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Chroniques du 26 Janvier.

Sommaire :

Robert de Molesme

Né en 1029, dans une famille de Champagne, Robert, à quinze ans, devint moine à Moutier-la-Celle, près de Troyes ; à vingt ans, il en était prieur. Vers 1068, il fut élu abbé de Saint-Michel de Tonnerre. Il ne s’y plut pas et revint dans son monastère, d’où, en 1073, on l’envoya gouverner le prieuré de Saint-Ayoul de Provins.

À Tonnerre, Robert avait rencontré les ermites de la forêt voisine de Collan ; ils l’invitèrent à partager leur vie pauvre et retirée. Robert accepta. Dès 1075, il entreprenait avec eux la fondation d’un nouveau monastère à Molesme. Le succès fut immédiat et si grand que Robert se trouva placé à la tête d’un ordre monastique alors qu’il rêvait d’une vie pauvre et simple.

En 1082, il accueillit l’écolâtre de Reims, maître Bruno, à Sèche-Fontaine, une dépendance de Molesme. Celui-ci en partit au bout d’un an pour aller se retirer en Chartreuse. Par deux fois, Robert quitta Molesme pour de nouveaux essais ; il réussit le troisième en 1098 : avec une vingtaine de moines animés du même idéal que lui, il alla fonder un nouveau monastère au sud de Dijon, dans les marais de Cîteaux.

Mais, dès l’année suivante, sur la plainte des moines de Molesme, Robert reçut du légat du pape l’ordre de rentrer dans son abbaye. Il obéit. Admirable par sa sainteté, rendu instable par son désir de trouver une formule monastique nouvelle, Robert, qui avait donné à des moines la possibilité de créer à Cîteaux un nouvel ordre, mourut dans une florissante abbaye de type ancien, à Molesme.

Fondé à Cîteaux (Côte-d'Or), en latin Cistercium, en 1098, par un groupe de moines bénédictins de l'abbaye de Molesme sous la direction de saint Robert. Également appelés moines blancs en raison du vêtement blanc ou gris qu'ils portent sous leur scapulaire noir, les premiers cisterciens souhaitaient revenir à une communauté qui suivît strictement la règle monastique définie par saint Benoît vers 540. Ils adoptèrent un strict ascétisme, considéraient l'exercice du travail manuel comme un élément de la règle monastique et rejetaient les revenus féodaux. Bien que le premier abbé, saint Robert, ait été contraint de rentrer à Molesme en 1099, son successeur à Cîteaux, saint Albéric, obtint du pape Pascal II la reconnaissance de son ordre en 1100. La charte de Charité, première constitution de l'ordre cistercien, est généralement attribuée à saint Étienne Harding, le troisième abbé (anglais) de Cîteaux. Toutes les maisons de l'ordre devaient suivre la même règle et se trouvaient visitées chaque année par l'abbé fondateur. Tous les abbés cisterciens devaient se retrouver une fois par an à Cîteaux.

Les Cisterciens ont longtemps célébré la fête de saint Robert le 29 avril. Chez tous les moines bénédictins et cisterciens, Robert de Molesme est maintenant vénéré avec les autres fondateurs de Cîteaux, Albéric et Étienne Harding, en une fête fixée au 26 janvier.

1468

La naissance d’un grand poète, écrivain, humaniste de la Renaissance, Guillaume Budé.

Né à Paris, formé à la Sorbonne, également connu sous le nom latin de Budaeus, Budé exerça plusieurs charges importantes, dont celle, à plusieurs reprises, de prévôt des marchands ainsi que celle de maître des requêtes. Il fut ensuite responsable de la bibliothèque royale de Fontainebleau (future Bibliothèque nationale).

En 1530, il obtint de François Ier la création des " lecteurs royaux " qui sont à l'origine du Collège de France. Budé est l'exemple même de l'humaniste partageant son temps entre le service de l'État et l'étude. Les travaux de Budé sur la philologie, la philosophie et la jurisprudence comprennent des traductions de traités de Plutarque, des commentaires sur le droit civil romain (" Annotations aux Pandectes ", 1508, saluées par Rabelais), un " traité sur la monnaie antique " (De Asse, 1514). Il convient également de mentionner des ouvrages sur la langue et la littérature, notamment grecques, qui établirent les premières bases de la philologie et qui firent considérablement avancer l'étude de la littérature grecque.

1824

Mort d’un des tout grands de la peinture, Théodore Géricault l’auteur du " Radeau de la Méduse ".

Il incarne l'artiste romantique. Sa vie courte et tourmentée a donné naissance à de nombreux mythes.

Né en 1791, dans une famille aisée de Rouen, Géricault étudia dans les ateliers des peintres Carle Vernet (où il fit la connaissance de son fils, Horace) et Pierre Guérin avant de s'inscrire en 1811, à l'École des beaux-arts de Paris. Après avoir échoué au concours du grand prix de Rome, il décida de partir pour l'Italie à ses propres frais. Il fut très impressionné par les peintres de la Renaissance italienne, en particulier Michel-Ange, ainsi que par le maître flamand Pierre Paul Rubens.

Dès le début de sa carrière, Géricault témoigna de qualités qui le distinguaient nettement des peintres néoclassiques de l'école de Jacques Louis David : il choisit en effet de privilégier les thèmes de la vie quotidienne qu'il porta au rang de hauts faits héroïques. Chantre du désespoir et de la souffrance humaine, il devint rapidement le chef de file des peintres romantiques.

Son " Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant " (1812, musée du Louvre, Paris) et " le Cuirassier blessé " (1814, musée du Louvre) relèvent déjà d'une composition audacieuse, et d'une véhémence de la touche et des couleurs que l'on retrouve de façon éclatante dans sa toile la plus célèbre, " le Radeau de la Méduse " (1818-1819, musée du Louvre).

Cette œuvre, inspiré par un fait sordide de l’actualité politique montre les survivants du naufrage du navire " la Méduse ", entassés sur un radeau, à l'instant où un navire, visible dans le lointain, leur fait espérer le salut. La présence de figures directement inspirées des exercices académiques contraste singulièrement avec le réalisme dont l'artiste fait preuve dans l'expression de l'agonie. Ce parti pris (d'autant plus téméraire que la toile est de très grand format) et le choix du sujet (qui condamnait ouvertement la politique du gouvernement) déclenchèrent une vague de violentes polémiques. Ce tableau fut néanmoins très remarqué au Salon de 1819 et entra au Louvre dès 1824.

D'avril 1820 à novembre 1821, Géricault voyagea en Angleterre où il peignit, entre autres, le Derby d'Epsom (musée du Louvre) : à la fin de sa vie, il se consacra au thème du cheval, qui l'avait passionné dès le début de sa carrière. L'animal devint en effet le centre de sa mythologie personnelle, le messager des méditations du peintre sur la passion, la souffrance et la mort. Peu de temps avant sa mort, survenue le 26 janvier 1824, Géricault avait commencé à peindre une série d'études de malades mentaux, les " fous ", qui témoignent de l'intérêt porté par les artistes romantiques à l'expression de la névrose et de l'aliénation. Outre ses peintures à l'huile, il réalisa également des lithographies, des sculptures, rares mais remarquables, et des centaines de dessins.

1855

Le poète Gérard de Nerval est retrouvé pendu, près du Châtelet à Paris. Il a 47 ans.

Né à Paris, en 1818, Gérard Labrunie (Nerval est un pseudonyme emprunté à un clos familial) avait deux ans lorsque sa mère mourut, en Silésie. Elle accompagnait son mari, médecin de la Grande Armée. Gérard voua un culte à sa mémoire, et le traumatisme causé par cette absence est à l’origine de son tourment.

Il vécut ses premières années dans le Valois, chez son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, qui possédait une petite maison à Mortefontaine. Au retour de son père, en 1814, il le suivit à Paris. Il prépara son baccalauréat au collège Charlemagne. L’été, cependant, il retrouvait les forêts de son enfance. Mortefontaine, mais aussi Chantilly, Senlis, Chaalis, Ermenonville l’ont imprégné de souvenirs. Lorsque la maison d’Antoine Boucher fut vendue, en 1825, cet événement familial marqua pour lui la fin d’un premier cycle affectif.

Il vit une vie de dandy mondain, rencontre des artistes, des poètes, des musiciens, et s’initie aux sciences occultes. Nerval souffre de troubles psychiques très sévères. Sa 1ère crise de délire s’était produite en février 1841. Entre ses différents internements en la clinique psychiatrique du Dr Blanche, il a composé les " Filles du feu ", " Aurélia " et les sonnets de " Chimères ".

Son œuvre préfigure Baudelaire et Mallarmé, aussi bien que les tentatives des surréalistes. Sa passion malheureuse de puis 1836 pour l’actrice Jenny Colon développe son mythe féminin qui intercède pour sa propre rédemption. Obsédé par une autre vie dont seuls les rêves nous rendent compte, sa poésie fut une sorte d’incantation, un appel du langage à un monde invisible, comme dans " Loreley ".

" Aurélia " ou " le Rêve et la Vie " illustre bien la " descente aux Enfers " du poète. Nerval est convaincu que le songe aide à percer " ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent des mondes invisibles ".

Fantaisie ".

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :-
C’est sous Louis Treize ; et je crois voir s’étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit. …….
Puis un château de briques à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue … - et dont je me souviens !

Cam.

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Dernière modification le 30/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !