Kant Emmanuel

Biographie :

 

Kant naquit en 1724, à Königsberg, dans la rue des Selliers, où son père exerçait ce métier. " Jamais, disait Kant, je n'ai entendu mes parents dire un mot grossier. " Emmanuel Kant était l'aîné, il avait un frère et trois sœurs. Sa mère était sous l'influence morale de Schultz, directeur du Collège Frédéric, et c'est tout naturellement que l'enfant y commença ses études en 1732 ; il y resta jusqu'en 1740, année où il entra à l'Université, à la Saint-Michel. Son professeur, Heydenreich, lui donna le goût de la littérature latine classique.

En 1740, donc, il s'inscrit à l'Université de Königsberg et suit principalement l'enseignement de Martin Knutzen pour la philosophie et les mathématiques, mais la carrière de ce maître remarquable fut interrompue en 1756 par la mort, avant qu'il soit professeur ordinaire. Kant publia son premier livre dès 1746 sur l'Estimation des forces vivantes. En 1755, il devint professeur. Schultz lui demanda, quand il le reçut : " Est-ce que vous craignez Dieu dans votre cœur ? " En 1766, nommé sous-bibliothécaire à la Bibliothèque Royale, poste très mal payé, il y renonça en 1772, fatigué de faire visiter la bibliothèque à des curieux.

En 1770, il avait été nommé professeur de mathématiques. En 1780, il fut membre du sénat (conseil) de l'Université et, en 1787, fut élu membre de l'Académie des sciences de Berlin.

Au semestre d'été de 1786, il fut élu recteur pour la première fois. Il eut à ce titre l'honneur de haranguer le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse.

La vie de notre Kant, qui atteignit quatre-vingts ans (en réalité quatre-vingts ans moins quelques semaines), s'acheva le 12 février 1804, après une longue période de faiblesse physique et intellectuelle. On accourut de toute la région pour voir les restes de ce sage. Son visage n'était pas altéré, mais son corps était réduit au-delà de toute expression (Kant intime, L. E. Borowski, p31).

Ensevelie d'abord dans la crypte des Professeurs, sa dépouille mortelle n'y resta pas longtemps. En 1809 déjà, la crypte fut transformée en un passage qui reçut le nom grec de Stoa Kantianal.

 

Le 21 novembre 1880, les restes de Kant furent transférés dans une chapelle gothique accotée à la cathédrale, et ornée du buste du philosophe par Schadow, d'une copie de l'École d'Athènes, de Raphaël, ainsi que d'une inscription reproduisant la phrase célèbre de la Critique de la Raison pratique : " Deux choses remplissent l'âme d'une admiration toujours plus grande : le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale dans mon cœur ". (Kant intime, E. A. Wasianski, p163).

 

Kant et ses contemporains :

 

Fichte

Kant et les femmes

Kant et sa famille

Kant et la religion

 

FICHTE

En 1791, arriva ici Fichte . Il avait quitté sa place de précepteur en Poméranie, où, pendant son séjour à Dantzig, il avait écrit sa célèbre Critique de toutes les révélations, qui a été à l'origine de sa renommée dans le monde savant. Il apporta un matin son manuscrit à Kant, lui demandant son avis et, dans le cas où l'ouvrage lui paraîtrait digne d'être imprimé, son appui pour trouver un éditeur. Kant le lui promit volontiers.

Le même jour, vers le soir, il me rencontra au cours d'une promenade. Sa première parole fut : " Vous devez m'aider, m'aider vite, afin qu'un jeune homme qui n'a pas de pain puisse se faire un nom et gagner de l'argent1 Voyez votre beau-frère (Hartung, le libraire). Agissez sur lui : il faut qu'il lise le manuscrit que je lui adresse aujourd'hui et qu'il l'édite " Ainsi fut fait et Kant se réjouit de voir ses vœux et ceux de Fichte comblés, et bien au-delà.

Tout cela, Fichte se le rappellera certainement avec reconnaissance (Kant intime, p22).

Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) : il fut un des principaux disciples de Kant et, plus encore que Hegel, orienta vers l'idéalisme la philosophie critique.

Kant et les femmes :

 

Pourquoi n'avons-nous point vu Kant contracter mariage ? La question a été assez souvent posée, aussi bien par des amis que par des indifférents. Quand on la lui adressait directement, surtout vers la fin de sa vie, cela lui était désagréable, il détournait la conversation et il demandait qu'on lui épargne ce thème. Cela, du reste, ne l'empêchait pas de parler très librement de projets de mariage pour ses amis, mais, naturellement, c'était surtout dans la pensée d'améliorer leur situation matérielle.

Cependant, Kant a été amoureux. Je connais deux jeunes filles, parfaitement dignes de lui, qui lui ont inspiré, l'une après l'autre, une inclination. Mais il n'était plus à l'âge où l'on choisit et l'on se décide rapidement.

Il hésita, il tarda, l'une des deux quitta la ville et l'autre épousa un homme qui s'était plus vite déclaré que Kant.

Cependant, il n'était pas un ennemi du sexe féminin.

Il aimait les femmes cultivées, sans leur demander d'être savantes ; il appréciait chez elles le bon sens, le naturel, la gaieté et le goût de la maison et de la cuisine. Par contre, il n'aimait point parler avec une femme de sa Critique de la Raison pure ou de la Révolution française, et si l'une ou l'autre essayait, il s'écartait d'elle aussitôt, tandis que, sur ces sujets, il pouvait discuter passionnément avec des hommes.

Une dame, qui voulait s'entretenir avec lui de questions savantes, remarqua que Kant l'évitait. Elle lui fit observer que les femmes pouvaient être aussi cultivées que les hommes et elle s'attira cette réponse un peu brutale : " C'est comme ça, et ça ne changera pas" Une autre fois en ma présence, comme on parlait, avec quelques détails, de cuisine, une dame que Kant estimait fort dit : " Est-il vrai, monsieur le professeur, que vous nous considérez toutes comme des cuisinières ? " Alors ce fut un plaisir d'entendre avec quelle finesse il disait que la connaissance et la direction de la cuisine étaient le véritable honneur d'une femme et comment un mari fatigué par une matinée de travail et de soucis était réconforté par le repas de midi, et toutes les femmes présentes l'approuvèrent (Kant intime, L. E. Borowski, p25)

 

 Kant et sa famille :

Kant est né le 22 avril 1724 dans un faubourg de Königsberg. Sa famille appartenait à la bourgeoisie, mais la plus modeste, et possédait une maison près de la rue des Selliers. Son père, Jean-Georges, né près de Memel, exerçait lui-même la profession de fabricant de selles et de courroies. Son grand-père maternel était un riche cordonnier. On parlait dans cette famille d'une lointaine origine écossaise... Son nom, disait-on, s'écrivait Cant et le philosophe aurait adopté le k initial pour éviter que certains prononcent Tzant.

Kant avait trois sœurs et un frère, sa sœur aînée mourut très jeune et il perdit sa mère, née Regina Dorothea Reuter, en 1737, quand il avait treize ans, et son père en 1746. Kant reçut le prénom d'Emmanuel et il apprit à lire à l'école enfantine de l'Hôpital. Son frère fut pendant quelques années prédicateur itinérant en Courlande. Par toutes ses attaches familiales, Kant appartenait au milieu piétiste de Königsberg (Kant intime, L. E. Borowski, p31).

 

Kant et la religion :

Kant me demanda un jour ce qu'un homme raisonnable pourrait bien choisir si, au moment de sa mort, un ange lui apparaissait et lui offrait un choix irrévocable entre une existence qui se serait prolongée pendant l'éternité ou une mort totale, et Kant jugeait qu'il faudrait beaucoup d'audace pour choisir un destin entièrement inconnu et pourtant éternel... (Kant intime, R. B. Jachmann, p43)