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Chroniques du 30 Janvier .

Sommaire :

1649

Le roi d’Angleterre monte sur l’échafaud. Charles 1er meurt sans abdiquer devant le Parlement.

Né en 1600, roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, second fils de Jacques VI Stuart, roi d’Écosse (et d’Angleterre depuis 1603 sous le nom de Jacques Ier), Charles Ier monte sur le trône en 1625.

Jeune, séduisant et indécis, il est un jouet entre les mains de son entourage. L’impopulaire duc de Buckingham le pousse à attaquer l’Espagne. Pour se garantir du côté de la France, Charles Ier demande la main d’Henriette-Marie, la plus jeune fille de Henri IV. Le couple royal s’aime tendrement. Mais Buckingham accumule les maladresses. Vaincu par les Espagnols à Cadix (1626), il s’aliène les Français en soutenant les protestants de La Rochelle, ce qui lui vaut d’être battu à l’île de Ré (1627). Les princes protestants d’Europe se trouvent bientôt en mauvaise posture. Malgré ses préventions absolutistes, Charles Ier doit convoquer le Parlement en 1628 afin d’obtenir des subsides. Il est mis en demeure d’accepter la pétition du Droit qui limite les prérogatives royales. Nouvelle rebuffade : le renouvellement des droits de douane (tunnage and poundage ), traditionnellement accordés à vie au monarque, est refusé par les parlementaires.

Au mois d’août enfin, Buckingham meurt sous le poignard du lieutenant Felton. À la session de 1629, le conflit se déplace sur le terrain religieux. Charles Ier soutenait la réaction épiscopalienne et arminienne de William Laud, évêque de Londres puis archevêque de Canterbury. Le Parlement vote trois résolutions condamnant le papisme, l’arminianisme, et la perception d’impôts non votés par le Parlement.

Charles Ier fait jeter les meneurs en prison, renvoie le Parlement, et décide de gouverner sans son appui. Pendant onze ans, il se conduit en monarque absolu. On a naturellement parlé de "tyrannie" et stigmatisé à l’envi la fameuse Chambre étoilée. Pour être équitable, constatons que l’absolutisme de Charles Ier était moins dirigé contre le peuple que contre l’individualisme effréné des classes enrichies (limitation des enclosures, défense de la théorie médiévale contre le prêt à intérêt) et contre le fanatisme des puritains (laxisme de la censure ecclésiastique et tiède répression de la sorcellerie).

C’est d’Écosse que jaillit l’étincelle. Laud y voulait introduire le rituel anglican. Les farouches presbytériens se soulèvent en masse. Devant ce danger, Strafford, homme de confiance du roi, conseille la manière forte. Il part lever une armée dans cette Irlande où, en tant que vice-roi, il a joué les colons anglicans contre les presbytériens d’Ulster et les indigènes catholiques.

Néanmoins, Charles Ier doit à nouveau réunir le Parlement en 1640. L’opposition véhémente qu’il y rencontre l’incite à dissoudre ce Court Parlement dix-huit jours après l’ouverture de la session. L’avance victorieuse des Écossais pousse cependant les lords et le peuple à exiger la convocation d’un nouveau Parlement. Charles Ier s’incline. Convoqué au mois de novembre 1640, le Long Parlement durera treize ans. Il est déjà révolutionnaire, même s’il ne met pas encore la personne du roi en cause.

Les partisans du roi sont exécutés. Voyant l’Angleterre en proie à ces luttes intestines, les Irlandais se soulèvent et massacrent les colons. Charles Ier demande des crédits pour organiser une expédition punitive. Méfiant, le chef de l’opposition parlementaire, John Pym, fait voter la "grande remontrance" qui énumère les griefs contre la couronne.

Présumant de la faiblesse de l’opposition, Charles Ier exige " l’impeachment " pour haute trahison de Pym et de quatre autres chefs parlementaires. Il va même jusqu’à se rendre en personne aux Communes, afin de se saisir des cinq parlementaires qui ont pris la précaution de se mettre à l’abri. Le roi quitte alors Londres au bord de l’émeute. La guerre civile est commencée. Mais la victoire boude les deux camps.

Le Parlement signe alors avec les Écossais un traité d’alliance qui lui permet de prendre rapidement l’avantage. Le 2 juillet 1644, à Marston Moor, les royalistes sont vaincus grâce aux " Côtes de fer " d’Olivier Cromwell. L’armée parlementaire réorganisée par Cromwell provoque la déroute royaliste de Naseby (14 juin 1645).

Charles Ier ne voit d’autre solution que de se rendre, peu après, à la merci des Écossais. Ceux-ci s’empressent de le livrer au Parlement qui lui présente aussitôt les Dix-Neuf Propositions stipulant notamment l’adoption du Covenant presbytérien, l’abolition de l’épiscopat, le droit pour le Parlement de contrôler l’armée, la marine, et la nomination aux grandes charges de l’État, enfin, la proscription des chefs royalistes. Le souverain biaise et négocie en sous-main avec toutes les factions. Sur ces entrefaites, une crise éclate entre l’armée et le Parlement. Cromwell occupe Londres avec vingt mille soldats décidés à faire reconnaître leurs droits. Indécis malgré tout, Cromwell fait des ouvertures au roi qui le lanterne comme il l’a fait avec le Parlement, avant de se réfugier dans l’île de Wight (1647) d’où il appelle les Écossais à son secours. Le péril rétablit la concorde entre l’armée et le Parlement. Cromwell met en pièces les Écossais à Preston en août 1648. Enlevé dans l’île de Wight, Charles Ier est ramené à Londres, déféré devant le Parlement, mis en procès et condamné à mort malgré de vives résistances de la part de nombreux chefs puritains.

Le 30 janvier 1649, le roi Charles Ier montait à l’échafaud avec un courage exemplaire, sans avoir rien renié des convictions absolutistes qui périssaient avec lui.

1661

Cromwell, Oliver (1599-1658), homme politique et militaire anglais qui joua un rôle prédominant dans la guerre civile d'Angleterre, puis dans l'exécution du roi Charles Ier. Puritain intolérant à l'égard des catholiques mais doué d'un réel talent politique, redouté et impopulaire, il gouverna l'Angleterre de 1653 jusqu'à sa mort.

Né le 25 avril 1599 dans une famille d'origine galloise, Olivier Cromwell étudia le droit à Londres, puis marié, vécut en rentier à Huntingdon, sa ville natale. Député 1628 à 1629, il critiqua durement la tolérance dont faisaient preuve le roi et l'Église protestante à l'égard des catholiques.

C'est la guerre qui établit son influence : lorsque la guerre civile éclata en 1642, Cromwell, alors membre du Parlement, leva un régiment de cavalerie, baptisé les "Côtes de fer" (Ironside), animé d'un redoutable fanatisme religieux. Il fut promu lieutenant-général en 1644, et conduisit la même année les forces parlementaires à la victoire lors de la bataille de Marston Moor. En 1645, chargé de réorganiser toute l'armée sur le modèle de ses propres troupes, il fut nommé commandant de cavalerie et décima l'armée du roi à la bataille de Naseby. Après l'ultime défaite des régiments royaux à Preston, en 1648, il approuva la purge du Parlement, au sein duquel ne restèrent plus que quelques membres favorables à la désignation d'une commission chargée de juger le roi pour trahison.

Le 30 janvier 1649, dès l'exécution du roi, que Cromwell provoqua ouvertement, le Commonwealth fut instauré. Sa première tâche fut de soumettre l'Irlande et l'Écosse, ce qu'il fit avec une rare cruauté : la victoire sur les Irlandais fut acquise à Drogheda en 1650, tandis que les Écossais furent écrasés à Dunbar puis à Worcester (1650-1651). Ces batailles apportèrent une fois encore la preuve de son génie militaire ou, plutôt, comme il aimait à le dire, de "l'illustre miséricorde" de Dieu.

En 1653, après avoir renvoyé le "Parlement Croupion" et ne parvenant pas à réunir l'assemblée qu'il souhaitait, Cromwell accepta l'Instrument of Government, première Constitution écrite de l'Angleterre, lui conférant un pouvoir dictatorial avec le titre de protecteur. Il réussit à maintenir paix et stabilité dans le pays et à y apporter une certaine tolérance religieuse. Sa politique extérieure fut vigoureuse, à l'image de celle menée sous le règne élisabéthain : alliés avec la France, les Anglais prirent Dunkerque à l'Espagne en 1658, et regagnèrent la ville de Calais, perdue cent ans auparavant.

Cromwell mourut, très impopulaire, le 3 septembre 1658 et fut enterré à l'abbaye de Westminster. Son fils Richard, qu'il désigna comme son successeur, dut abandonner le pouvoir dès 1659. En 1661, après la restauration de la royauté et l'arrivée de Charles II sur le trône d'Angleterre, le corps d’Olivier Cromwell fut exhumé pour être pendu comme celui d'un traître.

La vie de l'homme d'État anglais a inspiré à Victor Hugo un drame en vers, Cromwell (1827), dont la préface est considérée comme un manifeste du romantisme.

1933

L’accession à la chancellerie d’Adolf Hitler. Le triomphe du parti Nazi.

Le Parti national-socialiste (en allemand : Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei , littéralement, Parti ouvrier allemand national-socialiste ; abréviation : N.S.D.A.P.), ou Parti nazi, n’a pu s’emparer du pouvoir que parce qu’il avait réussi à devenir un parti de masse, flanqué d’organisations paramilitaires puissantes, telles les sections d’assaut (Sturm-Abteilungen , ou S.A.) qui ont essayé et réussi en partie à s’imposer par la terreur (massacre des militants ouvriers).

Longtemps, ce parti, fondé par Hitler au lendemain de la Première Guerre mondiale, ne dépassa guère les dimensions d’un petit parti qui, aux élections de 1928, recueillit moins de 3 p. 100 du total des suffrages. Avec la crise économique qui frappa si durement l’Allemagne en 1929, il s’enfla et remporta ses premières grandes victoires.

Ces succès sont moins dus à un programme original et précis (les vingt-cinq points du programme initial, d’ailleurs fort vagues, seront modifiés ou tout simplement oubliés avant et surtout après la prise du pouvoir) qu’à un certain nombre d’idées-forces inculquées inlassablement aux masses par une propagande habile et simplificatrice.

Les nationaux-socialistes promettent aux classes moyennes ruinées par l’inflation et aux millions de chômeurs des changements radicaux. Pour ne donner qu’un exemple : le programme prévoit " la municipalisation des grands magasins " et " pour un loyer modique leur mise à la disposition des petits commerçants ", auxquels " l’État et les municipalités sont tenus de faire appel pour toutes les commandes qu’ils passent ". Les nazis se disent socialistes, insistent, sans préciser en quoi il consiste exactement, sur leur anticapitalisme, se proclament antimarxistes, mais ils réussissent à obtenir le soutien financier de puissants groupes industriels – qu’ils rassurent sur leurs intentions réelles –, nouent alliance avec la droite classique (front de Harzburg, oct. 1931), dont ils absorbent par ailleurs une grande partie de l’électorat (celle-ci ne recueille en juillet 1932 que 8 p. 100 du total des suffrages).

Surtout ils mettent l’accent sur leur nationalisme. Ils veulent libérer l’Allemagne des contraintes imposées par le traité de Versailles et promettent aux Allemands un avenir de grandeur et de prospérité. Dans Mein Kampf , Hitler annonce aux Allemands " une paix [...] garantie par l’épée victorieuse d’un peuple de maîtres qui mettra le monde entier au service d’une civilisation supérieure ". En même temps, les nationaux-socialistes choisissent des " ennemis " auxquels ils attribuent la responsabilité de tous les maux dont souffre le pays : les juifs, les marxistes, le " système " (c’est-à-dire la république de Weimar). Hitler explique qu’il faut toujours désigner " un ennemi visible ".

Le national-socialisme atteint son apogée aux élections générales de juillet 1932. Le parti obtient alors 37,3 % de suffrages (soit 13,7 millions), mais quatre mois plus tard, aux élections du 6 novembre, le N.S.D.A.P. perd 2 millions d’électeurs (11,7 millions, soit 33,1 %), alors que les communistes, qui n’ont cessé de progresser, en obtiennent 6 millions et que les sociaux-démocrates recueillent près de 8 millions de suffrages. Ainsi les voix rassemblées par les deux partis de gauche, profondément divisés, il est vrai, sont-elles, à moins de trois mois de la prise du pouvoir par Hitler, sensiblement plus nombreuses que les voix nationales-socialistes.

C’est alors qu’à la suite d’intrigues compliquées, Hitler reçoit l’appui massif et efficace des milieux industriels et financiers, inquiets à la fois des progrès communistes et des risques de désagrégation que présente le NSDAP (suite au recul enregistré de juillet à novembre), le maréchal Hindenburg, président de la République, démet Schleicher le 29 Janvier et nomme à la chancellerie du Reich, le 30 janvier, le Führer  du Parti national-socialiste, Adolf Hitler.

1933

La France se dote d’un nouveau gouvernement, présidé par Daladier.

Né en 1884, Edouard Daladier est resté dans l’histoire comme l’"homme de Munich". Maire de Carpentras en 1911, puis député en 1919, il le reste jusqu’en 1940 et le redevient de 1946 à 1958.

Ministre dans une douzaine de gouvernements (ou de remaniements ministériels), son premier gouvernement est constitué le 30 janvier 1933, jour où Hitler prend en main les destinées de l’Allemagne. Confronté au problème difficile du déficit budgétaire, le gouvernement Daladier propose des économies par prélèvements exceptionnels sur le traitement des fonctionnaires qui dépassent les vingt mille francs, et des ressources fiscales nouvelles sans majoration de l’impôt sur le revenu, avec un renforcement général du contrôle fiscal. Cherchant à asseoir son autorité, Daladier prend l’initiative d’un pacte à quatre avec l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne, le 7 juin 1933, pacte qui se révélera inefficace dès la fin de l’année, Hitler s’étant retiré de la S.D.N. et de la Conférence du désarmement.

Mis en minorité à propos de ses réformes budgétaires (oct. 1933), il revient à la tête du gouvernement le 30 janvier 1934, en pleine période d’effervescence politique et de scandale financier (Stavisky). (Cfr Chroniques du …). Le gouvernement tombe sous la pression de la rue. Éloigné des premiers rôles, Daladier participe à la préparation de la victoire du Front populaire de 1936. Léon Blum, au pouvoir, lui confie le ministère de la Défense nationale avec le titre de vice-président du Conseil. En avril 1938, le troisième gouvernement Daladier obtient l’unanimité des voix ; l’extrême droite n’a pas voté. Sa politique va marquer l’échec du Front populaire. En août, Daladier demande au pays de "remettre la France au travail", ce qui heurte ceux pour qui les conquêtes sociales récentes ne peuvent être touchées.

Le 29 septembre 1938, la crise tchécoslovaque met l’Europe au bord de la guerre, conjurée apparemment à Munich. Daladier reçoit un accueil triomphal à son retour à Paris. Sceptique, il savait seulement que l’Angleterre et la France avaient livré la Tchécoslovaquie. Le Parlement approuve par un vote massif les accords de Munich. Le gouvernement obtient de l’Assemblée nationale un vote des pleins pouvoirs ; mais la majorité s’est rétrécie et la gauche du gouvernement se trouve désormais au centre du Parlement. En octobre de la même année, sur proposition de Daladier, le congrès radical rompt les relations avec le Parti communiste. Le 30 novembre 1938, enfin, la C.G.T. réunifiée décrète une grève générale pour protester contre les accords de Munich et les décrets-lois économiques. Le gouvernement durcit ses positions et c’est l’échec de la grève. Daladier gouverne par décrets-lois avec l’appui des radicaux et des modérés. Le gouvernement s’attaque aux maux de l’économie française : stagnation de la production et dépréciation monétaire, donc agitation sociale. Il réalise une stabilisation de fait de la monnaie par action du fonds d’égalisation des changes. La guerre va modifier le déroulement de la vie politique normale : censure, comités secrets.

Le dépècement de la Tchécoslovaquie avait déchaîné les passions et les discussions ; l’invasion de la Pologne se développera devant un Parlement muet, reflet d’une opinion politique résignée. En septembre 1939, le gouvernement décide la dissolution du Parti communiste en raison du pacte germano-soviétique ; le 16 janvier 1940, une loi prononcera même la déchéance du mandat parlementaire de tous les députés communistes. Ce sera la drôle de guerre.

À la France qui avait tenté un simulacre d’attaque de la Sarre, Hitler offrait la paix, ainsi qu’à l’Angleterre, sur la base du fait accompli. Daladier refuse. En septembre 1939, Daladier occupe le portefeuille des Affaires étrangères. La France offre son aide à la Finlande attaquée par la Russie le 30 novembre 1939 ; le 12 mars 1940 la Finlande capitule et met le gouvernement en mauvaise posture. Le silence de Daladier devant les événements inquiète l’opinion. Le 20 mars 1940, la confiance au gouvernement est votée par 239 députés : il y a 300 abstentionnistes. On fait appel à Paul Reynaud. Daladier reste ministre de la Défense nationale.

Le 10 mai, la guerre éclair déferle sur la France, la Belgique et la Hollande. Le 18 mai, Reynaud prend le portefeuille de la Défense nationale (et remplace Gamelin par Weygand). Daladier hérite de celui des Affaires étrangères pour dix-sept jours. Lors de l’ultime remaniement ministériel du 5 juin 1940, il est éliminé. Il devra comparaître au procès de Riom en février 1942. Les occupants le déportent en Allemagne en avril 1943 ; il en reviendra en 1945 ; jusqu’en 1958, il poursuivra son activité politique : député, président du Rassemblement des gauches républicaines.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !