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Chroniques du 18 Novembre.

Sommaire

1302

L’absolutisme théocratique catholique, pire que l’intégrisme musulman, oblige tout humain à obéir au Pape et rien qu’au Pape.

Parmi les nombreux documents émanés de Boniface, la bulle " Unam sanctam " , du 18 novembre 1302, mérite une très particulière attention, et sa rédaction même manifeste que, au-delà de la fièvre des circonstances, elle revêt la forme et la valeur d’une " constitution ". Elle se présente, en effet, comme un exposé doctrinal des principes qui règlent les rapports entre le pouvoir spirituel de l’Église et les pouvoirs temporels. Quant au fond, rien de neuf, par rapport aux textes promulgués depuis Grégoire VII. Ce qui lui vaut sa notoriété, c’est surtout sa conclusion solennelle et dogmatique : " Il est de nécessité de salut de croire que toute créature humaine est soumise au pontife romain : nous le déclarons, l’énonçons et le définissons. "

Sous cette formule abrupte, c’est la logique de l’économie chrétienne qui, sans surprise ni nouveauté, est ainsi définie. Toute réalité humaine, personnelle ou collective, entre, pour le croyant, dans le processus de sanctification et de divination ; ainsi relève-t-elle totalement et uniquement de cette Église. Les États comme les hommes sont justiciables de leurs actes devant la conscience, devant Dieu, devant son Église et les organes majeurs de son autorité. Aucun domaine ne peut être mis à part ; il n’y a pas de justice politique hors la morale ; l’ordre politique est au service des hommes, dans le salut de Dieu comme dans la promotion du bien commun.

Ce qui fait de cette doctrine élémentaire un absolutisme théocratique, ce sont, plus encore que les circonstances, les considérants qui l’introduisent et prétendent la légitimer. Dans leur solennelle abondance, ils relèvent, eux, d’une élaboration théologique où l’autonomie des réalités terrestres, en particulier de l’ordre politique, est complètement niée. Elle est connue sous la dénomination d’augustinisme politique, à cause de ses références aux œuvres de saint Augustin. L’Église ne s’en dégagera pas avant Léon XIII, à la fin du XIXe siècle.

Qui critiquait l’Iran et l’Islam de son intégrisme ? ? ?

1794

Création par la Convention de 24000 écoles primaires. Un des auteurs ? Joseph Lakanal. Mais qui donc était ce génial visionnaire ?

Il est né en 1762. Après des études chez les frères de la Doctrine chrétienne, il y enseigne. Lakanal est élu à la Convention en 1792 comme député de l’Ariège. Il siège sur les bancs de la Montagne, préside le comité d’Instruction publique, protégeant du vandalisme le Jardin des Plantes, faisant adopter le télégraphe de Chappe, posant les principes de la propriété littéraire. Ses rapports, notamment ses projets de décret pour l’établissement de l’instruction publique et sur la fondation des écoles normales, retiennent l’attention. Il y développe les idées chères aux idéologues sur l’enseignement : l’analyse seule, déclare-t-il, est capable de recréer l’entendement et la diffusion de sa méthode détruira l’inégalité des lumières.

Sur sa proposition, la Convention décrète le 18 novembre 1794 la fondation de 24 000 écoles primaires, puis le 25 février 1795, la création des écoles centrales, notamment l’Ecole Normale Supérieure. Elle devait être, dans l'esprit de ses initiateurs, le fer de lance des projets de la Convention en matière d'instruction publique : elle formera, écrit Lakanal, des professeurs grâce auxquels " aux Pyrénées et aux Alpes, l'art d'enseigner sera le même qu'à Paris, et cet art sera celui de la nature et du génie ".

Sous l’Empire, il enseigne à l’école centrale de la rue Saint-Antoine, devient économe du lycée Bonaparte et en 1809 inspecteur des poids et mesures ; il prépare une édition des œuvres de Rousseau et rédige un traité d’économie politique. En butte aux persécutions de la seconde Restauration comme régicide, il part pour l’Amérique, où il enseigne à l’université de La Nouvelle-Orléans. Rappelé à l’Institut après la révolution de Juillet, il revient à Paris en 1837, où il mourra en citant Cicéron.

1937

Echec du " Complot de la Cagoule ", un terrorisme d’extrême droite, en plein dans le banditisme, et qui fera bien des émules depuis lors.

La Cagoule est une organisation française clandestine d'extrême droite qui tenta, entre 1935 et 1937, de renverser le régime parlementaire par une série d'attentats. La Cagoule est l'une de ces organisations aux frontières du banditisme et du terrorisme politique dont les années 1930 connurent la multiplication. Ce Comité secret d'action révolutionnaire, fondé par Eugène Deloncle en 1935, recrutait parmi les anciens combattants et parmi les ligues fascistes françaises. Elle noyauta l'armée française, compromettant le maréchal Franchet d'Esperey appelé à exercer, une fois la république renversée, le pouvoir.

Violemment anticommuniste, antiparlementaire et antisémite, la Cagoule fit assassiner entre autres les frères Rosselli, militants antifascistes italiens réfugiés en France. L'arrivée du Front populaire au pouvoir et le début de la guerre d'Espagne, qui leur fournissait l'exemple édifiant de Franco, stimulèrent les ardeurs des cagoulards : pour faire croire (selon une méthode qui avait fait ses preuves en Allemagne en février 1933) à un complot bolchevique, ils incendièrent le siège de deux organisations patronales et participèrent par ailleurs à la campagne contre Roger Salengro. Mais le successeur de ce dernier au ministère de l'Intérieur, Marx Dormoy, fit arrêter les cagoulards et démantela leur organisation.

Ceux-ci, dont Deloncle ou Darnand, surent se souvenir de lui et le firent exécuter pendant l'occupation allemande, dont ils furent des cadres dirigeants créant, par exemple, la Milice et réveillant leurs réseaux clandestins à la faveur de l'État français. La destinée posthume de la Cagoule fut à l'image de son existence effective : celle d'un groupe violent d'activistes haineux et racistes.

Le procès de la Cagoule eut lieu à la Libération. Il fit bien paraître le caractère redoutable du complot de 1937 ; cette machine de guerre contre le régime parlementaire ne manque ni de chefs de valeur, ni d’exécutants déterminés. Peu d’organisations d’extrême droite disposèrent d’une mécanique insurrectionnelle aussi élaborée. Elle inaugura un terrorisme contre-révolutionnaire dont la flambée O.A.S. devait constituer un autre exemple dans l’histoire contemporaine de la France.

Cam.

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Dernière modification le 30/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !