BOL : Après le ski, le Far-West, la campagne, Lapinot découvre l'amour dans votre dernier album. Après les grandes aventures, les grands sentiments. Pourquoi une telle évolution ?

Lewis Trondheim : Pour évoluer justement. D'une part pour que le héros ne soit pas toujours semblable, d'autre part pour me changer d'univers et ne pas m'ennuyer, mais également parce que c'est une rencontre que j'ai faite avec Frank Le Gall et qui m'a proposé ce thème romantique que je n'aurais pas osé abordé seul. En fin de compte, pour faire en sorte que mon héros ne devienne pas un être asexué à la Tintin.

BOL : Est-ce une gageure de créer chaque fois de nouvelles « aventures formidables » pour Lapinot ?

L. T. : C'est toujours difficile de faire un nouvel album avec un personnage récurent parce que les lecteurs veulent retrouver les mêmes émotions, les mêmes sentiments voire les mêmes rigolades, mais en même temps, si on lui fournit exactement la même chose, il sera déçu parce qu'il aura l'impression d'une resucée. Il faut donc soit que l'auteur rajoute ce qu'il faut de nouveauté et de surprise pour l'agrément du lecteur, soit qu'il s'en fiche carrément et qu'il fasse l'album pour lui-même et ça marche si ça marche. Moi, j'utilise la deuxième solution, je suis un égoïste qui n'a qu'une hâte, être le premier à lire le prochain album de Lapinot.

BOL : Comment en vient-on à imaginer un jour un lapin chaussant du 88 aux immenses oreilles, ne vivant que de carotte et d'eau fraîche ?

L. T. : Euh... réponse contenue précédemment !