RENCONTRES FRANCOPHONES SUR L'APPROCHE SCIENTIFIQUE DE LA CONSCIENCE

14-15 MAI 1998
amphi C du CNAM
292, rue St Martin
75003 PARIS
 
(métro: Réaumur Sébastopol)
participation gratuite

ORGANISATEURS:

François ANCEAU
CNAM / CEDRIC
292 rue St Martin
75 141 Paris Cedex 03
tél: 01 40 27 24 33
fax: 01 40 27 28 45
email: anceau@cnam.fr
================================ Emmanuel RANSFORD
tél: 01 42 31 98 75
fax: 01 42 31 96 12
email: ransford@etca.fr 
Avec la participation du GREC-B
Avec le concours de la revue Science-Frontières


Quelques photos de la conférence:





La recherche sur le cerveau conscient est certainement le sujet scientifique le plus ambitieux, mais aussi le plus controversé, qui soit.

Ce thème de recherche est maintenant officialisé dans plusieurs pays comme les USA, l'Angleterre, le Danemark, l'Allemagne, etc..... Dans tous ces pays des chercheurs se réfèrent à cette discipline qui fait même quelquefois l'objet d'un cursus universitaire.

Le but de ces journées est de mettre en évidence l'effort français sur ce thème. En effet, un nombre significatif de personnes s'intéressent à ce domaine dans l'hexagone.

Ces "Rencontres" visent à refléter la diversité des approches envisagées pour "expliquer" le phénomène de la conscience à la lumière des acquis récents des neurosciences. Celles-ci vont de la vision neurobiologique (qui situe la conscience comme l'un des fonctionnements de la machinerie neuronale) jusqu'à des approches para-dualistes (qui la situent comme une propriété - supplémentaire - de l'Univers).

Les réflexions philosophiques auront leur place: elles sont particulièrement importantes pour évaluer la cohérence, les limites et les conséquences de ces approches.

A titre indicatif, les questions suivantes pourront être débattues pendant ces journées (liste non limitative):


Une édition des Actes des Rencontres sera envisagée pour après la conférence. 

PROGRAMME:


Philippe COIFFET

Laboratoire de Robotique de Paris, 10-12 Avenue de l'Europe, 78140 Vélizy, coiffet@robot.uvsq.fr

AUTONOMIE DE COMPORTEMENT ET CONSCIENCE
Ce titre est plutot une question à laquelle nous n'avons pas l'ambition de pouvoir répondre mais simplement éclairer sur le chemin d'une définition de l'autonomie de comportement et de la conscience qui reste à trouver, à l'aide d'un exemple: celui des robots qu'on cherche à rendre autonomes dans des activités souhaitées par le concepteur.


Les nombreux travaux sur ce sujet doivent tous faire face au problème des "niveaux de conscience" et/ou de la "conscience de soi". Pour l'instant, il est clair que personne n'a abouti à construire un robot véritablement autonome (c'est-à-dire qui mène à bien sa tâche sans qu'on puisse décrire à l'avance de manière presque exacte l'ensemble de son comportement).
Nous exposerons une nouvelle proposition pour obtenir ce résultat qui se base, d'une part, sur le phénomène des requêtes (sollicitations internes ou externes faites en permanence au robot parmi lequelles il doit "choisir" à laquelle il va répondre) et, d'autre part, sur une réponse s'inspirant de la nécessité et du hasard (système à trois étages: au niveau 1: des règles nécessaires liées à l'aspect inné ou génétique; au niveau 2: des règles apprises par un apprentissage; au niveau 3: une relaxation ou choix fait au hasard parmi un ensemble possible (mais ne conduisant pas obligatoirement au résultat. C'est là qu'il faut trouver des explications sur la convergence vers l'exécution du but)).
Il y a donc dans cette approche absence de conscience au sens usuel du terme en même temps qu'autonomie de comportement. Dans le cadre de la conférence, la question posée est donc: doit-on prendre en compte ce genre de phénomène comme une partie ou un début de conscience ou un élément permettant de mieux comprendre la conscience, ou bien non?


Olivier COSTA DE BEAUREGARD

LA CONSCIENCE VUE PAR LA PHYSIQUE FONDAMENTALE
Qu'il est loin, le temps de la "conscience épiphénomène"!
  1. La probabilité, objective du côté face, subjective du côté pile, relie réel et représentation. Son logarithme (précédé du signe moins) est l'information, connaissance à l'aller, organisation au retour. Le taux de change information-néguentropie est 1 / k log 2, 1016 bits pour 1 clausius. L'énorme disparité exprime une irréversibilité de fait entravant l'équivalence de droit - un peu comme la grandeur de la vitesse de la lumière a longtemps occulté la relativité du temps. Si k était nul la connaissance serait gratuite, l'action libre impossible, et la conscience épiphénomène. Un k non nul instaure entre réel et conscience l'action-réaction de Wigner: Un ticket très modique est requis de la conscience spectatrice, un cachet exorbitant alloué à la conscience actrice; s'informer est donc normal, informer (par psychokinèse directe) paranormal.
  2. La Relativité voit la matière étendue sur le temps comme sur l'espace, et le présent de la conscience (l'attention à la vie de Bergson); explorant la ligne de vie. Déliant le concept exister du qualificatif maintenant elle accepte qu'opèrent la pression d'une cause efficiente passée et l'aspiration d'une cause finale future. Transtemporelle, la représentation est autant projet que lecture.
  3. Le calcul ondulatoire des probabilités quantiques implique la paradoxale non-séparabilité aux multiples aspects spatio-temporels. Les expériences à décision différée de Wheeler montrent qu'au niveau quantique une grandeur n'existe que si mesurée. Il n'est plus vrai que: "un événement de probabilité 1 arrive certainement" mais que: "cet événement est certainement observé si par une expérience on demande s'il a lieu". C'est ce que prouve l'expérience. Le réel n'est plus autoporteur.
  4. Les graphes de la mécanique quantique relativiste synthétisent non-séparabilité, extension temporelle de la matière, réciprocité préparation-mesure. Un graphe figure une transition entre représentations - l'une préparée, l'autre rétroparée (Hoekzema) si la corrélation est à travers le temps, ou les deux téléparées (EPR) si elle est à travers l'espace.
  5. L'ontogénèse et la phylogénèse biologiques voient la conscience émerger de la matière. Mais la physique se demande si le 'réel' ne serait pas épiphénomène d'un 'inconscient collectif'. C'est en laissant les relations de phase 'se perdre dans la nature' que l'acte de mesure quantique livre un 'réel observé'. Un plus ne saurait sortir d'un moins. C'est donc une réalité en trompe l'œil que livre la mesure quantique, une "vue des choses" délibérément superficielle. Tout un aspect subtil de l'interaction réel-conscience reste à élucider.

 


Michel DE HEAULME

CHU Pitié-Salpêtrière, 91 bd. de l'Hôpital, 75634 Paris Cedex 13, mdeh@pratique.fr

LES DEFIS LOGIQUES AUX APPROCHES SCIENTIFIQUES DE LA CONSCIENCE
Les approches scientifiques de la conscience sont, par définition, la recherche d'un modèle qui rendrait compte non pas uniquement de la façon dont fonctionne la conscience (sens anglais de intelligence), mais de ce qui lui permet d'apparaître en tant que phénomène, sinon la cause.


Cette communication a pour but de mettre en évidence en quoi ce dernier objectif est problématique, en raison même de la façon dont est constituée la formalisation, sans laquelle il n'y a pas de science. Il ne concerne donc ni des considérations externes aux sciences, ni telle approche fonctionnelle particulière innovée par un chercheur, mais recense quelques uns des défis posés à l'intérieur des sciences par le fait même de vouloir rendre compte de la conscience en tant que système calculable, c'est à dire issu d'une formalisation utilisant les principes de la logique.
Ces défis semblent devoir être regoupés selon trois thèmes principaux, non exclusifs d'autres aperçus :

L'intérêt positif d'un travail d'explicitation de ces défis portés au sein des sciences est double :

Un accord sur une grille de ce genre serait susceptible de clarifier beaucoup plus rapidement les propositions faites sur le thème de la concience, au moins en ce qui concerne leurs aspects logiques ou formels.


Dr Hechmi DHAOUI

CONSCIENCE, MEMOIRE ET CERVEAU
De quoi sommes-nous conscient? sera la question fondamentale qui m'accompagnera tout au long de mon intervention. Mon propos sera une formation discursive entre les rapports des différents chercheurs, au cours de l'histoire de la pensée, qui ont essayé d'appréhender de près ou de loin la problématique de la conscience et de la mémoire.


Je commencerai par Aristote, qui est arrivé avec sa sagesse, à donner aux réalités de ce monde leur consistance, en considérant que la morale est celle que l'on veut bien se donner, en passant par la pensée judéo-chrétienne et même musulmane, jusqu'au siècle des lumières avec la rationalité moderne de Kant à Hegel puis Freud et Heidegger ainsi que Foucault, qui a préféré par son archéologie parcourir l'axe Pratique discursive-Savoir-Science, à la place de celui qui était suivi jusque là par les modernes, depuis les anciens, à savoir l'axe: Conscience-Connaissance-Science.
Et en fin de ce vingtième siècle, les physiciens s'en mêlent, peut-être parce que les années 90 ont été baptisées par les chercheurs "les années du cerveau".
En effet le professeur Roger Penrose nous propose une nouvelle approche de la physique quantique pour étudier les phénomènes physiques de ce qu'il appelle le "non-calculable' par l'intelligence artificielle qui règne dans le domaine, depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
C'est dans ce cadre et à travers l'étude et mes recherches, sur la mémoire, que je me poserai tout au long de mon intervention les questions suivantes: De quoi sommes-nous conscients? Est-ce que nous pensons pour élargir notre champ de conscience?
Je continuerai, à partir du schéma classique de la mémoire (qui est représenté par les 3 temps: l'acte mnésique - sa fixation - sa remémorisation, en tenant compte du fait que pour que ce fonctionnement se passe normalement, il faudrait revoir les différentes associations possibles qui permettraient le passage du 1er niveau au 2ème, c'est-à-dire la fixation d'un souvenir puis la communication de l'être humain avec son environnement par ses perceptions qui permettent ainsi le passage du 2ème niveau au troisième, à savoir la résurgence ou la remémorisation de souvenir, dont la présentation me permettra de comparer:

Je terminerai par l'analyse de ce qu'on appelle la mémoire fluide caractéristique des grands penseurs. Elle a permis à Einstein de synthétiser l'ensemble de son savoir par l'acte de pensée, afin de mettre en place sa théorie de la relativité générale. Cette dernière a démonté l'explication de la gravitation par Newton, tout en réalisant la prophétie de ce dernier (à savoir: la transformation réciproque d'énergie en matière). Cette même mémoire, fluide et synthétique, a permis à Richard Feynman de faire sa percée en théorie quantique des champs, et à Penrose d'aller plus avant concernant des hypothèses relatives à la conscience.
Par son approche, Penrose pourrait réaliser la prophétie de Goethe qui nous dit: "L'âme de l'homme est semblable à l'eau". Car, dans ses dernières recherches, il envisage que la magie de l'esprit et de la conscience s'opère dans des phénomènes quantiques observés au niveau des microtubules d'eau dans les neurones (et, pourquoi pas, dans toutes les cellules de l'organisme).
Enfin, en associant l'apport de Penrose à l'explication du fonctionnement de l'univers et de la mémoire faite par Démocrite, ainsi qu'à la vision quantique et relativiste du temps, je proposerai un modèle du temps que j'appellerai sphérique. Il va dans le sens des réalistes qui pensent que toutes les informations concernant les lois de la vie existent et n'attendent qu'à être découvertes. Je me baserai pour cela sur la circulation de l'information à l'intérieur de l'individu (communication intrapersonnelle), par l'intermédiaire de l'émotion qui serait une émergence informationnelle circulant entre le mental et le physique et pour laquelle le cerveau ne joue plus, relativement à la communication interpersonnelle, que le rôle de décodeur et d'encodeur.
Selon cette approche, le cerveau n'est plus le support de l'esprit, ni de la mémoire (en tant que "disque dur"); il ne peut donc nullement être le seul outil de notre conscience.


Albert DUCROCQ

Président de la Société Française de Psychonomie, 17 Bd Garibaldi, 75015 PARIS

LE CONCEPT DE SEMANTIEL ET LA CONSCIENCE
La science recherche une méthodologie pour rendre compte du phénomène de conscience. Nous l'entrevoyons à partir du concept de sémantiel: le matériel d'un système étant représenté par les éléments dont il est physiquement formé, nous appelons sémantiel l'ensemble des relations qui existent entre ces éléments.


Un réseau linéaire - électrique, mécanique ou autre - est justifiable de la description matricielle de Kron de sorte que son sémantiel s'identifie à un être mathématique remarquable: le tenseur attaché à ce réseau. On a là un modèle rendant compte des boucles, colludations et émergences que fait découvrir le système nerveux. Ce dernier comporte des modules organisés en métamodules eux-mêmes constitutifs d'hypermodules, mais on possède ce fil d'Ariane: les petits cerveaux (aplysie), l'arbre de l'évolution, le phénomène d'hominisation font constater que le neurone est fondamentalement resté identique à lui-même dans des modules basiques souvent de même nature. Les circuits neuronaux mettent en présence de " confluents étranges " du fait d'actions pouvant être excitatrices ou inhibitrices mais ce sont là des processus que l'on sait aujourd'hui simuler de sorte que le modèle linéaire fournit un intéressant conducteur. Nous avions autrefois, après avoir construit des automates et des animaux électroniques dont le comportement avait été instructif, développé ces considérations dans une " Logique générale des systèmes et des effets ".(Dunod). Depuis lors, les performances de l'électronique ont été mutipliées par 107 , la perspective s'offrant de la voir bientôt rivaliser en compacité avec les systèmes biologiques, qu'elle a depuis longtemps dépassés en vitesse, et cela rend très actuelle la discussion des caractéristiques qu'un sémantiel devrait présenter pour être conscient.
En l'occurrence il traiterait des informations alors que, comme von Neumann l'avait fort judicieusement fait remarquer, ce terme - impliquant subjectivité - est galvaudé avec des machines dans lesquelles on n'a jamais rencontré que des données, l'information étant le propre d'un sémantiel conscient.


Gilberto GOMES

CNPQ, Brasilia, Brésil / Université Paris 7, Paris,  gomes@ccr.jussieu.fr

LES CONTENUS DE LA CONSCIENCE
Pour une théorie de la conscience, il faut une analyse de ses contenus, dont je présente ici quelques éléments.
  1. Perception visuelle consciente, objets du monde, qualia. La conscience d'un objet vu est conscience de sa présence, de son identité et de sa signification. Elle est aussi conscience de plusieurs caractéristiques visuelles. L’objet de la réalité consciemment perçue est, généralement, ce qui constitue un contenu de conscience, non les stimuli sensoriels. On doit refuser la notion de « sensation brute » consciente. Toute sensation, avant d’accéder à la conscience, est travaillée par les processus cérébraux non-conscients, qui la mettent en relation avec d'autres sensations, pour en extraire une configuration significative.


    Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, mais telles que notre cerveau nous les donne à voir. Il n’y a pas à distinguer les choses représentées des qualia. Les objets présents dans notre conscience perceptive n’appartiennent pas au monde extérieur. Ils ont en effet été créés par notre cerveau, même si en stricte dépendance du monde extérieur. Les qualia, généralement, sont des propriétés de ces objets. La conscience réunit dans un seul contenu des propriétés d'origine différente et qui dépendent de différentes aires et systèmes du cerveau. La perception de la couleur, du mouvement et de la forme dépendent de différentes aires cérébrales. Pourtant, nous voyons consciemment un seul contenu.

  2. La douleur est souvent considérée comme cas paradigmatique de l’expérience consciente. Elle est une réalité interne, subjective, privée. Selon Pitcher, elle n’est que la manifestation psychique de l’état corporel périphérique. Pourtant, cette conception est mauvaise, pour des raisons empiriques et non philosophiques. La sensation douloureuse ne présente pas une bonne corrélation à l’état périphérique. Grahek soutient que, si la douleur était une forme de perception, il faudrait dire qu’il n’y a pas de vraie douleur dans les membres fantôme. Tout le problème dérive de la confusion entre les sens extensionnel et intensionnel-avec-un-s de « percevoir ».
  3. Les sensations voluptueuses, quoique fortes à certains moments, peuvent être absentes, face aux mêmes stimuli. La stimulation des organes sexuels, selon l'état motivationnel-affectif du sujet, peut provoquer seulement des sensations purement tactiles. La sensation voluptueuse est vécue comme appartenant au corps, pourtant elle n'existe, en tant que telle, que dans le cerveau de celui qui la sent.
  4. « Conscience de » et « conscience que ». Être conscient de quelque chose n’a pas la structure d’une proposition. La conscience peut avoir une proposition comme contenu, mais elle sera dans ce cas conscience de cette proposition. Cette thèse s’oppose catégoriquement à celle de Searle. Selon lui, les conditions de satisfaction d'une expérience visuelle sont : qu’il y a A devant X et que cette présence est la cause de l’expérience. Mais ces « conditions de satisfaction » ne sont pas de l’expérience visuelle (qui n’en a aucune). Elles sont des conditions pour une affirmation extensionnelle sur la perception consciente. La perception consciente n’est pas une attitude propositionnelle, elle peut seulement en provoquer une.


Frank HATEM

Université de bretagne sud, 27A rue Chaigneau, 56100 Lorient, rozeille.hatem@wanadoo.fr

VERS UNE EPISTEMOLOGIE APPLICABLE A LA CONSCIENCE
Il est important de ne pas faire œuvre de tortionnaire au nom de l'idéologie scientifique, et de ne pas vouloir à tout prix faire entrer une réalité étrangère dans le cadre bien défini des réalités auxquelles on a l'habitude. C'est hélas ce que l'on a fait en voulant réduire la conscience à des relations chimiques, à des effets biologiques ou physiques, ou à certaines fonctions qui évoluent avec les conditions d'existence: mémoire, perceptions sensorielles, attention, etc. On a alors l'impression d'être davantage dans un terrain connu, mesurable. Mais la conscience est bien plus que tout cela, et conditionne tout cela. On aura beau la tordre pour la faire entrer dans le moule de l'épistémologie physicienne, il restera toujours l'essentiel qui n'y entrera pas: la conscience de soi et son unité, au travers de la multiplicité des fonctions et des perceptions, et la présence de l'inconscient.


Il est temps alors de non pas de tordre le nouveau sujet pour le faire entrer dans l'épistémologie ancienne, mais au contraire, d'inventer une nouvelle épistémologie qui ait une chance d'appréhender le nouveau sujet.
Nous sommes à cette époque, et le choix doit être fait une fois pour toutes.
Ceux qui l'ont fait proposent de refonder l'Epistémologie en fonction du but poursuivi: comprendre le soi. Elle suppose, contrairement à l'épistémologie ancienne, d'interdire toute hypothèse, la vérification physique étant interdite puisqu'incluse dans l'acte d'observation qu'on cherche à expliquer. A partir de là, on peut construire une rationalité nouvelle rigoureuse et puissante qui semble rendre compte de la nature première et de la naissance de l'acte de connaissance de soi et du monde.


Yann HODE

Forenap, Centre hospitalier, 68250 Rouffach, hode@habenula.u-strasbg.fr

PSYCHOPATHOLOGIES DE LA CONSCIENCE
La conscience est un concept encore mal apprehendé. Pour aider à sa definition, nous étudierons un ensemble de situations ou il est habituel de dire que la conscience du sujet est perturbée.


Ces situations peuvent-être physiologiques, tel le sommeil, ou la conséquence d'une action pharmacologique d'un psychotrope ou encore résulter de pathologies psychiatriques ou neurologiques.
Ainsi le concept clinique d'agnosie peut être vu comme un déficit partiel de la conscience. De même les etats de dépersonnalisation, concept transnosographique de la clinique psychiatrique, peut être considéré comme un trouble de la conscience, comme un dysfonctionnement de l'intégration des notions du soi, de l'espace et du temps. Il existe également de nombreux comportements liés aux motivations qui semblent échapper à la perception consciente et qui illustrent que la conscience n'a pas accès à tous les états internes du systeme nerveux central.
A défaut de donner une définition de la conscience, cette approche par les exemples cliniques permet de mieux cerner les liens entre la conscience et d'autres fonctions cognitives. Etablir ces liens a un intérêt fondamental dans la mesure ou toute théorie de la conscience doit intégrer ces données cliniques pour espérer une certaine validité.


Ezio M. INSINNA

BIOERA - Bioelectronics Research Association 18, Allée des Frères Lumière, 77600 Bussy Saint Georges, bioera@worldnet.fr

SYNCHRONICITE ET SYSTEMES NONLINEAIRES
Jung avait laissé ouverte la question d'une interaction permanente entre psyché et matière au niveau du corps, c'est-à-dire dans les manifestations psychosomatiques et les actes de volition. En effet, Jung considérait les phénomènes synchronistiques (S) comme des événements rares et limités à des situations exceptionnelles. Les interactions psyché-corps dépendants de la volonté présupposent au contraire une certaine constance des phénomènes S.


L’auteur propose d’abord d’élargir le concept de synchronicité en définissant deux types de synchronicité: une générale et une restreinte.
Il propose en suite d’établir un lien entre structures biologiques d’une part et la synchronicité d’autre part.
Cette démarche permet de s’affranchir de la causalité en tant qu’interactions entre une putative force psychique et les systèmes biologiques i.e. le cerveau. Elle évite aussi de faire appel à des phénomènes de cohérence quantique à l’intérieur des cellules nerveuses et suggère l’existence d’autres mécanismes dans certaines structures protéiques (microtubules et autres protéines liées à des processus dynamiques en biologie).
L’auteur propose ici que les systèmes dynamiques non-linéaires soient le moyen de stabiliser et amplifier les phénomènes S qui, eux, sont peut être de nature transitoire.
Un système non-linéaire sur le seuil d'instabilité, est comparable à un dispositif capable de répondre rapidement à toute sollicitation interne-externe. Il est toujours "prêt au changement", i.e. à bifurquer vers un nouvel état dynamique dans une fraction de seconde.
Enfin, l’auteur élargit, comme Pauli l'avait fait pour le concept de complémentarité, le concept jungien d'archétype et compare ces facteurs transcendants, dont la constellation est liée aux manifestations S, aux attracteurs mathématiques. Tout comme les attracteurs mathématiques déterminent le comportement des systèmes dynamiques, les archétypes déterminent le comportement des êtres biologiques.


Christophe LECERF

Equipe de Cognition Artificielle, Dpt Informatique, IUT Paris 8, 140 rue de la nouvelle France, 93100 Montreuil, cl@iut.univ-paris8.fr

MODELISATION DE LA TRANSFORMATION DES INFORMATIONS PERCUES EN CONTENUS MENTAUX
Nous proposons des propriétés structurelles et fonctionnelles minimales permettant d'interpréter de manière homogène la co-construction et l'évolution des représentations d'informations d'origine physiques en contenus mentaux. Le réseau nécessaire à l'apparition de ces propriétés a été simulé et forme la partie centrale de la machine Nymei.


Une machine Nymei est un réseau de neuromimes réalisant un parallélisme à grande échelle d'éléments simples, relié à un environnement au moyen d'interfaces sensitives ou effectrices faisant partie de la machine. Le réseau est composé de cellules indépendantes et de connexions unidirectionnelles entre elles. A l'exception de ceux parvenant à la couche interface sensitive, tous les signaux circulant dans le réseau ont pour origine une cellule. Celle-ci est simulée par un automate à seuil doté d'états internes et produisant des signaux analogiques ou des trains de pulses. L'algorithme qui régit le comportement de l'automate contrôle l'évolution de l'état interne de la cellule et l'évolution des poids des connexions. Le graphe de connectivité décrivant le réseau est incomplet et il n'existe pas de connexion reflexive. La construction initiale d'un réseau lui confère une structure sous forme d'un ensemble de connexions et de poids et de capacités d'évolution au niveau cellulaire. Partant de cette structure initiale, l'évolution du réseau dépend de ses interactions avec son environnement. L'observation de la machine au niveau de ses interfaces définit son comportement dans le temps.
Le modèle à la base de la machine Nymei s'appuie sur les concepts suivants.
Les informations relatives aux représentations sont localement distribuées. Dans des groupes cellulaires topologiquement différenciés en fonction de l'origine des signaux les atteignant, une structure en double boucle supporte fonctionnellement la représentation des signaux.
Le couplage entre la représentation et sa source dans l'environnement repose sur deux mécanismes antagonistes qui influent sur le débit d'informations circulant dans le réseau. La dépendance des cellules et de la structure du réseau par rapport au débit circulant est le véhicule des effets en retour du comportement global du réseau sur chacune des cellules le composant.
L'observation d'un régime d'échange stationnaire entre le réseau et son environnement est le témoin de l'apparition d'un contenu mental acquis, qui laisse une empreinte au niveau de la structure du réseau par sélection progressive d'une structure spécifique.
La structure en double boucle des représentations est inspirée de l'organisation anatomique des structures de contrôle psycho-moteur volontaire, qui couple deux circuits internes et externes.
Dans la machine Nymei, ces concepts donnent les propriétés suivantes aux représentations en double boucle.

Dans le cadre d'interprétation unifié Nymei, les informations perçues en entrée et les contenus mentaux sont ainsi comparables dans leur nature, et différents fonctionnellement.


Jean-François LE NY

LIMSI-CNRS, Université de Paris-Sud, Orsay, leny@limsi.fr

LA CONSCIENCE COMME PROPRIETE DE CERTAINS ETATS OU EVENEMENTS REPRESENTATIONNELS (COGNITIFS)
  1. Trois points de vue sur la conscience


    --> trois systèmes de connaissances

    1. la psychologie commune: fondée sur la conscience, la subjectivité.


      La "Sokalisation" de la conscience.

    2. la psychologie cognitive, à visée scientifique: fondée sur l'expérimentation, atteint des événements cognitifs, dont certains sont conscients, dautres non.


      --> être conscient est une propriété de certains états ou événements mentaux. Explicite vs implicite.

    3. la neurobiologie
  2. Quelques exemples de représentation implicites


    La distinction "qualia" vs "représentations propositionnelles"

    1. la désambiguisation des mots polysémiques (ambigus)


      "la grève était très longue et Jean se sentait fatigué"

    2. les interférences pragmatiques: ex. inférences passerelles.


      "j'ai déjeuné ce midi à la cafétaria de la faculté. La morue était excellente"

    3. la mémoire implicite.
    4. les anomies.
    5. la perception de la profondeur: disparition binoculaire, convergence binoculaire, superpositions, ombres, etc.
    6. les constances perceptives.
    7. la procéduralisation.
    8. le refoulement freudien.
  3. La psychologie cognitive
    1. Méthodologie: expérimentale ou d'observation sustématisée (clinique, psychopathologie, "difficultés")
    2. Objectif: des lois sur des individus


      version 2:
      "pour tout individu, mis dans la condition C, l'activité psychologique "fonctionne" (dans la tête), comme une séquence de P et R" (P=processus, R=représentation)

    3. Recherche à base probabiliste: l'analyse de la variance (intersujets, intercondition, etc.)

    DONC:

    • Pas de conscience a priori.
    • on reconstruit, par interférence inductive, ce qui se passe dans la tête ("dans l'esprit"=dans le cerveau) des sujets
    • en tant que réalités inobservables inférées: processus, représentations.

    La conscience est dès lors, une propriété de certaines de ces représentations et processus. Laquelle? L'hypothèse du seuil minimal des niveaux d'activation des représentations.
    Seule la recherche scientifique (expérimentale, ou au moins empirique) peut répondre à la question.


J.C. LEVY

GREC-B, Versailles

LE CONSCIENT ET L'INCONSCIENT
L'objet de la communication est d'avancer l'idée que l'inconscient n'est pas inconscient mais simplement inexprimable avec les moyens dont nous disposons à l'échelle de notre corps.


Nous pourrions comparer notre activité mentale au travail d'un énorme complexe d'ordinateurs qui ne disposerait que d'un seul terminal. Pourtant cela ne rend pas compte de l'essence même de notre pensée qui n'est pas celle d'un ordinateur car il faut en plus tenir compte des émotions d'origine corporelle.
Notre pensée, vécue en tant qu'expérience personnelle correspondrait à l'ensemble de centaines, voire de milliers de représentations, latentes en nous, dont nous ne pouvons concevoir qu'une "teinte dominante", sinon inexprimable, du moins pouvant être interprétée par l'expression artistique.
Des observations faites sur le rêve, pourtant non scientifiquement probantes, permettent d'observer des cas d'ubiquité, voire même de plusieurs rêves vécus simultanément.
Des exemples plus probants reposent sur les déclarations de rescapés de la noyade qui pensent avoir revécu leur vie entière en l'espace d'un instant. Il est impensable que leur cerveau ait pu travailler à une vitesse pratiquement infinie: toutes le représentations n'ont pu qu'être évoquées simultanément.
Une explication plus précise pourra être donnée au moyen du diagramme de "Système Opérationnel Humain" déjà présenté par l'auteur.


Bruno MARCHAL

Universite Libre de Bruxelles, Avenue F.D. Roosevelt, 50,IRIDIA, CP 194/6, B-1050 BRUXELLES, marchal@ulb.ac.be

L'ESPRIT, LA MACHINE ET LE REEL
Je montre que si l'on accepte certaines hypothèses philosophiques, il devient nécessaire de transformer le problème du corps et de l'esprit (PCE) en une phénoménologie de la matière (PhMat).


Dit autrement, les hypothèses en question nous forcent d'extraire une théorie du réel à partir d'une théorie de la conscience.
Les trois hypothèses philosophiques postulées sont les suivantes :

Le résultat principal peut se résumer avec la proposition principale:

COMP => [PCE = PhMat]

où COMP, désigne le mot "computationnalisme", et est le nom choisi pour l'ensemble des trois hypothèses prises simultanément.
Du point de vue ontologique on va inéluctablement rencontrer une forme d'idéalisme, ou d'immatérialisme, de type Pythagoricien : tout est nombre ou relation entre nombres. Ceci va à l'encontre d'un préjugé largement répandu selon lequel le mécanisme est d'office une position matérialiste. Pour ce résumé, je vais me contenter d'expliciter les hypothèses et je vais donner un très brève idée de la démonstration de la proposition principale.
Hypothèses

  1. L'hypothèse du mécanisme digital est l'hypothèse selon laquelle je peux survivre, non seulement avec un coeur artificiel, un rein artificiel, etc., mais aussi avec un cerveau artificiel, en l'occurence constitué d'une machine universelle digitale, c-à-d un ordinateur, convenablement "programmé" à partir d'une description d'un état instantané du cerveau.
  2. L'hypothèse du réalisme arithmétique consiste à admettre que la vérité des propositions arithmétiques sont indépendantes de moi (et de vous, de l'humanité, de l'univers, ...).
  3. La thèse de Church . La thèse de Church dit que toute fonction calculable est calculable par un ordinateur.

Brève idée de la démonstration L'hypothèse du mécanisme rend le sujet en principe duplicable. En utilisant alors des expériences par la pensée de type déductives je montre que le mécanisme entraîne une forme d'indéterminisme phénoménal (privé, intime, psychologique). Je considère alors un programme capable d'émuler l'activité de tous les programmes possibles. On peut dériver l'existence d'un tel programme, que j'appelle "déployeur universel" au moyen de la thèse de Church. Je montre que si un déployeur universel devait être concrètement exécuté dans notre univers physique, alors il n'est plus possible de justifier nos croyances dans les lois de la physique à partir des lois de la physique. On est amené a réduire le problème du corps et de l'esprit à la justification de nos croyances dans les lois de la physique à partir de l'existence d'une mesure de probabilité intrinsèque définie sur l'ensemble de toutes les histoires computationnelles parcourues par le déployeur universel.
A ce stade on pourrait penser que j'ai seulement démontrer que notre univers physique est "trop petit" que pour supporter l'exécution concrète d'un déployeur universel.
Je propose alors une expérience par la pensée plus fine montrant que ce mouvement est interdit. Même si aucun déployeur concret n'est exécuté, le mécanisme exige de rendre compte de l'apparence des lois de la physique a partir de l'informatique théorique.
Cette demonstration permet finalement d'extraire une partie substancielle de la mécanique quantique à partir de l'informatique théorique.


Mioara MUGUR-SCHÄCHTER

DES PROCESSUS FORMELS DE COMMUNICATION A LA COGNITION HUMAINE ET ARTIFICIELLE
L'étude de la stratégie cognitive impliquée par le formalisme de la mécanique quantique met en évidence que la théorie moderne des microsystèmes a encryptée une véritable révolution de l'épistémologie. Les traits essentiels de cette révolution, explicités et réexprimés à l'aide d'un symbolisme adéquat, ont engendré une méthode générale de conceptualisation relativisée où "le fonctionnement conscience" de l'"observateur" (du concepteur) joue un rôle central.


La conjecture suivante sera soumise à discussion:
La structure d'une représentation formelle générale des processus humains de conceptualisation communicable doit compter certaines indications concernant les "aspects" biophysiques de ces processus. Ces indications, si elles étaient déchiffrées, pourraient conduire à des progrès fondamentaux concernant le fonctionnement du cerveau d'une part et d'autre part les techniques de programmation employées en intelligence artificielle.


Gérard PINSON

CNAM-CEDRIC 292 rue St Martin 75141 Paris Cedex 03, 100460.1645@compuserve.com

COMPLEXITE ALGORITHMIQUE DES PROCESSUS COMMUNICANTS ET FONCTIONNALISME
La conscience possède une caractéristique informationnelle particulière : si l'on définit l'information comme une donnée susceptible d'être transmise d'un émetteur E vers un récepteur R, alors l'expérience montre que la conscience sort du champ de cette définition, puisque la "rougeur du rouge" (pour un interlocuteur), l'intensité de la douleur (chez le nouveau-né par ex.), ou l'état conscient lui-même (chez l'animal par ex.) ne sont pas directement communicables à l'observateur. En revanche, bien que non-transmises, ces données sont bien pour l'individu qui les perçoit en lui-même des faits informationnels à partir desquels il lui est possible de dériver un comportement, une conclusion, etc.


La modélisation des processus communicants permet l'analyse fine de ces états informationnels transmis et non-transmis : un ensemble de deux machines de Turing universelles notées MTE et MTR échangent des chaînes binaires (x) selon un code sur lequel elles sont implicitement accordées. Tout x de longueur l(x) a une description , qui est sa complexité algorithmique, notée C(x) <= l(x) + O(1).
Un processus de communication est effectif à trois conditions :

  1. Les messages sont discernables, donc dénombrables. D'une part, le récepteur peut discerner des chaînes successives au cours d'une transaction, ce qui implique que le code soit préfixé, de complexité K(x) = C(x) + C(C(x)) + O(C(C(C(x)))). D'autre part, l'extension au continu de la fonction K(x) fait apparaître une différence non nulle entre son évaluation algorithmique par E et son évaluation probabiliste par R. Cette différence, égale à l'inverse de la fonction d'Ackermann, montre que le calcul d'un code continu déchiffrable entre MTE et MTR serait arbitrairement difficile.
  2. Le processus termine. La terminaison est définie de diverses façons selon le protocole en vigueur. La nécessité d'une terminaison pour assurer l'effectivité de la communication implique que l'information I(x;y) contenue dans une chaîne-message (x) soit définie par rapport à une chaîne-référence (y) (i.e. la "clé"). Le message et la référence jouant des rôles symétriques, on doit avoir I(x;y) = I(y;x) = K(x) - K(x|y).
  3. L'algorithme de codage est explicite. Même si cette procédure est ensuite implicite, MTE communique à MTR (au moins une fois) non seulement la chaîne de référence y mais la description algorithmique de son programme de décodage. Le message explicitement transmis avec la chaîne x, ou transmis au préalable, est donc la chaîne (préfixée) <y,K(y)>. Ce message est de complexité Kc(x|y) = K(x|<y,K(y)>). Or on montre que la fonction Kc(x|y) n'est pas co-énumérable : derrière tout ensemble dénombrable de messages existe donc une part non dénombrable de conventions implicites.

De la contradiction entre les points i) et iii), on conclut que, dans un ensemble de systèmes échangeant des messages (neurones, circuits logiques, individus, ...) une part implicite irréductible, qui n'est pas susceptible d'une description exhaustive, rend donc des messages aussi élémentaires que OUI et NON impossibles à délivrer complètement de toute ambiguïté. Ceci tendrait à infirmer l'hypothèse fonctionnaliste, dans la mesure où la signification des messages dépendrait (de façon non-énumérable) du contexte physique commun dans lequel ils opèrent.


Jean-Pierre ROSPARS

Unité de Biométrie, INRA, 78026 Versailles Cedex, rospars@versailles.inra.fr

NEUROBIOLOGIE DE LA CONSCIENCE: ENTRE QUANTA ET QUALIA
Peut-on raisonnablement concevoir la conscience comme une propriété "émergente" du système de neurones interconnectés qu'est le cerveau ? Autrement dit la neurobiologie est-elle nécessaire et suffisante pour comprendre ce qu'est la conscience?


Pour tenter de répondre à cette question il est utile d'analyser la conscience en ses constituants élémentaires, au premier rang desquels figurent les qualia. Ceux-ci sont les matériaux de base (couleurs, sons, odeurs etc.) dont la conscience se sert pour représenter le monde. Ils résultent d'une double traduction. La première, qui a lieu au niveau des organes sensoriels, transforme les signaux physiques (ondes électromagnétiques, variations de pression, molécules) en trains de potentiels d'action conduits jusqu'au cerveau. Là, une seconde traduction s'opère qui convertit ces impulsions codées en qualia; contrairement au sentiment né d'une longue habitude, notre perception du monde n'a rien d'immédiat, puisque la conscience en crée une "image" à l'intérieur de nous, qu'elle re-projette ensuite à l'extérieur. L'onde électromagnétique de 700 nm de longueur d'onde n'est pas plus "rouge" que ne l'est le train de potentiels d'action d'un neurone du nerf optique. Le qualium "rouge" (ou de la "rougeur") est irréductible à l'un et à l'autre.
Peut-on concevoir que cette réalité "psychologique" résulte de l'interaction des neurones (ou de certains neurones) du cerveau sans nier cette réalité même ou sans attribuer au réseau de neurones des propriétés "occultes" qui ne font que déplacer le problème sans le résoudre ? Si la neurobiologie ne peut donner à elle seule la clé du problème, peut-on l'attendre de la physique qui en constitue le substrat ? Comment la conscience avec ses qualia, pensées, émotions etc. peut-elle s'inscrire dans le monde physique ? Plusieurs réponses (ou non réponses) sont possibles. Les unes, philosophiques (matérialisme, dualisme, panpsychisme etc.), dépendent de manière cruciale de la définition (généralement implicite) du mot "physique" et ne sont donc pas aussi éclairantes qu'il peut paraître de prime abord. Les autres, qui ont en commun de prendre appui sur la physique quantique, varient beaucoup suivant les auteurs et les éléments de conscience servant de point de départ à l'analyse. Ni les unes ni les autres ne permettent de conclure le débat mais au moins ont-elles le méritent de l'éclairer et de le concrétiser.
Au terme de cet examen, qui ne vise pas à l'originalité mais simplement à hiérarchiser les difficultés, il semble probable que la prise en compte sérieuse de la conscience en neurobiologie et en physique requerra une révision des deux pôles du débat. Il est encore trop tôt pour fixer le point d'équilibre et l'étendue de la révision des idées qui en résultera.


Gildas ROUVILLOIS

Consultant

L'ESPACE-TEMPS THEATRE DE LA CONSCIENCE
Selon la tradition indienne, exprimée en termes contemporains par Shri Aurobindo (1872-1950), le statut originel est celui de la Réalité non temporelle et non spatiale. L'espace et le temps seraient la même réalité s'étendant elle-même pour contenir le déploiement de ce qui était au dedans d'elle. Nous sommes conduits à considérer l'espace comme une extension statique où toutes les choses se tiennent ou se meuvent ensemble; nous voyons le temps comme une extension mobile mesurée par le mouvement et l'événement. Un espace purement physique pourrait être considéré comme une propriété intrinsèque de la matière, mais la matière est une création de l'énergie en mouvement, c'est à dire de la conscience-force pour les penseurs de l'Inde.


Nous trouvons dans la conscience cosmique un point de jonction où la matière devient réelle pour l'esprit, et l'esprit réel pour la matière. Si l'esprit est la réalité fondamentale, le temps et l'espace doivent être des conditions conceptuelles où l'esprit voit son propre mouvement d'énergie, conditions différentes selon le type de conscience envisagé (voir aussi les analyses de Kant). En d'autres termes, il y a un temps et un espace différents pour chaque condition de notre conscience, avec des mouvements appropriés.
D'une certaine manière, l'espace mental et l'espace matériel sont l'extension spirituelle originelle, mais traduite par le mental pur en un champ mental subjectif, et par le mental sensoriel en un champ objectif de perception sensorielle. En fait, espace et temps sont des états d'être où le mouvement de la conscience manifeste les faits et les événements. Le rapport entre la conscience qui voit les événements et la force qui leur donne naissance détermine le sens du temps et façonne notre prise de conscience du mouvement et de la mesure.
A la suite des travaux des dernières décennies, les voies d'accès à l'intelligibilité du réel que constituent les sciences physico-mathématiques et les sciences neuro-physiologiques nous livrent des clés prometteuses que l'on peut utilement rapprocher des conceptions traditionnelles (celles de l'Inde en particulier). Nous voyons émerger de notre analyse une conscience-force ou énergie créatrice transcendante, qui s'expanse en construisant ses propres représentations à bases d'espaces-temps (en mathématiques, on dirait des "variétés") à toutes les échelles. Au niveau le plus élémentaire, cette tendance auto-organisatrice se manifeste par l'apparition de certaines régularités dans les phénomènes aléatoires - l'ordre au sein du désordre, en quelque sorte: écoulements, sillages, réactions périodiques, etc ... A un niveau plus élevé, on peut expliquer les propriétés des organismes vivants par l'exercice de la même tendance auto-organisatrice, dont on peut donner des représentations mathématiques (réseaux de Kohonen, par exemple) et que l'on peut suivre à la trace dans l'apprentissage du langage structuré. Mais plus on s'élève dans la complexité des phénomènes et dans la hiérarchie des êtres vivants, et plus on est conduit à se poser la question fondamentale: quelle marge de liberté reste-t-il à l'être vivant et intelligent - l'homme en particulier - si la nature intelligente et auto-organisatrice construit les structures de la manifestation et tisse la trame des événements?


Gérard SABAH

Groupe Langage et Cognition, LIMSI, B.P. 133, 91403 ORSAY Cedex, gs@limsi.fr

LE MODELE CARAMEL: VERS UNE IMPLEMENTATION DE CERTAINS ASPECTS DE LA CONSCIENCE?
Nous présenterons tout d’abord rapidement quelques points de vue concernant l’étude scientifique de la conscience en soulignant les intérêts principaux, qu’en tant que chercheur en intelligence artificielle, nous percevons dans ces travaux:

Ces idées nous semblent importantes pour le rôle de coordination et d’unification qu’elles donnent à la conscience et parce que certaines ont des fondements très proches de l’intelligence artificielle distribuée, domaine très prometteur pour tout ce qui concerne la réflexivité et une première approche informatique de la conscience. Enfin, le modèle d’Edelman nous semble particulièrement prometteur, d’une part parce qu’il englobe l’ensemble des processus cognitifs (des perceptions au langage et à toutes les fonctions supérieures), et d’autre part parce qu’il est suffisamment précis pour déboucher sur nombre d’idées neuves pour les mises en œuvre informatique — en particulier pour tout ce qui concerne la sémantique et la question de l’ancrage des symboles.
Nous présenterons alors les idées essentielles de CARAMEL (Compréhension Automatique de Récits, Apprentissage et Modélisation des Échanges Langagiers), qui était initialement un modèle général de traitement automatique des langues destiné à des applications très diverses (dialogue, compréhension d’histoires, résumé, etc.). Depuis longtemps, le problème de la conscience nous semblait crucial, et plusieurs de nos publications montrent comment la réflexivité et l’intelligence artificielle distribuée permettent le développement de programmes capables de représenter leurs propres actions et de raisonner sur ces représentations pour adapter dynamiquement leur comportement, ce qui nous semble une nécessité pour les programmes de traitement automatique des langues.
Le besoin de processus non contrôlés nous est ensuite apparu, aussi bien pour des questions d’efficacité informatique que pour des raisons de validité cognitive. Nous avons alors proposé une extension des tableaux noirs (le carnet d’esquisses) permettant à de tels processus d’interagir en tenant compte de rétroactions de différents niveaux. Du point de vue informatique, le comportement émergeant des processus d’interprétation dans la mémoire à court terme constitue un mécanisme de décision non logique, fondamental pour expliquer la notion de pertinence, c’est-à-dire, le choix de l’interprétation la plus plausible dans le contexte courant. Il devient même indispensable si on fait l’hypothèse des mondes ouverts, car les critères de préférence sémantique semblent impossibles à gérer sans le support d’un ensemble d’axiomes hautement structurés (en leur absence, les méthodes logiques pour filtrer ou comparer les interprétations concurrentes perdent une grande partie de leur efficacité).
Pour établir un lien cohérent entre ces deux niveaux de traitement, la conscience devait bien sûr jouer un rôle encore plus fondamental (le niveau conscient peut se concentrer sur les tâches les plus adaptées à un traitement rationnel, les autres problèmes étant filtrés au niveau subliminaire). Nous proposons donc ici un modèle cognitif général, et nous illustrerons son implémentation et ses fonctionnalités sur le traitement et l’apprentissage de la langue. Il a toutefois une ambition plus générale, ce que nous tenterons de montrer en conclusion.
Nous proposons alors la nouvelle interprétation du sigle CARAMEL : Conscience, Automatismes, Réflexivité et Apprentissage pour un Modèle de l’Esprit et du Langage. Nous sommes bien entendu conscient (!) qu’il s’agit là d’une vision outrageusement simplifiée de la conscience humaine, mais néanmoins, cette première approche vise à montrer que certains aspects utiles n’en sont pas si impossibles à mettre en œuvre sur machine que d’aucuns peuvent l’affirmer.


J.C. TABARY

L'ELOGE DE LA CONSCIENCE CEREBRALE
La conscience (en anglais consciousness et non conscience) est définie comme le regard sur sa propre activité intentionnelle que peut effectuer un organisme, regard assorti d'une possibilité de modifier l'action engagée. L'autonomie biologique et la rétro-action permettent d'accorder à un organisme biologique suffisamment complexe, la possibilité d'exercer un tel regard. La distinction entre conscience primaire et conscience de soi permet de souligner ce caractère commun de la conscience qu'est la réflexion, le retour sur l'action intentionnelle. Ainsi apparaît la position hiérarchique de l'activité cérébrale consciente, au-dessus de l'activité automatique inconsciente. Mais le rôle de la conscience n'est pas seulement régulateur, il est tout autant créateur. Les corrections effectuées par la seule conscience expliquent le rôle structurant et créateur des formes, du vécu individuel au contact de l'environnement. Grâce à un processus de mémorisation sélective, la conscience dérive de l'organisation neurologique innée et en fonction de l'environnement rencontré, ce que nous appelons psychisme, systèmes conceptuels et réalité. Les principales conséquences éthiques de cette conception de la conscience cérébrale résident dans une réintroduction de la responsabilité individuelle et dans une relativité des données psychiques, condamnant a priori toutes les certitudes idéologiques, et bien entendu le déterminisme.


Patrice TERRIER

Laboratoire Travail et Cognition, UMR CNRS 5551, Maison de la recherche, Université de Toulouse-Le Mirail, 5 allées A. Machado, 31058 Toulouse Cedex 1, terrier@cict.fr

CE QUI CAUSE LA CONSCIENCE
Comme l'indiquent Baars et McGovern (1996), les théories cognitives récentes traitant de la conscience résolvent ce problème simplement comme il a été résolu depuis des années dans la littérature cognitive: on invoque un système exécutif qui traite les sorties de modules spécialisés... sans exposer les opérations réalisées par ce système exécutif.


Pour comprendre ce qui cause la conscience, il semble alors prudent d'utiliser la méthode expérimentale et de contraster les processus conscients et inconscients dans des domaines expérimentaux variés (Baars, 1994). Dans l'optique de la recherche d'un facteur causal, on ajoutera la contrainte suivante: le facteur pourra être suggéré comme étant un facteur causal si et seulement si il est en mesure d'expliquer à la fois les cas où les dissociations expérimentales se produisent et les cas où elles ne se produisent pas.
Nous observons que si l'on recherche un tel facteur explicatif dans différents domaines expérimentaux de la psychologie cognitive (apprentissage implicite, mémoire implicite, automaticité), un facteur s'impose (Terrier, 1997): la compatibilité des opérations de traitement réalisées par le sujet à deux moments dans le temps. La conséquence de la mise à jour de ce facteur serait que ce sont les opérations mentales qui sont conservées en mémoire; plus précisément, l'idée est que les opérations mentales précédemment appliquées au matériel se 'récapitulent'.
Outre les travaux de psychologie cognitive, pour qui la conscience est souvent considérée comme étant le produit du traitement de l'information, il y a certes des domaines connexes des sciences cognitives qui défendent beaucoup plus directement l'idée que la conscience est le produit du fonctionnement du cerveau. Dans ce cas, la proposition est-elle envisageable? Il semble bien (Libet, 1996) que ni l'identification d'une configuration neurale unique qui pourrait être impliquée sélectivement dans une activité précise, ni la possibilité de mettre en évidence une relation causale entre l'activité du cerveau et l'expérience consciente ne puissent être attendus des nouvelles techniques d'enregistrements (TEP, IRM. En outre, si les potentiels endogènes sont en corrélation plus directe avec l'expérience consciente que ces techniques (Libet, 1996), il semble clair qu'il n'y a pas pour autant de relation entre le fait de considérer que la conscience est le produit de l'activité du cerveau et le fait de chercher à localiser la conscience dans le cerveau (Young, 1996).
En réalité, la proposition selon laquelle la compatibilité des traitements est un candidat possible pour comprendre ce qui cause la conscience, n'est pas seulement envisageable à partir de données issues de la psychologie cognitive. Elle pourrait aussi s'appuyer, ne serait-ce qu'indirectement, sur des constats admis dans des disciplines connexes. Quant à la conséquence déjà évoquée de cette proposition, elle présenterait l'avantage d'être particulièrement cohérente avec des résultats récents qui montrent que le fait d'imaginer une action et le fait de réaliser cette action se traduisent de la même façon du point de vue de l'activité du cerveau (Decety, 1996).


Michel TROUBLE

tromi@wanadoo.fr

LA CONSCIENCE: LE POUVOIR DE CHOISIR
Pour approcher l'énigme de la conscience qui est un état indissolublement lié à l'existence de la matière vivante, nous considérons qu'il est essentiel de préalablement déterminer quelle est la (ou les) propriété fondamentale qui caractérise cette matière dite vivante, organisée. A cette fin, nous proposons la définition opérationnelle suivante:


Un système matériel est vivant si, pour assurer sa pérennité et son développement, il est capable d'établir des catégories stables, opportunistes, entre les différentes formes qu'il perçoit avec les capteurs qui sont à sa disposition.
Fort de cette définition du vivant, nous analysons ensuite quelle est la nature des mécanismes de perception qui permettent justement d'établir ces dites catégories. Ce qui nous amène à examiner comment se résout toute interaction entre le système – qui mesure – et les objets de son environnement. Nous établissons ainsi que le fruit de toute interaction est, comme dans la théorie quantique, un état de superposition. Et nous montrons qu'aucun processus physique ne peut résoudre cet état de superposition, de "confusion": le choix d'une solution particulière, c'est-à-dire la résolution de cet état de superposition – le collapse de la fonction d'onde en mécanique quantique – est un processus qui est logiquement irréductible à tout mécanisme physique quelle que puisse en être sa complexité.
Muni de ces éléments qui sont relatifs au principe de catégorisation des formes observées et à la nature nécessairement non-physique du principe de choix – lesquels choix sous-tendent ces dites catégories –, nous sommes alors conduit à faire la conjecture suivante qui porte à la fois sur la nature et sur la propriété fondamentale que doit au moins posséder cette conscience:
La conscience, qui contrairement aux objets matériels ne se trouve jamais dans un état de superposition, serait de la même nature, non-physique, que ce principe de choix qui permet la nécessaire réduction de l'état de superposition qui suit toute interaction physique. C'est ainsi qu'après une interaction avec une entité supposée être "rouge" ou "verte" (deux éventualités), le système matériel constitué par cette entité et par l'appareil de mesure qui l'observe est fondamentalement dans un état de superposition des deux propriétés "rouge" et "verte"; alors que l'observateur n'a conscience que de la couleur "rouge" ou de la couleur "verte".
Ainsi dotée de cette capacité – qui ne peut en aucun cas appartenir à la dimension matérielle –, de réduire les états de superpositions qui sont inhérents à tous processus physiques, la conscience serait alors la source unique de ces choix cohérents, opportunistes, qui permettent la formation des catégories (des classes d'actions) que nous avons dit être essentielles à l'émergence de tout système vivant et à son évolution.


Anne-Marguerite VEXIAU

Présidente de l'association Ta Main Pour Parler; tmpp@hol.fr

UNE APPROCHE DE LA CONSCIENCE PAR LA "COMMUNICATION FACILITEE" (CF)
Je pratique depuis plus de cinq ans une stratégie étonnante qui permet d'aider les personnes privées de parole à communiquer. Un partenaire appelé "facilitateur" soutient la main du patient qui peut ainsi taper à la machine des idées et sentiments profonds.


Les personnes taxées de déficience mentale sévère tiennent un discours élaboré qui dévoile une richesse intérieure insoupçonnée. De ce fait, la supercherie est souvent invoquée. D'autant que la déconnexion qui existe entre pensée et action crée un contraste saisissant entre leur niveau de compréhension et leurs aptitudes dans la vie quotidienne.
Plusieurs signes valident cependant que ce sont bien eux qui s'expriment: ils fournissent parfois des informations non connues du facilitateur et progressent sur le plan du bien être, de la communication et du comportement. Les progrès sont mesurables.
Certains faits sont surprenants: les sujets peuvent taper sans avoir appris à lire et ne regardent généralement pas le clavier. Certains s'expriment dans un état modifié de conscience, d'autres en phase d'endormissement. Les tout petits utilisent des mots érudits (vilipender, dichotomie...). Les non voyants tapent aussi vite que les autres, les sourds répondent aux questions sans aucun temps de latence. Les sujets semblent interpréter le monde extérieur à travers l'autre et non par les canaux sensoriels habituels. Ils sont même capables de dialoguer dans la langue du facilitateur alors qu'ils ne l'ont jamais entendu parler.
Tout se passe comme s'ils étaient "branchés" sur le cerveau du facilitateur et s'appuyaient sur son équipement moteur, sensoriel et psychique, sur son expérience, son savoir même, pour exprimer leur propre pensée.
Ils se reprennent les mots les uns aux autres, s'insèrent dans une histoire commune, y rajoutent des modifications ou épisodes. Ils se connaissent sans s'être vus et s'envoient des messages qui semblent passer au delà des mots et de la distance.
Comme les handicapés, les enfants "normaux" communiquent par la CF qui leur permet d'exprimer des choses indicibles oralement. On observe deux niveaux et deux styles de langage qui correspondent à des couches plus ou moins profondes de la conscience et convergent rarement: le premier est celui d'une expression consciente qui s'exprime par la parole ou l'écriture volontaires. Le second est celui d'un vécu affectif qui semble ne pouvoir s'exprimer que par l'intermédiaire d'un facilitateur. Le langage, riche en métaphores, est moins structuré, et permet difficilement de donner des informations concrètes très précises en réponse à des questions.

Conclusions

La CF montre que la conscience est intacte même chez les patients dont le cerveau est profondément lésé. J'ai reçu une patiente en phase de réveil de coma avec une atteinte gravissime du tronc cérébral, d'autres présentant une absence de corps calleux ou une lissencéphalie (absence de circonvolutions sur le cerveau). Tous sont conscients de leur handicap et expriment une grande souffrance.
La CF pose la question de l'interaction entre le cerveau et l'esprit et de la localisation de la conscience.
La CF objective les échanges inconscients entre deux êtres qui permettent à l'un de s'exprimer à travers l'autre. Elle met en lumière les liens télépathiques et le réseau souterrain qui relie entre elles toutes les personnes humaines.
La CF pose le problème de l'articulation entre les différents niveaux de pensée (consciente et inconsciente.) Elle ouvre des perspectives remarquables d'action thérapeutique et de recherche.


Louis-Marie VINCENT

GREC-B 56 av. Delattre de Tassigny, 62100 Calais, 101755.2457@compuserve.com

LA CONSCIENCE ET LA VIE
Les études sur la conscience sont actuellement focalisées sur les neurosciences qui semblent s’arroger désormais l’exclusivité de ce domaine. Leur problème majeur est de comprendre les relations entre une structure matérielle, réseau de neurones ou cerveau, et un élément non matériel désigné sous le nom de structure mentale, conscience, esprit, etc.


Mais pour traiter ce problème fondamental il existe d’autres approches que la vision neurologique.
L’une d’elles, dont les physiologistes comme P. CHAUCHARD, L. LAPIQUE ou G. VIAUD ont montré l’intérêt, a consisté à étudier le comportement des êtres les moins évolués tels que paramécies ou Volvox. Ils ont pu en conclure chez eux à l’existence d’un psychisme élémentaire.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les progrès liés au décryptage du code génétique, n’ont pas éclairé le problème du passage de l’inerte au vivant, au contraire. M. LEFEUVRE écrit à propos des origines de la vie:
« L’essentiel n’est pas la matière, mais la structure de cette matière. Les 3 millions de paires de nucléotides qui forment l’ADN d’une bactérie sont disposées dans un ordre rigoureux ». Il introduit ainsi, sans d’ailleurs la nommer, la notion d’information. Il qualifie l’explication par le hasard, y compris le chaos déterministe et « l’effet papillon », de « solutions miracles », qui ne sont que des aveux d’ignorance déguisés. Il conclue: « Une cause immatérielle sous-tendant les causes matérielles à l’ œuvre dans la nature s’imposera à notre esprit comme une exigence incontournable pour expliquer aussi bien l’univers que la vie ou la conscience. »
Ces réflexions suggèrent une autre approche de la conscience.
La conscience: qu’il s’agisse de mémoire, d’apprentissage, d’attention, de libre arbitre ou de notion du soi, peut s’analyser comme un traitement de l’information par l’individu. Non pas l’information au sens de Shannon, mais évidemment l’information dans son sens général de connaissance, appelée aussi «information significative », c’est à dire comportant un « signifiant» matériel et un « signifié », un sens, qui est précisément une structure mentale, non matérielle.
Certes aborder l’étude de la conscience sous l’angle de l’information et remplacer le terme de conscience par celui de « sens » ou de « signifié », ne résout pas pour autant le problème. Mais le placer sur le plan de l’information permet de le traiter par d’autres méthodes.
C’est en particulier le cas de la communication intercellulaire. Dans un organisme, la transmission d’informations entre cellules ou organes, a été très étudiée du point de vue de la biologie moléculaire, et les réactions chimiques qui sont mises en œuvre sont assez bien connues.
On peut montrer toutefois que la transmission de l’information ne peut être expliquée par les seules considérations stéréochimiques, mais qu’elle nécessite d’admettre l’existence du sens, interprété, compris par la cellule en tant qu’unité vivante.
Cette analyse confirme les observations mentionnées plus haut sur l’existence d’un psychisme élémentaire, et conduit à les généraliser à. tous les organismes dépourvus de système nerveux, tels que bactéries et protozoaires, mais aussi aux cellules et tissus animaux, auxquels on peut, dans une certaine mesure associer aussi des végétaux supérieurs.
Cela souligne l’intérêt qu’il y aurait à développer les études sur le comportement des êtres inférieurs, protozoaires et protophytes et très vraisemblablement sur celui des végétaux, abstraction faite de toute idée préconçue.
Notre conclusion sera que la conscience est indissociable de la vie, à tous ses niveaux. Et que l’on peut la considérer comme l’une de ses propriétés fondamentales.
Bien des points restent à préciser : Par exemple définir ce qu’on entend par conscience ou consciences? Définir ce qu’est la vie? Bien des questions restent posées et, surtout, à poser; par exemple: Pourquoi considère-t-on comme évident que la conscience soit l’apanage du vivant, et pourquoi les choses ne seraient-elles pas conscientes… et toute autres questions aussi stupides!


Dr. Eric WALLICH

ARSEC, Paris, wallich@easynet.fr

VERS UNE APPROCHE MICROPHYSIQUE DE LA CONSCIENCE
La conscience, concept qui reste à définir, se situe actuellement au carrefour des grands systèmes scientifiques spécialisés. Depuis peu de temps, à l’abord philosophique classique, sont venus s’ajouter les aspects cognitif, biologique et physique en particulier quantique.


C’est dans cette dernière perspective que nous rattachons la conscience à l’origine microphysique de l’esprit ou du « mental ». En effet ce dernier n’est plus explicable par le seul échelon cellulaire neuronal. Nous pensons qu’il existe des unités minimles mentales à l’échelle atomique, phénomènes qui ont des temps caractéristiques de l’ordre de la picoseconde (que nous avons pu démontrer expérimentalement chez le rat); de plus ces Eléments Nano-Mentaux de Représentation (ENMR) se comportent vraisemblablement comme des « fonctions d’onde » en mécanique quantique. Ces ENMR ont pour caractèristique d’être non-locales et de ne se définir que par leur seule réalité de type probabiliste.
Nous exposerons les conséquences de cette théorie pour la compréhension des fonctions cérébrales supérieures: telles que la pensée, la mémoire et l’apprentissage dont les rapports avec la conscience sont essentiels.
Nous définirons également la relation de la conscience avec les trois niveaux neuronaux du cerveau: l’atomique, le cellulaire et le locutoire auxquels correspondent respectivement les étages non-conscient, inconscient et conscient du mental proprement dit.
Pour terminer nous exposerons les travaux qui permettent d’envisager et la localisation possible de la conscience et sa place dans l’évolution animale dont rend compte l’équilibre proie-prédateur qui tout au long de la phylogénèse animale - de l’unicellulaire à l’homme - suggère bien la réalité de la conscience dont la dimension cognitive ne semble pas être le seul apanage de l’homme.
Nous conclurons sur les conséquences psychologiques et philosophiques qu’entraine ce nouveau paradigme microphysique de l’esprit et de la conscience.


Philippe WALLON

LA GENESE DE LA CONSCIENCE A PARTIR DU PREMIER ORGANISATEUR DE SPITZ (LE SOURIRE)
Spitz (en 1968) est un des premiers à avoir étudié la genèse de la conscience en tenant compte de l'inconscient. Henri Wallon (en 1934) était resté un rationaliste intuitif, ignorant les processus inconscients énoncés par Freud. Spitz, combinant ces deux approches, a examiné les états de "marasme", à la suite de manifestations d'"hospitalisme" (refus de nourriture, amaigrissement...). Il a montré l'origine de ces troubles: la carence de relations affectives, de la part d'infirmières n'établissant aucun contact véritable avec l'enfant. Il a énoncé plusieurs "organisateurs" de la personnalité, dont seul le premier nous intéressera ici, celui du "sourire".


Dès les premières heures de la vie, voire au bout de quelques jours, le visage de l'enfant s'éclaire d'une mimique, le "sourire des anges", qui n'exprime probablement rien qu'une satisfaction interne.

Suivant la qualité de son environnement, l'enfant peut se structurer plus ou moins bien, voire pas du tout. Dans le cas général, la mère s'acharne véritablement à faire sourire son enfant, utilisant pour cela tous les artifices, soulignant le caractère "primal" de ce processus: une secrétaire qui venait d'accoucher, corrigeant mon texte, est venue me dire: "Vous savez, mon bébé, il sourit vraiment!"


Vahé ZARTARIAN

Christian.paille@wanadoo.fr

EPISTEMOLOGIE D'UNE ETUDE DE LA CONSCIENCE
Aborder le phénomène de la conscience sous un angle scientifique oblige à une sérieuse réflexion épistémologique, faute de quoi l'on risque de se retrouver piégé, comme le chercheur qui , dans une histoire fameuse, conclut que les puces deviennent sourdes lorsqu'on leur coupe les pattes ! Les problèmes sont multiples, qui interdisent de transposer sans précaution les méthodes qui ont réussi dans d'autres branches, en particulier: la non-indépendance de l'observateur et de ce qui est observé, et la remise en cause de l'hypothèse d'une réalité existant au-dehors et indépendamment de l'observateur.


On sait qu'il n'est pas de recherche scientifique possible sans un certain nombre de présupposés sur la nature de la réalité. Ces présupposés sont généralement implicites. Or avec un sujet tel que la conscience, il est indispensable de les expliciter. Ce qu'on cherchera, et ce qu'on trouvera au bout du compte, sera bien différent selon que l'on concevra la conscience comme une simple émanation de la matière, ou bien comme une propriété supplémentaire de la matière, ou au contraire comme étant à l'origine de la matérialité du monde. Quelques éléments doivent aider à choisir l'hypothèse la plus riche de perspectives et collant le mieux aux faits. Par exemple:
L'analyse des phénomènes perceptifs, en particulier visuels et auditifs, révèle deux choses apparemment contradictoires :

  1. l'ensemble cerveau + organes sensoriels est indispensable pour créer le lien entre un monde supposé matériel et extérieur et le monde intérieur de la conscience, mais,
  2. il y a découplage total entre le sens de ce qui est perçu et le phénomène physique qui lui donne naissance ; ainsi, au niveau de l'expérience vécue, un son n'a pas du tout une nature vibratoire, pas plus qu'une couleur.

Le physicien Satoshi Watanabe, dans son théorème dit du " vilain petit canard ", a montré qu'il était impossible sur la seule base de critères physiques de trancher sur l'identité ou la différence de deux objets. Par conséquent, la capacité à discriminer des objets, ce que tout être vivant sait faire ainsi que des robots conçus par l'homme, relève nécessairement d'une dimension qui n'est pas matérielle.
Un élément supplémentaire permet d'aller encore un cran plus loin en suggérant que la conscience n'est pas une simple surcouche posée au-dessus de la matière. C'est le fait que la matière en son fond est complètement immatérielle, comme le montrent toutes les recherches inspirées de la théorie de la relativité et de la physique quantique. Le photon en particulier, à quoi se réduit finalement toute matière, se révèle doté de propriétés qui sont d'ordinaire attribuées à l'esprit et pas à la matière.
C'est en prenant simultanément en compte tous ces éléments, qui vont de la physique à l'intelligence artificielle en passant par la biologie, que l'on sera à même de formuler les " bonnes " hypothèses qui orienteront les recherches sur la conscience et feront progressé notre compréhension.


François ANCEAU

CNAM-CEDRIC, 292 rue St Martin, 75141, Paris Cedex 03, anceau@cnam.fr

LE "POINT D'ATTENTION" REPRESENTE-T-IL LE "MOI"?
Cette étude s'appuie sur une distinction précise entre les états conscients et les états non-conscients. Nous considérerons comme conscient, ou volontaire, tout processus psychologique ou toute action physique que nous pouvons commander dans chacun de ses détails: L'arrêter, le redémarrer ou le modifier lorsque nous le souhaitons, et ceci tout au long de son exécution. A l'opposé, une action ou une pensée que nous ne pouvons pas complètement contrôler, mais uniquement démarrer, ou qui démarre automatiquement, sera appelée non-consciente ou automatique.


Les propriétés de la pensée consciente nous conduisent à suggérer qu'il ne s'agit que d'un mécanisme de supervision qui n'exécute par lui-même aucune fonction ni aucun traitement de l'information. Il ne fait que contrôler l'activité de plusieurs assistants non-conscients tels que l'acquisition d'informations externes, l'exécution d'actions, le raisonnement, la mémorisation, etc... Ce contrôle de l'activité se ferait soit en lançant de telles actions soit en autorisant ou en inhibant (voir O. Houdé) des actions déjà initiées de manière automatique. Le mécanisme de la conscience ne serait qu'une fine couche de commande ajoutée sur un ensemble de mécanismes non-conscients largement majoritaires.
Plusieurs expériences suggèrent que la capacité de concentrer son attention pourrait être le mécanisme par lequel un processus mental conscient déclenche, autorise ou inhibe des actions automatiques. Elles nous conduisent à proposer que la pensée consciente pourrait être une extension du mécanisme d'attention volontaire.
Comme cela a déjà été suggéré par MI. Posner et MK. Rothbart, l'hypothèse du développement phylogénétique des fonctions conscientes à partir du mécanisme de l'attention semble raisonnable. Porter son attention sur une proie a certainement été le premier pas de cette évolution vers la pensée consciente. Déclencher, autoriser ou inhiber un mouvement de capture après un raisonnement élémentaire associant plusieurs stimuli pourrait être la seconde étape. Dans ce processus d'évolution, l'homme est probablement le premier qui ait pensé au sujet de sa propre pensée consciente. La pensée consciente pourrait donc n'être qu'une extension de la notion d'attention volontaire. Nous appellerons "Point d'Attention" le point focal du faisceau attentionnel.
Plusieurs auteurs ont déjà suggéré que la pensée consciente est purement séquentielle. Le déplacement du Point d'Attention en serait la cause. Au cours d'un processus de pensée ou d'action consciente, ce déplacement déclenche, autorise ou inhibe un ensemble de pensées et d'actions non-conscientes, qui évoluent en parallèle. Ces déclenchements, autorisations, inhibitions se feraient lorsque le point d'attention visite leurs "zones de déclenchement". Le déplacement de ce point dans l'espace mental pourrait être la résultante d'effets globaux tels que les affects, les pulsions, les événements externes, les sensations internes, etc... Ceux-ci pourraient être vus comme déformant une surface virtuelle sur laquelle se déplacerait, comme une bille, le point d'attention.
Vu sous cet angle, le point d'attention représenterait le "moi" dont il semble posséder les caractéristiques de localisation spatiale et de séquentialité.
Sur le plan neurophysiologique, cette théorie conduit à considérer le point d'attention comme la simple activation d'une petite zone dans une couche de neurones tous reliés par des fibres inhibitrices. De telles structures existent dans le NRT ainsi que dans la couche 1 du cortex. Précisément ces deux organes sont reliés entre eux par des connections dans les deux sens et sont sujets à des oscillations synchrones autour de 40hz. D'autre part, J. Skinner a montré que le NRT est directement impliqué dans les phénomènes attentionnels.
D'un point de vue informatique, cette théorie suggère que la séquentialité jouerait intrinsèquement un rôle clé dans la réalisation informatique des fonctions de haut niveau inspirées par la psyché humaine, ce qui va à l'encontre de la tendance à vouloir réaliser de manière massivement parallèle toutes les fonctions informatiques.


Emmanuel RANSFORD

ransford@etca.fr

Y A-T-IL PLACE POUR UNE THEORIE PANPSYCHIQUE DES PROCESSUS CONSCIENTS ?
Certains processus neuronaux s'accompagnent de conscience, d'autres non. Pourquoi? Cette question fondamentale demeure un redoutable mystère, sur lequel nous n'avons guère progressé. Et pourtant... il se pourrait que nous ayons déjà toutes les pièces du puzzle - il n'y aurait qu'à les assembler correctement pour que l'énigme soit résolue! Mais il se pourrait aussi que cela exige l'abandon du paradigme matérialiste. La démarche que je propose tente justement d'examiner s'il y aurait place, aujourd'hui, pour une approche à la fois scientifiquement acceptable et non strictement matérialiste du cerveau conscient.


Je prendrai l'exemple du panpsychisme (et en fait, du "crypto-proto-panpsychisme"...). Ce panpsychisme postule que tout grain de matière renferme une goutte de conscience. La "matière" devient alors une psychomatière, substance bi-dimensionnelle riche d'un double contenu, 'phi' (ou physique) et 'psi' (ou psychique). Les faits enseignent que cette goutte est farouchement indécelable! Cela s'explique si le 'psi' est très généralement inerte, ou latent.
Mais sous certaines conditions - que j'appelle les conditions paralantes - le 'psi'-sortirait furtivement de sa latence, pour s'éveiller et devenir actif. C'est alors que naîtrait une lueur d'esprit. L'idée sous-jacente est que le cerveau serait à la conscience ce qu'une lampe est à la lumière: le catalyseur d'une potentialité universelle, mais latente, de la matière ordinaire (qui est l'émission, soit de lumière, soit de conscience...).
Il y aurait donc - à l'instar de l'eau qui peut devenir glace - deux états possibles pour la psychomatière: un état à "psi" latent, et un à "psi" actif. Je les baptise matière et paral respectivement. Ce "psi" serait le support de la conscience. Plus exactement, il resterait préconscient dans son état latent, et ne contribuerait à la conscience qu'à l'état actif.
Il faut des myriades de photons pour obtenir un rayonnement décelable. De même, seul un nombre immense de lueurs d'esprit simultanées engendrerait des entités "macro-psychiques" complexes. La conscience humaine ne serait réalisée qu'à partir d'un certain seuil d'aggrégation du 'psi'. Elle serait ainsi une propriété émergente.
Je nomme supralité cette propriété d'agrégation. (Le "psi" s'aggrège ou se soude grâce aux liaisons suprales, qui le structurent et partant, lui permettent d'encoder de l'information). Le secret du cerveau conscient proviendrait alors de sa capacité à fabriquer du paral à grande échelle suprale, que j'appelle pour simplifier le paral supralé.
En résumé, la conscience serait liée au paral dont l'ampleur (suprale) est suffisante. Je traduis cela par la formule: {conscience = paral supralé}. Ce paral nécessite des conditions paralantes: on doit supposer que le cerveau est équipé de microstructures - que j'appelle les paralgènes - réalisant ces conditions.
On comprend alors la différence entre les traitements préconscient et conscient de l'information neuronale: le second, à l'inverse du premier, met en jeu l'action des paralgènes. Nous pouvons à présent conclure:

Le cerveau est l'organe de la conscience parce qu'il réalise du paral supralé, à grande échelle et en flux continu. Il doit cette propriété exceptionnelle à ses innombrables paralgènes.

Voilà qui résume la thèse panpsychique que je présenterai. Elle débouche sur des tests expérimentaux - et sur la conscience artificielle. (Cette dernière est implicite au panspychisme, puisque selon lui, les germes de l'esprit sont omniprésents dans la matière.)
Notons enfin que le paral et la supralité s'analysent en terme d'interactions, permettant et régissant le dialogue matière-esprit. De telles interactions laissent leur signature dans la matière. Il est intéressant de noter que le cadre matérialiste actuel empêche de les interpréter correctement: si ces signatures ont été identifiées, elles ne peuvent qu'être ininterprétables! L'on comprendrait alors pourquoi la physique quantique se débat en vain - depuis 1926 (plus de 70 ans déjà!) - dans des problèmes conceptuels apparemment insurmontables....