SUGARFIX

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No Government 43 Decembre 99

Je crois que nous sommes bien partis pour avoir une bonne petite série sur les groupes Marseillais dans No Gov'. Après P38 dans le dernier numéro, je vous présente maintenant un groupe dont le nom devrait vous être familier pour peu que vous ayez le bon goût et la bonne idée de vous intéresser aux productions Lollipop. Dans un grand élan de solidarité entre amateurs de sucreries, ce groupe et ce label réunis nous ont en effet gratifiés il y a quelque temps d'un CD intitulé "Are you guilty ?" qui a fait les délices de mes quatre heures entre autres, au point qu'on se les ait embauché pour une petite prestation sur notre compil "High voltage Vol1" (quoi, tu l'as pas encore ??? Aaargh...). en plus vient de sortir une nouvelle sucette, "Disconnected" qui est encore meilleure...!!! A consommer sans modération.

Historique des Sugarfix ?

Sugarfix existe depuis environ 2 ans. Il y a Tiou à la batterie, "Kruegger" et "Freedy" aux guitares - ces surnoms, c'était pour distinguer les 2 qui s'appellent Fred, mais là on vient d'en perdre un - et moi, Gilles, à la basse et au chant. On vient de Marseille et on fait du punk-rock. Et voilà.

Vous vous appeliez auparavant Blisters, pourquoi ce changement de nom ? le nouveau est-il un clin d'oeil à l'album des Dwarves ?

On a été obligé de changer de nom lorsqu'on s'est aperçu qu'il y avait d'autres groupes qui s'appelaient "Blisters". Et c'est Olivier, le chanteur des Gasolheads, qui est un furieux de punk-garage, qui nous a suggéré de prendre comme nom le titre de l'album des Dwarves "Sugarfix". C'est grâce à lui que j'ai découvert les Dwarves par la suite, et waouh ! La claque !

Quelques mots sur votre mini album qui est sorti l'année dernière ? Avec la distance, quells ont été la portée, les critiques et quel regard portez-vous dessus vous-mêmes ?

Ce mini-CD nous a permis de faire pas mal de concerts, de se faire un petit nom dans les zines et de nous prouver qu'on pouvait passer le stade des répétitions dans la cave. Sinon, avec le recul, il y a pas mal de trucs qu'on voudrait modifier, mais bon, dans l'ensemble, on est assez content. Le seul truc, c'est qu'il sonne mélodique et qu'entre-temps, on a un peu changé de voie, on est revenu à des bases plus punk-rock.

Quels sont les sujets abordés dans vos textes, au besoin en en prenant quelques-uns sous la loupe ?

Si tu prends "I'm not one of yours", par exemple, ça parle clairement du FN et du dégoût que m'inspire ce parti de merde, ramassis d'abrutis frustrés et nationalistes. Le nationalisme reste un danger premier pour l'humnité à combattre absolument. Ca reste un des trucs qui me foutent le plus de la trouille. Sinon, les textes sont souvent des coups de gueule, des constats : ça va des dangers du capitalisme et de mon ex qui m'a largué à ma dernière biture... bref, c'est assez large.

Comment s'est faîte votre collaboration avec Lollipop ? Vos relations sont, je suppose, loin d'être strictement "disquaires" ?

On va être franc : Steph de Lollipop est un ami, mais je pense pouvoir t'affirmer qu'il n'aurait jamais sorti notre CD s'il n'aimait pas ce qu'on fait. On est assez fier d'être fier sur Lollipop qui est un véritable label indépendant. J'ai tendance à rigoler quand je vois un CD punk-rock avec le logo du Conseil régional de ci ou ça au dos. Steph se débrouille sans subventions et je trouve ça assez fort. Notre album, en Septembre sort aussi chez Lollipop.

Le chant en anglais, hormis par goût, est-ce que c'était pour éviter de chanter avec l'accent marseillais (gag) ? pensez-vous que l'utilisation de l'anglais dans les chansons crée un réel internationalisme dans le rock ?

Le chant en anglais vient tout simplement du fait qu'on n'écoute que du punk-rock aglo-saxon. de plus, même les groupes français que l'on adore, tels que Burning Heads, les Bushmen, ou Jerky Turkey, ont tous un chant en anglais. Ce n'est même pas une question d'internationalisme puisque la plupart du temps, les gens ne comprennent rien à mes textes (l'accent marseillais sur de l'anglais, ça tue !). c'est juste que pour moi, le chant en anglais est naturel et logique.

La scène marseillaise n'a jamais eu la réputation d'être particulièrement rock, pourtant, depuis à peu près 2 ans, il semble qu'il y ait floraison... comment voyez-vous la chose ?

C'est vari qu'à Marseille, si tu es intermittent du spectacle, il vaut mieux faire du ragga ou du rap, tu auras moins de difficultés à courir le cachet que si tu fais du punk-rock ! Mais c'est vrai que depuis quelque temps une scène rock s'est créée, regroupant plusieurs styles, du garage à la Oi en passant par le hardcore. Et même si cette scène n'est pas encore très développée, elle est très active.

Rock mis à part, vu de l'exterieur, on a toujours l'impression qu'être marseillais est vécu comme identité à part entière par la plupart des habitants de la ville. Y-a-t-il réellement une "fierté marseillaise" et quelle est votre attitude là-dessus ?

Il y a pas mal de clichés qui traînent sur Marseille, mais c'est vrai que c'est une ville avec une forte identité. je pense que c'est la pluralité culturelle de Marseille qui fait sa force et son identité. Mais même si nous on est assez fier d'être de Marseille, le regionalisme exacerbé nous casse profondément les couilles : les conneries indépendantistes ou ce genre de trucs... On se sent "terriens" avant tout.

Comment vous situez-vous dans la scène française ? Avec quels groupes ou autres êtes-vous liés ?

Où on se situe ? J'en sais rien. Entre Dolly et Lofofora peut-être ?... non je déconne ! On est bien évidemment liés avec pas mal de groupes de la région, notamment Gasolheads, Romeo Is Bleeding, P38, Sweet Children, mais aussi les Jerky Turkey de Bordeaux ou Exxon Valdez de Strasbourg (salut les gars!). On a aussi gardé des contacts avec Joe Strummer et Social Distortion...

Quels sont selon vous les aspects ou évolutions positifs et négatifs de la scène française dans sons ensemble ?

Musicalement, tu as plein de groupes excellents et qui sont d'une intégrité absolue, les Bushmen, les Burning Heads ou encore les TV Killers, chacun dans leur coin. Sinon au niveau des structures, que ce soit pour les salles de concerts ou la distribution par exemple, il ya encore un boulot énorme... Mais bon ça viendra, je pense.

Enfin la question traditionnelle posée à tous les groupes marseillais : la sardine bouche-t-elle toujours le vieux port ?

Fuck la sardine !

 

Rockmixer 2 Juin 98

Depuis un peu moind de trois ans, un nouveau label indépendant a vu le jour sur Marseille, il s'agit de Lollipop. Après une compilation très remarquée, Wild news from The World, et quelques split singles, Stéphane (le big boss) vient de signer un groupe de sa ville, les Sugarfix. Un sept titres Are You Guilty ? vient d'être édité, histoire de concrétiser cette alliance. Influencé par le hard-core mélodique et les riffs punks, le style se situe à mi-chemin entre le Clash et Good Riddance. Betty Page orne la pochette du livret, un flingue dans les mains comme si ma strip-teaseuse s'était transformée en terrosriste. La fraîcheur et l'innocence sont sans doute deux des qualités principales de ce CD, qui nous l'espérons n'est que le premier d'une longue série.