Les poèmes de Sambre


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Grain d'âme
La cassure des rives
Emois, et moi...
Incertitudes
L'itinéraire du condamné
Dialectique
Duel
Jusqu'au bout
Parcours




Grain d'âme

Aux nuées sombres des esprits,
S'ajoutent les regards sans abri
Grimant comme de vieux océans
La dérive des âmes d'enfants

Aux chaleurs tièdes des rivages,
S'effacent les regards des visages
Glissant tels des sables mouvants
Vers les dunes des anciens tourments

Aux reliefs furieux des rochers
S'accrochent les regards amochés
Grinçant tels des portails blindés
Sur les charnières des peurs percées

Aux nuages clairs des ciels d'été
S'évadent les craintes éclatées
Chantant telles des sirènes voilées
La mélopée des hommes volés.

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La cassure des rives

Un désarroi brûlant tel un soleil plombé,
Sur l'horizon percé des blessures passées,
Vient serrer la gorge dans un étau ferré
Pour libérer la crue des eaux de sang mêlées.

Le goût amer des pleurs défaits court se glisser
Dans les rizières pourpres de ce cœur giflé
Et la crue affolée des tourments ressassés
Estompe les reliefs des berges inondées.

Une nature brimée qui brise ses cassures
Desquelles jailliront les pieuses tortures,
Blotties dans les havres des fausses illusions
Et bercées du roulis de l'humble dérision.

Pourquoi toujours chercher, dans de sombres espoirs,
A percer le secret des natures assoupies ?
Est-ce pour mieux violer, au creux du désespoir,
L'âme fragile et nue des êtres qu'on épie ?

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Emois, et moi...

Luminance d'un ciel qui éblouit nos yeux.
Peut-on guérir des maux qui étouffent nos vies ?
Ceux qui nous suicident avant d'être trop vieux
Et bannissent déjà le sens du mot envie.

Nous sommes, comme fous, menés par nos erreurs,
Tentant de nous frayer un sentier dégagé
Dans le marasme noir de nos nuits de terreur,
A l'appel du jour blanc vers un point imagé.

Nous voulons vaincre sans livrer bataille
A ce fier ennemi qui n'est autre que nous.
Pas de face à face seuls contre la faille,
Nous fuyons tout reflet du miroir à genoux.

Pour affronter nos " moi ", nous frottons nos émois,
Cherchant dans l'âme sœur l'ombre de nos regards,
Guettant au coin des vues, notre image sans voix,
Pâlie par nos âmes dont le chant s'égare.

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Incertitudes



Incertitude de l'Etre qui s'égare
Dans le halo hâlé des senteurs d'un beau soir,
Chargées des souvenirs lourds à la mémoire,
Des morsures d'un passé qui n'a nul retard.

Incertitude d'une âme qui cherche son chemin
Dans le labyrinthe des ruelles piégées
de pensées du passé obscures et figées
Qui tournoient narquoises sur tous les lendemains.

Incertitude d'un corps qui n'a plus de désir
Sinon celui meurtri de se faire oublier
Afin de pénétrer le royaume des songes,

Profonds et torturants, où nul ne vient saisir
L'essence des rêves qui s'évapore, souillée
Par les regrets cinglants d'une vie qui plonge.

Incertitude de l'existence,
Ta compagne sera la souffrance.

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L'itinéraire du condamné

Dans le ruisseau amer d'un parterre de pierres,
Coulent des eaux sans fond aux éclats de diamant.
Lascives, elles sont, telles des vipères
Somnolant au soleil, les méandres du tourment.

Au creux de leur flot lent, flottent des fleurs violées,
Dans l'ombre de leurs cours, gisent des prisonniers
Et sous la lumière blanche, fragiles et solitaires,
Elles chantent en silence une mélodie austère.

Qui se perd dans leurs lits ne se relève plus.
Elles détiennent le secret de la passion meurtrie,
Celui-même qui sculpte la rondeur de leurs flux,
Celui que nous portons dans nos âmes flétries.

Qui se noie dans l'opale renaît dans la douceur,
Morphée berce ses pleurs et calme sa douleur
Et dans un halo bleu de mystères futiles,
La splendeur du sommeil porte sa mort subtile.

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Dialectique

Dans la tourmente de mes pensées démentes,
Jaillissent à tout hasard des étincelles opaques.
Elles s'égarent, apeurées par mes envies absentes,
Pour errer, affolées, dans le ru d'une flaque.

C'est toujours quand ton indifférence paraît
Que surgit face à toi l'intérêt tant souhaité.
C'est toujours quand s'éteint ce sentiment inquiet
Que renaissent les passions des cendres désertées.

Pourquoi faut-il haïr pour pouvoir adorer ?
Pourquoi faut-il partir pour te voir revenir ?
Pour quoi deux harmonies ne peuvent-elles s'unir
Sans combattre longtemps les affres du passé ?

C'est lorsque mon amour, bercé de solitude,
Part s'exiler perdu sur des aires désertées,
Qu'il revit de sa mort pour vaincre l'habitude
Et raviver ton cœur qui s'était oublié.

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Duel

Duel...
Duel dans ma tête,
Duel dans mon cœur,
Duel et même plus
Parfois.
Une sorte d'enfer,
Sans sortie de secours,
Cernée par des vautours,
Suppôts de Lucifer.

Duel sombre
et sans encombres,
Duel à mains nues,
A même la terre battue.

Duel sans fenêtre,
Sans prise de soleil.
Duel de chagrins,
D'étreintes des matins.
Duel de misère,
Gisant dans la poussière.

Duel des soirs qui tombent
Et des nuits qui gémissent.
Duel de ces instants
Où rien n'a d'importance
Sinon l'instant qui suit
Celui où l'on avance.

Duel de larmes amères,
Acides et solitaires
Qui figent vos visages
En eaux de marécages.

Duel de ces minutes
Où celui qui l'emporte
N'a pour seule victoire
Que celle du désespoir.

Duel de ces jours las
Où celui qui me suit
Ne sait s'il survivra
A ma lente agonie.

Duel de ces nuits vides
Où nos désirs se meurent,
Impuissants et livides,
Devant nos cœurs rageurs.

Duel de ces réveils
Où l'angoisse étouffée
Condamne nos journées
A des états de veille.

Duel de tant d'envies
Qui jamais ne se meurent,
Animées par les feux
Hasardeux et maudits
D'un jeu trop dangereux.

Duel condamné
A l'unique avenir
D'un choix mutilé et meurtri;
Nourri de repentir.

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Jusqu'au bout

Aux crépuscules lourds des ciels qui s'effondrent
Je marcherai, courbée, pour retrouver ton ombre.
J'irai sur les chemins que nous prenions a deux
Saisir a pleines mains l'odeur des jours heureux

Aux éphémères matins teintes de solitude,
J'implorerai les dieux de leur sollicitude.
J'écrirai ton prénom sur des nuages blancs,
Scintillant au lointain, tels d'étranges diamants.

J'irai sur ma jetée, au bout du précipice
Je fermerai les yeux pour tracer ton esquisse
Sur la toile tendue de mes derniers sommeils

Et quand le jour froisse étirera ses ailes,
Je marcherai vers toi, dénuée d'artifice
Pour t'offrir mon corps, ultime sacrifice.


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Parcours

Chercher la lumière qui luit solitaire
Au fond de l'abîme aux parois tailladées,
Glisser pantelante, le cœur barricadé
De lambeaux de douleur aux couleurs austères.

Trouver la lumière qui vit silencieuse,
Calme et sereine malgré les blessures,
Approcher, apaisée, pour qu'elle nous susurre,
Les mille secrets de son âme radieuse.

Prendre la lumière dont nous avons rêvé,
Lui offrir le bonheur d'un cœur réconcilié,
Lui donner la force de notre éternité
Pour franchir, éclairée, la fière liberté.

Garder la lumière, feu de nos vœux fous,
Ne jamais la trahir et toujours l'élever
La laisser nous guider vers notre vérité,
Pour renaître a jamais a la sérénité

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