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Chroniques du 17 avril

Bonne lecture des Chroniques du 17 Avril.

33.

Il y a quelques deux mille ans, vivait en Palestine un personnage hors du commun. Son nom était Jésus ; ceux qui l'aimaient et ses disciples préféraient l'appeler Maître ; les autres, le Galiléen.

Reconnu par certains comme étant le Messie, le Fils de Dieu annoncé par les prophètes, il étonnait les hommes, tant étaient grands ses miracles.

Suivi par quelques uns, il sillonnait la Galilée, la Samarie, la Judée, multipliant les pains, réconfortant les affligés, guérissant les lépreux, les aveugles, les paralytiques, ressuscitant les morts.

Plus surprenant encore que son pouvoir de guérison était son étonnant sermon. Aux foules massées sur son passage, il adressait un vibrant message.

"Aimez-vous les uns les autres".

Au peuple rongé par la cupidité, l'envie et la haine, il prêchait le pardon et l'oubli de soi, l'abandon des biens et la richesse profonde d'une vie éternelle.

Ainsi jalousé et détesté par riches et puissants, scribes et pharisiens, par ces marchands qu’il chassait loin du Temple, par tous ceux-là qui ne pouvaient admettre la Générosité, il fut emprisonné, rapidement jugé coupable, puis flagellé, ensuite crucifié.

Le temps passa et ses disciples crurent en nombre, subissant outrages, persécutions, supplices en chantant les louanges du Christ-Rédempteur.

C’était il y a quelque deux mille ans.

Depuis lors, les Chrétiens ont bâti des sanctuaires, des cathédrales et des palais. Et leur puissance est devenue grande sur terre. Alors nombre d’entre eux, pour conserver intactes leurs richesses et les accroître encore, en invoquant en vain le nom de l’éternel (Got mit uns !), en prétextant la défense du pauvre, la compassion ou la fraternité, sortent de leurs lieux de prière, vont vers les champs de bataille, vers les villes lointaines, répandent le sang des autres, sèment la ruine, la souffrance et la mort, flétrissent le genre humain …

En vérité, Galiléen, ainsi que souligné par toi-même, ton royaume ne peut pas être de ce monde …

C’était il y a deux mille ans.

1776.

Julie de Lespinasse (1732-1776).
La célébrité de Mlle de Lespinasse tient à ce qu’elle a tenu un salon (1764-1776), fréquenté notamment par son grand ami d’Alembert et par d’autres fidèles tels que Condillac, Marmontel, Condorcet, Turgot. À dire vrai, elle n’eut son propre salon qu’après avoir rompu avec la marquise du Deffand et entraîné avec elle la plupart des hôtes de son ancienne patronne. La brouille entre les deux femmes fut retentissante.

Julie de Lespinasse était la fille naturelle d’une grande dame. À la mort de sa mère, se trouvant dans le dénuement, elle devient gouvernante des enfants de sa sœur, puis elle vient à Paris, comme demoiselle de compagnie de Mme du Deffand. La tâche est pénible et fatigante, mais lui permet de connaître le grand monde.

Les deux femmes rompent, et Mlle de Lespinasse peut s’installer à son compte grâce à l’aide de Mme de Luxembourg, de Mme Geoffrin et grâce à une pension annuelle sur la cassette du roi. Elle tient remarquablement son salon, et la conversation qui s’y tient est de qualité. Son intelligence lui permet de faire oublier son visage défiguré par la petite vérole. Mais elle est de santé fragile et d’une nature exaltée : son âme ardente recherche les sentiments extrêmes et la voue à des passions malheureuses : "Il n’y a qu’une chose qui résiste, écrit-elle, c’est la passion, et c’est celle de l’amour, car toutes les autres resteraient sans réplique [...]. Il n’y a que l’ amour-passion et la bienfaisance qui me paraissent valoir la peine de vivre."

Elle s’éprend successivement du marquis de Mora, fils de l’ ambassadeur d’Espagne en France, bientôt rappelé par sa famille, et du comte de Guibert, dont l’indifférence la tue, bien qu’elle n’ait pas le courage de se suicider : "J’ai souffert, j’ai haï la vie, j’ai invoqué la mort [...] oh ; qu’elle vienne ; et je fais serment de ne pas lui donner le dégoût et de la recevoir au contraire comme une libératrice."

On a d’elle un certain nombre de lettres tout empreintes d’une imagination ardente et qui, selon l’expression d’un de ses éditeurs, "brûlent parfois le papier".
Voltaire écrivait le 17 avril 1776 : "Je n’ai jamais vu Mlle de Lespinasse, mais tout ce qu’on m’en a dit me la fait bien aimer. Je serais bien affligé de sa perte."

Mlle de Lespinasse est un des personnages importants mis en scène par Diderot dans le Rêve de d’Alembert . Il est aussi beaucoup question d’elle dans les Mémoires de Marmontel. Elle semble avoir exercé sur tous ceux qui la connurent une séduction puissante.

1975.

  • Aujourd’hui, l’on annonce en Belgique et en France la mort de Pol Pot.
    Ce n’est pas la première fois. Il semble que ce soit la bonne.
  • Je ne souhaite jamais la mort d’un homme. Je ne saurai jamais pleurer la mort de celui-ci.

    Il est le maître des Khmers Rouges qui le 17 Avril 1975 s’emparent de la capitale du Cambodge (rebaptisé Kampouchéa). Il s’attachera à éliminer systématiquement, les opposants.

    1982.

    En reprenant le pouvoir, le Premier ministre Trudeau savait qu’il avait un rendez-vous avec les électeurs du Québec. Il l’attendait depuis l’entrée en lice du Parti québécois, surtout depuis que celui-ci, dirigé par René Lévesque, formait le gouvernement provincial. Selon l’engagement pris aux élections de 1976, le gouvernement Lévesque organisa un référendum (20 mai 1980) au cours duquel les électeurs étaient invités à lui donner le mandat de négocier l’indépendance politique du Québec qui demeurerait associé économiquement au Canada anglais.

    C’est le projet de la souveraineté-association. Pierre Elliott Trudeau, plusieurs membres de son cabinet et quelques Premiers ministres des provinces anglophones vinrent appuyer les adversaires du Parti québécois et tous ceux qui demandaient aux électeurs de refuser le mandat sollicité. Les partisans du " non " promirent d’apporter des modifications au système fédéral canadien qui tiendraient compte des légitimes revendications des Québécois. Il faut rappeler, cependant, que sur ce point le Premier ministre du Canada se montra très discret, ambivalent même.

    Finalement, les forces fédéralistes reçurent l’appui de 60 p. 100 des électeurs qui se sont prononcés.
    Pierre Elliott Trudeau avait son propre projet. Il entendait profiter des circonstances pour doter le Canada d’une nouvelle Constitution. Il jugea le moment venu de réaliser le programme qu’il avait en vain tenté de mener à terme depuis son entrée en politique fédérale quinze ans auparavant.

    Les conférences et négociations constitutionnelles de l’été de 1980 aboutirent à une nouvelle impasse. Le gouvernement fédéral, avec l’appui de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick, passa à l’action en déposant devant le Parlement, à l’automne de 1980, un projet de résolution constitutionnelle. Celle-ci proposait une Charte des droits qui limitait la compétence des gouvernements provinciaux et élargissait celle des tribunaux. Elle prévoyait également une procédure d’amendement.

    La décision prise par l’administration Trudeau, accusée par ses critiques d’agir unilatéralement, apparut comme un véritable coup de force. Les huit provinces contestataires en appelèrent aux tribunaux. Le gouvernement d’Ottawa fut finalement forcé de ne rien précipiter et d’attendre l’arrêt de la Cour suprême. Celle-ci déclarait (28 sept. 1981) que, tout en étant légale, l’action unilatérale du gouvernement fédéral n’était pas conforme à une convention constitutionnelle qui exigeait un degré appréciable de consentement provincial.

    Les Premiers ministres reprirent donc les négociations et, le 5 novembre 1981, le gouvernement d’Ottawa et neuf gouvernements provinciaux arrivèrent à un accord. Le Québec se retrouvait seul.

    Après avoir été approuvée par le Parlement fédéral et par le Parlement de Westminster, la Loi constitutionnelle de 1982 fut proclamée à Ottawa, en présence de Sa Majesté Élisabeth II à titre de reine du Canada, le 17 avril 1982.

    Bien à vous,

    Cam.

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    Dernière modification le 25/09/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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