Mois de Janvier / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 25 Janvier.

Sommaire :

98

Mort de l’Empereur romain Nerva.

Marcus Cocceius Nerva est né en 30 après Jésus-Christ. Il nous est bien connu grâce à un livre d’A. Garzetti.

Il illustre bien ce que fut la noblesse du Ier siècle de notre ère. Issu d’une famille entrée au Sénat sous Auguste, il est né à Narnia en Ombrie, sans doute le 8 novembre 30. Prêtre salien, questeur puis prêteur sous Néron, il accède au consulat en 71. Il s’entend mieux avec Vespasien qu’avec Domitien : en 93, il s’exile à Tarente. On dit de lui qu’il fut honnête, modeste, effacé, maladif.

Son passage à la tête de l’Empire, pour bref qu’il ait été (96-98), n’en fut pas moins marquant ; cependant, malgré la volonté de rupture avec les pratiques de Domitien, Nerva, en raison de sa modération, fut aussi en partie un continuateur : l’opposition entre les deux règnes fut moins grande qu’on ne l’a dit. Certes, il assura au Sénat, sous le nom de " liberté", la sécurité et le respect, et il fit revenir les exilés de Domitien. A la plèbe il fit distribuer du blé (loi frumentaire) et des terres (lois agraires), et il s’occupa beaucoup des provinces (nombreuses inscriptions en Afrique, à Delphes, etc.). Il s’efforça de rétablir l’équilibre budgétaire obéré par les dépenses de Domitien et par un allégement de l’impôt sur les successions. En outre, ses troupes vainquirent les Germains. Mais il n’eut pas le temps de s’occuper des Daces, et les prétoriens lui imposèrent l’exécution des meurtriers de Domitien. Âgé et sans enfants, il adopta Trajan en 97 et mourut le 25 janvier 98.

Sous ce prince, l’Empire passa sans à-coups du despotisme de Domitien au paternalisme des Antonins.

1077

L’humiliation de Canossa. L’Empereur se traîne à genoux devant le Pape.

L’Épisode célèbre témoigne de la lutte entre le pape Grégoire VII et l’empereur Henri IV. Depuis le milieu du XIe siècle, les papes tentent de réformer l’Église pour la débarrasser de la simonie et du nicolaïsme et la soustraire à l’emprise laïque. Ils rompent ainsi avec la tradition constantinienne, reprise par les Carolingiens et les Ottoniens, de collaboration étroite des deux pouvoirs. Or, les empereurs germaniques tiennent à la nomination des évêques, l’un des fondements de leur pouvoir en Germanie et en Italie. D’où l’exaltation théorique par le pape de sa propre puissance, en particulier dans les vingt-sept propositions du Dictatus papae  de 1075. La "lutte du sacerdoce et de l’empire" n’est qu’une conséquence politique de la réforme.

En février 1075, un synode romain interdit toute investiture laïque pour les ecclésiastiques ; en décembre 1075, Grégoire VII se prononce en faveur de l’archevêque élu de Milan contre les prétentions d’un concurrent nommé par l’empereur. Mais Henri IV, victorieux en Germanie, fait déposer le pape par les évêques allemands réunis à Worms (24 janv. 1076), puis par les évêques lombards réunis à Plaisance. Dans la ligne du Dictatus papae , Grégoire VII répond en déposant Henri IV et en déliant ses sujets de leur serment de fidélité (concile romain de février 1076), ce qui provoque des remous en Germanie : le 16 octobre, à Tribur, les princes invitent le pape à venir juger le roi déchu.

Henri IV veut alors devancer les événements : il part pour l’Italie par le Mont-Cenis. Le pape s’est arrêté à Canossa, château de la comtesse Mathilde de Toscane situé au sud-ouest de Reggio d’Émilie ; le roi y arrive le 25 janvier 1077 avec une faible escorte ; pendant trois jours, pieds nus, en costume de pénitent, il implore le pardon du pape, qui se laisse fléchir par Mathilde et par Hugues de Cluny, exigeant seulement de Henri IV un vague serment.

Le 13 mars, cependant, Henri IV est déposé par les princes allemands qui élisent pour roi Rodolphe de Souabe. Henri vainc Rodolphe en 1078 et 1080, et Grégoire dépose Henri de nouveau le 7 mars 1080 : Canossa n’a servi pratiquement à rien. L’événement montre, cependant, le changement des rapports entre pape et empereur, qui se manifeste à partir du pontificat de Grégoire VII.

1886

Naissance à Berlin, de celui qui deviendra un des plus célèbres chefs d’orchestre, Wilhelm Furtwängler.

Né à Berlin, fils de l’archéologue bien connu, Adolf Furtwängler, il fut éduqué par des précepteurs. Il étudia pendant de nombreuses années auprès d’Heinrich Schenker, théoricien allemand influent, avec qui il analysait les partitions.

Le principal poste de direction d’orchestre de sa carrière fut celui de chef du Philharmonique de Berlin, grâce auquel il se fit une réputation pour la puissance et l’expressivité de son approche et pour avoir apporté à la section des cordes un son très riche.

Demeuré en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale en dépit de son opposition au régime nazi, il dut prouver, le conflit terminé, sa bonne foi en raison des soupçons de collaboration qui pesaient fortement sur lui (en 1934, il avait publiquement défendu la musique de Paul Hindemith, mis en cause par les Nazis). Après la guerre, il reprit une carrière internationale.

Dans le monde de la direction d’orchestre Wilhelm Furtwängler fait figure d’exception : plus d’un siècle après sa naissance, il est le seul chef dont les témoignages sonores n’ont connu aucune éclipse, continuant à susciter l’admiration ou à provoquer la discussion. Sa stature, sa démarche d’interprétation, les fonctions qu’il a occupées en ont fait un chef hors du commun. Un peu réticent à l’égard du disque, surtout dans ses premiers temps, Furtwängler a bénéficié des recherches d’admirateurs infatigables qui ont exhumé des enregistrements de concert partout où ils pouvaient se trouver. Tous ces documents ont été " modernisés " et ont connu d’emblée les honneurs de la gravure numérique. Au cœur de cette action figurent toutes les sociétés Wilhelm Furtwängler qui ont vu le jour principalement dans les pays occidentaux et qui jouent, en outre, un rôle médiatique non négligeable.

Cette médiatisation de son art, qu’il avait toujours refusée, n’a pas fait pour autant de lui une vedette. Il reste celui dont Fred Goldbeck a dit qu’il était " l’art de diriger fait homme ". Paradoxalement, alors qu’il n’avait pas fait école de son vivant, n’apportant aucun enseignement direct à de jeunes chefs d’orchestre, il semble inspirer la démarche de toute une génération qui a grandi plusieurs années après sa disparition, de Daniel Barenboïm à Simon Rattle, génération qui a su dépasser les problèmes politiques ou les choix d’un répertoire pour recevoir ce qui existe et non supputer ce qui aurait pu exister. L’admiration des jeunes pour ce chef d’orchestre est aussi un élément peu rationnel.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !