PORTRAITS D'ARTISTES

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CETTE PAGE PRESENTE PLUSIEURS
ARTISTES POPULAIRES GUINEENS:

KOUYATE SORY KANDIA, Miriam Makéba, FODE CONTE, MOMO WANDEL, ABOUBACAR DEMBA CAMARA, NYEPOU HABAS, Mama KANTE, MANFILA KANTE DABADOU, JEANNE MACAULEY, FODE DIOUBATE, YELI SAYON, MAMADY CALA, SEKOUBA BAMBINO,OUMOU DIABATE, KERFALLAH KANTE, MORY KANTE, FODE BARO, NABIL AWADA, SAMAKE NAMAKAN, LE BALLET OU LA FETE DES CORPS, LA  SECONDE REVOLUTION DE LA MUSIQUE GUINEENNE, KALEIDOSCOPE de la Musique GuinéenneSEYDOU NOUR THIAM, KAMALDINE ET BIEN D'AUTRES SUIVRONT ENCORE...

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KOUYATE SORY KANDIA, LE CHANTRE DE L'EPOPEE MANDINGUE

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KANDIA! C'est le nom lapidaire de celui qu'il n'est plus besoin de présenter tant son nom s'identifie à celui de la musique africaine.

De lui, un confrère anonyme écrivait en 1964: ''musicien sensible et fin, KOUYATE SORY KANDIA n'égraine sur sa guitare que les notes veloutés de l'amour, l'amour du bien et de la vie et sa puissante voix ne s'élève jamais que pour chanter les vertus traditionnelles de la société africaine dont il sait les moindres les principes sur le bout de ses doigts.''

Descendant direct de BALLA FASSEKE KOUYATE illustre ''dyéli'' du grand SOUNDIATA KEITA, le ''Roi miraculé'', fondateur de l'Empire du Mali, IBRAHIM SORY ''KANDIA'' appartient à la grande famille des KOUYATE.

Kandia naît à Manta, petit village de Bodié dans la préfecture de Dalaba, à environ 400 km de Conakry, la capitale guinéenne. Il a à peine deux ans, quand  meurt sa mère. Cette mort le marquera. Grand, il composera pour elle une de ses plus belles chansons ''N'nah'' qui signifie, ma mère en langue maninka.

Dès l'âge de 7 ans, son père Djely Mady Kouyaté l'initie à l'histoire africaine, en maître pétri de savoir, il enseigne à son fils la vaste généalogie des grands du Manding. Musique et tradition orale s'interpénètrent dans ses cours. Maître du verbe et fin joueur de koni (guitare tétracorde traditionnelle), le vieux Mady offre très tôt à son fils son instrument de prédilection. En 1939, alors qu'il n'avait que six ans, Kandia savait déjà pincer et caresser avec amour son ''instrument-jouet'', que ses mains couvraient à peine.

Un peu plus tard, Kandia rejoint la cour royale de Mamou. De 1947 à 1949 il y fait ses preuves. Sa renomée traverse les montagnes de son Foutah natal. Son rayonnement artistique naissant s'amplifie vertigineusement. A dix neuf ans, en pleine adolescence, il est incroyablement un artiste complet : sa voix franche et ses gestes simples séduisent et enchantent tous ceux qui le rencontrent. Son succès lui réchauffe le coeur mais ne lui fait pas pousser des ergots. Un ami l'invite à Conakry. L'Almamy de Mamou lui accorde volontiers une semaine de permission, mais son succès dans la capitale prolonge le séjour. Dans la fièvre de la capitale, Kandia se fait des amitiés dans tous les milieux, des artistes aux hommes politiques du RDA. C'est pendant ce séjour qu'il s'achète ce qu'on appelle alors ''la guitare des blancs'', une guitare espagnole.

Après les succès de Mamou, le triomphe de Conakry et un bref séjour à Manta, Kandia va se fixer pour un temps à Labé en plein Foutah Djallon. Au cours d'une soirée organisée en 1951, à l'occasion d'une tournée du Président Sékou Touré à Labé, Kandia anime avec virtuosité la cérémonie. M. Sékou Touré sensibilisé, l'invite personnellement à le rejoindre à Conakry.

Arrivé à Conakry, en spectacle, son micro lâche. Kandia dépose soudain le micro et chante à gorge déployée, de la manière la plus naturelle. Stupéfaction générale! Kandia brave le micro et sa voix dans son jaillisement naturel naturel enveloppe l'auditoire et l'étonne. Ce coup de maître, l'élève ne l'avait appris de personne.

Encouragé par ce succès et le coeur gonflé d'ambitions nobles, Kandia retourne à Labé et constitue un ensemble traditionnel de 12 membres. Six mois après, naissaient les Ballets Africains de Keita Fodéba.

Sur recommandation expresse de ses amis, Kandia intègre cet ensemble auquel il apporte une contribution de qualité. Kankan, Siguiri, Dakar, des étapes vers la consécration internationale.

Première la France. Une tournée dans les provinces françaises, nous sommes en 1956. Kandia entre en studio et enregistre chez Vogue son premier 45 Tours qui offre plusieurs titres parmi lesquels: Nina, Toubaka, Malissadio et Chants de réjouissance.

Puis c'est la Grande-Bretagne, la Belgique et l'Allemagne. Toute l'europe est visitée. L'URSS, les Etats-Unis et la Chine le découvrent tour à tour émerveillés. Satisfaction totale des publics, c'est une tournée triomphale. Mais les succès ne tournent pas la tête de l'artiste car Kandia aime passionnément l'Afrique et malgré toutes les propositions mirobolantes faites ici et là à travers le monde, Kandia fait son premier tour d'Afrique de la chanson: Côte d'Ivoire, Gambie, Sénégal, etc... applaudissent tour à tour l'exceptionnel trouvère et ses frères. La même année au Festival de Bamako, les guinéens enlèvent le trophée. Kandia est de la partie. c'est la première consécration continentale.

Quand vint la liberté en 1958, la mission de chantre-poète, philosophe et historien allait s'amplifier. Il intègre aussitôt les Ballets africains nouvelle formule. Aux Etats-Unis, la première sortie des Ballets renovés est saluée par un enthousiasme délirant.

A peine rentrés à Conakry, les Ballets avec Kandia partent en Autriche. Là en duo avec la célèbre vedette Paul Robeson, Kandia chante superbement. Un hommage à la participation africaine à travers la République de Guinée. Légitement fier, Kandia exulte et ses amis jubilent.

A Boston, devant un parterre fourni de diplomates, il entonne l'hymne national de la République de Guinée sur l'air D'Alpha Yaya. Satisfecit général.

Lorsqu'en 1960, sur initiative personnelle du président Ahmed Sékou Touré l'Ensemble instrumental et choral de la ''Voix de la Révolution'' est crée, il sera plus tard placé sous la direction de Sory Kandia Kouyaté. Composition, adaptation, orchestration des airs populaires, véritable laboratoire de la musique traditionnelle africaine, telle est la mission de l'Ensemble. En grands bourlingueurs Kandia et ses amis sillonnent encore l'Afrique: la Tanzanie, la Sierra-Léone, le Libéria, la Côte d'Ivoire,etc...

En 1964, il devient le directeur -adjoint du Ballet national Djoliba. Il y restera cinq anS. En sa compagnie, le Ballet est  auréolé des plus belles palmes artistiques dont, en 1966, la Médaille d'or du Festival International du Folklore, en Sicile; trois années après, à la grande rencontre africaine: le Festival Panafricain des Arts et de la Culture, en Algérie, le continent s'incline devant la Guinée et lui décerne la coupe d'honneur (argent) de solo.

C'est alors le rush impitoyable vers le palmarès et décorations.

A la recherche de nouvelles sonorités africaines, Kandia fait un mariage réussi avec Kèlètigui Traøré et ses Tambourinis, le prix Charles Cros 70 sanctionne l'heureuse initiative. Un disque d'or à la dimension de l'artiste génial. La passion de la perfection et de la rénovation l'exhorte constamment vers les autres artistes africains. Ainsi avec l'extraordinaire koriste malien Sidiki Diabaté, il enregistre les plus belles pages de la musique mandingue, en trois volumes 33 tours. Le dernier chef d'oeuvre. Message de fidélité et de vérité historique dédié à la postérité.

Kandia devient la ''Voix de l'Afrique''. Aux festivals de Tunis et de Berlin en 1973, Kandia de nouveau Directeur général de l'Ensemble instrumental et choral de la Voix de la Révolution, incendie les coeurs des spectateurs de bonheur. Partout, des salles combles qu'il fait exploser de sa voix ample et belle.

Kandia n'était point un homme orgueilleux; fervent religieux il se considérait comme un artiste tout court. Jamais comme une vedette. Etre vedette ne lui est jamais passé par la tête.

Il accomplit en 1974 ses obligations religieuses en se rendant sur les lieux saints de la Mecque sur une offre gracieuse du Parti Démocratique de Guinée. Devenu El Hadj Sory Kandia avec ses deux épouses et ses sept enfants, l'artiste fête le triomphe de la foi. Il n'était pourtant pas un fanatique. C'est pourquoi avec le turban et le djellaba, Kandia a encore chanté à travers le monde.

Je revois encore Kandia aux Main Hall du Théâtre National de Lagos au Festac 77, retraçant la tumultueuse histoire de l'Afrique. Je le revois, ce musicien au doigté sensible et aux notes profondes et directes qui, de sa voix et de ses doigts transperçaient le coeur de ce public cosmopolite.

Après Lagos, Kandia et l'ensemble sont au mois de mai 1977 en Haute-Volta. La dernière sortie continentale.

Kandia meurt à 44 ans comme l'histoire de ce justicier qu'il chante dans ''Kédo''; médaillé d'honneur du travail, Commandeur de l'Ordre National à titre posthume.

Toute sa vie, Kandia a été un artiste de combat du bien contre le mal, de la vérité contre le mensonge, de la liberté contre l'esclavage. Un clin d'oeil sur notre siècle et nous voyons que son combat est loin de s'achever.

Kandia ne meurt pas, il demeure le symbole de cette lutte.

Justin Morel Junior

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FODE CONTE, LE PREMIER CHANSONNIER NATIONAL
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Fodé Conté fait partie des artistes guinéens qui ont ,les premiers, compris que la descente passionnée dans les entrailles du folklore était de nature à consolider l’expression culturelle nationale et l’identité individuelle. Alors à corps perdu,ils se sont lancés dans l’aventure.
Ils ont ainsi découvert des pans entiers du patrimoine traditionnel qui gisaient là,oubliés ou simplement,abandonnés,victimes des caprices du temps et des hommes.
Fodé Conté est né à Boffa en 1939 où il passe une enfance heureuse couvé par une famille très religieuse avec un p ère imam.Une famille qui acceptera difficilement son choix artistique.

Fodé Conté,visité par le souffle de la création,emmanche une guitare sèche et de la voix et des hanches,il va de villages en villages au gré de son charme ravageur de jeune premier talentueux.

A l’écoute des populations,il compose des airs aussi beaux que spontanés,au grand bonheur de jeunes filles séduites et au grand dam de cocus magnifiques.Quand il arrive en ville,sa renommée l’ y a déjà précédé.
C’est naturellement donc qu’il obtiendra la médaille d’honneur du travail en juste récompense d’une production toute dé vouée à l’expression culturelle populaire.

LE STYLE

Le style de Fodé Conté se caractérise par une recherche approfondie au niveau des textes se basant sur des aventures vécues pour traduire l’inspiration poétique d’un artiste à la sensibilité fébrile.

Ses paroles sont cousues de fils dorés et d’images vraies aux brillances d’amour comblé,aux éclats d’amitié suivie.Mais Fodé sait aussi chanter les rêves brisés,les enfants maltraités,les femmes brimées.

Sa musique se colore de balafons excités ,de guitares révoltées et de tambours déchaînés.

Sa danse tient quelques fois de l’acrobatie,mais elle est surtout, le reflet de ses passages remarqués dans les Ballets Africains et Djoliba.Champion des danses de la Guin ée maritime (yancady,manè,makrou,soli etc.). Fodé avec son look de traditionniste hirsute provoque à son insu,quand il se sangle dans ses tenues de scè ne bigarées et ses pattes d’éléphant au style de toreador triomphant.

LES SUCCES

C’est MAKHADI,mélodieuse mélopée côtière qui lui offre son premier rendez-vous avec le succès.Une chanson ou la force de son amour se matérialise en un poème lyrique avec une dulcinée qui met à l’é preuve la richesse de son vocabulaire sosso et la finesse de ses qualificatifs et de ses comparatifs pour la décrire le plus parfaitement possible.

Après les succès se bousculeront à la porte de sa foisonnante créativité:Rio Pongo,Nyari,Dilangara,Tontonsiga,Lemonde n’est jamais parfait, Bolobinè,Nyoula,La Playa,Simiti mouna,Nbaridé, etc.
Autant de titres à succès qui confirment la prolixité d’un artiste génial et dont les chansons marquent à jamais des moments importants de l’histoire guinéenne.Fodé est aussi l’artiste polyvalent qui a joué aussi bien dans les Ballets Africains que dans le ballet national Djoliba avec le même bonheur les rôles les plus beaux de héros ,de chanteur ou de danseur hors pair.


Les chansons composées surtout dans la période révolutionnaire du pays sont les symboles sonores des engagements de l’artiste,mémoire des temps durs et des instants de bonheur fugace dans l’expression d’une dignité affirmée. Il appartient ainsi à la mémoire collective et ses chansons prennent inévitablement des allures historiques.Ainsi,pour de nombreux guinéens, les chansons de Fodé Conté demeurent des repères essentiels dans les évocations nostalgiques ou dramatiques de notre passé récent.
L’EXIL

Malgré son immense succès national,Fodé Conté n’arrive pas à sortir son premier album,alors l’artiste craque et vote avec ses pieds en prenant à la surprise générale "air brousse".c’est l’aventure africaine qui le mènera tour à tour en Sierra Leone,au Liberia et enfin en Côte d’Ivoire,où il espère rencontrer son cousin feu Docteur Saidou Conté pour assouvir sa juste ambition de réaliser sa production discographique.
Mais, si l’exil libérien fut plutôt doré avec la formation et l’encadrement de ballets et de troupes folkloriques,celui de Côte d’Ivoire fut surtout une dure errance ponctuée de déceptions profondes et de dèche véritable car Fodé retrouva son cousin dans l’impossibilité matérielle de le satisfaire.
Ecartelé entre la révolution qu’il avait fuie et l’aventure qui dérapait,Fodé Conté se laissera couler aux mains d’un cruel destin et retournera au pays sans illusion en 1984.
Après de vaines tentatives, Fodé va définitivement se replier sur lui même avec des cris de colère de temps en temps pour dire son amertume d’en être encore là malgré tout.

LA RESURRECTION

Cet album est donc une espèce de résurrection pour Fodé Conté qui avait fini par mourir à petit feu...
Mais voici que le destin à nouveau lui sourit, lui donnant l’espoir d’une renaissance éternelle. A 58 ans,il ne veut pas réinventer le monde,il a voulu tout simplement clamer son existence,tracer son passage en sillons numériques sur un support magnétique.Il avait déjà dit dans un film que lui avait consacré le réalisateur Daouda Keita, toute sa douleur de ne point être sur le marché du disque guinéen et l’insignifiance de ce qu’on aurait fait pour lui si jamais...il mourait sans que ce voeu qui lui est si cher ne soit exaucé.

Dieu soit loué!aujourd’hui c’est fait.Voici le premier album de Fodé Conté.
En studio,le chanteur surprend par sa grande tenacité,sa férocité amicale au micro,amuse et encourage les techniciens ivoiriens séduits par les voltiges de ce quasi sexagénaire débonnaire. Doura Barry vient en appui quand il le faut, Justin Morel exige plus,Fodé refuse d’obtempérer puis se ravise et dit dans un éclat de rire:’‘au fond,tout çà c’est pour moi,ok,on y va!...’‘Et le travail continue dans une innocente jovialité. L’album a été réalisé dans un esprit d’ouverture et d’amitié remarquables. Chacun y a mis du sien pour faire de ce travail le tribut aux mérites incontestables de Fodé Conté.

Il infirme pour un temps la maxime:" la vie est un combat dont personne ne sort vivant .". Pour Fodé ,une autre vie commence,un artiste renaît...c’est la résurrection.

LES COMPOSITIONS
Cet album est composé au total de dix titres:

SOUMBOULE: "viens m’embrasser mon amour,sans toi j’ai le mal de vivre."

DOLE: " quand passe la route,la civilisation s’installe,la culture s’épanouit."

MAKHADY: une chanson où la force de l’amour se matérialise en un poème lyrique avec une dulcinée qui met à l’épreuve la richesse du vocabulaire sosso de Fodé,la finesse des qualificatifs,des comparatifs et des superlatifs de son amant pour la décrire le plus parfaitement possible.

RIO PONGO 97: hommage au fleuve Fatala,appelé aussi Rio Pongo à tort, qui fertilise les terres de la région de Boffa; c ’est aussi un hymne à tous les enfants de cette contrée dont l’artiste est issu et dont il est si fier.

TONTON SIGA: chant d’adieu en version instrumentale où le dialogue entre les synthés de Doura Barry et le balafon de Khaly Camara montre qu’il reste encore beaucoup à faire dans le domaine de la recherche musicale en Guinée.

LA PLAYA: chant d’ambiance qui dit tout le bien de la joie de vivre en paix avec sa conscience,en harmonie avec les autres.Fodé en profite pour donner une petite leçon de morale à ceux qui ne mesurent la valeur de l’homme qu’à l’aune de sa richesse matérielle.

KASSIA: "à l’ombre des accacias de Conakry,trop de comérages,trop de petits comptes sont réglés,trop de choses se passent pour lesquelles je préfère donner ma langue au chat".

MILE: "la jalousie est une maladie mortelle.Le jaloux aveuglé par son mal,court inexorablement vers son tombeau. Si pour un rien tu es jaloux,pour un rien,tu peux tout perdre aussi.". Cette version instrumentale est une expérience musicale spécialement composée pour les animateurs de radio qui apprécient ce genre pour leurs génériques .

NYELE BORE: "je ne souris qu’à celui ou celle que j’aime et Dieu sait qu’ils ne sont pas légion car les vrais amis sont rares. Je crois aux instants d’amitié mais très peu à l’amitié.''

RIO PONGO 67: reprise de la version traditionnelle de la chanson qui fit les heures de gloire de Fodé Conté. Le jeu du balafon de Khaly Camara est pétillant de notes dansantes. Khaly,c’est l’ami de toujours qui connaît par coeur le répertoire de l’artiste et dont la faculté d’improvisation est à nulle autre pareille.

LE NOUVEAU DEFI

L’équilibre de l’album est bâti sur six compositions aux arrangements modernes,deux essais instrumentaux et deux titres traditionnels.
Le travail musical a donc couvert tous les registres de sensibilité populaire dans le souci bien réel de combler les attentes de tous les publics.

Cet opus témoigne d’une recherche originale qui tente de montrer que l’âge n’a point atteint le génie de Fodé Conté,mieux ces compositions vont permettre à l’artiste pour la première fois de franchir le seuil des night clubs et de donner une seconde existence à son oeuvre.
C’est un autre pari,c’est un nouveau défi. Fodé Conté veut les gagner,Fodé Conté va les gagner.

                                                                                                   Justin Morel Junior

LE PERSONNEL
Lead Vocal,Guitare Seche: Fode Conte
Choeurs: Maimouna Et Johanna Barry
Balafon: Khaly Camara
Arrangements,Claviers,Programmation: Doura Barry
Guitare: Evariste Yace
Direction Musicale. Doura Barry
Compositions Fode Conte
Prise de Son: Romeo
Mixage: Le Fantôme
Studio: Studios Sequence,Abidjan Côte d'Ivoire
Duplication: Gris Gris Production Conakry Républiaue de Guinée
Distribution:DD United,Conakry REPUBLIQUE DE GUINEE

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ABOUBACAR DEMBA CAMARA
‘’ Le Dragon de la Chanson africaine’’

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Dragon ! le mot est sonore, il est chargé de feu. Dragon ! deux syllabes qui résonnent comme un gong ou un canon. C’est selon.

Pourquoi alors, donner à Aboubacar DEMBA Camara, le sobriquet de ‘’Dragon de la chanson africaine’’?

Tout d’abord qu’en dit le dictionnaire ? Le dragon est un monstre fabuleux représenté avec des ailes et la queue d’un serpent. Dans ce cas, commemt faire le pont entre la métaphore Dragon et DEMBA.

DEMBA fut réellement un animal de scène, une bête de spectacle. S’il n’était pas extraordinairement grand de taille, il avait le secret de se déployer sur scène comme un géant. Ses fulgurants pas de danse, ses haussements d’épaules intelligents, ses multiples déplacements en jambes croisées à gauche, puis à droite, ses sauts-éclairs dans le rythme Tentemba, et puis sa voix râgeuse et enflammeuse, agressive et persuasive envoûtait.

Quand DEMBA montait sur le podium du Palais du Peuple par exemple, il était tout seul capable de remplir la scène et la salle. Il avait du volume, il avait de la présence! C’est pourquoi à la seule apparition physique de DEMBA, les spectateurs brûlaient déjà d’allégresse, et si alors il chantait et dansait, il incendiait littéralement le public d’extase.

Inutile de vous dire qu’un tel charisme artistique ne s’obtient pas banalement. Il faut avoir travaillé longtemps sa mise scénique, sans jamais pourtant tomber dans la sophistication.

Le mérite de DEMBA est d’avoir justement su créer un spectacle en tout point de vue authentique. Quand le BEMBEYA jouait par exemple ‘’Regard sur le Passé’’, DEMBA se vêtissait tout simplement d’un boubou blanc, la tête enturbannée et la dragonne de son sabre bien fixée à la taille. Jamais dans ce concert musical, DEMBA ne fut vulgaire. Dans cette épopée historique, il savait rester hiératique. Tandis que dans TENTEMBA, sous l’emprise des orgies rythmiques, l’artiste s’emportait allégrement, offrant le spectacle du chanteur-animateur accompli.

Mais, animal fabuleux, ce n’est pas la seule définition que nous donne le dictionnaire à propos de Dragon. Le Dragon c’est aussi un soldat de corps militaire de cavalerie de ligne créé au XVIè siécle, pour combattre à pied et à cheval.

Combattant, DEMBA le fut vraiment, avec sa voix comme bouclier et ses chansons comme épée rédemptrice de la culture Africaine.
La force de DEMBA, c’est d’avoir su transcender les vulgaires cancans, d’avoir su éviter les mélopées fastidieuses et les refrains ennuyeux. Son secret c’est d’être allé direct aux sources populaires, à la maniére des aèdes de l’Afrique traditionnelle, avec l’aisance verbale des bardes de la savane mandingue.

DEMBA a trvaillé intelligemment sa voix pour en faire le puissant véhicule de sa profonde conviction en l’avénement d’un monde de progrès, d’une humanité plus humaine. Tous ses chants sont ainsi l’expression d’un engagement, le don de sa personne à l’art, qui anoblit le peuple.

Voilà donc, comment DEMBA est doublement DRAGON, mais si nous fûmes les premiers à le surnommer, aujourd’hui aucun mélomane ne voudrait être le dernier à reconnaître que DEMBA est véritablement le DRAGON de la chanson Africaine.

Justin Morel Junior

BD14711_.GIF (2711 octets)La mort de l’Artiste du Peuple

ABOUBACAR DEMBA CAMARA du Bembeya Jazz
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Victime d’un accident de la circulation l’artiste du peuple Aboubacar Demba n’est plus.

Demba n’est plus, un fils de la grande Révolution Africaine de Guinée vient de s’éteindre à Dakar. Le premier chanteur, l’animateur et célèbre compositeur de l’orchestre Bembeya Jazz National Aboubacar Demba Camara, s’est éteint le jeudi 5 Avril 1973 à 1 heure du matin à l’hopital principal de Dakar par suite d’un accident d’automobile survenu le samedi 31 mars 1973 au carrefour tristement célèbre "des phares des mamelles "de la capitale sénégalaise.

Le national Bembeya Jazz invité à se reproduire par le gouvernement frère du Sénégal venait de fouler le sol de l’aéroport international de Dakar-Yoff à 22 heures, accueilli dans une chaude fraternité par les populations de la capitale sénégalaise.

Quelques instants après, dans l’ambiance de l’accueil, la file de voitures emmenant les artistes de l’aéroport en ville, va à toute allure. La voiture Peugeot 504 transportant trois éléments du National Bembeya Jazz: Sékou Diabaté guitariste, Salifou deuxième chanteur et Aboubacar Demba Camara, dérapa au niveau du carrefour des phares mamelles.

Les occupants durement secoués se sont retrouvés quelques minutes après à l’hopital principal de Dakar où le diagnostic des medecins décela la gravité du cas du célèbre chanteur Demba: fracture du crâne, compression de la cage thoraxique (sous l’effet du choc de la portière qui l’avait entrainé) et plusieurs blessures ouvertes sur le corps.

Tombé dans le coma, Demba a lutté avec la mort six jours durant. Mais l’hémorragie et la fatigue ont triomphé de son corps, malgré toute l’assistance médicale à lui porté par le corps médical sur recommandation spécial du Gouvernement frère Sénégalais qui n’a rien menagé pour sauver la vie de cet ambassadeur de la culture africaine qui est, comme le disait à l’aéroport international de Dakar, Monsieur Amadou Cissé Dia président de l’assemblée nationale du Sénégal: un précieux trésor qui nous est commun. Le peuple de Guinée n’a rien menagé pour rendre à cette grande figure de la culture africaine tout l’hommage que mérite sa mémoire.

A l’annonce de la foudroyante nouvelle qui nous a traversés comme un méridien de feu, une forte délégation du Comité central et du Gouvernement conduite par le camarade Mamady Keïta membre du bureau politique du comité central ministre du domaine de l’éducation et de la culture a quitté Conakry jeudi 5 Avril 1973 à 14h 45, par un vol spécial de la compagnie Air Guinée à destination de Dakar en vue de ramener le même jour la dépouille mortelle du grand artiste disparu.

C’est à 16h 20 que la délégation Guinéenne est arrivée à l’aéroport international de Dakar-Yoff, où le peuple sénégalais à travers les populations de la capitale, dans une profonde consternation, formait une haie d’honneur autour du cercueil placé dans un corbillard. Une forte délégation du gouvernement sénégalais conduite par Monsieur Amadou Cissé Dia président de l’assemblée nationale était venu accuellir la délation guinéenne à Yoff.

La douleur et la consternation se lisaient sur tous les visages, à l’aéroport plongé dans un silence.

Demba était connu au Sénégal. Il y avait conquis tous les coeurs, sa voix chaude lui avait rallié tout un chacun. Son nom était sur toutes les lèvres. Aussi sa mort a-t-elle catastrophé le peuple sénégalais comme l’exprimait Monsieur Amadou Cissé Dia dans une déclaration faite à la presse guinéenne à Yoff.

Au cours de l’entretien au salon d’honneur, le camarade Mamady Keïta a transmis les sincères remerciements du gouvernement guinéeen à celui du Sénégal pour l’assistance fraternelle qu’il a apportée aux victimes de ce malheureux accident, félicité le peuple sénégalais pour la mobilisation spontanée à l’aéroport et pour l’envoi d’une délégation qui doit assister aux obsèques de Conakry. Le camarade Mamady Keïta devait transmettre également les sincères remerciements du Président Guinéen au président sénégalais Léopold Sendar Senghor pour toutes les mesures adéquates qu’il a prises en ces douleureuses circonstances.

C’est à 17h 45 que la délégation guinéenne a quitté l’aéroport de Dakar ramenant le corps de notre regretté Demba qui a été reçu à l’aéroport de Conakry gbéssia dans la plus grande affliction et méditation. A peine L’IL 18 s’était immobilisé à 19 h sur l’aire d’attérissage que de nombreux militants en larmes entourèrent l’appareil. Partout on sentait la douleur, la consternation profonde. Placé dans un camion suivi des membres du comité central et du gouvernement, des responsables politiques des deux fédérations de Conakry, le cercueil a été escorté au milieu d’une haie silencieuse formée par les militants depuis l’aéroport jusqu’au Palais du Peuple où des milliers de militants, le coeur serré pleuraient d’émotion mal contenue.

Triste moment, souvenir cuisant, destin impitoyable. Demba est pleuré par tout le Peuple de Guinée en tête le Responsable suprême de la Révolution, qui est venu personnellement avec son épouse s’incliner devant le cercueil de l’artiste disparu. Dans la nuit du jeudi au vendredi une veillée funèbre a été organisée autour de la dépouille mortelle du disparu par les membres du Comité Central et du gouvernement, les responsables politiques des deux fédérations, les artistes des formations musicales de la capitale. La mort de Demba est un deuil national.

Ambassadeur de l’art et de la culture Africains que le Peuple du 28 septembre défend jalousement, des obsèques nationaux ont été organisés à 16 heures 30 minutes en son honneur avec la participation d’une forte délégation du gouvernement sénégalais conduite par Mr Lamine Diack Sécrétaire d’Etat à la promotion Humaine et comprend le Vice Président de l’Assemblée Nationale Mr Mamou Ba, le Sécrétaire Général du M.J.U.P.S.(Mouvement de la Jeunesse de l’Union Progressiste Sénégalaise ) Mr Papa Alioune N’Daw, Madame Hawa Dia Députée, El Hadj M’Baly Sécrétaire Général de l’association Foyer du Saloum et une forte délégation du théâtre National Daniel Sorano.
Cette délégation qui est arrivée à 10 heures 55 minutes à Conakry à été acceuillie à l’aéroport de Conakry Gbessia par le camarade Premier Ministre Lansana Béavogui entouré de plusieurs membres du comité Central et du Gouvernement.

De l’aéroport Gbessia, la délégation s’est rendue au palais du Peuple où elle s’est inclinée devant le cercueil du disparu. De grandioses cérémonies funèbres qui ont connu la participation effective de nombreux chefs de missions diplomatiques de pays amis en Guinée ont été organisées à Conakry.

Demba vivra éternellement au sein du Peuple de Guinée qui fredonnera à jamais les chansons, les airs mélodieux du ténor de la chanson Guinéenne.

Demba, disons-nous appartient à cette lignée de héros qui ne meurent pas et qui ne sauront mourir car ils se seront donnés corps et âme à leur Peuple dont au delà du mortel, ils continueront à incarner les hautes vertus.

Les dizaines de milliers de militants de la capitale qui ont accompagné Demba Camara en sa dernière demeure lui ont témoigné et la confiance et la foi du Peuple.

C’est la plus belle des médailles, celle que confère le Peuple à ces fils. C’est la profonde signification qui se dégage de la décoration du regretté disparu de la Médaille d’Honneur du Travail à titre posthume.

Alphonse Boulamou

Extrait du journal Horoya N°1990 du Dimanche 08 Avril 1973 Page 1 et 2

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Mama KANTE, la voix de feu

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Un festival. Une salle.Une scène...

Une femme forte qui fait fulminer une foule frénétique. Ses gestes, ses moues félines, sa voix éclatée, sa danse dégagée et ses paroles prodondes créent sur le public un immense champ magnétique.

De fous rires en beaux cris, de silences saisissants en applaudissements incessants, tout clame l'extase, tout explose sous la magie sonore de la chanteuse-animatrice.

Quelqu'un dans le public délire : <<Mama Kanté, c'est trop fort quoi ! Bravo .. Bis .. Mama Kanté !!!>>

Mama Kanté, c'est le nom de cette charismatique cantatrice dont la corpulence en ajuote à la présence. Son visage de lionne alanguie ou de trigesse rageuse qu'encadre une crinère de tresses rastas fait sourire ou frémir ses fans qui vibrent au rythme de ses lèvres enflammées. Et c'est toujours ainsi quand cette femme se produit. Toujours.

Voilà les séquences visuelles qui envahissent mon esprit et frétillent dans ma mémoire à l'annonce de la mort de Mama Kanté aux Lieux-Saints de Makka où elle devait accomplir son devoir religieux du ''hadj''.

Mama est donc restée à Makka, foudroyée par une mort subite en cette après-midi du 12 septembre 1982. C'est une lourde perte  pour le peuple et tous ceux qui l'ont connue par son oeuvre de taille.

Si c,est un topique que d'affirmer les origines populaires d'un artiste africain, cependant, pour Mama Kanté, l'assertion prend des dimensions nouvelles car, cette femme est issue de la grande famille des Kanté de Kissidougou, un véritable réservoir de célèbres artistes guinéens défunts ou vivants.

Citons-en au passage quelques uns :

- Les regrettés chanteurs guitaristes Facély Kanté, et Diarra Kanté ;

- Djomba Kanté, Directeur de L'ensemble Instrumental et choral de Kissidougou ;

- Manfila Kanté, chanteur des Balladins ;

- Djélaye Kanté, guitare Solo du Niandan-jazz et la vedette internationale Mory Kanté, etc...

Sur cette liste désormais figurera en encadré à coté des défunts l'impétueuse Mama Kanté.

Une identité remarquable

Mama naît en 1963 à Kissidougou de Djéli Fodé Kanté, compositeur fécond et de Djésira Diabaté, compagne inspirée du maître du balafon. En cette période d'entre-deux-guerres, les hommes naissaient avec des tempéraments de feu, raconte l'anecdote qui courait les sentiers des villes à cette époque. En tout cas, pétulante comme nous l'avons connue, Mama Kanté ne pouvait infirmer cette anecdote.

Dans la société traditionelle mandingue, la vie de l'artiste est souvent toute tracée. Il appartient alors à l'individu par son métier d'être plus qu'une personne, une personnalité. C'est ce que voulût Mama Kanté.

Ses premiers pas dans le monde de la musique sont guidés par son père, son cousin Yomba Kanté et sa tante Soba, tous deux émérites compositeurs.Sa mère, en intelligente égérie, préfère l'intimité anonyme dans ce qu'elle apporte. Quelques chants frédonnés avec les imperfections de l'âge, des pas esquissés avec bonheur au milieu du cercle de famille réjoui, ainsi va la vie pour Mama durant ces premières années de son enfance.

A partir de 1943, un autre cousin, phénoménal guirtariste trditionnel Sékou, va prendre Mama en main. Il attise en elle la passion de la musique aux sons de son instrument maîtrisé. Il sera pour elle une vraie palée dans sa vocation naissante. Quand jouait le grand cousin spontanément, Mama s'emportait et dansait toujours. Ses amis se souviennent de cet air populaire qu'elle affectionnait particulièrement : Nanfoulen.

Comme elle savait déjà trépigner, la petite Mama .. Comme elle était leste .. Ces qualités essentielles lui sont restées, se sont multipliées et se sont enrichies au fil des années d'expérience. Ecoutant attentivement les aînés, elle découvre la sagesse de la littérature orale. Les contes, proverbes, légendes épiques, les chapelets de litanies généalogiques lui ouvrent les portes de la société et celle de l'histoire.

Mais en 1946, son cousin Sékou Kanté la quitte malheureusement pour Dakar où vivait désormais sa mère Soba, remariée à Diaraba Kouyaté. La séparation est déchirante pour Mama ; elle pleure de ses innoncentes larmes de dix ans.

La famille la console et la réconforte. Les frères Djéla et Sékou Kanté lui promettent assistance assidue. Ensemble, ils aimeront les fêtes populaires de leurs chansons grivoises deviennent ainsi le miroir de poche des jeunes de Kissidougou. Le miroir qui ne ment pas et dont les reflets montrent avec vitalité la fouge d'une jeunesse enracinée dans les traditions africaines. Sous l'oeil vigilant et complice du père, les jeunes s'activent avec bonheur dans les cérémonies de mariages, de baptêmes, etc...

S'associant au passage à d'autres groupes de jeunes, les enfants Kanté élaborent ainsi dans des élans improvisés, la tessiture musicale qui fit éclore la voix de Mama.

En 1951, Mama se marie à Kankou Fodé Kouyaté, virtuose du balafon, et alors commence pour elle une vie d'aventure. Son mari appartenait, disait-on, à l'espèce des ''oiseaux migrateurs''.

Pendant 4 ans, ils vont en tournée à travers l'Afrique Occidentale : Côte d'Ivoire, Haute Volta, Libéria et Sierra Leone sont tour à tour sillonnés par ce couple de musiciens incendiaires. Mama, angélique ou démoniaque à souhait, Kankou Fodé balafoniste exhibitionniste, faisaient accourir des foules nombreuses et généreuses.

Leurs amis témoignent qu'ils vont s'acheter avec les différents dons de retour en Guinée deux camions d'occasion T55 - incroyable peut-être, mais vrai. C'est au cours de cette tournée africaine que Mama deviendra mère pour la première fois en 1953 à Divo en Côte d'ivoire. Le couple appellera Mamady, ce charmant garçon. Mama aura par la suite 11 maternités, malheuresement quatre seulement survivront : Mamady, Mamoudou, Djéli Fodé et Aly.

La création de l'Ensemble Instrumental et choral de la Radiodiffusion Nationale en 1960 constitue l'événement capital de la vie artistique de Mama Kanté, car c'est à l'image de ce laboratoire de la tradition musicale de notre pays que vont naître d'autres ensembles dans toutes les régions avec en tête de liste celui de Kissidougou, son patelin natal.

Choisie en 1962 comme vedette de l'Ensemble naissant, Mama par ses vocalises personnalisées, sa gestuelle stylisée devient incontestablement une identité remarquable.

Les textes de ses chants par contribution collective gagnent en vigeur patriotique. Elle débarque ainsi en 1963 à Conakry pour le 2e Festival Artistique avec l'Ensemble Instrumental et Choral de Kissidougou, dans leur escarelle culturelle un titre gorgé d'africanisme : ''OUA''.

La conscience nationale vocalisée

Progressivement, Mama Kanté sortira sa province de sa léthargie culturelle comparée à sa voisine, la ville de Gueckédou. En 1966, avec ''Sagougnouma'' et ''Dia 66'', le nickel de la voix la grande Dame de Kissi rutile sur les coeurs des mélomanes guinéens et africaines. Elle est décorée de la Médaille d'honneur du Travail. Mais, c'est vraiment au Festival artistique et culturel du 9 au 27 Mars 1970 que la personnalité de Mama éclabousse le tout Conakry. Elle ouvrage un nouveau ''Dia 70''>>, qui provoque chez le critique Ibrahima Kalil Diaré une irrésistible tentation de comparaison : ''Mama Kanté, écrit-il, c'est la Mahalia Jackson de Guinée''. Cet hommage, car il en est un, de la plume de ce vert critique qui n'affectionne point les étiquettes ou labels de célébrité collés au dos d'artistes qui ne veulent qu'être eux-mêmes, est bien étonnant et suffisamment révélateur.

Mama Kanté, c'est la révélation du Festival 70. Volcan en action. Elle fait éruption au Palais du Peuple de Conakry, et les laves incandescentes de sa voix purifient les coeurs en détresse. Elle déplie avec un rare bonheur son puissant registre vocal. Elle est en pleine possession de toutes les ficelles des chantres traditionnels mandingues : clarté de l'expression, densité des textes, beauté gestuelle.

Pour plaire et satisfaire son auditoire, Mama Kanté n'eut point besoin de beauté, elle avait un visage dont la plasticité savait épouser un charme souverain.

C'est à partir de l'agression impérialo-portugaise de novembre 1970 que Mama Kanté va symboliser ''la conscience nationale vocalisée''. Ses chants vont implacablement fustiger la félonie et exhorter à la lutte glorieuse.''Simika'', ''22 Novembre'', ''Honte à l'impérialisme'', ''Mandjou'' sont parmi les plus populaires de son répertoire.

Elle règne littéralement à son insu peut-être ou avec la complicité de ses coéquipiers sur l'Ensemble de Kissidougou. Les arrangements musicaux lui laissent la bride au cou. Soutenue par une flûte pastorale, elle joue le coryphée dialoguant avec un choeur contamment sollicité. Elle apparaît comme une almée consommée au milieu de balafons, koras, tam-tams et konis déchaînés.

A ce rythme, l'Ensemble de Kissidougou devient un habitué de la première place au Festival National et Mama Kanté une véritable attraction. Et quand Mama fuguait pour s'occuper de sa riziculture, (eh oui, .. joignant la voix aux bras, notre Mama nationale possédait des hectares qu'elle exploitait régulièrement. Comme vous le devinez, elle ne se nourrissait pas de son art, elle nourrissait son art ..), l'ensemble de Kissidougou, même s'il offrait de plus belles voix et de plus belles femmes n'avait point le même crédit, le même accueil.

Le repos mérité

Mama n'appartenait pas vraiment à l'Ensemble de Kissidougou, elle était au peuple tout entier comme tous ces grands artistes qui l'ont précédée dans l'au-delà : Bakary Cissoko, Diara Kanté, Facély Kanté, Demba Camara, Sory Kandia Kouyaté, Petit Fodé Dioubaté et ... tous ceux-là qu'elle a chantés dans ce qu'il faut appeler le ''Testament de Mama'' sublime composition baignée de passion et de respect ému.Cette femme pensait souvent à la mort. Elle ne lui faisait pas peur, me confie un de ses cousins, sans la rechercher quand même, elle croyait en fervente musulmane que ce doit être une délivrance signée par la volonté divine.

Mama est ainsi restée à Makka, aux Lieux-Saints de l'Islam. Mort prémonitoire parce que mourir à Makka en pélérinage, pour Mama, la musulmane, c'est comme ouvrir les portes de la Vie Eternelle, dans le repos mérité d'Allah.

Justin Morel Junio

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Nyépou Habas ,Une musicienne racée

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La voici courbée amoureusement sur sa guitare. La caressant, la cajolant, la tapotant; elle s'est oubliée. La voici artistement évasive avec en filigrane cette présence sonore qui nous couvre de ses ondes et nous sensibilise.

Voici Nyépou Habas et sa guitare oblatives dans leur amour, comme une mère et son enfant. Mais oui, voilà bientôt quarante ans que la guitare est devenue l'enfant adulée de cette femme tendre et pondérée. Son enfant, elle l'a éduquée à sa façon, Simplement. Passionément. Et l'enfant a physiquement - pardon techniquement - grandi.

A coups de coeur et de doigts, Nyépou sait parfaitement aujourd'hui comment faire avec cette enfant qui a grandi sans être rebelle.

Sa mère Fanta Soumaoro, fidèle au voeu de son époux défunt, la conduit en 1950 à L'école avec cette secrète ambition : '' Nyépou sera une grande sage-femme". Effectivement aprèrs son certificat d'études, Nyépou choisit la santé. De 1956 à 1959, elle est assistante sociale. Mais sa vocation était certainement ailleurs.

Au collège déjà, les fêtes scolaires l'enchantaient. Elle s'en souvient encore aujourd'hui : ''j'aimais follement ces fêtes  jamais primesautière mais toujours fébrile, quand venait mon tour de chanter. O Dieu que j'avais une mauvaise voix''.

Cependant , on peut avoir une mauvaise voix et avoir bons doigts. C'est ce que comprit intuitivement Nyépou en s'interessant beaucoup plus à la guitare qu'au chant.

Femme de discipline, exigeante et femme de principes, l'armée de la hante. En 1961 c'est fait. Après un stage de formation à Kankan, la voici gendarme. Son unifome lui sied à merveille. La blouse blanche troquée contre la tenue kaki ne la bouleverse pas outre mesure, elle reste toujours belle. La même année, l'armée fonde le premier orchestre féminin moderne d'Afrique, Nyépou et quelques autres en sont les premières musiciennes.

Avec leurs innoncentes mandolines qu'elles grincent comme des cigales, elles jouent tout l'été et ne connaissent heureusement pas de bise. Le succès est ènorme. Des camps aux campus, de partout les hommes accourent étonnés et réjouis, ils pardonnent même les couacs. Les femmes aussi viennent nombreuses les voir, heureuses de découvrir des musiciennes aussi virtuoses et vertueuses sur scène.

C'est la farandole des voyages.

Elles sillonnent l'Afrique et certaines parties du monde. Partout ces ravissantes femmes aux mandolines ''ambiancent'' les salles.

En 1985, Nyépou toujours chef, jubile avec ses compagnes, le Parti (PDG) vient de leur offir de nouveaux instruments plus modernes : guitares électriques; battertie, tumba, saxes, trompettes etc . . .

Depuis, les Amazones sont devenues des locomotives que le succès n'effraie guère.

Symboles de l'égalité de l'homme et la femme pronée par le Parti Démocratique de Guinée; les ''Amazones'' refusent les facilités et fuient les futilités.

La consécration internationale pour Nyépou et ses amies, ce fut à Lagos au Festival 77 où, devant la multitude cosmopolite réunie, en musiciennes racées, elles animèrent avec un panache jamais atteint.

Nyépou n'oubliera jamais les fièvres nocturnes de Lagos. Elle dit toujours : ''Les vrais bonheurs hélas, ne reviennent jamais. A Lagos quand je jouais, je sentais que ces gens venus de partout m'écoutaient et me comprenaient et leurs rires, leurs cris, bref toutes leurs réactions m'extasiaient.''

Après ces quelques  mots le revoici courbée sur sa guitare. Nyépou n'a pas d'enfant et chaque fois que je la vois ainsi, je retrouve toujours le geste de la mère penchée sur son enfant, L'allaitant avec abnégation et sollicitant tout simplement peut-être qu'il s'ouvre à la vie.

Une guitare peut devenir un être vivant, si la personne qui la possède, lui insuffle son âme. Et Nyépou le fait si bien.

Justin Morel Junior

BD14711_.GIF (2711 octets)MAMADY CALA CAMARA , Le Flamboyant Chanteur de CAMAYENNE SOFA

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Peu de chanteurs guinéens peuvent se flatter d’avoir un parcours musical aussi plein que Mamady Cala Camara que ses amis affectionnent appeler Mamady Sofa. Derrière ses éternelles lunettes, son nez imposant et ses moues félines se profile le génie d’un artiste aimable et généreux .

Né le 13 août 1949 à Bamako de El Hadj Nounfodé Camara et feue Nafima Camara , Mamady a cavalé le Mali profond .

Les premières années de son existence et les instants les plus étincelants de son adolescence. Ainsi , de son primaire à l’école Mamadou Konaté, à son secondaire au cours Bouyagui Fadiga , le jeune premier qu’il fut, fit le beaux jours des écoles qu’il fréquanta, tant sa voix de rossignol avait fini par faire delui et de ses amis des cigales qui chantaient tout l’été oubliant le temps des vacances, les fourmis industrieuses. C’est la vie !

Il était devenu à Bamako par la grâce de sa voix l’animateur principal des mouvements pionniers, c’est pourquoi les responsables de Bamako Koura n’hésiteront pas à lui faire appel pour participer à l’orchestre Pionnier Jazz de Bamako. Là , celui qu’on avait baptisé le petit chanteur a du monter sur une chaise pour improviser devant un micro haut placé.
Que chantait – il le petit Mamady... en vérité, rien d’original ,rien que des reprises de titres afro – cubains de Cheo Belen , Barroso et autres Pacheco.

Son petit succès sera donc bâti sur la nostalgie que sa voix éveillait chez les admirateurs de cette musique chaude des Caraibes. Cette aventure durera jusqu’en 1968. C’est alors que Mamady qui est guinéen, sur l’insistance de la famille suite au coup d’état malien, rejoint la terre de ses ancêtres à Kissidougou et s’inscrit dans le centre d’enseignement révolutionnaire (CER) de la ville .

Sa renommée l’ayant précédé, parallélement à ses études, il est sollicité par l’orchestre des élèves le Benda Orchestra .
Il reprend de sa voix éblouissante quelques titres latinos et c’est encore le succès ! le Niandan jazz, l’orchestre fédéral ne reste pas indifférent et le politique joue de son influence pour lui faire rejoindre l’ensenble musical.

Il s’y plaît et se plonge alors à corps perdu dans le folklore guinéen, c’est un moment de rêve ce jeune qui en voulait beaucoup plus pour briller plus longtemps.
Il était tout à son art quand le destin du pays bascula suite à l’agression portugaise du 22 novembre 1970, à contre cœur, il repart à Bamako. il fera tour à tour les orchestres Unistar (des travaileurs du Mali) de l’Oranam , le Rail Band avec Salif Keita, avant Mory Kanté .il retournera en Guinée et repartira encore plusieurs à Bamako .

Une page son histoire que beaucoup ignorent, c’est celle de son passage dans le Bembaya Jazz national en 1971. Avec Demba, le Dragon de la chanson africaine, il enregistre les chœurs et les cris dans les titres araba , Fatoumata , Dagna, PDG etc …

Mais le Niandan Jazz de Kissidougou qui n’acceptait pas ce départ fit des mains et des pieds pour le faire retourner dans sa préfecture d’origine, à l’époque , le Niandan tenait à détrôner le Bembeya et gagner les joutes artistiques dans les festivals nationaux qui étaient organisés à Conakry .

Le président Sékou Touré en personne interviendra pour sensibiliser Mamady. Enfin, il changera son ministre de la Jeunesse Abdoulaye Diallo Portos de l’aider à convaincre Mamady. Il craque et accepte malgré tout. On lui offre un électrophone et toute la collection des disques syliphone pour le remercier de sa fraternelle compréhension des exigences de la Révolution .

Il retournera à Kikissidougou et 3 mois après , il gagna Bamako ou il est aussi connu et aimé qu’en Guinée, plus tard c’est la Côte d’Ivoire qu’il découvrira en compagnie des frères Koivogui Pierrot et François,des guitaristes éprouvés tous deux morts, il ya des années.

Ensemble, ils fondèront le Camayenne sofa international en souvenir du groupe qu’ils avaient connu en 1974 à Conakry avec les Papa Kouyaté, Jean-Baptiste Williams , Riad Chaloub et Justin Morel Junior .
C’est dire que Mamady dont les inoubliables succès kogno koura et idissasso ont marqué l’histoire de la musique guinéenne, après une éclipse laborieuse était revenu la rage au cœur pour reconquérir le public qu’il a perdu, mais qui ne l’a jamais oublié.

Avec les titres Kobè na waati, chaque chose a son temps. Il était convaincu que son temps était arrivé avec ses huit compositions arrangées par le burkinabé Zakaria Mamboé, sponsorisés par les éditions Amacif.
Hélas, la maladie qui le rongeait-le diabète- ne lui donnera point le temps de jouir des fruits de son retour qu’il voulait foudroyant. C’est lui qui était foudroyé! La presse se mobilise en sa faveur, le public cotise, le gouvernement réagit, il est évacué sur Paris. Deux années difficiles ou son mal ne l’a point lâché, malgré tous les efforts.

Mamady Sofa qui était ingénieur froid à la Radio Télévision Guinéenne est mort le 1er octobre 2000 à Paris. La musique guinéenne perd en lui l'un de ses meilleurs interprêtes.


Justin Morel Junior

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OUMOU DIABATE, LA DAME CHIC-CHOC

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Elégance de mannequin. Voix de miel. Moues de star. Oumou Diabaté débarque dans l'arène des vedettes avec des arguments de charme, des éléments de choc.

Elle n'est pas du genre à accepter les rabes. Elle a donc préparé avec intelligence sa première internationale pour mettre toutes les chances de son côté. C'est la naissance d'une nouvelle étoile aux talents multiples. Sa nouvelle cassette produite par SYLLART confirme tout le bien qu'on dit d'elle. Une puissante musique arrangée par Patrick Papinau et qui fait la part belle à cette voix venue du ciel.

Tous les titres sont des pièces musicales, oeuvrées avec soin : Kelacy (histoires de mariages) Lancei (amour d'enfant), Laris (reconnaissance amicale); Wari (affaire d'argent) ; bref, des chants qui sont des invités à la danse.

Oumou est néeen 1960 Diabaté. Elle devient Dioubaté par le mariage en 1991. A savoir: certains biographes ont écrit qu'elle est née à Kankan, mais en réalité, c'est à Ouagadougou, dans l'ex-Haute Volta, qu'elle vit le jour.

Son feu père Mamady Diabaté, célèbre balafoniste fit les beaux jours de l'ensenble instrumental de Kankan 2, après avoir animé les grandes gestes des familles Mandingues de l'actuel Burkina Faso.

Sa défunte mère fut la griote préférée de l'ex-president voltaique Maurice Yaméogo. Pour elle, Oumou, sa petite adorée devait chanter. <<C'est elle qui me remplacera>> aimait-elle répéter. Et, pour joindre l'acte à la parole, elle laisse Oumou, juste pour un an, fréquenter l'école française (1967-1968). C'est alors que notre Oumou commence à fredonner <<Apollo>> <<Kaséré>>. Elle est si petite qu'on la monte sur une table de fortune pour la faire chanter.

Quand elle chantait, sa mère Nyamakoro Kanté, épanouie, ponctuait ses refrains du son percutant de sa clochette traditionelle : le Karinyan. Bonheur.

Retour à la mère patrie la Guinée, au début des années 70. Oumou devient l'attraction de l'ensemble instrumental de Kankan 2. Sur les conseils de son père, elle chante ''Saratikan''. Le Festival National de 1975 fait dévouvrir une enfant au coeur du lion. Sa rage de réussir envoûte plus d'un. Elle continue avec courage à composer et interprêter mais en 1977, c'est le clash. Les temps sont durs en Guinée. Elle décide de s'exiler en Abidjan, puis à Ouagadougou. L'expérience des bals-poussière, les animations des quartiers populaires au rythmes des mariages et des baptêmes. Moments beaux et durs.

Trois ans, ça suffit !!! Oumou rejoint Conakry où entre temps, les choses changent. A Kankan, son aventure fait référence, elle joue et chante merveilleusement. On l'admire. On la désire. On la veut. Laye Sidiki Dioubaté, vedette de l'orchestre 22 Band, lui vole son coeur.

Ils convolent en justes noces en 1981 puis à Conakry, fondent ensemble en 1982, un nouveau groupe : Les Messagers.

Les Nuits des Etoiles succèdent aux Nuits des Oscars et pour le groupe, les succès s'enchaînent.

Oumou s'ennuie cependant. En 1987, Christiane Doherty, une admiratrice et amie lui ouvre les des studios d'enregistrement français. Elle enregistre 16 titres qui ne sortiront jamais.

Elle s'implante à Paris, rencontre les plus grandes vedettes de la World Music (Mory Kanté, Salif Keita, Youssou N'Dour, Manfila Kanté et bien d'autres.

La chance place le truculent producteur Ibrahima Sylla sur sa route et son destin le ressent.

De rendez-vous avortés en enregistrements réussis, elle pleure et rit. C'est d'abord Manu Lima que Sylla choisit pour l'arrranger mais, Manu est pris par les Zairois. Elle préfère Patrick Papineau qu'elle connait et qui déjà travaillé avec son célèbre oncle Manfila Kanté dans l'ablum ''Diniya''

Avec Patrick, le travail commence bien et finit bien. Sylla est satisfait, Oumou aussi. Elle fait sa valise. Aurevoir la France. Après cinq ans de précense bien remplie, elle pense qu'elle peut retourner valablement à Conakry. Bonjour la Guinée. Salut le succès.

La nouvelle Oumou était arrivée pour de nombreux autres départs !!! Depuis, elle a sorti trois autres albums qui ont tous connu le bonheur de la popularité.

Justin Morel Junior

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Namakan Samaké, ''L'Ange de N'Zérékoré''

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Aussi bizzarre que cela puisse paraître, après maintes réflexions, la passion, la vraie, contient toujours de la ''folie''. Cette folie de la foi qui conduit au don total de soi à la chose choisie. Cette folie qui pourfend la froideur des mystères. En cela chacun est un peu fou non ...?

''Sentir ce que l'on fait, incarner ce que l'on fait c'est la meilleure manière d'être soi-même, la façon la plus efficace de s'assumer.''. C'est la pensée cardinale de Namakan Samaké.

Ex-chef d'orchestre du Nimba-jazz de N'Zérékoré, ''Sama'' est un charmant chanteur dont la voix a des décharges électriques qui font illico faire passer un courant de sympathie.

Ancien musicien de ''Goumbé'' du groupe RDA (de 1955 à 1957), Samaké Namakan n'est pas un nouveau venu à la musique. Celui qui a dirigé autrefois les symphonies forestières du Nimba jazz n'est nullement natif de la Guinée australe, il est né à Kankan en 1942 de Baba Samaké et Noumoussou Condé.

A sept ans, il est inscrit à l'Ecole régionale de Kankan. Les cours l'intéressent, c'est la découverte des choses et la nature même des choses.

Il fait de son mieux et ses maîtres le trouvent intelligent mais, pensent qu'il peut mieux faire. Comment mieux faire en classe quand la passion artistique vous dévore ...? Entre temps, il faut venir en aide aux parents, donc se jeter dans le combat de la vie, avec les moyens de bord.

En 1962, il est instittuteur. il va successivement servir dans les villages de Soumankoi Foussein et Guimballa dans la fédération de Kankan. Là, parallèlement à l'enseignement, il anime des troupes folkloriques dans le constant souci de se faire une voie dans le monde des arts.

En 1966, il est menbre fondateur de l'Union Band de la Section de Kankan, au micro, il est une révélation qui est tout de suite adoptée par la jeunesse.

Sa voix en effet possède un timbre original: heureux mélange de velours et de miel. Allez comprendre, on ne s'y trompe pas : ''Samaké est valable'' affirment les mélomanes.

Le 17 octobre 1966, au cours d'une mémorable soirée, Namakan Samaké avec le trac du prosélyte mais le calme du connaisseur, s'impose sans pourtant, se prendre au sérieux. Passionné de nature, il tissera l'étoffe de sa personnalité sans rapiécer celle des autres.

Il se lance dans la composition. En 1969, le Milo Band et le Star Band vont bénéficier de ses services, puis il collabore un temps avec le 22 Band de Kankan, avant d'aller tenter sa chance à N'Zérékoré où le succès lui  sourit enfin  avec éclat.

Depuis le 27 juillet 1972 celui que tout N'Zérékoré appelle ''Grand Sama'' n'a plus connu de tunnel. Il occupe sa place au soleil de la musique Guinéenne. En 1973 le Nimba jazz est Médaillé de bronze de musique moderne pour le CGR de N'Zérékoré.

En 1975, premier prix des orchestres modernes dans la quinzaine artistique de N'Zérékoré. En 1977, le succès Babaniko est présenté par l'orchestre National Super Boiro Band au FESTAC de Lagos.

Premier ex-aequo avec le 22 Band de Kankan au 12e Festival National des arts et de la culture, le Nimba jazz de N'Zérékoré sous la direction de Samaké a donc traversé la plus faste de son histoire.

Mais que réserve demain à ''Grand Sama'' et à ses valeureux musiciens..

Non "" La question est mal posée. Disons plutôt que nous réservent demain Grand Sama et ses valeureux musiciens ... Encore une surprise de taille : un concert Show qui fête la reconciliation et la cohabitation des hommes et des animaux : l'exemple des célèbres singes anthropoïdes de Bofossou dans la région de Macenta est restituée avec art sur scène.

Réellement ne faut-il pas un peu de folie créatrice pour réaliser un show comme ça ... Puisse Samaké, l'ange de N'Zérékoré garder longtemps cette option du succès permanent  Ainsi soit-il.

Justin Morel Junior

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JEANNE MACAULEY, UNE DANSEUSE ETOILE
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Je ne sais plus ni où ni comment j'ai connu cette femme au regard de feu, à la démarche de fauve ou de félin. Je ne sais vraiment plus comment. Pourtant, je sais pourquoi. Je la reconnais cette danseuse-étoile à l'élégance naturelle qui brûle les planches du Palais du Peuple des éclairs de ses pas.

Sa vie commence en dentelle pour continuer en ligne brisée avec la mort de sa mère Sera Angélique James, jusqu'au jour où la découvrent des artistes consommés qui tâtent très vite en elle les pulsions d'une grande artiste en herbe. C'est en 1961, alors que les Ballets Africains répètent leur programme aux Iles de Loos, à Fotoba que le coup de foudre éclate. Jeanne rencontre sa dulcinée: le théâtre. Elle va alors tout abandonner, ses études pour toujours et ses parents pour un moment. Son père Albert est déchiré. Lui qui aime tant sa ''Jeannie''. Sa grand-mère, son homonyme veut employer les grands moyens mais Albert dans un élan de coeur irrésistible l'arrête. Subrepticement . Dans la famille la colère gronde un temps puis s'apaise et se dissipe avec les succès que Jeanne remporte sur scène.

De la réprobation, elle devient objet d'admiration, bijou de fierté, joyau d'orgueil familial. Qui l'eut cru ?... Jeanne ardemment arrache des rôles de soliste dans les numéros ''Tiranké'', ''Veillée de Kora'' et ''Minuit'', chante et danse presque sur tous les autres tableaux. En bourlingueuse raisonnée et inspirée, Jeanne avoue en rimant les noms de villes : ''Berlin, Washington et Bonn, Tokyo et Kyoto, Bamoko et Maputo, Luanda et Osaka sont parmi les villes dont les publics m'ont profondément impressionnée. Mais il y a surtout MALANJE en Angola où j'ai vu des gens venus nous voir mourir sans nous voir. C'était vraiment pitoyable, pathétique et sublime. Je ne peux  oublier ça.

Justin Morel Junior

BD14711_.GIF (2711 octets)SEKOUBA DIABATE BAMBINO, LA BOMBE MUSICALE MANDINGUE
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Son histoire est cuisinée à l’eau de rose. Né dans la pure tradition griotique à Siguiri, il y a une quarantaine d’années, Sékouba Diabaté devient Bambino quand le public à la fin des années 70 découvre à Conakry (au palais du peuple ), un soir de festival, un enfant à la voix extraordinaire et aux paroles intelligentes. Applaudi, réclamé, on l’annonce comme la coqueluche du Maden Kono, l’orchestre fédéral de Siguiri.

Le public nostalgique de la voix du malien Salif Keïta après son triomphe en 1975, en Guinée, adopte Sékouba et l’encourage à poursuivre sur la voie de la musique. Tous les musiciens guinéens repèrent ce génie en herbe. Voilà naturellement pourquoi le Bembeya Jazz pensera à Sékouba quand il voudra injecter du sang neuf à sa musique, après la mort de A Demda Camara, ‘’le Dragon de la chanson africaine’’.

Il enregistre de nombreux titres avec l’International Bembeya, participe aussi à plusieurs tournées dans grandes capitales africaines et européennes. Sa voix séduit, ses paroles aussi. Progressivement, il cultive son style vocal à mi-chemin entre le dragon de la chanson africaine, Aboubacar Demba Camara et le «Domingo» Salif Keïta. Mais Bambino ne veut point être à l’ombre de ces géants. Alors, il travaille dur en solo. Les jams se succèdent. Sa voix, il la prête à différents groupes guinéens.

Sa participation aux côtés des «Kouyaté et Kouyaté » est remarquable. Ashken Kaba, le Chef d’orchestre du Bembeya Jazz, l’ensemble de Sékouba Bambino, n’est pas égoïste, il comprend le désir de Bambino de s’affirmer, et l’autorise à voguer en solo au moment où l’orchestre traverse des difficultés liées à l’équipement.

Et notre vedette en profite largement. Grâce à un contrat avec la maison de production Super Sélection, il sort une première cassette :«Sama» qui marche très fort . Poussé par le suuccès, il récidive en cette année 92 avec« le Destin ». Ses cassettes sont vendues à la volée. Plus de 15.000 en moins d’une semaine!

Le producteur exulte, la cérémonie de dédicace est solennelle. Le 6 mars 92 à l’Hotel Mariador les stars sont au rendez-vous pour fêter Bambino. Réussite totale. Sékou Bembeya l’orfèvre de la guitare, Kerfalla Kanté «l’oiseau du Manding», Ibro Diabaté et beaucoup d’autre sont tous là pour célébrer le triomphe d’une volonté. Celle d’un jeune artiste venu du village pour séduire les citadins par la magie de sa voix. Deux titres-phares «Ka Soumama» et «Landaya» sortis des lignes mélodiques mandingues hypnotisent le public.

Balafons joyeux, konis croustillants, guitares intimes, Bambino possède déjà les combinaisons gagnantes. Le succès est au rendez-vous. Et comme le succès n’est jamais orphelin, son aura s’élargit et des contrats outre-mer lui sont proposés. Mais Banbino qui voyage beaucoup, n’a pas le temps de réléchir en profondeur sur les différentes propositions. En plus, il sait qu’un contrat le lie au producteur A.Diouldé Sall pour deux ans encore.

Pendant ce temps, Ibrahima Sylla, producteur sénégalais basé à Paris lui fait des yeux doux et une main généreuse. Bambino qui est désormais entre deux avions discute , puis descend sur Conakry, repart sur Abidjan et enregistre au studio JBZ un hommage au Syli National qui fait chavirer les supporters de l’équipe nationale de football. Bambino finalement signe avec Syllart Productions et entame vaillamment une carrière internationale. L’album ‘’Kassa’’ est bien accueilli par les critiques et les mélomanes. L’option solo réussit tellement à Bambino qu’il se trouve un petit groupe de musiciens pour ses spectacles de star. Il tourne et enregistre avec le groupe Africando ‘’ Ka soumaman’’ et ‘’Dalakan’’ des interprétations aux accents afro-cubains qui confirment son immense talent de chantre mandingue capable de se mouler dans tous les stylesmusicaux.
Et le Bembeya dans tout cela me direz-vous ? Chut!…
Bambino c’est beau ! Bembeya c’est bien!!! Laissons la vedette nous toujours sa fête!!

Justin Morel Junior

BD14711_.GIF (2711 octets)YELI SAYON, '' L'HOMME AMBIANCE ''
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Tous les amateurs des soirées montagnardes au clair de lune et les mélomanes friands des maquis huppés de la capitale vous fredonneront allégrement les chants de cet ''homme ambiance'' au style unique. Si le succès ne lui a cependant pas ouvert encore ses bras à la mesure de son talent exceptionnel, c'est que le destin est bien souvent injuste avec les génies. Mais aujourd'hui, le temps défie le destin et décide de placer cet artiste émérite devant les feux de la rampe. Voici YELI SAYON, L'HOMME AMBIANCE !

L'HOMME AMBIANCE
Conduit à la maison JMJ MUSIC par son ami Talibé Diallo, chauffeur à l'Unicef, la renommée qui l'accompagne facilite les contacts. De séances d'écoute des maquettes en discussions techniques prolongées, la compréhension s'installe et des engagements sont pris pour la production d'un album de 10 titres. Ce qui frappe JMJ c'est la beauté de la simplicité de son art musical, la clarté de sa voix et la vérité de ses textes ou les lignes mélodiques peuhles sont respectées tout en les éclatant pour rompre avec les légendaires mélopées. Sa diction chantée est impressionnante et ses mots sonnent comme les clairons de la sagesse. Sa danse est stylisée et ses gestes agréables, Yéli Sayon a un sens inné du rythme et ses paroles s'envolent comme autant de signatures célestes. Il tient son sobriquet d'homme - ambiance du fait qu'il fut sinon le premier mais un des premiers à populariser la chanson AMBIANSI.

Ce jeune homme filiforme est une redoutable bête de spectacle dont la timidité dans la vie de tous les jours est balaye par les démons de la scène, une fois qu'il l'investit. Serpent de scène, il se glisse et mord la piste lui injectant le venin qui immobilisera le public d'admiration prolongée. Djéli Sayon Kouyaté dit Yéli Sayon est né en 1962 à Mamou dans la sous préfecture de Dounè, de Sira Simiti Camara et Mohamed Alpha Kouyaté. Son père, heureux d'avoir un garçon, fait la fête et décide: ''Cet enfant portera le nom de mon père à qui je dois tout.''.

Ainsi dit, ainsi fait. Le grand père comblé promet de transmettre au nouveau né les secrets de la composition, lui qui vient de Dabola , qui garde encore toute la force des griots du Manding, mais qui souhaite que son petit fils devienne un émérite chantre halpular par respect du milieu si accueillant de Mamou. C'est lui qui apprendra Yéli Sayon à gratter les premiers sur une guitare moderne grâce à son travail de musicien de l'Ensemble Instrumental National à Conakry , ou il cotoie le grand Sory Kandia Kouyaté. Après de nombreuses visites dans la capitale auprès de son grand papa, Yéli Sayon finit par déménager et résider à Boussoura dans la proche banlieue de la ville. Nous sommes en 1987.

LE JEUNE BOURLINGUEUR

Yéli Sayon va voyager un peu partout en Afrique occidentale pour vendre son talent naissant, apprendre au contact des autres cultures, ouvrir ses yeux sur le monde grouillant des arts. Il visite tour à tour le Sénégal, la Côte d'Ivoire, la Gambie et la Sierra Leone comme accompagnateur de Guéto et de la défunte Mariam Kankalabé, des artistes dont la popularité avait largement dépassé les frontières nationales. Deux années de tournées folles ou partout Yéli Sayon installe l'ambiance des veillées populaires des hirdhès du Foutah, et les différents publics découvrent un musicien guitariste accrocheur et un chanteur à la voix prenante et à l'humour mordant. Tous ceux qui le rencontrent réclament ses enregistrements et s'étonnent que ses cassettes ne soient pas encore disponibles. Il promet à tous de le faire sans savoir au fond comment.

Enfin, en 1989 il passe à la vitesse supérieure et se présente au studio de la Radio Télévision Guinéenne pour ses premiers enregistrements. El Hadj Mangué Soumah et Bakodaye Diaby qui assurent la prise de son sont tout de suite impressionnés par l'éclat de sa voix , sans tergiverser, ils l'encouragent à poursuivre la carrière artistique et lui conseillent de déclarer ses oeuvres au Bureau Guinéen des Droits d'Auteurs. Ils lui offrent des copies de ses premiers 18 titres parmi lesquels tranchent des compositions comme ''Loumbhèn'', ''On dyarama'', ''Guidho'' etc.

En 1990,il sortira sa première cassette avec un arrangement musical de Kélétigui Traoré dans une production de Super Sélection. Le succès est immédiat en Guinée, les préfectures se bousculent à sa porte et les invitations pleuvent. Les villes de Fria, Labé, Dalaba et Conakry sont les premières élues. Grâce à un ampli acheté sur les premières recettes, il fait boum dans des soirées ou le folklore est roi et lui son auguste serviteur. Sans relâche, il va animer dans les bars Normandie, Nongo Taady, Kipé et Taouyah: il étoffe son groupe qui devient un quintette avec tam-tam, guitares et calebasses.

LE COMPOSITEUR PROLIXE
Yéli Sayon possède aujourd'hui un répertoire de plus de 50 titres originaux que gardent secrètement son épouse Binta Bah et leurs trois enfants ( une fille et deux garçons ). C'est un compositeur exceptionnel dont les créations dialoguent constamment avec la réalité, tutoient l'amour , éperonnent la jalousie, flagellent les errements et les vaines hésitations, ennemies de la réflexion et de la décision.

La maison JMJ MUSIC est heureuse de faire découvrir les multiples facettes de ce prodige qui s'ignore et qui est toujours prêt à déverser généreusement des flots sonores de son cru avec une volubilité plaisante ou languide. Les dix titres de sa deuxième expérience studio sont révélatrices d'une réelle assimilation du folklore peulh qui enrichit la texture des mélodies guinéennes de pulsions nutritives. Sa philosophie empreinte d'islam novateur fait planer au dessus de notre ''humanitude'' les douces paroles de tolérance, de patience, d'abnégation,de courage et de reconnaissance éternelle. En refusant dans ses compositions de tomber dans la banalité, YELI SAYON qui est un guitariste aguerri, veut tout simplement dire à chacun que la vérité de tous les jours peut être chantée autrement. Et pour cela, son inspiration est toujours au rendez-vous.

AVEC LES MUSICENS AVEUGLES
La sensibilité particulière des Musical Flames, ces musiciens aveugles guinéo-sierra-léonais a exercé une influence positive sur l'ensemble de l'oeuvre en l'imprégnant d'une sulfureuse ambiance africaine. Ils retrouvent aisément les accents aigus des années 70 avec cette boulimie créative jamais égalée.

LE STUDIO

Les enregistrements ont été entièrement réalisés dans les installations modestes mais combien efficaces des frères Bangoura sous la houlette technique d'Alhassane l'aîné. Ici même à Conakry dans le quartier de Bellevue. Un équipement sommaire que l'ingéniosité de ces frères unis a permis de transformer en un petit bijou pour les oreilles. Quand on a vu les conditions de travail dérisoires de ces jeunes passionnés, l'on apprécie mieux les miracles sonores qu'ils réussissent dans la plus dénudée des simplicités. Un univers grouillant de jeunes talents dans le douloureux enfantement de maquettes musicales, abasourdis par la simplicité des Bangoura dont l'accueil est toujours amical malgré le brouhaha des haut parleurs aux basses saturées d'ambiance rapée. C'est dans ce cadre sympathique et vétuste que Yéli Sayon a laborieusement enregistré les dix chansons de son nouvel opus baptisé par JMJ MUSIC: Foutah Djallon.

Justin Morel Junior

Les titres de l'album Foutah Djallon :

BHE DYIMBHE
AMBIANSI
ARE FARODEN
GOLLEMA
AH! DYAMA
MAHIN
KOURA
MI LOUMBI DYONI
KOMO MARA
O FAALA

Fiche technique:

Yéli Sayon, Lead vocal, guitare solo, composition, arrangements
Ahmadou Sadio Diallo, Guitare médium
Seyland Kutchi, Guitare basse
Djéli Moussa Kouyaté, Koni
Pablo Finn, Guitare solo
Laye Camara, Flute
Alhassane Bangoura, John Wisdom Programmation
John Wisdom, Clavier, arrangements
Aïcha Cissoko Choeurs
Massé Diawara, Choeurs
Enregistrement et mixage: Alhassane Bangoura Studio: Studio Kanfory Bangoura Bellevue, Commune Dixinn, Conkary, République de Guinée. Production : CLIPSON MULTIMEDIA BP 742, Conakry, République de Guinée. Distribution exclusive: Clipson Multimédia, Commune de Ratoma.


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Dédicace: Cette cassette est dédiée à mon épouse Marguerite Camara et à nos enfants Francois, René et Guillaume Alexandre pour le soutien moral dans le difficile mais exaltant travail de promotion de la musique guinéenne.
JMJ

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BD14711_.GIF (2711 octets)KERFALLAH KANTÉ, L’oiseau du Sankara
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L’oiseau s’envole dans un radieux froufroutement. Dans le ciel étoilé des ondes sonores en nappes régulières rythment le pacours de l’être solitaire. Sur terre, les hommes jubilent, entonnent des chœurs. C’est la fête. L’oiseau c’est Kerfallah Kanté, ce jeune chanteur découvert par Alpha Traoré James, un mécène de la place. Son premier succès c’est la reprise d’une chanson célèbre de Miriam Makéba «Molouyame». Il en change le titre et le texte; il chante, lui,«Diawara» mais, la mélodie est là, la même. La voix de Kanté, étonne par son timbre mandingue savoureux. Les mélomanes ne s’y trompent guère. Il s’y accrochent en l’encourageant à décoller … à voler. Et voilà notre oiseau qui plane majestueusement. Il vogue depuis de succès en succès. De quoi donner le tourniquet.  

Ramata, Nakisi, Nnah Djansa Na, sont des tubes qui plaisent et que l’on fredonne partout.
Kerfallah Kanté naît en 1959 à Faranah de Kémo Kanté et Djansa Na Kourouma. Dans ce petit village situé à 70 kms du centre-ville, la famille Kanté est réputée. Traditioniste rompu, le père Kemo est un parfait balafoniste qui initie très tôt son rejeton aux sonorités magiques de cet instrument et à sa pratique.

A dix ans, Kerfallah Kanté est déjà un petit maître-balafon apprécié de tout Koumandikoura, son village natal. Cinq ans plus tard Kerfallah reçoit une guitare sèche qu’il travaille très rapidement pour se forger un style différent. L’adolescent devient un «ambianceur » des baptèmes, mariages et autres retrouvailles traditionnelles.

Des va-et-vient constants vers la ville de Faranah le font découvrir aux musiciens du Tropical Djoli-Band qui n’hésitent pas à l’engager, après un bref passage dans l’ensemble instrumental de la préfecture.

Il obtient aussitôt la consécration avec le titre «Déni Kéléni». Ses paroles sont sensées, ses textes élagués de banalités tropiques.

De 1980 à 1983, Kerfallah sera une véritable cheville ouvrière du Tropical qui en fait sa force de frappe dans les grandes joutes culturelles nationales.

C’est Ibrahima Kouyaté, le guitare solo de Bala et ses Baladins qui l’invitera en fin 84 à rejoindre les rangs de cette formation légendaire. Mais son arrivée correspond à une période de jachère que traversent les Baladins. Faute d’instruments, l’orchestre se tourne pratiquement les pouces. Kerfallah s’anime.

Pour sa récréation, il participe aux groupes «Ninja». Voilà que le destin place sur sa route, un passionné de musique, découvreur de vedettes, Alpha Traoré James. Il l’introduit à la Direction Nationale de la RTG pour un premier enregistrement studio avant de le présenter au producteur Ahmadou Diouldé Sall qui aussitôt signe un contrat exclusif avec lui.

La première cassette en 1991 et c’est le plébiscite. L’oiseau du Sankaran a pris son envol victorieux. Depuis, il vole de succès en succès, survole les hits et autres palmarès internationaux. Il offre gracieusement sa musique à la troupe Sodia et fait même quelques apparitions dans le vidéofilm ‘’Kouti’’.

L’oiseau du Sankaran adore Sory Kandia Kouyaté et vénère Mama Diabaté, deux stars qui sont pour lui de véritables modèles. Sékouba Bambino est un exemple d’organisation à suivre pour tenir bien longtemps.
Ses 3 albums font de lui une des valeurs sures de la musique guinéenne, meme si son dernier cru enregistré pourtant à Paris n’a point convaincu les mélomanes du pays. Il est passé aussi à l’écurie de Syllart Prod et prépare un quatrième opus.
De quoi, demain sera-t-il fait pour Kerfallah ?
Il répond avec conviction :«Demain, mais je le vis déjà, je dois continuer, créer, chanter, toujours chanter».

Pour un oiseau quoi de plus naturel !

Justin Morel Junior

BD14711_.GIF (2711 octets)FODE BARO
AVEC TABASSY BARO,
Celui qui révéla Fodé Baro

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Fodé Baro est mon neveu, le fils de mon grandfrère Ibrahima Baro. Régulièrement à mes côtés à la Sig-Madina, tout jeune M’Bemba comme on l’appelait communément en famille, adorait sa guitare et de temps en temps chantait quelques airs en vogue. C’est un jour qu’il me dit : «Tonton est-ce que je pourrai venir avec des amis chez toi faire de la musique ». Vu ma passion pour la musique, je lui dis: O.K. c’est ainsi que petit-à- petit on arrivait à regrouper un certain nombre de jeunes que j’appelerai des musiciens en herbe , des jeunes qui avaient pour noms entre autres :Fodé Baro, Doura Barry, Sékouba K. Kouyaté, Kabiné Kouyaté, N’Fanly Kouyaté, Habib Williams, Petit Condé, David Kandé. Des jeunes que j’ai entretenus et encadrés avec mes petits moyens techniques de disc-jockey.

C’est au cours d’une de leurs répétition dans mon salon à la Sig, qu’un ami à moi, en l’occurrence Justin Morel Junior venu me rendre visite fut émerveillé par les sons originaux que produisaient ces jeunes qui utilisaient juste des instruments traditionnels: guitares sèches, calebasses, cora et un harmonica.

Immédiatement, je fais les présentations et J.M.J.de dire: «je te félicite mon ami et je vous encourage les jeunes ;surtout gardez ces sons que je viens d’écouter et je vous aiderai car c’est une nouvelle sonorité de la musique guinéenne et bravo! ». Ainsi les jeunes après cette première rencontre avec JMJ dont ils avaient tant entendu parlé furent pleins de courage et firent désormais preuve de persévérance. De temps en temps JMJ assistait aux répétitions et conseillait. Déjà j’avais nommé Fodé comme chef du groupe, vu so sens de la discipline et son autorité morale sur les autres. Tous ces jeunes avaient des aptitudes, et des qualités.
Doura Barry qui étudiait en ce temps à Mamou, venait régulièrement pour ne pas rater les répétitions en faisant une jonction entre les études et la musique.

Jusqu’au jour où nous avions décidé de leur entrée en studio pour l’ émission radio intitulée: «Grand Gala du Samedi,GGS», que JMJ animait avec l’actuel ministre de la Communication M. Mamady Condé.
Le studio nous a pris toute une nuit jusqu’à cinq heures du matin. C’était la joie chez les jeunes d’apprendre que leur musique passerait sur les antennes de Radio Guinée. C’est donc lors d’une de ses émissions dans GGS que JMJ baptisa pour la première fois ce groupe du nom de «Tabaro»(contraction de Tabassy Baro).Grande suprise pour moi-même.
«Tabaro» sur les antennes, quelques uns de ses éléments furent sollicités par différents groupes principaux de la place.
C’est un grand réconfort moral pour moi que de voir aujourd’hui ces jeunes du
Tabaro: Fodé Baro, Doura Barry, Sékouba Kandia Kouyaté, Kabinè Kouyaté,
N’Fanly, Petit Condé devenir des grands de la musique guinnéenne et sur le chemin de
la réussite. La musique, je la vis et je côtoie le monde des artistes.
Que mon neveu Fodé Baro, aujourd’hui installé à Paris, soit devenu une vedette adorée des foules, surtout depuis son aventure avec les ‘’Sans-papiers’’, quel bonheur pour moi!

Justin Morel Junior

BD14711_.GIF (2711 octets)Nabil Awada,Handicapé à la flute enchantée
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Un handicapé! Nous voilà passés. Les choses ne sont peut-être pas toujours aussi tranchées, car il y a des handicapés qui, par leur volonté, frappent à la porte de notre conscience et bouscule notre indifférence.
Nabil Awada est de la race des handicapés qui sont allés au-delà de tout complexe accidentel, en refusant la pitié, la mendicité et les facilités.

Victime d’une erreur de diagnostic, le destin frappe ce jeune volontaire depuis l’âge de 8 ans. Position unique: couché. Atteint de paraplégie et de surcroît bossu, Nabil n’a pas connu une vie de dentelle rose. Après avoir peint pendant quelques années, Nabil a réalisé que: «la peinture m’éloignait de la société, puisque qu’elle m’isolait par sa nature. Pour travailler sérieusement, il me fallait me retirer. C’était pas supportable parce je ne voulais pas me retirer. C’était pas supportable parce que je voulais me mêler à tous les autres. Et c’est hasard qu’en écoutant un jour la radio j’ai eu comme une révélation en découvrant le flûtiste de la Orquesta Aragon, le vieux Richard Egues. Ce jour je me suis dit, je serai flûtiste et quand mon ami Ly Macky m’en trouve par personne interposée, mon rêve commence à se réaliser …»

Premières interprétations : Manisero, Guantanamera, Fefita etc…Rien que des titres cubains. C’est bien après sur les conseils de son frère guitariste Mounir que Nabil va se pencher avec plus d’attention sur la musique guinéenne. Les conseils portent fruit.
Notre flûtiste à coup de cœur s’enfonce dans le folklore.

Travail intense. Répétitions interminables. La famille se plaint, les sons stridents et les notes ratées la dérange mais, perspicace, Nabil leur annonce pour demain de meilleurs choses: «Il me faut devenir quelque chose. Je serai "quelq’un "dans la flûte, vous verrez !…» Il ne pensait pas mieux dire. Après des débuts difficiles, Nabil deviendra plus tard un phénomène national. Flûte maîtrisée, sons sentimentaux. Des compositions feutrées, des airs qui portent sa marque de fabrique.
L’homme qui était couché depuis 30 ans lève sa flûte au ciel pour nous enchanter!
Son jeu est simple, souple, naturel. Un style sur mesure.

Il met toute son âme dans la flûte et nous impressione par la limpidité attachante de sa ''tige argentée''.  

Résidant à 100 kms de Conakry Nabil, offrait des nuits merveilleuses aux citadins de Forécariah, couché dans son berceau roulant, il soufflait des heures durant. Un musicien fécond au cœur arrosé par les pluies de joie qu’il procure aux autres.
Après la Radio, la Télé, Nabil Awada à la demande générale s’était produit à plusieurs reprises au au Palais du Peuple avec le slogan : Awada, Awade ! accompagné par les musiciens du Kaloum Star. D’inoubliables moments qu’il nous offrit avant de tirer sa révérence en 1998. Comme par enchantement dans la quarantaine.


Justin Morel Junior

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LA  SECONDE REVOLUTION DE LA MUSIQUE GUINEENNE

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La musique guinéenne a déja acquis ses ''lettres de noblesse''...j'allais dire notes...'' avec des formations célèbres comme Kèlètigui et ses Tambourins, Balla et ses balladins, Bembeya Jazz National, Super Boiro Band, Horoya Band National, les Amazones. C'était, on peut dire les géants de la première génération de la musique guinéenne. Depuis 1974, avec la naissance du Camayenne Sextet, devenu plus tard Camayenne Sofa et, deux années après, le Syli Authentic puis le rush avec les Foniké Orchestra, Demba Orchestra, le Sankara Echo, le Tolo Rythme et les Fils de Raïs. La tendance s'est confirmée, le phénomène installé, le mouvement   consolidé.

C'est le début d'une ère nouvelle animée par des enfants terribles qui naissent avec des dents et mordre les grands à la stupéfaction générale. Cette nouvelle génération de musiciens guinéens, étudiants pour la plupart, a le goût des aventures, la passion des risques. Armés de science à l'université, ils n'ont peur de rien. Ils prennent leurs instruments et jouent à horizons ouverts. Mais la musique à des secrets pour la science, ils sont enfuis dans les alcôves de l'expérience. Seuls les aînés donc pourront souvent faire éclater les talents bloqués par l'inexpérience. On pourrait penser que les doyens sont complices de la situation. C'est certain. Et tant mieux pour la musique guinéenne, elle prouve ainsi avec éloquence sa maturité.

En tout cas, je me rappelle les cours et les conseils de Traoré Kèlètigui quand j'étais membre de Camayenne Sextet, ( le passé). Je sais aussi que les musiciens de Bembeya , Horoya ou des Amazones ont souvent passé leurs instruments à ces jeunes loups pour leurs spectacles publics ou leurs enregistrements en studio.

Si le Camayenne Sofa et le Syli Authentic, les autres ensembles juveniles n'ont pas encore acquis la notoriété internationale, cependant, il faut reconnaître qu'à l'intérieur du pays, ils ont bien bouleversé l'ordre des choses et sont largement plébiscités. Exceptés, les deux premiers ensembles les autres n'ont même pas sorti de disques mais leurs enregistrements sur bandes magnétiques inondent les discothèques de Guinée.

Penchons nous avec plus de détails sur la troïka de cette nouvelle génération.

CAMAYENNE SOFA

Cet orchestre est né d'un jam session de jeunes qui voulaient tout simplement enregistrer un poème sur Boubacar Demba Camara. Nous sommes en 1974. Le poème fini, ils décident de ''bricoler'' quelques titres. Le succès n'attend pas.

Etudiants pour la majorité, il fallait travailler vite et bien pour retourner aux cahiers et livres. Mais la musique est une passion qui dévore. Ainsi de jam-session, l'orchestre est devenu institution, des musiciens sont partis, d'autres sont arrivés, toujours fidèles à l'esprit du groupe.

La musique de Camayenne Sofa embrasse le ''tout vital''. Elle traite de la paix, de la guerre, de l'amour, de la mort, de la vie. Camayenne Sofa livre une musique qui concilie rythmes et mélodies en perpétuel renouvellement. Les rythmes bruts de la Guinée forestière copulent avec les mélodies du Foutah, les percussions et voix mandingues, les chants spontanés de la Guinée maritime dans un amour fécondant. Résultat de nombreux succès sont nés : Kogno Koura, Kouloumba, Tara, Kadija, Kini kini, Nanibaly, Femara,etc..

SYLI AUTHENTIC

Orchestre des pionniers de la Capitale , cet ensemble qui nait deux ans après les SOFAS a bien entendu dans les violons du vent les synphonies et les harmonies dont le grand public avait besoin. Aussi , sans hésiter a-t-il suivi la direction du vent.Les mélodies couvées par Syli Authjentic sont chaudes, suaves et toujours sentimentales. Depuis leur tubes ''Andrée'', ''Fabara'' Yéere Wolon, ces étudiants musiciens n'ont plus démenti leur inclination pour les notes douces coulées dans des arrangements sur mesure.

LES FILS DU RAIS

Un patronyme original qui créee l'intérêt et la sympathie. Une musique au tempo très personnel. Un style tous azimuts qui broie ou pétrit des genres musicaux différents en des accents guinéens indubitables. A ce titre, les chansons ''Sinka'', "''Salimou'', ''Mafoudia'' méritent attention et affection. Les fils du Rais travaillent toujours avec leurs mélodies avec soin. Il est à souhaiter qu'ils continuent à gratifier les mélomanes de leur fertile inspiration et de leur musique folâtre.

Après ce rapide panorama, notons que ces jeunes ensembles de la seconde génération se refusent l'étiquette de ''relève''. Dans leur entendement, ils ne relèvent personne, ils sont simplement la continuité de la musique guinéenne.

Ont-ils tort ou raison ? L'avenir nous le dira. Quoiqu'il en soit, on peut affirmer cependant avec certitude que cette floraison de nouveaux talents chez les jeunes, constitue bien la seconde révolution de la guinéenne.

Justin Morel Junior

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 FODE DIOUBATE, ''Un livre ouvert sur la postérité''

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La mort est certes une chose fatale, mais quand elle aussi brutale et frise même le banal, le coeur humain ne peut s'empêcher pleurer.

Voici les circonstances. Nous sommes mardi 30 juin, Fodé Dioubaté dit Petit Fodé, aux environs de 19 h, sur sa moto 250 cc entre en collision avec une petite Simson de 50cc.

Le choc est violent pour Fodé. Il est atteint à la tête. Transporté à l'hôpital Donka les premiers soins sont immédiats. Toute la nuit de grands médecins resteront à son chevet.

Le destin est souvent impitoyable. Mais qu'on sache, la mort à toujours à un argument. Petit ou grand. Bête ou intelligent. Aussi n'allons-nous pas épiloguer sur le drame de cette mort terrible qui a frappé le monde des artistes et des mélomanes en la personne de petit Fodé, Directeur Général de l'ensemble Instrumental et choral de la Radio Télévision Guinéenne.

Si la force de l'oeuvre est de survivre à son créateur, l'on peut affirmer à raison que Fodé Dioubaté est immortel. Sa riche discographie avec le Horoya Band National et l'énorme bandothèque inédite qu'il nous a laissées attestent à suffisance de la créativité de l'artiste défunt.

UNE ENFANCE STUDIEUSE

Fodé Dioubaté était un artiste profondément militant qui  ne s'est séparé jamais de ses racines traditionnelles. Il naît en 1942 à Kankan de Fanta Kouyaté et de Dyéli Sory Dioubaté, deux grands artistes qui très tôt l'initieront à la technique instrumentale puis à l'art de la parole. Mais soucieux également de son ouverture au monde, ses parents l'inscrivent à l'école régionale de Kankan en 1949. Fodé étudiera tout son cycle primaire. La vocation artistique est forte en lui et le désir d'aider au plus tôt ses parents triomphe.

En 1961, il est agent du Comptoir Guinéen du Commerce Intérieur de Faranah. C'est là que loin du tout ''regard inquisiteur'' que tout va se jouer.

PETIT FODE SE DECOUVRE AU PUBLIC

Fodé parallèlement à ses activités professionnelles pratique la batterie au sein de l'orchestre fédéral. Tant bien que mal, il combine ses chansons en s'inspirant des percussions traditionnelles qu'il a maintes fois entendues crépiter au village.

En 1962, il est muté à Dabola. Ce sera pour lui la ville de l'audace. Il passe de la batterie à la trompette. Désormais plus rien n'arrête son enthousiasme. Un jour que le Kebendo-Jazz était en tournée en Dabola, excité par l'ambiance que créait merveilleusement l'orchestre déchaîné, Fodé décide spontanément de venir au micro. C'est l'étonnement. Des applaudissements saluent ses improvisations. Il est aux nues. L'audace à payé.

FODE DIOUBATE ET LE HOROYA-BAND DE KANKAN

Depuis ce jour, il sera trompettiste-chanteur. Quelques fois même, il s'essaie au saxo alto et ça va.

En 1963 Fodé sur les conseils de son frère Djelimandian Dioubaté, il rejoint l'Ecole nationale des Sports à Conakry pour se perfectionner. Profitant de son séjour à Conakry, a ses heures libres, Fodé offre ses services à l'orchestre Balla et ses balladins en qualité de guitare médium. Ce sera une expérience extraordinaire pour lui, les doyens de la musique lui enseignent la tempérance et l'amour du travail bien fait.

Après ses trois années d'études secondaires à Conakry, Fodé est maître des Sports. Il est muté à Kankan auprès des siens. Guitariste soliste, un temps, il abandonne cet instrument à Balaka Sandaly pour se consacrer désormais uniquement au chant. Les succès ne tardent pas ! Takoulata, Woussè, Ni Baritila etc... Le Horoya Band de Kankan brigue trois fois le titre national et le gagne en 1971. C'est la marque d'une consécration que l'orchestre ne démentira jamais. De grands concerts musicaux jalonnent la route du succès : Boloba, Tunya, Agression etc...

PETIT FODE, DIRECTEUR DE L'ENSEMBLE INSTRUMENTAL ET CHORAL DE LA RTG

Des thèmes populaires traitant de la vie, de l'amour ou de la mort aux thèmes patriotiques exhortant au sacrifice sublime pour la victoire de la liberté, rien n'échappe à l'inspiration de Fodé.

C'est ainsi qu'en 1977 pour célébrer le triplé du Hafia Football Club, il compose et chante avec des choristes de l'Ensemble de la RTG l'épopée sportive du Hafia-club.

La gloire pour lui est totale? Voilà ce qui explique qu'à la mort de la ''Voix de l'Afrique'' Sory Kandia Kouyaté, on pense immédiatement à lui car il avait déjà réalisé une oeuvre impérissable avec les artistes de l'Ensemble.

Devenu Directeur Général de l'ensemble en février 1978, Fodé ne confisquera jamais à son niveau exclusif les partitions solo. Il donnera à chacun sa place au soleil.

Par les récentes compositions de l'Ensemble Fodé avait convaincu les plus blasés depuis Kandia. Hélas! C'est en plein chantier de rénovation que la mort l'a frappé.

PETIT FODE EST IMMORTEL

Le drame c'est que le mort ne regrette jamais rien, mais nous qui l'avons connu et aimé avons plus de raison de regretter ce départ précipité.

L'homme meurt avec des projets. Petit Fodé, lui, rêvait de de réaliser une grande chronique chantée de l'Almamy Samory Touré dont l'héroïsme le fascinait et l'obsédait. Ce projet, nous en sommes certains sera réalisé un jour par ses pairs.

Si devant l'impuissance de l'homme face à la mort physique seule l'oeuvre d'une vie bien accomplie pour lui peut assurer l'éternité, Petit Fodé est donc immortel et son exemple demeure ''un livre ouvert à la postérité''.

Justin Morel Junior

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LE BALLET OU LA FETE DES CORPS

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Danser, c'est enchanter l'esprit et les yeux. Jamais les mots ne pourront décrire ces mouvements balancés, raccourcis, élancés, pivotants et chatoyants des corps emportés par l'empire orgiaque des tams-tams et les pétillements excitants des balafons.

Jamais quelle que soit notre verve, notre verbe ne pourra dire avec précision et concision l'ambiance d'un ballet. S'il est vrai que la danse est la chanson du corps, le ballet lui, serait un choeur, une chorale tant il requiert une infinité de détails forts qui font son charme, sa beauté. Car le ballet doit être beau. Bon. Pour ce faire il exige donc une riche chorégraphie dont les trois piliers sont le mouvement, la vitesse et la spontaneïté, impulsés par une musique appropriée qui réalise vraiment la fusion musique-danse, caractéristique fondamentale d'un ballet réussi. Surtout en Afrique où la musique appelle toujours à la danse, mais où le musicien suit le danseur et où les spectateurs participent d'un allant naturel, en une communion triangulaire, extraordinaire.

Ici les figures dansées obéissent souvent à des règles d'une souple mathématique du corps qui ne doit jamais rompre le plaisir des yeux et la jouissance auditive.

Quelle que soit la beauté des danses exécutées, si le ballet est mal habillé, si son décor et les costumes sont pauvres, l'oeuvre en souffrira à coup sûr.

C'est pourquoi, il faut bâtir le ballet sur un thème précis. De là, s'inspirer du temps et de l'espace relatifs au sujet pour les décors nécessaires. Le thème est le milieu de mouvance du ballet qu'il faut embellir de danses aux pas originaux, chauds étirés, selon les situations décrites par les gestes.

Parce que le ballet est la parole du corps. Essentiellement. Comment ne pas rendre hommage ici à nos Ballets nationaux: les Ballets Africains et le Ballet National Djoliba et tous nos ensembles fédéraux qui, avec une aisance exceptionnelle, ont créé des ballets à thèmes intégrés, traduisant les réalités de notre société, les beautés et les gloires de notre passé.

Les Ballets africains qui, depuis 1958 ont fait sept fois le tour de la planète auréolés des plus grandes palmes. Le Ballet national Djoliba qui, depuis 1964 a déjà arraché bon nombre de palmarès.

Du Temple d'or au festival folklorique d'Agrezento, à la médaille d'or du premier festival Panafricain d'Alger, au triomphe du FESTAC 77 de Lagos, il y a une traversée bienheureuse qu'il faut connaître pour apprécier les grands talents de nos artistes

Justin Morel Junior

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Miriam Makéba ''Mama Africa'', La militante totale

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Infatigable. Inaltérable. Miriam Makéba ''Mama Africa'' est toujours là. Elle chante et danse son bonheur de guinéenne et ses peines de sud Aficaine exilée. Sème aux quatre vents la vérité et ne récolte pas l'Afrique du sud et son apartheid, elle les traque partout où elle le peut. Makéba renoue aujourd'hui avec ses débuts : le cinéma.

Le Film AMOK de Souheil Ben Barka nous livre Miriam Makéba dans tous ses états : misère, colère, révolte, folie. Cheminement psychologique dramatique du quotidien sud africain incarné par une Miriam, vraie dans ses douleurs, sincère dans ses peines. Une autre carrière commence peut-être.

JMJ

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LES CINQUANTE ANS DE MOMO WANDEL

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Momo est un merveilleux saxophoniste à l'imagination facile et à l'inspiration multiple. Le doigté sensible et le souffle puissant, il a la science du saxo. Ses soli sont colorés, chatoyants, languissants de beauté. Avec un feeling débordant, il atteint à la perfection instrumentale des plus grands maîtres du sax. Sa voix éraillée et métallique à la Louis Amstrong et la maîtrise incontestable de son instrument font de lui un artiste au talent jncontestable. Il sort ainsi de l'ornière de l'indigence musicale pour constamment offrir à son public des oeuvres balisées de repères mélodiques d'une inspiration soufrée. Né le 30 octobre 1926, la vie de Momo Wandel se confond à l'histoire de la musique guinéenne moderne.

 

FESTIVAL: LE   ''SAX-SOLEIL''  MOMO WANDEL AU FESTIVAL DE JAZZ DE OUAGA

Conakry, 8 avril 2002- L'étincelant Momo Wandel sera présent cette année au Festival de Jazz de Ouaga, avec l'ensemble tradionnel qui l'accompagne depuis très longtemps. Des musiciens éduqués dans la pure tradition des troubadours des villages guinéens, mais ouverts aux accents jazzistiques qu'ils pénètrent aisément et intègrent élégamment dans leurs jeux.

Momo Wandel, lui, le ''Sax-Soleil'' rayonnera sur l'ensemble des 7 musiciens et sur le public grâce à ses doigtés voluptueux, son souffle super puissant, à plus de 70 ans ! Ce créateur volubile, ce chanteur à la voix rageuse, ce saxophoniste au jeu croustillant est un dandy dont la verve va innonder le tout Ouaga.

Les rappeurs du coin n'ont qu'à bien se tenir, car le vieux, sans complexe peut leur compliquer la tache, avec ses chants scattés qu'il sait débiter sur des cadences infernales. Le Festival de Jazz de Ouaga se tiendra du 25 avril au 2 mai 2002.

La participation guinéenne est goupillée par M. Siré Diabaté, PDG de l'Agence Cocorico, un mécène dont l'engagement pour la promotion de la culture nationale est établie et dont l'agenda artistique est déjà plein. Nous l'avons feuilleté pour vous. Nous avons extraits plusieurs petits scoops que nous glisserons dans nos news.           .JMJ

JMJ

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KALEIDOSCOPE de la Musique Guinéenne

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En considérant la musique guinéenne comme un immense kaleïdoscope, nous sommes très vite éblouis par les reflets de certaines formations orchestrales. Ce sont elles que nous  vous présentons.

KELETIGUI ET SES TAMBOURINIS

Ils ne sont plus à l'âge du biberon. Ils sont des doyens et mesurent toute la responsabilité de leur état. C'est pourquoi, honnêtement, ils veulent blanchir sous le harnais de la célébrité. Créateurs du premier concert guinéen : ''Soundiata'' les TAMBOURINIS ont un style caractérisé par la rayonnance alpestre des cuivres. MOMO WANDEL, BIGNE, CAMARA ET Maître "KELE", ravigotés par la présence de T.T. (Talibé TRAORE) ont surfiné leurs jeux de lèvres. On a connu les TAMBOURINIS avec Mamgboya, Toubaka, Donsoké, Soundiata, Bébé etc ...

Aujourd'hui encore un long frisson de jeunesse fait mouvoir l'Orchestre. Après une éclispe que beaucoup ont taxé d'écluse, il réapparaît et impose un chanteur et un chant : BABADIAN et MADERI. Le coup d'éclat est réussi et augure déjà de merveilleuses choses. Enfin, KELETIGUI et ses TAMBOURINIS pour le 14 Mai offrent un show d'un type nouveau. Parions que ce sera chaud et beau !

BEMBEYA JAZZ NATIONAL

Presonne ne niera qu'avec le Bembeya la célébrité a rencontré son garant le plus sûr et certainement le plus efficace. Relevant le défi du destin par la perte cruelle de DEMBA, le BEMBEYA JAZZ NATIONAL, nous est revenu sous un soleil nouveau. Continuité, tel est le mot qui cerne le mieux la personnalité artistique de cet ensemble. Le second souffle de Bembeya est rageur, car les artistes prennent le taureau par les cornes ! Pour eux, il ne s'agit pas de s'asseoir dans le fauteuil de la consécration rembourré des  nombreux lauréats glanés ici et là ; il s'agit constamment de  se  parfaire grâce aux initiatives nouvelles. SEKOU BEMBEYA ''orageux" guitariste aiguise encore son doigté MOUSSA MORY et SALIFOU accordant leurs voix aux nouvelles partitions. DOREGO et ses amis travaillent de nouveau leurs coups de langue tandis que MANGALA et SIAKA au rythme composent de nouvelles recettes. Attendons un peu et nous serons bientôt servis à satiété.

HOROYA BAND NATIONAL

C'est la benjamine des formations nationales et c'est connu que les benjamins sont généralement des enfants gâtés. Enfant chéri du public cet orchestre l'a toujours été.

Mais il y a bientôt une année que plus personne n'en parle. L'affection du public s'effrite et l'orchestre semble sombrer dans un certain anonymat. Venu de Kankan où il a grandi, HOROYA BAND NATIONAL est un grnd maître du verbe ; il l'a maintes fois prouvé par ses triomphes aux Concerts du Festival National. Mais depuis ...

Pourtant ses supporters férus affirment et crient partout : <<HOROYA BAND va revenir en trombe ! >> On veut bien le voir .

SUPER BOIRO BAND

Une formation qui produit beaucoup et qui s'est imposée aux Festivals Nationaux par la qualité de ses concerts. Le SUPER BOIRO possède une musique puissante, livrée tantôt avec force tantôt avec un calme charmant. YARABI KANI, WERE, SO I SI SA, SOMONO, KHAMULAMMA, sont des chants qui ne laissent pas diffétents. Superbe ouvrier de la musique le BOIRO BAND sait que "celui qui ne connaît pas autre culture que la sienne propre, est un handicapé". Aussi ne tripatouille-t-il avec le folklore des autres pays. Il le reprend correctement avec le souci de lui apporter honnêtement les couleurs locales. Voilà pourquoi au FESTAC 77 de LAGOS les hommes de MAMADOU NIASSA furent auréolés d'applaudissement frénétiques et d'articles magnifiques dans la presse Nigériane.

LES AMAZONES (orchestre Féminin)

Des femmes dynamiques qui coltinent en semble depuis plus de quinze ans et qui <<tricotent>> une musique trés maternelle. Etre musicienne n'est pas un lourd fardeau, quand on a choisi passionnément de l'être.

Et le moins qu'on puisse re connaître c'est que les Amazones aiment sérieusement la musique.

Des madolines et banjos jusqu'aux guitares électriques, elles ont trimé longtemps et furent souvent brimées par le paternalisme méchant de certains. Mais le découragement n'existe pas dans leur coeur. Elles ont toujours chanté la Guinée et l'émancipation de la femme africaine. Elles composent, orchestrent et interprètent aisément n'importe quel titre. Au FESTAC 77 de LAGOS, elles l'ont prouvé à la face du monde. Le chef d'orchestre NYEPOU HABBAS dit toujours : ''Nous nous sommes données à la musique, pourquoi la musique ne se donnerait-elle pas à nous ?''

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SEYDOU NOUR THIAM

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Seydou Nour Thiam, apparaît à 35 ans comme une star à laquelle le destin a refusé sa sollicitude. Pourtant ce musicien a tout abandonné pour réussir pleinement dans la musique.

Il en a la muse, le talent et l’expérience. Et pourtant, il en est encore là . Presque inconnu malgré la tonne de compositions qu’il garde dans sa besace artistique.

Seydou Nour Thiam, une mine d’or qui n’attend pas en fait qu’un explorateur. Volontaire et honnête car des aventures, il en a connues, le pauvre! Des producteurs fortunés lui ont volé des oeuvres pour accroître leur gain et d’autres  cupides, incapables de mener à bon port l’entreprise discographique. Des aventures burlesques et révoltantes en somme.

Seul son caractère opiniâtre  lui a permis de sortir deux disques. Le premier avec ''l’Africanium'' à Lagos en 1977 et le second en solo en1981 à Paris. Des œuvres qui lui ont tout simplement permis de franchir le seuil de l’anonymat mais qui n’ont guère assuré sa consécration. Une promotion véritable a manqué et l'absence de distribution internationale suivie des producteurs ont joué contre lui. Alors que tout l'appelle à la célébrité, il se trouve aujourd'hui encore coincé, sinon bloqué dans l'anti-chambre de la popularité.

Derrière lui, une vie d'aventure qui l'a mené un peu partout en Afrique de l'Ouest après la fin de ses études secondaires en 1970. A Dakar en 1971, avec les ''Damels'', il joue les Jimi Hendrix, Bob Dylan et autres dieux de la pop music.

Empruntant les instruments de musique aux artistes de bonne volonté, pour sûr, l'expérience était vouée à faire long feu. Quand même le Mali, la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), le Togo, le Bénin et le Ghana seront visités par ces fantomatiques saltimbanques, avant que le groupe ne s'éteigne en 1972 à Cotonou.

En mal de boulot et sous la pression familiale, Seydou Nour Thiam va travailler dans la boulangerie Saconi à Lomé avant d'être expulsé faute de ''papiers réguliers'. Avant de quitter le Togo en 1973, il cotoïe les Safaris de G.G Vickey.

De 1973 à 1975, il se stablise au Bénin offrant des concerts scolaires et des bals populaires à Porto-Novo ou à Cotonou.

Là , il va vivre des expériences malheureuses en studio avec son ami Colomachi. Des enregistrements au studio EMI à Lagos restés sans suite, à la colère des frères Yanni de Cotonou avec lesquels il est toujours lié.

Seydou se révolte et abandonne momentanément tout, mais la rencontre avec Stephane Agboton, un féru de musique lui fait retrouver la bonne humeur. Ensemble, ils vont fonder le groupe AFASSA qui deviendra plus tard ''Aficanium'', le pont musical entre les Jeunes du Mali, de côte d'Ivoire, du Togo, de Guinée, du Nigeria etc...

Leurs compositions sont aux couleurs des pays d'origine mais un même sang les irrigue toutes. Une volonté avouée de sortir la musique africaine des cloisons régionales. En 1979, l'ensemble a défaut de soutien efficace s'essouffe, agonise et meurt. Seydou Nour reprend le chemin du bercail non en enfant prodigue mais en jeune homme prodigue avec le pesant d'or de son expérience internationale.

En 1980, il sort à Paris chez Ledoux Records ''Guinée Dimension 80'' avec des titres de bonne facture tirés du riche répertoire guinéen comme ''Sakho Dougou'', ''Woulou Koro'', ''Kankan Diaraby''etc.. Les mélomanes admirent sa voix et ses doigts mais lui conseillent des titres plus personnels.

En 1982, il réunit un groupe de huit musiciens:

1-Alpha Thiam(Guitares)

2-Macky Kanout(Basse)

3-Cheick Oumar Soumaré (Batterie)

4-Habib Tamba (Basse)

5-Pivi(Tumba)

6-Dyzicooper(claviers)

8-Fanta Fofana(Choeurs)

Avec ces artistes Seydou Nour Thiam enregistre plus de 14 titres qui, malheureusement sortent uniquement sur cassettes. Encore un autre goulot à la consécration internationale. Qu'importe, Thiam donne aux fans du reggae africain avec des chansons comme Teme Fore, Watu Yili, I Yolélé, Nina et Show me the way, des moments de vrai gaîté.

Mais sa famille le préfère aux champs, elle l'envoie à Dinguiraye diriger les travaux dans les vastes domaines de son père Macky Thiam, ce descendant de féodaux qui a toujours pensé que Seydou Nour Thiam était mieux ailleurs qu'en musique. Sa mère Fadima Tall de la lignée d'El Hadj Omar Tall ne pensait pas autrement aussi. Pendant deux ans l'agriculture sera sa chose puis en 1984, il décide de redescendre sur Conakry en se jurant de percer et d'éclater enfin sur le plan international.

Actuellement, il répète avec d'autres jeunes talentueux un répertoire bien corsé et volontairement loin des sentiers battus du reggae devenu un fourre-tout qui prostitue hélas bien d'artistes africains. Celui que le Palais du Peuple va connaître enfin physiquement à une imperturbable certitude: ''les beaux jours arrivent''

Justin Morel Junior

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MUSIQUE: BAMBINO VU PAR ''LE MONDE'' du 17 Avril 2002

Le griot moderne de la musique mandingue

Le Guinéen Sékouba "Bambino" Diabaté a présenté à Conakry son nouvel album, "Sinikan", le premier à visée internationale. Il est de ceux qui, avec le Malien Salif Keita, croient aux vertus du métissage.

Conakry de notre envoyé spécial.  Quand les portes se sont ouvertes, ils ont déferlé par milliers, puis ont envahi les gradins dans un joyeux tumulte. Depuis plusieurs jours, la ville est en effervescence. Oubliée la pénurie d'essence de la semaine dernière qui a tout paralysé, balayées les difficultés, les vicissitudes du quotidien. Tout cela, on y repensera peut-être demain. Pour l'heure, la seule chose qui compte, c'est de fêter comme il se doit, le nouvel album du chanteur national Sékouba "Bambino" Diabaté, Sinikan, ici, aujourd'hui, au stade du 28-Septembre. Un enregistrement soigné, pour lequel on a fait appel à un arrangeur français au talent sûr, François Bréant, dont le rôle a été déterminant dans la réussite de Soro (1987), l'album de référence de Salif Keita. Sur les premiers rangs, juste derrière le grillage qui sépare la tribune de la pelouse au bord de laquelle la scène est installée, le fan club : plusieurs groupes de femmes, identifiés chacun par une couleur différente de vêtements. Une mosaïque chatoyante, sur laquelle court un vent d'exaltation lorsque, enfin, arrive le héros, l'"ambassadeur de la culture guinéenne".

Après le défilé de plusieurs chanteurs en play-back, pour la plupart entrecoupés des congratulations d'usage adressées par le présentateur aux officiels et au président Lansana Conté ("qui a voulu cet événement pour la jeunesse guinéenne", entendra-t-on déclarer avec force trémolos), Sékouba Bambino n'a pas besoin de longs discours pour convaincre. Quand il lance sa voix incandescente à l'assaut du ciel, en un instant, ce 8 mars, il donne du sens à l'idée de vérité. Dans ce timbre frissonnant de lyrisme, comme dans celui de Salif Keita, feu Kouyaté Sory Kandia, tétanisant vocaliste, originaire du Fouta Djalon en moyenne Guinée - et de tous les chanteurs mandingues -, se trouve le ferment d'émotions fortes et justes.

Né en 1964 dans le village de Kintinya, à 25 km de Siguiri, petite ville de haute Guinée non loin de la frontière malienne, Sékouba "Bambino" Diabaté appartient à la caste des griots. Jeune, en phase avec son époque, il est, comme le Malien Salif Keita (qui lui n'est pas griot), de ceux ne craignant pas d'intégrer des influences occidentales dans la musique mandingue pour toucher un public plus large. Le téléphone portable toujours à portée de main, il connaît son rôle, sait qu'il est dépositaire de la mémoire collective, se veut définitivement reconnaissant à Sékou Touré. Il ne peut envisager la moindre critique à l'égard de celui qui lui a permis de démarrer une carrière de chanteur, malgré les réticences de son père griot ayant préféré, lui, se consacrer à l'agriculture et aux affaires.

Pour Bambino, tout commence à l'époque où Sékou Touré, le président mélomane ayant dit "non" à de Gaulle et à la France, préférant " la liberté dans la pauvreté, à la prospérité enchaîné", assène que la musique doit être un vecteur de l'affirmation nationale et de valorisation de la culture du pays. Le dirigeant de la Guinée crée alors des dizaines d'orchestres subventionnés, organise des rencontres artistiques au cours desquelles ces groupes s'affrontent. Lors de l'un de ces concours à Conakry, l'enfant chanteur interprète Mandjou, le titre fétiche de Salif Keita, coécrit avec le guitariste guinéen Kanté Manfila, originaire de Kankan. Une composition dédiée à Sékou Touré, " qui adorait l'art, y attachait une importance capitale", déclarait encore récemment la voix d'or du Mali.

Lorsque Aboubacar Demba Camara, le chanteur du Bembeya Jazz National, meurt le 5 avril 1973, le président lui-même demande que l'on appelle " le petit de Siguiri" pour le remplacer. Sékouba a alors 16 ans. Il commence sa carrière au sein du groupe fer de lance de la musique moderne guinéenne, référence de la musique mandingue, celle qui depuis des siècles porte la mémoire et fait le quotidien des territoires issus de l'ancien empire mandingue (Guinée, Mali et certaines régions de pays voisins).

Sékou Touré est mort depuis longtemps (1984), la main de fer avec laquelle il a dirigé le pays, ses exactions ont été largement reconnues et dénoncées, mais il ne faut pas compter sur Sékouba Bambino ni sur aucun artiste en Guinée pour émettre la moindre réserve à propos du président défunt. On ne critique pas son père ; et, si l'art du griot est la parole, c'est aussi celui du silence et du non-dit. Après avoir connu son âge d'or sous Sékou Touré, qui avait compris qu'elle pouvait être aussi un formidable outil de propagande, la musique guinéenne s'est quelque peu assoupie. Certains orchestres n'ont pas survécu à la dénationalisation. D'autres ont résisté cahin-caha. Ainsi le Bembeya Jazz, auquel se joint toujours Sékouba Bambino, quand son emploi du temps le lui permet, entre sa carrière solo et les concerts avec Africando, le collectif salsa panafricain dans lequel il est aussi impliqué.

" Le désengagement relatif de l'Etat, explique Diabaté Siré, a eu pour conséquence de développer les initiatives privées. De jeunes universitaires se sont engagés dans le créneau de la promotion artistique et culturelle." Ancien professeur de mathématiques et de physique et membre du Horoya Band, l'un des groupes nationaux de la grande époque, il appartient, lui, à une autre génération, mais à 55 ans, Diabaté Siré est sur tous les fronts pour promouvoir la musique guinéenne. Manager du Bembeya Jazz, qu'il accompagnera, avec d'autres groupes, à Angoulême en mai pour le festival Musiques métisses (du 17 au 20), administrateur de l'Ensemble instrumental traditionnel national, il a monté sa propre agence de promotion, Cocorico, et se présente comme l'interlocuteur privilégié des festivals en Europe qui veulent inviter des musiciens de Guinée.

Malgré des progrès certains en matière de lutte contre la piraterie, la présence d'une usine numérique de duplication de cassettes (Gris-Gris), l'ouverture prochaine d'un Centre international de la percussion, financé en partie par l'Union européenne, l'existence d'une Agence guinéenne de spectacles chargée de régulariser le fonctionnement des entrepreneurs de spectacle pour le compte du ministère en charge de la culture, beaucoup reste à faire pour organiser et professionnaliser la musique en Guinée. Le pays ne compte encore aucun studio d'enregistrement digne de ce nom, et on attend toujours à Conakry l'ouverture sans cesse différée du projet de cité culturelle de Mory Kanté, l'enfant du pays que beaucoup ici semblent avoir oublié.  Patrick Labesse

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Amen.

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VIE DE STAR: MORY KANTE CHEZ MOI

Conakry, 26 avril 02 - Hier, 21h 20, François, mon fils aîné tambourine avec plaisir sur la porte du salon, puis en une révérence suspecte, il sourit et laisse entrer un homme de blanc vêtu.  C'est Mory Kanté, le griot plAnétaire qui vient en cette nuit me rendre une visite amicale. Agréable surprise.

Nous nous embrassons, Maguy, mon épouse, le chahute: '' Moi, les maris qui abandonnent leurs épouses, je ne les reçois pas !''. Juste une taquinerie, car Mory et moi étant amis depuis très longtemps, selon les traditions guinéennes, elle est aussi un peu son ''épouse'' moralement. Mory se défend: ''Tu es toujours ma femme et tu le resteras, nos enfants sont là, tu vois, tu ne peux partir et moi,  je ne suis jamais parti, même quand je suis loin''. Retrouvailles chaleureuses, Mory Kanté rentre de Jobourg où il vient d'être sacré par des médias sud africains ''Meilleur Artiste Africain en 2001''.

Nous parlons de son dernier ''bébé'', l'album ''Tamala'' qui consacre son extraordinaire come back. ''Mr Top 50'' demeure une référence de qualité, de continuité, une célébrité confirmée de l'arène musicale universelle. Mory Kanté a su, par les 21 sensualités de sa kora, émerveiller le monde`au mileu des années 80, et depuis, il a régulièrement grimpé, malgré des déserts passagers, dans les hits de la world music.

Notre rencontre remonte`à la fin des années 70, lorsqu'après la victoire du Hafia Football Club, la Guinée s'ouvrait au monde à nouveau, au lendemain du Sommet de la réconciliation des frères ennemis à Monrovia ( Sekou Touré, Leopold S.Senghor -Houphouet Boigny), Mory était revenu au pays pour reprendre attache avec la mère patrie qu'il avait quittée, mais jamais oublié, malgré ses succès avec le Rail Band de Bamako avec le titre ''Walignoumalombaliya''. De retour, il avait fait plusieurs  jams sessions avec le musicien polyvalent Kémo Kouyaté. Ils avaient réalisé ensemble notamment la chanson ''Bimoussolou'', plus tard interdite sur les ondes de la ''Voix de la Révolution'' de même que le clip( l'un des premiers que je fis) à la télé, interdiction pour des raisons bizarres que je raconterai bien un jour. L'ayant appris, Mory sera terriblement déçu. Mais, cela renforcera notre amitié. Chut....

Mory est donc chez moi ce soir pour un brin de causette amicale. Ma mère (85 ans, depuis le 30 mars dernier) qui le connait bien lui rappelle le séjour de son manager belge Vouters en Guinée, les bons moments passés à Conakry, son succès international avec Yekèkè, etc. La mémoire de maman est phénoménale. Mon fils aîné François, lui a un problème qu'il murmure à l'oreille de sa mère qui sourit et déclare amusée:'' Mais, ce n'est pas moi qui vais parler à ta place, viens parler à ton tonton Mory Kanté. Alors, Fan (son sobriquet), s'approche et dit:' ' Tonton, je suis président du club culturel de mon école St George et nous organisons une petite kermesse, si vous pouviez venir ce samedi 27 avril à la clôture, cela ferait vraiment plaisir à tous mes amis...'', Mory l'interrompt gentiment en lui donnant son accord. Heureux comme héron, Fan, 17 ans, 1m 87est en terminale et prépare son deuxième bac.

Il est déjà 21h50. L'on n'a pas senti le temps passer. Mory est prolixe et amusant à la fois, même quand il prend ses airs de chercheur moderne invétéré. Bonne soirée Mory et bonne nuit à mon fiston qui, tout comblé d'avoir obtenu la participation du griot électrique à sa kermesse, dormira les poings fermés. Tout victorieux. JMJ

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MUSIQUE: KAMALDINE ARRIVE...AVEC BONCANA MAIGA

Conakry, 04 Mars 02- Sa voix de féline épanouie, sa danse serpentine et ses textes au cru du vécu vont faire de cette jeune fille l’une des futures valeurs sûres de la musique guinéenne. Pourtant, il y a bien longtemps qu’on la connaît. Elle a déjà à coups de courage et de passion réussi à occuper le petit écran, bien souvent sous la direction de Doura Barry, ce talentueux musicien à qui, la consécration internationale n’a pas encore souri, mais qui demeure un immense compositeur. Cette demoiselle qui nous revient par la magie du génie de Boncana Maiga est bien Mama Aissata Kamaldine Conté, ex-choriste des Love System de Guinée.

Son père Issiaga Conté et sa mère Fatoumata Bangoura ne pouvaient soupçonner que le voisinage avec l’artiste prolixe et l’amitié de Kamaldine avec la jeune soeur Sona de Doura, pouvaient irrésistiblement la conduire à tout abandonner pour s’accomplir dans ce qu’elle avait si longtemps caché, mais qui lui tournait la tête et le coeur : la musique et surtout la chanson. C’est en 1987 que cette passion dévorante de la chanson finit par exploser dans différents shows, malgré les exigences et les contraintes qu’imposait la direction du Love System. En 1988, au cours d’une tournée du groupe, on lui fait appel pour chauffer l’ambiance et fredonner les airs qu’elle connaissait le mieux. Face au défi et à la surprise, elle décidait de se défendre pour l’honneur, pour le plaisir. Vaincre son trac intérieur, satisfaire le public de manière naturelle, c’était son objectif artistique. Les villes de Faranah, Kissidougou, Gueckédougou, Macenta et Kankan, vont découvrir émerveillées une impressionnante dont la frêle silhouette en rajoutait à la sympathie.

Puis, en 1988, c’est le Foutah qui l’appréciera en concerts bouillonnants. L’année suivante sera celle de la première sortie internationale : Bamako et Ségou au Mali la verront choriste de charme dans le célèbre titre ‘’les filles de mon pays de Doura Barry.

En 1991, le Gala ‘’Découvertes RFI’’ à Conakry, constituera une excellente plate-forme de lancement pour Kamaldine dont la présence physique et la voix commencent à en faire une choriste incontournable dans la capitale. Les concerts se succèdent, les challenges aussi. La prestance et la performance se donnent rendez-vous pour lui assurer des lendemains qui chantent. 1992, deuxième expérience internationale, elle est à Dakar, avec le Love System en concerts au Stade Iba Mar Diop et à l’Hôtel Ngor. Le public l’identifie comme une vedette d’avenir, l’applaudit et l’adule quelques fois même à son grand étonnement.

Elle est tentée par l’aventure et décide en 1993 de rejoindre ce pays qui l’avait accueillie en princesse de la chanson guinéenne: le Sénégal. Tournées, rencontres de nouveaux groupes, expériences éclatées au coeur de la galaxie musicale sénégalaise, avec Aliou Mbaye Nder, PBS et autres. Kamaldine va croiser au hasard de ses multiples tournées le phénoménal arrangeur qui transforme tout ce qu’il touche en métal précieux : Boncana Maiga. Il l’écoute, la critique, puis la ré-écoute, lui fait grimper les tours de solfèges les plus risqués, pour enfin décider de l’arranger et de la produire. Lui, Boncana Maiga, qui a déjà à son palmarès des célébrités féminines comme Aicha Koné, Pierrette Adams,Nayanka Bell; lui, le chasseur de talent, décide, après Missia Saran d’ajouter une deuxième guinéenne à son tableau, mais cette fois en tant qu’arrangeur-producteur, avec la maison Maestro Sound.

Kamaldine, avec ce premier album signé de main de ‘’Maestro’’, arrive donc avec toutes les chances de son côté. Le style des arrangements de cet opus est fait pour ratisser large. Il y en a pour tous les goûts. Des amoureux de sons acoustiques veloutés aux amateurs de zook love roucoulés, tout le monde est servi. A satiété. Bon appétit! Sortie le 30 mars 2002 à Conakry.

Justin Morel Junior

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IN MEMORIAM: LE CHANTEUR MANFILA KANTE DABADOU DE KELETIGUI ET SES TAMBOURINIS N'EST PLUS

Conakry, 15 mai 02 - Triste nouvelle que celle de la disparition ce jour de l'un des doyens de la musique africaine moderne de Guinée: Manfila Kanté Dabadou. Une crise cardiaque traitresse a terrassé, celui dont la voix a accompagné les premières amours de nombreux adultes ou vieux séducteurs actuels. Ancien sociétaire des Ballets Africains de Keita Fodéba (1959-1961), Animateur des Tambourinis depuis, il a travertsé le vingtième siècle avec la candeur du septuagénaire ébloui.

Sa voix profonde et agréable, était sans pareille pour décrire la sorcellerie de l'amour, les mystères de la mort, la saga du Manding Médiéval. Compositeur traditionnel qui a su faire une transition heureuse vers le moderne, Manfila Kanté, restera le chantre de ''Soundiata'', ''Nanfoulén'', Toubaka'', ''Samankoro'', ''Ilo le Gbanina'', Yélimamgboya'', ''Donsokè'', des chefs d'oeuvre bassinés avec Kèlètigui et ses Tambourinis.

Balafoniste, guitariste de charme, auteur-compositeur, celui qui nous quitte à 70 ans est de la génération, de la race des créateurs. Une espèce en voie de disparition, comme le confirme sa mort.

Son jeu de guitare est aéré et les doigtés en trémolo épluchent des mélodies dont lui seul a le secret.Un jeu vocal collé à celui de la guitare. Un jumelage qu'il inventa même avant George Benson. Secret qu'il tient de Kabinè Diabaté, le compositeur originel en 1949 de ''Diarabi'', autrement appelée ''Macalé''. Chanson guinéenne mille fois reprise, entre autres par des grands noms comme Manu Dibango, Hugh Masekela, Sam Mangwana, Ami Koita, Aicha Koné.

Manfila aimait à dire: ''Je n'ai jamais appris à jouer au balafon. Je l'ai pris un jour et je l'ai joué, tout simplement. Tout naturellement.'' Vrai. Son père Ibrahima ''Balafo'' Kanté, était un instrumentiste incomparable et fabricant réputé. Il était la référence de tous les musiciens de Kankan et de toute la Haute Guinée. Son environnement naturel l'avait tant et si bien couvé qu'il avait appris ''mentalement'' à jouer de cet instrument mythique.  Idem pour la guitare qu'il gratouille dès 1946.

Chauffeur de profession, Manfila avait obtenu son permis de conduire en 1952, en Côte d'Ivoire et depuis, il a plutôt continué comme chanteur avec une imparable triptyque: connaissance de l'Histoire, maîtrise de l'actualité, recherche thématique sur les femmes. Prince des mouvements '' Mamayas'', Manfila était incontournable pour les fêtards de l'époque. Depuis, les temps ont changé, des amis sont morts, des musiques éphémères se sont envolées. La voix de baryton amoureux de Manfila est restée la même. Traversant toutes les générations de musiques ouest africaines. De sa première chanson en orchestre moderne ''Djessou'' aux dernières versions de ''Diarabi', sur guitare acoustique, Manfila Kanté a su garder sa touche de sensibilité à fleur de peau.

Musicien préféré de la vedette ivoirienne Aicha Koné, à laquelle Manfila Dabadou se plaisait à offrir ses compositions et qui les interprétait toujours avec un exquis plaisir, l'artiste dont la voix à la fraîcheur éternelle, avait un suc puissant qui faisait oublier sa ''sympathique laideur'' qu'avait aggravé un incroyable accident survenu durant les années 70 à l'orchestre.

La musique guinéenne est riche de trois Manfila Kanté, tous guitaristes et chanteurs et cousins. Un homonymat qui les amuse, tandis que le public et les journalistes pour s'y retrouver les ont affublé des épithètes résidentielles comme   ''Dabadou'', pour celui de Kèlètigui et ses Tambourinis, '' Paris/Farabana'', l'ex coéquipiers des Ambassadeurs du Mali et '' Kissidou'' pour celui de Balla et ses Baladins.

L'artiste défunt laisse une généreuse postérité:17 enfants, trois épouses. Tous éplorés, mais fiers de l'oeuvre du ''paternel''. Celui qui chantait dans ''Sou té monèbo'': '' Si tu souffres, mon frère, ne te suicides pas pour autant, car la mort ne te vengera pas de la souffrance'', s'en est allé subitement, happé par l'inévitable faucheuse. C'est vrai, le mort ne regrette jamais rien, mais, nous le regretteront toujours. Ses nombreuses compositions sont d'inoubliables repères sur le chemin de la vie. 

La levée du corps aura lieu ce vendredi à la morgue de l'Hopital Ignace Deen, prière à la Mosquée Fayçal, enterrement au Cimetière de Camayenne aux environs de 14h30.

Que son âme repose en paix et que la terre lui soit légère. Amen.

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