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Chroniques du 20 Janvier.

Sommaire :

52 a.c.n.

L’assassinat d’un chef maffieux par un autre ; les mœurs politiques n’ont rien de nouveau.

Clodius est un de ces hommes de main, nombreux dans la Rome Républicaine, en une période de guerre civile permanente, issus d’une aristocratie romaine décadente, qui se mettent au service des candidats au pouvoir absolu, comme Pompée, César et Crassus. De même que Catilina, Clodius a été l’exécuteur des basses œuvres de César qui a su l’utiliser sans jamais se compromettre personnellement.

Né en 93 avant J.C., dans la famille patricienne des Claudia, le jeune Clodius (Publius Appius) se signale très jeune par ses malversations : il sert en effet en Asie sous les ordres de son beau-frère, Lucullus, et tente en 68 avt J.C. de soulever les légions afin de s’emparer des trésors et du butin qui appartiennent à son riche parent. Lucullus chasse alors Clodius qui revient à Rome, non sans avoir été fait prisonnier par les pirates de la Méditerranée qui ont exigé une forte rançon avant de le libérer.

Clodius poursuit à Rome sa carrière d’aventurier et son existence agitée, débauchée et oisive ; il se fait connaître surtout dans la classe politique par ses tendances démagogiques. Il semble qu’il entre alors en relation avec César qui en fera "le chef de ses agents provocateurs" (" César ", de Jérôme Carcopino). Clodius accuse Catilina de concussion en ~ 65 afin de l’empêcher de devenir consul l’année suivante. En ~ 64, il part pour la Narbonnaise en même temps que le propréteur Murena et se signale dans cette province par ses exactions et ses rapines.

Dans le courant de décembre ~ 62, il devient soudain célèbre à la suite du scandale de la fête des Damia. Cette fête, consacrée à la " Bona Dea " et réservée exclusivement aux femmes, a lieu chez Pompeia, l’épouse de César, et Clodius, pour approcher celle-ci, se déguise en une harpiste, mais il est vite découvert, confondu et expulsé. L’affaire fait grand bruit à Rome. Traduit en justice en ~ 61, alors qu’il exerce la fonction de questeur, Clodius parvient à soudoyer ses juges ; il est acquitté malgré Cicéron qui exerce alors la charge de procureur. César, pour sa part, divorce de Pompeia, parce que "la femme de César ne peut être soupçonnée". C’était bien là le but recherché !

Le général romain, avant de partir pour la Gaule, charge Clodius d’attaquer Cicéron et d’affaiblir à travers lui le pouvoir sénatorial. Clodius exerce en ~ 58 les fonctions de tribun de la plèbe, il accuse Cicéron d’avoir fait tuer sans jugement en ~ 63 un citoyen romain, Catilina. Il force l’orateur à s’exiler, confisque et détruit ses biens.

En août ~ 57, Milon, devenu tribun de la plèbe, ennemi acharné de Clodius, rappelle Cicéron. Mais César ne s’avoue pas vaincu et trouve une autre tactique : il charge les troupes d’esclaves et de chômeurs commandées par Clodius de harceler celles de Milon, tout dévoué à Pompée. Le récent vainqueur des Gaules souhaite en effet affaiblir politiquement son rival, avant de l’abattre. D’incessants combats opposent dans les rues les deux bandes armées.

En ~ 53 Clodius se porte candidat à la préture et Milon au consulat pour l’année suivante, mais la situation est si troublée à Rome que les élections ne peuvent avoir lieu. Le 20 janvier ~ 52, Clodius est assassiné par Milon, au cours d’une rencontre entre les troupes des deux hommes sur la route de Bovillae.

Lors des funérailles de Clodius, la plèbe se révolte et Pompée est chargé de rétablir l’ordre. Les partisans de Clodius empêcheront en partie Cicéron de prononcer la défense de Milon qui partira en exil avant l’issue du procès. Ce discours est resté célèbre, il s’agit du " Pro Milone " que des millions de potaches de par le monde – moi y compris – ont dû traduire ! Mais en réalité, ce texte n’a pas été prononcé, même en partie. En effet, Cicéron avait si mal défendu son client, que gêné, il recomposa par la suite dans le silence de son cabinet la défense de son client. Voilà pourquoi la postérité l’a gardé en mémoire.

1775

La naissance à Lyon d’un tout grand savant, André-Marie Ampère.

De très bonne heure, il montre un esprit avide de savoir. Il se forme sans maître. D’une intense curiosité intellectuelle, à quatorze ans il a le courage de lire entièrement les vingt volumes de l’Encyclopédie . À dix-huit ans il connaît les principales œuvres mathématiques de son temps. Survient alors un événement qui a failli miner pour toujours de si brillantes qualités. Le père du jeune savant, juge de paix à Lyon, est arrêté et décapité en tant qu’aristocrate. Ampère ressent un tel chagrin que sa raison est en danger. Peu à peu, il surmonte sa douleur et se remet à ses études scientifiques et philosophiques. Successivement professeur à Bourg, puis à Lyon, ensuite à Paris, répétiteur, professeur à l’École polytechnique, nommé inspecteur général de l’Université, membre de l’Institut, enfin professeur au Collège de France, il meurt à Marseille le 10 juin 1836. Référez-vous donc à cette Chronique.

1921

La création de la République socialiste soviétique autonome du Daghestan.

Il occupe, sur le piémont septentrional du Grand Caucase, un territoire de 50300 kilomètres carrés où étaient dénombrés, en janvier 1991, 1854200 habitants environ. Les autochtones descendent de peuples antérieurs aux Indo-Européens et composent près des trois quarts de la population de la république à laquelle ils ont donné leur nom. À titre indicatif, au moment du recensement de 1970, alors que la population totale s’élevait à 1 million et demi de personnes, les autochtones étaient au nombre de 1million, les Russes 210000, les Azerbaïdjanais 54000 et les Tchétchènes 40000.

La majeure partie de la population vit de l’élevage, principalement des ovins, car 15 % seulement de la surface de la République est cultivable : delta de la Terek et plaines côtières, qui fournissent légumes, fruits, maïs et riz.

L’industrie du Daghestan reste avant tout spécialisée dans l’extraction des ressources du sous-sol (pétrole et gaz naturel) ou la transformation de matières premières d’origine agricole (travail des textiles, industrie du cuir, conserves alimentaires). Aussi le Daghestan ne possède-t-il que peu de villes ; sa capitale, en même temps que son port principal, Makhatchkala, a vu sa population passer de 87000 habitants en 1939 à 248000 en 1978. Elle était estimée à 350000 en 1997. La deuxième ville est Derbent (près de cent mille habitants en 1997).

1936

L’intronisation d’un Roi qui ne régnera même pas 11 mois : Edouard VIII d’Angleterre.

Né en 1894, fils de George V, le prince de Galles Edouard participa à la Première Guerre mondiale en tant qu'officier, puis remplit son rôle de prince héritier, entreprenant des tournées officielles dans les colonies britanniques et soutenant divers projets d'ordre social. Il devint très populaire grâce à son attitude "sociale". Il succéda à son père le 20 janvier 1936 sous le nom d'Édouard VIII. Il devenait ainsi roi de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, et empereur des Indes.

Mais Édouard VIII ne régna que du 20 janvier au 11 décembre 1936. Son projet de mariage avec Mrs Wallis Warfield Simpson, une Américaine divorcée, lui valut l’hostilité déterminée de l’Église d’Angleterre, mais aussi des gouvernements des dominions et du Premier ministre Stanley Baldwin.

Malgré l’existence d’un groupe des "amis du roi", où figure Winston Churchill, il n’aurait pu s’obstiner dans son dessein et continuer son règne qu’au prix d’une dramatique crise constitutionnelle. Sacrifiant son devoir de roi à son amour, mais faisant passer l’intérêt de la monarchie avant toute ambition dynastique personnelle, il préfère abdiquer et devenir le duc de Windsor. Son frère George, duc d’York, lui succédera. Il épousa Mme Simpson en juin 1937.

Compromis par ses relations avec l'Allemagne nazie qui envisageait de le remettre sur le trône après l'invasion de l'Angleterre, le duc de Windsor fut nommé gouverneur des Bahamas (1940-1945), à l'initiative de Winston Churchill. Il fut ainsi habilement éloigné des manœuvres nazies pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale.

Après la guerre, il s'installa en France où il mourut en 1972.

1961

Investiture d’un président américain devenu depuis le symbole (creux ?) de la jeunesse en recherche.

Parce que, trois ans après avoir été élu, il est mort assassiné à Dallas dans des conditions encore mal éclaircies, et avant d’avoir atteint aucun des objectifs qu’il avait proposés à l’Amérique ; parce que son frère Robert, décidé à briguer à son tour la candidature du parti démocrate à la présidence des États-Unis, a lui aussi été assassiné moins de cinq ans plus tard, John Fitzgerald Kennedy, trente-quatrième président des États-Unis – du 20 janvier 1961 au 22 novembre 1963 –, est devenu et demeure pour beaucoup d’Américains un personnage de légende.

Fascinant à bien des égards de son vivant même, il a été vite transfiguré par la mort. La haine qu’il avait suscitée est devenue plus difficile à exprimer ; l’admiration s’est atténuée ; mais pour un grand nombre de personnes, surtout dans la jeune génération, il reste la tristesse d’avoir perdu un homme politique qui essayait de comprendre leurs aspirations. Et à chaque nouvelle crise la question surgit : comment Kennedy aurait-il agi ? Pourquoi était-il, capable d’apprendre, de tirer de ses échecs et surtout de ses fautes des enseignements utiles, contrairement à ses successeurs ?

La personnalité du premier catholique élu président des États-Unis reste quelque peu énigmatique. L’abondante littérature qui lui a été consacrée (en particulier les très minutieux et éclairants récits de deux des plus proches collaborateurs du président, T. Sorensen et A. Schlesinger) ne répond pas à toutes les questions posées à son sujet, et l’évolution des États-Unis depuis 1963 rend l’objectivité difficile.

1946

Le général de Gaulle, après 18 mois de pouvoir battu en brèche par les communistes et par les syndicats, se retire. Tous pensaient que ce n’était qu’une retraite tactique. Mais c’était sans compter sur la politique politicienne. Sa retraite durera 12 ans.

Il avait fallu 4 ans à Charles de Gaulle pour devenir le leader incontesté de la France libre.

Cinq jours après le débarquement des forces anglaises, américaines et canadiennes en Normandie (juin 1944), de Gaulle débarqua à Courseulles. L'accueil qu'il reçut sur le sol français établit définitivement sa légitimité aux yeux des Américains, qui durent renoncer à l'établissement d'une administration alliée pour gouverner la France jusqu'à sa libération totale.

Le 26 août 1944, de Gaulle descendit les Champs-Élysées en compagnie des chefs de la Résistance intérieure, acclamé par un million de Parisiens. Trois priorités s'imposaient à lui et à ceux qui l'entouraient : achever la libération du territoire, affirmer la présence de la France dans les négociations de paix, restaurer l'unité nationale et la volonté de reconstruire dans un pays profondément affecté par quatre ans d'occupation, en rétablissant l'autorité du pouvoir central et en permettant l'application du programme élaboré par le Conseil national de la Résistance.

Le 3 septembre 1944, de Gaulle prit la tête d'un gouvernement provisoire dans lequel entrèrent six ministres communistes, aux côtés de membres du Mouvement républicain populaire (MRP) et de socialistes, formule dite du "tripartisme", qui perdura jusqu'en 1947. Durant cette période, le gouvernement présida à une série de nationalisations (Renault, p.ex.) et de grandes réformes sociales. Craignant un retour aux institutions et aux pratiques de la IIIe République (division des partis, instabilité ministérielle, parlementarisme), de Gaulle proposa un projet de Constitution renforçant le pouvoir exécutif et dut faire face à l'opposition d'une majorité de l'Assemblée heurtée par ses conceptions "présidentialistes".

Après avoir été confronté à plusieurs crises avec les partis, le président du gouvernement choisi par la première Assemblée constituante finit par se convaincre que ses options étaient inconciliables avec celles de la classe politique, et il démissionna brusquement de toutes ses fonctions le 20 janvier 1946. Ses proches lui assuraient que la France aurait accepté un coup de force et la dictature, mais il était trop respectueux des institutions pour écouter les sirènes …

Sa retraite durera jusqu’en 1958, à l’occasion de la déchirure algérienne.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !