23 février 2000

Sous la Glace du Lac Sainte Anne - Ceillac

Les abords du trou sont très glissants. Pour s'équiper, on s'assoit au bord du trou, jambes dans l'eau. Le masque est nettoyé comme en mer (1 tu craches, 2 tu n'oublies pas de rincer !). Un des moniteurs est déjà dans l'eau et l'autre amène le bloc et aide à passer les sangles et brancher le direct system sur la combinaison étanche. Pour la mise à l'eau, vêtement légèrement gonflé, on pivote en prenant appui sur un bras et là, c'est trop tard pour reculer car le poids du bi-bouteilles nous entraîne irrémédiablement. Dernières vérifications face à face avec le moniteur et hop: on purge un peu d'air et on entre dans une autre dimension de la plongée. Le rêve peut commencer.

Ce qui surprend au départ, c'est l'impression d'avoir des lèvres qui doublent de volume à cause du froid. Ensuite, on s'habitue. Je n'ai pas du tout repensé au froid pendant toute la plongée et je n'ai en fait pas eu du tout froid. Les jeux de lumière sont fantastiques. Suivant l'éloignement par rapport au trou, suivant la couche de glace et de neige au dessus, on a des zones plus ou moins claires. Les bulles courent sous la glace en un ballet magique. La surface de glace est inégale et il y a parfois des pièges à air (2 à 3 cm de haut) dans lesquels on peut voir de magnifiques cristaux. C'est super... J'ai vu deux truites (ou des ombles peut-être): Gilles nous a dit que c'était la première fois de la saison (23 février). Plus tard, il arrive souvent qu'un groupe d'une dizaine de poissons vienne autour du trou.

Pour éviter de se cogner la tête, il faut bien s'équilibrer et jouer un peu du poumon ballast. En fait, c'est assez simple. Avec la combinaison étanche, la position idéale est légèrement inclinée vers l'avant: la bulle d'air dans le vêtement se trouve alors au niveau des épaules. On écarte légèrement les palmes, non pas pour se propulser mais pour se stabiliser. Bien sur, il faut éviter de relever les jambes car il n'y a pas de purge au niveau des pieds et on aurait vite fait de se retrouver comme un... con. à marcher à l'envers sous la glace. Ici en fait ce n'est pas très grave car on est juste sous la glace et il n'y aurait pas de remontée trop rapide mais en mer, à 10 ou 20 m... dur dur...

En sortant, j'étais tout fou (comment ça, comme d'habitude ?!?). J'étais prêt à repartir tout de suite. Attention, il ne faut pas retirer ses gants trop tôt: en 2 minutes, j'avais les mains gelées. Il vaut mieux attendre un peu que l'eau qui est dedans réchauffe et surtout mettre des gants secs immédiatement.

Pour certains, le rêve peut devenir cauchemar: une entrée d'eau et c'est la congélation sur place. Jocelyne a eu l'impression que son bras allait tomber (d'où la célèbre expression: le bras m'en tombe...) Ou tout simplement une angoisse dans ce milieu confiné: c'est incontrôlable, et attention ça ne peut qu'empirer ça ne s'améliorera jamais. Anne-Laure (niveau 2, environ 100 plongées) s'est fait une grosse frayeur: elle ne quittait pas le trou des yeux, n'arrivait pas à gérer son vêtement étanche (elle coulait tout le temps) et elle s'est écroulée en larmes en sortant de l'eau. Olivier (niveau 1, 12 plongées) n'a eu aucun problème de comportement: il était entièrement guidé par le moniteur et s'est senti très à l'aise toute la plongée.

En ce qui me concerne, je n'attends qu'une chose: y retourner l'hiver prochain !

23 février 2000

Sous la Glace du Lac Sainte Anne - Ceillac