"Michael, on t'adore !": des cris hystériques ont gagné mercredi les couloirs du Congrès américain à l'occasion d'une visite ulra-médiatisée de Michael Jackson.

La raison de sa présence est pourtant sérieuse puisque Michael est venu dans la capitale américaine pour défendre la lutte contre le sida en Afrique.

Sous les néons du couloir étroit menant au bureau de la député Sheila Jackson-Lee, hôte de la star, des agents de sécurité font circuler la foule qui s'agglutine. Les journalistes d'un côté, les curieux de l'autre.

Des aides parlementaires, sandwichs à la main, s'arrêtent pour apercevoir la star. "J'ai amené mon appareil photo", se félicite Megan Stauffer, qui piétine depuis une demi-heure. A côté, un trentenaire, moins patient, soupire d'un ton plaintif: "Je lui donne encore cinq minutes, c'est que j'ai du boulot moi".

Avec une heure de retard, Michael émerge enfin d'un ascenseur, cheveux raidis autour d'un visage lourdement maquillé, chemise rouge brodée d'argent, pantalon noir et bottes à paillettes.

La foule, jusque-là parfaitement disciplinée, se bouscule, débordant des cordons de police. Des cris fusent, suraigus. "Michael, on t'aime !!!", "Justice pour Michael".

Ravi, il souffle des baisers en direction des fans, agite un petit drapeau israélien offert par une dame, forme un V, signe de la paix aux Etats-Unis, de ses doigts, et s'engouffre dans le bureau. Pendant une heure, il rencontre des diplomates d'une dizaine de pays africains.

A sa sortie, un petit podium a été aménagé. Cerné de gardes du corps géants, Michael lance des petits sourires aux caméras.

Plusieurs députés prennent la parole pour critiquer les lenteurs de l'aide américaine promise par le président Bush pour lutter contre le sida. Mais leurs mots se perdent dans l'agitation.

Tel un automate, Michael Jackson prend la pose, refait un V et affiche un sourire mécanique à la demande des photographes. Pas content, il fait signe à un caméraman qui le filme en contre-plongée de se relever. Le chanteur s'y connaît, "il est lui-même réalisateur", tente de plaisanter Mme Jackson-Lee.

Un caméraman, gênant les autres journalistes, se fait héler par un confrère. Voyant qu'il ne bouge pas, Jackson intervient, se montrant lui-même du doigt pour lui faire comprendre que tout le monde doit pouvoir le filmer.

Brièvement, on revient à la question du jour. Mme Jackson-Lee insiste que pour le sida, il faut agir vite, "il faut agir maintenant". Le chanteur reprend ses propos, mimant le mot "maintenant" à trois reprises, ponctuant à chaque fois sa parole inaudible d'un geste appuyé de l'index vers le sol.

Régulièrement, son regard mouillé se perd dans le vague. Bras croisés devant lui, il tient des lunettes de soleil dans une main, des gouttes pour les yeux dans l'autre. Il offre encore un sourire, agite la main. Et se fige de nouveau.

"C'est pathétique", s'exclamera une femme affairée qui passe derrière l'attroupement. "Incroyable que ce type, accusé d'avoir tripoté des petits garçons, se trouve ici, il devrait d'abord blanchir son nom", commente de son côté June Nyanchoka, une aide parlementaire de 22 ans.

Au milieu des cris stridents, Michael Jackson, tel un magicien dans un nuage de fumée, disparaît dans l'ascenseur.

La prochaine étape de sa visite sera le grand hôpital militaire de Washington où sont soignés de nombreux blessés de la guerre en Irak.

"Je vais en Afrique depuis l'âge de douze ans C'est mon lieu de vacances préféré, j'y ai emmené mes enfants", a déclaré Michael lors d'une soirée organisée à l'ambassade d'Ethiopie pour lui remettre une distinction de l'Association des femmes d'ambassadeurs africains, sous les applaudissements de plus de 400 personnes, pour la plupart des diplomates venus en famille.

La Nigérienne Haoua Diatta lui a présenté une volumineuse statue d'éléphant doré, la trompe levée, en remerciant "notre frère", ce héros "philantrope et humanitaire", pour ses dons de millions de dollars à différentes causes dans ces pays. "Nous comptons sur toi, Michael!"
 

L'ancienne nounou des enfants de Michael, Grace Rwaramba, prend la parole. "Il a aidé tant de familles, fait tant de choses", dit cette jolie trentenaire présentée comme "son bras droit et son bras gauche", assurant que "Michael aime beaucoup les gens pauvres".
"Quand vous demandez à ses enfants où ils veulent aller, ils disent: l'Afrique! Après la naissance de son fils, il avait décidé de l'emmener là-bas. Les gens lui disaient, 'Mais pourquoi, il y a tant de maladies'. Mais cela lui tenait à coeur", affirme-t-elle.

Mélangés à la presse, une demi-douzaine de fans acharnés qui ont réussi à franchir tous les contrôles de sécurité, profitent de chaque intermède pour crier "Michael, on t'adore !!!". Michael jouant sans cesse avec les mèches raides qui entourent son visage maquillé, se retourne pour sourire et leur faire signe.
"Je vis pour lui et par lui", explique une jeune Sénégalaise, "Tout ce que je fais est lié à lui".

Michael fait le pitre sur scène. Une femme de diplomate s'adresse à lui dans le micro, sans jamais tourner la tête pour le regarder. Dans son dos, Michael glisse vers sa gauche, puis à sa droite, suscitant l'hilarité de la salle et l'obligeant à se retourner.
Il multiplie les amabilités, rapproche le micro d'une oratrice intimidée et presque inaudible, tend une chaise vers une autre, et se recoiffe.

En fin de soirée, une chorale d'enfants africains chante sa ballade "Heal the world". Attendri, il les reçoit sur l'estrade, place deux petites filles en robe rose sur ses genoux, qu'il embrasse copieusement, et une dizaine d'autres autour de lui. Les photographes, objectifs alignés le long d'un balcon surplombant la salle, mitraillent la scène...

Source: Yahoo.fr      02/04/2004