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Chroniques du 2 Novembre

Sommaire

Le Jour des Morts.

Chez les Catholiques, l’habitude de fêter les Morts remonte à plus d’une dizaine de siècles. A Saint Odilon plus exactement.

Saint Odilon appartenait à l’illustre famille auvergnate de Mercœur. Il fut chanoine de Brioude, puis entra à Cluny. Coadjuteur dès 991, en 994, à 32 ans, Odilon devenait abbé de Cluny. Sous son impulsion, le développement de l’ordre de Cluny s’amplifia en France, en Allemagne et en Italie, et commença en Espagne.

Il institua dans son ordre, au lendemain de la Toussaint, la commémoration des morts, qui fut ensuite adoptée par toute l’Église.

En Chine, au Japon et au Vietnam, la fête la plus populaire est celle d'Ullambana ; à cette occasion, on fait des offrandes aux esprits des morts et aux fantômes. Il est dit que, durant cette cérémonie, les portes de l'autre monde s'ouvrent afin que les esprits des défunts puissent revenir sur terre un court instant.

Dès l'âge du bronze, l’Art s’était centré sur le culte des morts. Pour s'assurer l'éternité et un voyage sans risque vers l'au-delà, les souverains et leurs fonctionnaires se faisaient bâtir et décorer des tombeaux somptueux en forme de fosses, dont beaucoup demeurent inviolés. De la vaisselle de bronze ouvragée, des armes, des jades sculptés et des objets de céramique étaient placés près du cercueil!; ils assuraient confort et protection dans l'autre monde. Les murs de la chambre funéraire étaient décorés de scènes peintes ou sculptées représentant des légendes populaires ou des activités de la vie quotidienne. Les travaux archéologiques qui se sont intensifiés en Chine depuis 1950 ont mis au jour des trésors d'objets antiques.

Au Vietnam, le culte des morts est lié à la religion ou Culte des Ancêtres. C’est aussi en automne que se situe cette fête (variable, à cause du Calendrier lunaire).

Les Mânes, dans la mythologie romaine, sont les esprits des morts, apparemment hostiles et appelés par euphémisme " di manes ", "les bienveillants". Parfois, les mânes étaient assimilés aux " di parentes ", ou "ancêtres morts", ils vivaient dans le monde souterrain et venaient seulement les jours où on leur offrait des cadeaux propitiatoires.

Dans l’Ancienne Egypte, les dieux et l'au-delà étaient une préoccupation de premier plan et se trouvaient au centre de tous les aspects de leur existence.

Enterrer les morts était naturellement, dans l'Égypte ancienne, une préoccupation d'ordre religieux, mais les rites funèbres y furent sans doute les plus élaborés que le monde ait jamais connus. Les Égyptiens croyaient que la force vitale, ou l'âme, était composée de plusieurs éléments psychiques, dont le plus important était le ka. Le ka était une sorte de réplique psychique du corps, qui accompagnait ce dernier tout au long de la vie et, après la mort, se séparait de lui pour aller prendre sa place dans le royaume des morts. Le ka, cependant, ne pouvait exister si le corps était anéanti ; c'est pourquoi les Égyptiens s'efforçaient de préserver les cadavres, en les embaumant et les momifiant selon une méthode traditionnelle inaugurée par Isis, lorsqu'elle avait momifié son époux Osiris (voir Embaumement). Par précaution, des statues de bois ou de pierre sculptées à la ressemblance du défunt étaient disposées dans la tombe : dans le cas où la momie était détruite, elles devaient se substituer à elle et remplir son rôle. Plus grand était le nombre de ces statues doubles, plus grandes étaient les chances du mort de parvenir à la résurrection. Enfin, en guise d'ultime protection, les tombeaux étaient construits selon des plans extrêmement compliqués afin de protéger du pillage le corps et tous ses accessoires.

Lorsque les âmes des morts quittaient le tombeau, elles étaient menacées d'innombrables dangers, c'est pourquoi on plaçait près des momies des textes funéraires et en particulier le Livre des Morts, guide pour le monde des morts et recueil de sortilèges pour surmonter les dangers.

En effet, à son arrivée dans le royaume des morts, le ka était jugé par Osiris, roi des morts, assisté de quarante-deux démons, et le Livre des Morts contenait des instructions sur la façon d'aborder ces juges. Si les juges décidaient que le défunt avait été un pécheur, le ka était condamné au supplice de la faim et de la soif, ou était mis en pièces par un monstre horrible, la "Grande Dévorante".

Si au contraire la décision lui était favorable, le ka entrait dans le royaume céleste des champs fertiles de Yaru, où l'existence était une version glorieuse de la vie terrestre. On disposait dans les tombes tous les objets nécessaires au défunt pour cette existence paradisiaque, depuis les meubles jusqu'aux livres. En échange de cette vie céleste et de sa bienveillante protection, Osiris demandait toujours au défunt d'accomplir à son service certaines tâches, comme des travaux agricoles, mais ces tâches pouvaient être évitées si l'on plaçait dans la tombe des petites statuettes, les ushabtis, qui se substitueraient au défunt pour les accomplir.

En Australie, la population aborigène est divisée en petites tribus sédentaires ou nomades. La terre est un support d'identité collective et d'échanges. L'organisation sociale repose sur la famille, dirigée par les hommes. Initiés dès leur jeune âge, les garçons poursuivent leur initiation à l'âge adulte : ils subissent des mutilations souvent douloureuses (circoncisions, cicatrices) et reçoivent un certain nombre de connaissances d'ordre mystique ou sacré. La religion, centrée sur le culte totémique des ancêtres, imprègne tous les aspects de la vie sociale. L'accomplissement des rites, qui revêt un caractère obligatoire, permet d'assurer une continuité entre le passé et le présent. Ces rites se reproduisent périodiquement durant la période automnale.

Chez les Indiens d’Amérique, les rites funéraires ont gardé un aspect païen dans certains groupes. Les Tarahumara et les Huichol offrent au mort trois fêtes successives, ces cérémonies formant un ensemble de mesures destinées à l’éloigner définitivement du monde des vivants. Les Tepehua s’efforcent également d’empêcher le retour du mort et les parents du défunt pratiquent des rites de purification.

Il est très fréquent, même chez les Indiens christianisés, que l’on donne au mort des objets qui doivent l’aider à voyager dans l’au-delà (Nahua de Zongolica) : une galette de maïs, un tube de roseau contenant de l’eau, du cacao, du sel. Le mort pourra manger la galette et boire l’eau ; il doit traverser une grande plaine et y rencontrer des moutons ; il leur donnera le sel ; il paiera le passage d’une rivière avec les grains de cacao.

Dans de nombreuses régions, les survivances de rites funéraires anciens sont à peu près inexistantes. Presque partout, une fête chrétienne a pris une grande importance : la fête des Morts du 2 novembre, célébrée aussi bien par les Indiens que par les métis. Ce jour-là, les morts viennent voir les vivants ; on dépose de la nourriture au cimetière à leur intention et aussi sur les autels domestiques.

En leur honneur, et pour leur donner une impression favorable de la situation de la famille à laquelle ils ont appartenu, on porte des vêtements neufs, on nettoie les maisons. Ce moment de l’année est donc une période d’activité économique très intense, favorisée par le fait qu’elle coïncide avec la récolte du maïs.

En Bretagne, à Carnac (village du nord-ouest de la France dans le département du Morbihan, sur la côte sud de la Bretagne), les " alignements " comptent des milliers de monuments mégalithiques, menhirs, dolmens et tumulus datant du Néolithique et du début de l'âge du Bronze. Environ 2 800 menhirs sont répartis en trois groupes.

Le groupe principal (Ménec) s'élève au nord-ouest du village, il est constitué de quelque 1100 monolithes de granite alignés en 11 rangées grossièrement parallèles sur une longueur d'environ 1000 m. Cet alignement se termine par un demi-cromlech, arc de cercle dont les extrémités rejoignent les rangées extérieures. Ces monuments ont pu célébrer le culte des morts ou celui du Soleil, leur origine et leur signification restent en effet toujours très obscures. Certains les associent au druidisme, thèse dénuée de tout fondement, car les derniers mégalithes ont été construits plus de mille ans avant l'apparition de la société celte qui pratiquait cette religion.

1789

Les Biens du Clergé sont nationalisés.

La Révolution française tenta d’asservir l’Église à l’État par la Constitution civile du clergé qui obligeait les prêtres à prêter serment à l’État. Les biens du clergé furent confisqués, les religieux invités à quitter leurs couvents.

Le 2 novembre 1789, l’Assemblée constituante décide que les biens du clergé seront "mis à la disposition de la nation" pour rembourser la dette de l’État. Mais il est nécessaire de mobiliser ce capital évalué à quelque trois milliards de livres.

Le 19 décembre, l’Assemblée crée une Caisse de l’extraordinaire chargée d’aliéner les biens du clergé. En attendant la vente, la Caisse émettra des assignats gagés sur ces biens et les détenteurs pourront s’en servir pour acheter des biens nationaux vendus aux enchères. Opération avantageuse, puisque l’assignat porte 5 p. 100 d’intérêt : c’est en quelque sorte un bon du Trésor remboursable en biens fonciers. Les assignats donnés en paiement de ces biens seraient détruits. La première émission est de 400 millions de livres.

Le 17 avril 1790, l’assignat est transformé en un papier-monnaie, portant intérêt à 3 p. 100 et à cours forcé, que l’État utilise pour tous ses paiements. Le 29 septembre, la Constituante décide de rembourser la dette exigible par une émission de 1200 millions de livres sans intérêt. Dès lors, le processus inflationniste est engagé, d’autant que l’État se sert des assignats pour payer les dépenses courantes et s’abstient de détruire les assignats remis en paiement des biens nationaux. Les émissions se succèdent en 1791 et en 1792 ; l’assignat est déprécié à 43 p. 100 en juin 1792 : dépréciation fatale en raison de l’insuffisance du numéraire (encaisse métallique), de la méfiance des paysans, qui forment les quatre cinquièmes de la population française, et du public en général, inquiet de l’évolution des événements.

La Convention continue à émettre des assignats pour financer la guerre et assurer les dépenses de fonctionnement de l’État. Plus on émet d’assignats (émissions décidées secrètement par le Comité de salut public), plus ils se déprécient et plus les prix montent. Les mesures sévères de 1793 contre les trafics et contre la spéculation parviennent à enrayer la dépréciation, mais celle-ci reprend dès janvier 1794 pour se poursuivre tout au long de l’an III. Le Directoire se montre incapable de sauver l’assignat et doit se résoudre à détruire, le 19 février 1796, les planches d’un papier-monnaie entièrement discrédité. Pour vendre ce qui restait de biens nationaux, il essaie d’émettre un nouveau papier, les mandats territoriaux, mais l’expérience n’est pas plus heureuse que la précédente : les mandats se déprécient rapidement et doivent être démonétisés à leur tour le 4 février 1797 (16 pluviose an V).

La dépréciation continue des assignats avait permis à toute une classe aisée (bourgeoise et paysanne) de devenir propriétaire de biens fonciers à des prix très en dessous de leur valeur réelle.

1917

Déclaration du ministre des Affaires étrangères britannique Arthur James Balfour. Le gouvernement de Londres déclare "envisager favorablement l’installation d’un foyer national pour le peuple Juif en Palestine".

Proclamée le 2 novembre 1917, il s'agissait au départ d'une lettre envoyée par Balfour en mars 1916, donc avant l'entrée en guerre des États-Unis (avril 1917), à Edmond James Rothschild, un éminent partisan du sionisme. La lettre exprimait le soutien du gouvernement britannique à "l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif". Elle engageait également le gouvernement britannique à employer "tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant entendu que rien ne sera fait qui pourrait porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non juives en Palestine, ainsi qu'aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays !".

La déclaration Balfour créa un malentendu entre le gouvernement britannique et les sionistes. La Couronne proposait en effet la création d'un foyer national, et non celle d'un État juif. L'objectif immédiat était de rallier à la cause des Alliés les Juifs et leurs sympathisants, dans les pays en guerre, mais aussi dans les États neutres. Les Britanniques considéraient la Palestine comme une étape stratégique sur les routes terrestres et maritimes vers l'Inde, et surtout comme le point d'arrivée sur la Méditerranée des pipelines provenant des régions riches en pétrole du Proche-Orient.

La constitution d'un État sioniste sous protectorat britannique aurait permis au Royaume-Uni d'avoir la maîtrise de cette importante région. Lorsque, le 24 juillet 1922, la Société des Nations attribua au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine qui fixait les conditions sous lesquelles le Royaume-Uni se chargeait du gouvernement temporaire du pays au bénéfice de ses habitants juifs et arabes, les sionistes furent tout autant déçus que les Arabes. À la suite de l'accroissement de la population juive en Palestine, des heurts entre communautés juives et arabes éclatèrent dès 1921. Une révolte générale des Arabes contre les Juifs eut lieu en 1936. La déclaration Balfour est à l'origine de la création de l'État d'Israël, en 1948.

Cam.

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Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !