La Bible - Louis Segond 1901

Sommaire

Livre : Cant. des cant.

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Cant. des cant. - chapitre : 1

1/1 Cantique des cantiques, de Salomon.
1/2 Qu'il me baise des baisers de sa bouche ! Car ton amour vaut mieux que le vin,
1/3 Tes parfums ont une odeur suave ; Ton nom est un parfum qui se répand ; C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment.
1/4 Entraîne-moi après toi ! Nous courrons ! Le roi m'introduit dans ses appartements... Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ; Nous célébrerons ton amour plus que le vin. C'est avec raison que l'on t'aime.
1/5 Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem, Comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon.
1/6 Ne prenez pas garde à mon teint noir : C'est le soleil qui m'a brûlée. Les fils de ma mère se sont irrités contre moi, Ils m'ont faite gardienne des vignes. Ma vigne, à moi, je ne l'ai pas gardée.
1/7 Dis-moi, ô toi que mon coeur aime, Où tu fais paître tes brebis, Où tu les fais reposer à midi ; Car pourquoi serais-je comme une égarée Près des troupeaux de tes compagnons ? -
1/8 Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes, Sors sur les traces des brebis, Et fais paître tes chevreaux Près des demeures des bergers. -
1/9 A ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon Je te compare, ô mon amie.
1/10 Tes joues sont belles au milieu des colliers, Ton cou est beau au milieu des rangées de perles.
1/11 Nous te ferons des colliers d'or, Avec des points d'argent. -
1/12 Tandis que le roi est dans son entourage, Mon nard exhale son parfum.
1/13 Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe, Qui repose entre mes seins.
1/14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troëne Des vignes d'En Guédi. -
1/15 Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes. -
1/16 Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable ! Notre lit, c'est la verdure. -
1/17 Les solives de nos maisons sont des cèdres, Nos lambris sont des cyprès. -

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Cant. des cant. - chapitre : 2

2/1 Je suis un narcisse de Saron, Un lis des vallées. -
2/2 Comme un lis au milieu des épines, Telle est mon amie parmi les jeunes filles. -
2/3 Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, Tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. J'ai désiré m'asseoir à son ombre, Et son fruit est doux à mon palais.
2/4 Il m'a fait entrer dans la maison du vin ; Et la bannière qu'il déploie sur moi, c'est l'amour.
2/5 Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins, Fortifiez-moi avec des pommes ; Car je suis malade d'amour.
2/6 Que sa main gauche soit sous ma tête, Et que sa droite m'embrasse ! -
2/7 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. -
2/8 C'est la voix de mon bien-aimé ! Le voici, il vient, Sautant sur les montagnes, Bondissant sur les collines.
2/9 Mon bien-aimé est semblable à la gazelle Ou au faon des biches. Le voici, il est derrière notre mur, Il regarde par la fenêtre, Il regarde par le treillis.
2/10 Mon bien-aimé parle et me dit : Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
2/11 Car voici, l'hiver est passé ; La pluie a cessé, elle s'en est allée.
2/12 Les fleurs paraissent sur la terre, Le temps de chanter est arrivé, Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes.
2/13 Le figuier embaume ses fruits, Et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
2/14 Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher, Qui te caches dans les parois escarpées, Fais-moi voir ta figure, Fais-moi entendre ta voix ; Car ta voix est douce, et ta figure est agréable.
2/15 Prenez-nous les renards, Les petits renards qui ravagent les vignes ; Car nos vignes sont en fleur.
2/16 Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ; Il fait paître son troupeau parmi les lis.
2/17 Avant que le jour se rafraîchisse, Et que les ombres fuient, Reviens !... sois semblable, mon bien-aimé, A la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes qui nous séparent.

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Cant. des cant. - chapitre : 3

3/1 Sur ma couche, pendant les nuits, J'ai cherché celui que mon coeur aime ; Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé...
3/2 Je me lèverai, et je ferai le tour de la ville, Dans les rues et sur les places ; Je chercherai celui que mon coeur aime... Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé.
3/3 Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée : Avez-vous vu celui que mon coeur aime ?
3/4 A peine les avais-je passés, Que j'ai trouvé celui que mon coeur aime ; Je l'ai saisi, et je ne l'ai point lâché Jusqu'à ce que je l'aie amené dans la maison de ma mère, Dans la chambre de celle qui m'a conçue. -
3/5 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. -
3/6 Qui est celle qui monte du désert, Comme des colonnes de fumée, Au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens Et de tous les aromates des marchands ? -
3/7 Voici la litière de Salomon, Et autour d'elle soixante vaillants hommes, Des plus vaillants d'Israël.
3/8 Tous sont armés de l'épée, Sont exercés au combat ; Chacun porte l'épée sur sa hanche, En vue des alarmes nocturnes.
3/9 Le roi Salomon s'est fait une litière De bois du Liban.
3/10 Il en a fait les colonnes d'argent, Le dossier d'or, Le siège de pourpre ; Au milieu est une broderie, oeuvre d'amour Des filles de Jérusalem.
3/11 Sortez, filles de Sion, regardez Le roi Salomon, Avec la couronne dont sa mère l'a couronné Le jour de ses fiançailles, Le jour de la joie de son coeur. -

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Cant. des cant. - chapitre : 4

4/1 Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes, Derrière ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.
4/2 Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, Qui remontent de l'abreuvoir ; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est stérile.
4/3 Tes lèvres sont comme un fil cramoisi, Et ta bouche est charmante ; Ta joue est comme une moitié de grenade, Derrière ton voile.
4/4 Ton cou est comme la tour de David, Bâtie pour être un arsenal ; Mille boucliers y sont suspendus, Tous les boucliers des héros.
4/5 Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle, Qui paissent au milieu des lis.
4/6 Avant que le jour se rafraîchisse, Et que les ombres fuient, J'irai à la montagne de la myrrhe Et à la colline de l'encens.
4/7 Tu es toute belle, mon amie, Et il n'y a point en toi de défaut.
4/8 Viens avec moi du Liban, ma fiancée, Viens avec moi du Liban ! Regarde du sommet de l'Amana, Du sommet du Senir et de l'Hermon, Des tanières des lions, Des montagnes des léopards.
4/9 Tu me ravis le coeur, ma soeur, ma fiancée, Tu me ravis le coeur par l'un de tes regards, Par l'un des colliers de ton cou.
4/10 Que de charmes dans ton amour, ma soeur, ma fiancée ! Comme ton amour vaut mieux que le vin, Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates !
4/11 Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ; Il y a sous ta langue du miel et du lait, Et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban.
4/12 Tu es un jardin fermé, ma soeur, ma fiancée, Une source fermée, une fontaine scellée.
4/13 Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers, Avec les fruits les plus excellents, Les troënes avec le nard ;
4/14 Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome, Avec tous les arbres qui donnent l'encens ; La myrrhe et l'aloès, Avec tous les principaux aromates ;
4/15 Une fontaine des jardins, Une source d'eaux vives, Des ruisseaux du Liban.
4/16 Lève-toi, aquilon ! viens, autan ! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent ! -Que mon bien-aimé entre dans son jardin, Et qu'il mange de ses fruits excellents ! -

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Cant. des cant. - chapitre : 5

5/1 J'entre dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée ; Je cueille ma myrrhe avec mes aromates, Je mange mon rayon de miel avec mon miel, Je bois mon vin avec mon lait... -Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour ! -
5/2 J'étais endormie, mais mon coeur veillait... C'est la voix de mon bien-aimé, qui frappe : -Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, Ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est couverte de rosée, Mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit. -
5/3 J'ai ôté ma tunique ; comment la remettrais-je ? J'ai lavé mes pieds ; comment les salirais-je ?
5/4 Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, Et mes entrailles se sont émues pour lui.
5/5 Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ; Et de mes mains a dégoutté la myrrhe, De mes doigts, la myrrhe répandue Sur la poignée du verrou.
5/6 J'ai ouvert à mon bien-aimé ; Mais mon bien-aimé s'en était allé, il avait disparu. J'étais hors de moi, quand il me parlait. Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé ; Je l'ai appelé, et il ne m'a point répondu.
5/7 Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée ; Ils m'ont frappée, ils m'ont blessée ; Ils m'ont enlevé mon voile, les gardes des murs.
5/8 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Si vous trouvez mon bien-aimé, Que lui direz-vous ?... Que je suis malade d'amour. -
5/9 Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre, O la plus belle des femmes ? Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre, Pour que tu nous conjures ainsi ? -
5/10 Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; Il se distingue entre dix mille.
5/11 Sa tête est de l'or pur ; Ses boucles sont flottantes, Noires comme le corbeau.
5/12 Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux, Se baignant dans le lait, Reposant au sein de l'abondance.
5/13 Ses joues sont comme un parterre d'aromates, Une couche de plantes odorantes ; Ses lèvres sont des lis, D'où découle la myrrhe.
5/14 Ses mains sont des anneaux d'or, Garnis de chrysolithes ; Son corps est de l'ivoire poli, Couvert de saphirs ;
5/15 Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc, Posées sur des bases d'or pur. Son aspect est comme le Liban, Distingué comme les cèdres.
5/16 Son palais n'est que douceur, Et toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, Filles de Jérusalem ! -

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Cant. des cant. - chapitre : 6

6/1 Où est allé ton bien-aimé, O la plus belle des femmes ? De quel côté ton bien-aimé s'est-il dirigé ? Nous le chercherons avec toi.
6/2 Mon bien-aimé est descendu à son jardin, Au parterre d'aromates, Pour faire paître son troupeau dans les jardins, Et pour cueillir des lis.
6/3 Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; Il fait paître son troupeau parmi les lis. -
6/4 Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, Agréable comme Jérusalem, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannières.
6/5 Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, Suspendues aux flancs de Galaad.
6/6 Tes dents sont comme un troupeau de brebis, Qui remontent de l'abreuvoir ; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est stérile.
6/7 Ta joue est comme une moitié de grenade, Derrière ton voile...
6/8 Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines, Et des jeunes filles sans nombre.
6/9 Une seule est ma colombe, ma parfaite ; Elle est l'unique de sa mère, La préférée de celle qui lui donna le jour. Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse ; Les reines et les concubines aussi, et elles la louent. -
6/10 Qui est celle qui apparaît comme l'aurore, Belle comme la lune, pure comme le soleil, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ? -
6/11 Je suis descendue au jardin des noyers, Pour voir la verdure de la vallée, Pour voir si la vigne pousse, Si les grenadiers fleurissent.
6/12 Je ne sais, mais mon désir m'a rendue semblable Aux chars de mon noble peuple. -
6/13 (7/1) Reviens, reviens, Sulamithe ! Reviens, reviens, afin que nous te regardions. -Qu'avez-vous à regarder la Sulamithe Comme une danse de deux choeurs ?

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Cant. des cant. - chapitre : 7

7/1 (7/2) Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince ! Les contours de ta hanche sont comme des colliers, Oeuvre des mains d'un artiste.
7/2 (7/3) Ton sein est une coupe arrondie, Où le vin parfumé ne manque pas ; Ton corps est un tas de froment, Entouré de lis.
7/3 (7/4) Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle.
7/4 (7/5) Ton cou est comme une tour d'ivoire ; Tes yeux sont comme les étangs de Hesbon, Près de la porte de Bath Rabbim ; Ton nez est comme la tour du Liban, Qui regarde du côté de Damas.
7/5 (7/6) Ta tête est élevée comme le Carmel, Et les cheveux de ta tête sont comme la pourpre ; Un roi est enchaîné par des boucles !...
7/6 (7/7) Que tu es belle, que tu es agréable, O mon amour, au milieu des délices !
7/7 (7/8) Ta taille ressemble au palmier, Et tes seins à des grappes.
7/8 (7/9) Je me dis : Je monterai sur le palmier, J'en saisirai les rameaux ! Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, Le parfum de ton souffle comme celui des pommes,
7/9 (7/10) Et ta bouche comme un vin excellent,... -Qui coule aisément pour mon bien-aimé, Et glisse sur les lèvres de ceux qui s'endorment !
7/10 (7/11) Je suis à mon bien-aimé, Et ses désirs se portent vers moi.
7/11 (7/12) Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs, Demeurons dans les villages !
7/12 (7/13) Dès le matin nous irons aux vignes, Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s'ouvre, Si les grenadiers fleurissent. Là je te donnerai mon amour.
7/13 (7/14) Les mandragores répandent leur parfum, Et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits, Nouveaux et anciens : Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.

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Cant. des cant. - chapitre : 8

8/1 Oh ! Que n'es-tu mon frère, Allaité des mamelles de ma mère ! Je te rencontrerais dehors, je t'embrasserais, Et l'on ne me mépriserait pas.
8/2 Je veux te conduire, t'amener à la maison de ma mère ; Tu me donneras tes instructions, Et je te ferai boire du vin parfumé, Du moût de mes grenades.
8/3 Que sa main gauche soit sous ma tête, Et que sa droite m'embrasse ! -
8/4 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. -
8/5 Qui est celle qui monte du désert, Appuyée sur son bien-aimé ? -Je t'ai réveillée sous le pommier ; Là ta mère t'a enfantée, C'est là qu'elle t'a enfantée, qu'elle t'a donné le jour. -
8/6 Mets-moi comme un sceau sur ton coeur, Comme un sceau sur ton bras ; Car l'amour est fort comme la mort, La jalousie est inflexible comme le séjour des morts ; Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, Une flamme de l'Éternel.
8/7 Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour, Et les fleuves ne le submergeraient pas ; Quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l'amour, Il ne s'attirerait que le mépris.
8/8 Nous avons une petite soeur, Qui n'a point encore de mamelles ; Que ferons-nous de notre soeur, Le jour où on la recherchera ?
8/9 Si elle est un mur, Nous bâtirons sur elle des créneaux d'argent ; Si elle est une porte, Nous la fermerons avec une planche de cèdre. -
8/10 Je suis un mur, Et mes seins sont comme des tours ; J'ai été à ses yeux comme celle qui trouve la paix.
8/11 Salomon avait une vigne à Baal Hamon ; Il remit la vigne à des gardiens ; Chacun apportait pour son fruit mille sicles d'argent.
8/12 Ma vigne, qui est à moi, je la garde. A toi, Salomon, les mille sicles, Et deux cents à ceux qui gardent le fruit ! -
8/13 Habitante des jardins ! Des amis prêtent l'oreille à ta voix. Daigne me la faire entendre ! -
8/14 Fuis, mon bien-aimé ! Sois semblable à la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes des aromates !
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