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Le vécu corporel

 

 

 

Dans notre société, on a l’habitude de séparer l’âme et le corps. En psychologie, on étudie tout de même le corps :

-        Instruments des conduites

-        Support de l’identité

Le psychisme se construit à l’intérieur du corps. Dans la profession infirmière, on est très en contact avec le corps.

 

         I.          Les différents corps

 

1)     Le corps neurologique

 

Dans les tous premiers jours de sa vie, l’embryon est constitué de cellules qui sont à l’origine de la peau et du système nerveux (hectoblaste).

Freud (neurologue) : « le moi est d’abord le corps » : expériences faites par des neurologues pour montrer que les éléments qui constituent la peau ont une représentation très importante dans le cortex.

Nos sens interviennent dans l’élaboration cérébrale du schéma de notre corps = constitutif du moi.

 

2)     Le psychosomatique

 

GRODDEK (Le livre du ça) : psychologue allemand qui a été le 1er à prendre l’homme souffrant avec ses aspects physiques et psychiques, avec son histoire personnelle, son environnement social et culturel.

FREUD (1895) : en étudiant les femmes hystériques, il a remarqué qu’il n’y avait pas de lésions organiques, alors qu’elles avaient des symptômes physiques très importants. Ce qui signifie que le corps porte les atteintes du psychisme en cas de souffrance trop intense.

 

       II.        Expériences des étiologiques : la notion d’attachement

 

Expérience de HARLOW (1950) : étiologiste (étude des animaux) + BOWLBY (psychiatre anglais) : expérience avec singe rhésus +, car on pensait que les bébés s’attachaient à leur mère grâce à l’allaitement.

La satisfaction des besoins de nourriture n’est pas essentielle dans l’établissement des liens entre la mère et son bébé. Le besoin de contact primait sue celui de nourriture.

C’est dans ces premiers moments avec sa mère que l’enfant construit la première conception de son corps.

 

      III.       Le corps dans le développement de l’enfant et la conscience de soi

Dans la relation mère-bébé, le développement du corps et du psychisme sont liés, chez l’enfant.

Comme le bébé est dépourvu de parole et d’autonomie, il se fait comprendre par le corps. Et cette conception du corps est complètement prise en charge par la mère, elle l’interprète et y répond par rapport à son vécu et à ses envies.

Dès les 1er mois de sa vie, l’enfant à besoin d’être stimuler par son entourage pour se développer. Tout ce qui se fait pendant cette période est capital pour son identité ; cela va laisser des traces mnésiques, mais aussi au niveau de la peau, des muscles et su système émotionnel. L’absence de sensation agréable peut être à l’origine de comportements pathologiques ultérieurs.

 

      IV.       Deux concepts fondamentaux

 

1)     Le schéma corporel

Représentation du corps qui se constitue à travers l’expérience physique avec le monde extérieur. Cette expérience est liée à la qualité de notre système neurologique, des sensations physiologiques et de l’intégrité physique de notre corps. Les informations qui contribuent à la construction du schéma corporel proviennent de source diverses :

-        Sensations tactiles

-        Thermiques

-        Visuelles et vestibulaires (oreille)

-        Musculaires

-        Viscérales

La base du concept du schéma corporel est donc neurobiologique.

C’est la même pour tous, et il s’élabore petit à petit avec les sensations (notamment le toucher).

 

2)     L’image du corps

 

Paul SCHILDER (psychiatre allemand) a développé ce concept.

Définition : c’est l’image de notre propre corps que nous formons dans notre esprit, la façon dont notre corps nous apparaît à nous même.

L’image du corps est chargée d’affectivité et elle se construit  à partir des souvenirs, des émotions, de l’investissement des parents et des proches. C’est dans le regard de l’autre que l’enfant construit une image de lui et de l’autre en tant que deux sujets distincts.

Françoise DOLTO parle d’image inconsciente : notion + élargie. Pour elle l’image du corps est inconsciente, unique, propre à chacun et chargée affectivement des désirs de vie et de morts.

 

Þ La distinction entre schéma corporel et image du corps est très importante car ces deux notions ne renvoient pas au même registre de pensées. Le schéma corporel, c’est le corps réel, c’est celui dont s’occupe la médecine. Alors que l’image du corps, c’est le corps imaginaire et il intéresse plus particulièrement la psychologie et la psychanalyse. On parle de défaillance du schéma corporel dans tous les troubles neurologiques comme la dispraxie (difficultés à effectuer des mouvements coordonnés) et la dyslexie (trouble dans la capacité à lire et à écrire). L’atteinte de l’image du corps donnerai des manifestations psychosomatiques comme des maladies de peau.

 

        V.        Le corps dans la relation au soin

 

Dans une relation de soin, on a toujours affaire à un individu dans son entier, donc on ne peut pas séparer ces deux dimensions du réel et de l’imaginaire.

La conscience que le sujet a de son corps et la façon dont il l’investit va conditionner la manière dont il va appréhender et vivre une atteinte corporelle. Toute atteinte à cette image du corps (ex : amputation, paralysie) va aller bien au-delà des sensations éprouvées, va toucher à l’identité du patient. Un état de souffrance psychique va s’instaurer et un travail de deuil doit être effectuer, ainsi qu’un réinvestissement de ce nouveau corps.

 

      VI.       Le corps dans la relation soignant / soigné

 

Cette médiation est essentielle. Deux corps en présence, même s’ils ne sont pas en symétrie car l’un est à la merci de l’autre = risque de devenir un corps-objet.

Visage = 1ère approche du corps.

Il faut savoir déchiffrer l’état physique d’un patient en observant son corps. Le corps du patient peut être très différent.

 

     VII.     Le toucher

 

Il y a 2 sens au mot toucher :

-        Contact, tactile, physiquement

-        Sentiment, affectif

C’est le sens qui apparaît le plus tôt ( 3e semaine de la vie fœtale) et qui est le dernier à disparaître .

 

1)     La peau

 

Enveloppe frontière entre soi et les autres. Lieu d’échanges entre l’intérieur et l’extérieur. L’expérience tactile est active et passive (réciprocité du contact tactile). On en peut pas vivre sans être touché, pas d’être humain sans peau. Si 1/7 de la peau est détruite, l’être humain meurt. C’est par son intermédiaire que l’enfant pourra se découvrir. La peau est le siège de sensibilité très différencier.

 

2)     Au niveau physiologique : de la peau au cerveau

 

Quand les mains touchent la peau, des millions de cellules sensorielles envoient leur message vers la moelle épinière. L’influx nerveux monte jusqu’au cortex, y traverse le thalamus (centre de tri des sensations), descend vers l’hypothalamus qui contrôle la sécrétion d’hormones du plaisir.

 

3)     Fonctions et qualités du « moi-peau »

 

C’est la peau dans son incidence sur le psychisme d’après Didier ANZIEU. L’identité d’une personne ne se construit pas sans un rapport à l’autre qui passe par la médiation corporelle.

 

4)     Un toucher de qualité

 

La façon de toucher un malade est très importante : douceur.