La cartographie.

 

Sommaire.

Introduction

Matériel

Carte de base

Codage

Sur le terrain

Les couleurs

 

Introduction.

Avoir une carte... C'est le gros morceau de l'équipement d'un club. A ma connaissance, nous sommes un des rares sports qui doive prendre en charge son infrastructure: on imagine mal un club de foot faire le terrassement de son terrain d'entraînement, c'est pourtant ce qu'il est demandé à tout club de CO qui se respecte. Et ce, la plupart du temps, sans financement, ou presque. La pression économique est telle qu'actuellement les pouvoirs publics cherchent à professionnaliser le sport et son encadrement, et la cartographie n'y échappe pas. Pourtant, rares sont les clubs qui ont les moyens de démarrer une carte aux coûts du privé. Les conseils qui suivent aideront les amateurs à bien démarrer, et peuvent servir aux "initiés" à réviser leurs fondamentaux, comme on dit.

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Matériel.

Tout débute par les relevés. Sur les vêtements, je ne m'étendrai pas, si vous lisez cette page, c'est que vous êtes un authentique homme des bois. Cependant, je ne saurais que conseiller une bonne paire de bottes ou de "grosses" de montagne, pour plusieurs raisons: c'est solide, ça ne craint ni les ronces ni les serpents, c'est imperméable. Pour le dessin en forêt, il faut se munir d'une planchette, la plus légère et rigide possible, de surface dure pour ne pas la rayer et la gondoler au premier coup de crayon rageur venu. Attention au poids, au début on s'en moque, et au bout d'un moment ... Les crayons: on a essentiellement besoin de 4 couleurs: le rouge pour le nivellement (plus lisible que le brun), le noir, le vert, le bleu pour les terrains humides ( ici en Côte d'Or, c'est un peu superflu). On peut ajouter le jaune, même si celui-ci peut se coder en noir. Certains ajoutent toute une série de couleurs pour les différents verts.(Voir plus loin à la rubrique codages.) L'idéal est d'utiliser des critériums 0.5 ou 0.7 (ceux-ci étant plus solides), mais les mines de couleur ne sont pas toujours faciles à trouver. Achetez les critériums quand vous aurez mis la main sur les mines... De plus, beaucoup de ces mines de couleurs n'écrivent plus s'il fait trop froid et (ou) trop humide. Ajoutez un crayon gomme et le taille crayon qui va avec, ce n'est pas superflu, et tellement plus précis que la gomme. Le support doit être transparent, histoire de voir la carte de base. Cependant, je déconseille le papier calque classique: il se gondole quand il est humide, on ne réécrit pas bien dessus quand on a gommé. Préférer un film plastique plus épais, genre REGMA.  Bien sûr, il faut aussi une boussole. Le débat fait rage sur la nécessité d'avoir une boussole de visée ou non. Personnellement, je n'en ai pas. Et le GPS? C'est encore très coûteux, réservé à certains professionnels. On peut glisser aussi dans une poche un couteau et un sac en plastique, mais c'est un autre problème...

Quant au dessin final, chez soi bien au chaud, il se fait avec l'ordinateur et l'irremplaçable logiciel de M Steinegger, OCAD. Pour ceux qui l'ignoreraient encore, on n'a plus besoin de tablette à digitaliser. Il suffit de scanner les relevés, de choisir la bonne échelle de relevés, l'échelle finale de sortie de la carte, les relevés s'affichent en fond d'écran et c'est parti. Il faudra un moment pour s'habituer aux courbes de Bézier, mais quelle souplesse ensuite! Quant au matos, un bon vieux PC avec 64 MB de RAM suffit , pas la peine d'avoir le dernier Pentium. Attention aux yeux quand même! Ceux qui travaillent devant un écran savent de quoi je parle...

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Carte de base.

C'est malheureusement souvent des soucis de budget qui conditionnent le choix de la carte de base. L'idéal serait de pouvoir se payer une photogrammétrie, c'est à dire une restitution du relief, de la planimétrie et de la végétation à partir des photos aériennes. Plusieurs entreprises fournissent ce genre de service, à commencer par l'IGN (Robert Bastard, à l'IGN de LYON), et Orodia (Fabrice Collinse). Ces derniers offrent le fond de carte directement au format OCAD, ce qui évite de redessiner ce qui est bon. D'où un gain de temps conséquent, ce qui relativise un peu le coût. Mais il faut compter quand même entre 150 et 350 euros du km2.

Pour les autres, il faudra se contenter du fond IGN. Les chanceux disposent d'une TOP25, de qualité correcte, mais il faut être dans une région "touristique". Les autres devront se contenter des séries bleues traditionnelles, souvent très aléatoires, tant du point de vue de la planimétrie que du relief. Ce qui nécessite beaucoup de travail pour retoucher la base, mais aussi de plus grandes compétences quand il faut retravailler le relief. On pourra s'aider de photos aériennes, elles sont en vente libre(entre 25 et 50 euros le contretype, dans les agences régionales de l'IGN), un coup de scanner, et hop! Mais on a souvent des soucis pour caler la photo sur le fond IGN, il faut procéder par petites zones. De nouveaux logiciels, malheureusement encore chers, permettent d'atténuer les distorsions.

De nouveaux produits sont maintenant disponibles, moins chers que des photogrammétries: les orthophotos: ce sont des photos aériennes redressées, avec les courbes de niveau en surimpression. Un bon compromis...

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Codage.

Il est bien entendu illusoire de vouloir reproduire une véritable carte de course d'orientation sur ses relevés, avec ses petits crayons. On utilise donc une échelle 2/1 pour les relevés (par exemple 1/5000 pour une carte au 1/10000), et des codes pour dessiner.

Pour les chemins, ils doivent tous être dessinés en traits continus, et codés à l'aide d'un chiffre pour en distinguer la taille effective: 1: route , 2: route non revêtue, 3: chemin, 4 sentier, 5: petit sentier, 6: trace, 7 layon. Attention à noter d'un petit trait le changement de code pour un chemin, par exemple quand celui-ci devient un sentier. Ne pas hésiter à se servir d'une boussole pour la direction, et à compter ses pas (penser à étalonner ...avant de partir en forêt!)

Pour la végétation, chaque zone doit être entourée d'un trait vert si la limite est imprécise (laquelle ligne ne sera pas dessinée ensuite sur la carte définitive), ou de noir pointillé sinon. Ensuite on code la densité: 0 (barré, pour ne pas confondre avec un élément), 1 , 2 ou 3, 1b ou 2b pour la végétation basse. Pour cette dernière, on peut utiliser des hachures, simple pour le vert1 bas, croisillons pour le vert 2 bas. Pour les jaunes, coder avec des lettres. (Ch pour champs, etc...) Bien sûr, chaque cartographe a ses manies, c'est là ma façon de faire, mais quand on en utilise une, il faut s'y tenir.

Pour le reste, on utilise la nomenclature des cartes de CO, à la différence près du bistre, dessiné en rouge pour une meilleure lisibilité.

En ce qui concerne la nomenclature officielle des cartes de course d'orientation, vous pouvez télécharger avec profit la norme internationale, traduite en français par Robert Marique, et mise en ligne sur le site de la fédé belge FRSO.

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Sur le terrain.

Si vous travaillez à partir d'une photo, il faut commencer par placer un nord. On prend donc un azimut significatif (tour au loin, mais toujours dans la zone à cartographier, chemin longtemps rectiligne), qu'on pose sur la planchette. A l'aide d'une feuille de papier que l'on glisse sous la boussole et que l'on aligne sur les traits du nord de celle-ci, on obtient le nord. Si vous travaillez à partir de l'IGN, il faut calculer la déclinaison (c'est sur le bord de la feuille) et utiliser un raporteur. Sur une photogrammétrie, le nord est bon, pas de soucis.

On fait ensuite "le tour du propriétaire". Sur un fond IGN, il s'agit de s'assurer que les chemins du tour de la carte sont exacts, et dans tous les cas, de dessiner toute ligne qui entre dans sa zone: sentier, limite de végétation, fossé. Une fois ce tour fait, on entre dans le vif du sujet. On commence par dessiner toutes les lignes déjà repérées, en s'assurant de la cohérence de son travail, et enfin il ne reste plus qu'à remplir les zones blanches par une exploration systématique de ce qui reste.

Il ne faut pas hésiter enfin à retraverser la zone déjà cartographiée dans un sens inhabituel: on a parfois des surprises. Enfin, une fois dessinées, les bordures des différentes zones seront parcourues pour éviter les décalages.

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Les couleurs.

La végétation est avec le relief l'information la plus dure à traiter. Quelle est la couleur de la forêt en face de soi?

Il ne faut pas hésiter à beaucoup moduler ces couleurs. Si vous trouvez qu'une partie passe mieux qu'une autre, n'hésitez pas à la dessiner. L'absence de limite de végétation devrait conduire le coureur à se douter du caractère fragile de cette info, mais l'aider néanmoins dans son choix. 

La végétation basse est souvent mal utilisée. Cela vous parait peut-être évident, mais elle est censée représenter une végétation vraiment basse: moins d'un mètre. Après, ce n'est plus de la végétation basse. Et même ainsi, une couche d'un mètre de ronces, même dans une zone déboisée, ce n'est plus du vert 2 bas, mais bien du vert 3! Une erreur souvent constatée est relative aux jeunes plantations. Souvent indiquées en hachures, les arbres dépassent souvent 2 mètres. C'est donc de la forêt! On utilisera donc un des verts, ou alors, si ces arbres sont clairsemés, un jaune du semi-ouvert. Par contre, des branches au sol, même si ce n'est pas à proprement parler de la végétation basse, peuvent constituer une véritable gêne dans la progression du coureur, et donc doivent être dessinée dans ce cas à l'aide de ces fameuses hachures vertes.

Le semi-ouvert: deux types existent, souvent là encore mal utilisés. Les points jaunes plein sur fond blanc se réfèrent aux fameux "pré-bois" du Haut-Jura: il s'agit donc d'une forêt clairsemée naturellement, où la course doit être aisée. Les points blancs sur fond jaune pâle sont censés se référer à un découvert encombré, par exemple une coupe récente où quelques arbres subsistent (un affouage bien de chez nous par exemple), mais aussi des branches non débardées. On peut donc combiner cette couleur avec une végétation basse. Les autres jaunes se réfèrent soit à des cultures (jaune plein, avec éventuellement la surcharge de points noirs pour les champs cultivés, ou des surcharges vertes pour les vignes ou les vergers), soit à des découverts (jaune pâle: friches, coupes blanches, pelouses calcaires).

Là encore, n'hésitez pas à consulter la nomenclature officielle de l'IOF.

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Voilà, maintenant au travail! Et bon courage!

Bruno Haberkorn, décembre 2001.