du sol. Le buisson des trombes est constitué de gouttes d’eau. L’axe du tourbillon, vertical ou incliné, est matérialisé par l’ensemble tuba-buisson, qui peut être comparé à un pilier – plus étroit à la base qu’au sommet – sur lequel semble reposer la masse nuageuse.

Dans certaines régions de l’Afrique occidentale et équatoriale, on appelle – improprement – " tornades " de violents grains orageux accompagnés de forts coups de vent. Les véritables tornades, qui impliquent une rotation tourbillonnaire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère Nord et dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère Sud (règle de Buys Ballot), sont rares en Afrique. Quelques-unes ont été observées sur la zone sahélienne en début de saison des pluies. Toutefois, le phénomène est moins violent qu’aux États-Unis. On ne retiendra ici que la première acception du terme, dont l’origine est le mot espagnol tornada  (" orage "), d’où la confusion.

Les tornades sont toujours liées à de puissants cumulo-nimbus et sont donc généralement accompagnées d’orages et de pluies diluviennes. Elles sont caractérisées par des vents violents, une forte baisse de pression, un faible diamètre et une courte durée de vie.

Les vents s’établissent brutalement et sont très violents : des vitesses supérieures à 400 kilomètres par heure ont été observées et des vitesses supérieures à 500 kilomètres par heure sont probables, si l’on se fonde sur l’ampleur des dégâts occasionnés. Ces estimations risquent cependant de pécher par excès car l’action du vent n’est pas la seule cause des ravages dus aux tornades. En effet, la très rapide baisse de pression constatée lors de leur passage peut entraîner une véritable explosion des bâtiments sur lesquels elle se produit. L’air enfermé à l’intérieur exerce sur les portes, les fenêtres et les murs une pression qui tend à les faire éclater vers l’extérieur. La violence du vent amplifie les dommages causés aux bâtiments. Un autre élément non négligeable est la non-stabilité de la direction du vent, qui aggrave considérablement les conséquences de sa vitesse.

La rapide baisse de pression qui est engendrée par le passage d’une tornade peut atteindre ou même dépasser 100 hectopascals, ce qui correspond à une baisse d’un dixième de la pression en surface, qui devient ainsi comparable à celles qui règnent au niveau de la mer au centre de supercyclones tels que les David (1979), Allen (1980), Hugo (1989) ou autre Andrew (1992), pour ne citer que les plus fameux parmi ceux qui ont sévi sur la zone des Caraïbes au cours des dernières décennies.

Aux États-Unis, la tornade moyenne peut être définie comme un tourbillon de petite dimension (rayon de 50 à 100 m), à durée de vie brève (de 5 à 10 min), et se déplaçant, sur une distance comprise entre 4 et 6 kilomètres, à une vitesse moyenne de 50 kilomètres par heure. Des traces de destructions sur plusieurs dizaines (voire des centaines) de kilomètres ont été signalées, mais sans doute ne s’agissait-il pas exactement de la même tornade. Dans ces cas de long parcours, on observe fréquemment des interruptions des dégâts le long de la trajectoire ; celles-ci ont certainement pour origine des pulsations du tourbillon, qui s’élève ou s’abaisse à des intervalles plus ou moins réguliers. Une exception doit être signalée : la tristement célèbre " tornade des trois États " a été suivie d’une manière continue, le 18 mars 1925, de 12 h 55 min dans le Missouri jusqu’à 16 h 30 min dans l’Indiana en passant par l’Illinois. La trajectoire, longue de 330 kilomètres, fut rectiligne, et la vitesse de déplacement comprise entre 85 et 100 kilomètres par heure. Le bilan, catastrophique, s’est soldé par 689 morts, 1 980 blessés, 11 000 sans-abri et des centaines de millions de dollars de dégâts.

Les tornades sont certainement l’élément météorologique le plus important du climat des États-Unis, cela malgré l’existence des cyclones tropicaux, des vagues de chaleur et de froid... Une classification fondée sur la vitesse estimée du vent permet d’en distinguer six catégories (cf. tableau). Parmi les 800 tornades observées en moyenne tous les ans sur les États-Unis, une vingtaine seulement peuvent être classées comme violentes (degrés 4 ou 5). Ces 800 tornades annuelles sont en moyenne à l’origine de plus de 150 morts et de plusieurs dizaines de millions de dollars de dégâts. La statistique des cas observés depuis 1950 montre que :

– plus de 80 p. 100 des tornades sont observées entre midi et 18 h ;
– 54 p. 100 se produisent au printemps et 27 p. 100 en été ;
– 87 p. 100 se déplacent vers le nord-est et 9 p. 100 vers le sud-est ;
– le 3 avril est le jour où le plus grand nombre de tornades a été observé ;
– le 16 janvier est le seul jour sans tornade ;

Les points d’occurrence maximale mensuelle décrivent une courbe qui montre un décalage du sud (Colombus, nord-Mississippi, en janvier) vers le nord (Macon, nord-Missouri, en août), puis du nord vers le sud, en relation avec le mouvement apparent du Soleil.

Intéressant n’est-il pas ?

1880

Mort à Grasse, dans le plus complet oubli, d’un grand Nègre.

Mort dans l’oubli, dans sa ville natale de Grasse, le 16 janvier 1880, le photographe français Charles Nègre a été redécouvert en 1936, à la faveur des grandes expositions photographiques à caractère rétrospectif, organisées à Paris et à New York. En 1963, une première monographie, entreprise par le collectionneur André Jammes, lui fut consacrée. Depuis cette date, les expositions se sont multipliées — paradoxalement, à l’étranger —, la plus importante d’entre elles étant celle de la National Gallery of Canada, à Ottawa, en 1976, qui présentait l’acquisition d’une centaine d’épreuves de l’artiste.

En France, l’œuvre de Charles Nègre fut enfin révélée au grand public lors de l’année du Patrimoine, en 1980, à l’occasion d’une grande exposition commémorant le centenaire de sa mort. Françoise Heilbrun et Philippe Néagu sont les auteurs d’un remarquable catalogue, somme de recherches et d’analyses exhaustives.

Charles Nègre fait partie de cette génération, née autour de 1820, qui trouvèrent avec l’avènement de la photographie un nouveau moyen d’expression. Rompu à la peinture dans les ateliers de Delaroche et Ingres — dont il retiendra certains principes théoriques —, Nègre découvre en 1844 la photographie : " Assistant à une des séances de l’Académie où furent présentées des images daguerriennes, je fus frappé d’étonnement à la vue de ces merveilles et, entrevoyant l’avenir réservé à cet art nouveau, je pris la résolution d’y consacrer mon temps et mes forces... ", ainsi qu’il le précise lui-même dans son Mémoire sur l’héliogravure adressé à Napoléon III le 7 juin 1858.

De 1851 à 1854, il photographie dans la cour de sa maison (située 21, quai Bourbon) et sur les berges de la Seine ses proches, lui-même et des petits métiers parisiens : chiffonniers, ramoneurs (la série des Ramoneurs en marche , 1851-1852, fut saluée par la critique), tailleurs de pierre, couvreurs, ouvriers et joueurs d’orgue. Puis il reçoit une série de commandes du gouvernement : pour la cathédrale de Chartres (1854), pour des reproductions d’œuvres d’art conservées au Louvre (1858), les nouveaux bâtiments intérieurs de l’asile impérial de Vincennes, avec ses pensionnaires. Passionné par la technique, Nègre s’est aussi intéressé aux procédés de reproduction des photographies par l’héliogravure : il est engagé en 1865 par le duc de Luynes pour produire les planches du Voyage d’exploration à la mer Morte, à Petra et sur la rive gauche du Jourdain  (Arthur Bertrand, Paris, 1871-1875). Nègre termina sa vie en exploitant un studio commercial à Nice.

En recherchant la traduction de l’instantané dans ses " scènes de genre " — scènes animées de figures anecdotiques et familières, de la vie quotidienne ou domestique —, Charles Nègre a été l’un des tout premiers photographes à saisir ce qu’est l’essence même de la photographie. De nombreux historiens voient en lui un authentique créateur d’images, le précurseur, même s’il n’a pas été pour la postérité une référence explicite, de certaines images d’Atget, de Lartigue, Kertész, Cartier-Bresson et Doisneau. Son attention à l’humain, qui transparaît également dans ses vues de ville ou de campagne (notamment dans son projet d’une série sur le midi de la France, envisagé dès 1852), constitue le trait original de l’expression photographique au milieu du XIXe siècle.

1919

La loi dite de " prohibition " est votée aux E.U. , une ère de prospérité s’ouvre pour les maffias de toutes sortes , mais aussi pour le cinéma !

Le 16 janvier 1919 est ratifié le dix-huitième amendement à la Constitution des États-Unis : " La fabrication, la vente et le transport de boissons alcoolisées ainsi que leur importation et exportation sont prohibées sur le territoire des États-Unis. " L’ère des bootleggers  et des rackets  s’ouvre, le règne du gangster commence.

Cependant que crépitent les mitraillettes, le cinéma – encore muet – s’empare de cette nouvelle épopée. " Les Nuits de Chicago "  (Underworld , 1927) de Sternberg font entrer le gangster dans la mythologie hollywoodienne. Mais c’est avec l’avènement du parlant que triomphe le genre, sorte d’anti-western où le monde corrompu des villes de la côte Est fait contraste avec celui des pionniers des grandes plaines de l’Ouest. En 1932 paraît sur les écrans "Scarface"  de Hawks. Cette œuvre cruelle est un portrait sans concessions du gangster. Celui-ci inspire également " Little Caesar "  (1930) de Le Roy, " L’Ennemi public "  (Public Enemy , 1931) de Wellman, " Carrefours de la ville "  (City Streets , 1931) de Mamoulian et de nombreux autres films. Une mythologie s’élabore, celle du milieu avec ses tueurs et ses mouchards, ses repaires enfumés et ses grosses voitures. Mais le caractère stéréotypé des personnages et le manichéisme de l’action (Bardèche et Brasillach parlent " d’une sommaire épreuve sportive entre le bien et le mal ") condamnaient le genre à une rapide saturation. Le 5 décembre 1933 est voté le vingt et unième amendement à la Constitution américaine qui abolit la prohibition. Au début de 1935, les " États généraux du crime " tenus à New York constatent, malgré les rackets, un déclin de leurs activités. En 1937, Edward Ludwig tourne un film qui se veut prophétique, " Le Dernier Gangster " . Se tournant vers les bandits de jadis, le western prend le relais.

Mais Dieu merci, pour les maffias, la drogue a pris très vite le relais de l’alcool.

1945

Nationalisation des Usines Renault. Confiscation de la part d’indemnité due à Louis Renault.

Il s’agit d’un cas particulier de la nationalisation. La confiscation d’un bien privé par l’état ne donne droit à aucune indemnité aux propriétaires du bien confisqué. Tandis que la nationalisation est le rachat par l’état d’un bien privé, comme dans les expropriations. Dans le cas des usines Renault, il s’agit bien d’une nationalisation. Chaque actionnaire, chaque copropriétaire à reçu sa part, sauf le patron, Louis Renault.

Né à Paris en 1877, Louis Renault est l’un des plus grands constructeurs d’automobiles français. Il construisit son premier véhicule en 1898, à l’âge de vingt et un ans. Cette première voiture, entièrement fabriquée par son inventeur, à l’exception du moteur (le moteur était un de Dion d’une puissance de 1,75 cheval-vapeur), comportait un chassais à tubes et une transmission par arbre et différentiel, ce qui constituait une première nouveauté à l’époque de la transmission par chaîne à rouleaux, système qui fut répandu et même utilisé dans les camions. Cette voiture comportait également une boîte de vitesses à trois rapports et une marche arrière, la troisième vitesse constituant une prise directe.

Cette prise directe était une autre nouveauté, et Louis Renault songea à vendre le brevet de sa boîte, mais, sur les conseils de son frère Marcel (1872-1903), il décida de créer sa propre entreprise. Le petit atelier familial se transforma en une entreprise Renault frères et commença à produire ses propres voitures. Celles-ci étaient des véhicules légers aussi soigneusement conçus que ceux beaucoup plus lourds de la même époque. Louis Renault prend alors un brevet sur la boîte à prise directe et le changement de rapport par train baladeur ; il inaugure ainsi une carrière d’inventeur, pendant laquelle il déposera plus de cinq cents brevets.

Le nouveau constructeur se fait alors rapidement connaître par ses succès dans les premières courses automobiles (Paris-Ostende en 1899, Paris-Toulouse-Paris en 1900, Paris-Bordeaux en 1901), où les voitures Renault sont victorieuses, aidées en partie par leur légèreté. Mais Marcel Renault meurt dans un accident pendant la course Paris-Madrid, et Louis Renault abandonne provisoirement la compétition. Il ne la reprendra qu’en 1906 au Mans pour le grand prix de France, mais sans plus conduire lui-même. Renault sera victorieux en 1906, obtiendra une deuxième place en 1907, puis une huitième en 1908. Une Renault prendra de nouveau le départ en 1929, mais ne remportera aucune distinction, et la firme renoncera, cette fois définitivement, à paraître sur les pistes. La marque ne reparaîtra sur les circuits qu’après la Seconde Guerre mondiale, mais ce sera sous le pavillon de la Régie.

La mort de Marcel marque un tournant dans la vie de la nouvelle firme. Aidé par son autre frère, Fernand (1865-1909), Louis Renault développe son entreprise dont il accroît et diversifie la production. De nouveau seul après la mort de Fernand, il prend progressivement ce style autoritaire et cassant dont il lui sera longtemps fait grief.

La Première Guerre mondiale éclate, et ses ateliers se reconvertissent en partie dans la production de guerre (pièces pour avions, munitions). Sa plus grande contribution à l’effort de guerre est cependant la création du char Renault FT, qui sera pendant longtemps le meilleur des chars légers et dont on retrouvera encore quelques exemplaires en service pendant la guerre civile espagnole (1936-1939). Louis Renault invente ce char, après l’échec relatif des appareils Schneider et Saint-Chamond, et en produit environ trois mille exemplaires, avec le soutien et la participation officieuse — sinon totalement opposée aux injonctions gouvernementales — du général Estienne.

À la fin de la guerre, Louis Renault retourne aux productions civiles et continue à développer et à diversifier ses fabrications (machines agricoles, moteurs pour la marine et l’industrie, diesels pour véhicules lourds) et à étendre son empire ; celui-ci compte, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, 50 000 employés et produit quotidiennement 250 voitures ; c’est l’apogée de Renault.

Ses usines ayant travaillé pendant la guerre pour les autorités d’occupation, il est accusé de collaboration et meurt à Paris sans avoir pu présenter sa défense. Ses usines, détruites à 80 p. 100, sont saisies et nationalisées par l’ordonnance du 16 janvier 1945, qui crée la Régie nationale des usines Renault (R.N.U.R.).

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 19/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !