LE CHE - BIOGRAPHIE DETAILLEE...                                 libertyworld

                                                    * Le Che - Biographie rapide

                                                    * Texte

                                                    * Traductions

                                                    * Réflexions

                                                    * Coup de gueule

Depuis les années 60, Ernesto Guevara est le symbole par excellence de la résistance révolutionnaire contre le capitalisme et l’impérialisme – ce qu’on appelle aujourd’hui hygiéniquement la « globalisation ». Aussi, les pouvoirs établis – aidés en cela par les médias – font tout ce qui est en leur pouvoir pour détruire ce symbole ou le récupérer. On le présente comme un doux rêveur, un aventurier, une personnalité faible, un politicien incompétent ou un dirigeant de guérilla raté. En d’autres termes, un homme aux bonnes intentions, peut-être, mais sans habileté politique, un raté. Certainement pas le modèle à suivre.

Telles sont les images du Che fabriquées par les écrivains, journalistes et intellectuels au service du grand capital. Mais on découvre un tout autre Che quand on lui donne la parole, sans intermédiaire. On rencontre alors une personnalité forte, mûre, au vaste bagage intellectuel, à la vision politique fortement développée. Ernesto Guevara est sans aucun doute la figure la plus marquante de la tradition révolutionnaire latino-américaine des années 50-60. Sa pensée est le résumé du meilleur de la pratique révolutionnaire de cette période sur le plan mondial.

Le Che a peut-être été une personnalité hors du commun, mais les circonstances qu’il a connues ne l’étaient pas moins. Che est indissociablement lié aux révolutions de Cuba et du Congo. Toute révolution produit ses propres dirigeants, les forme et leur confère leur maturité. Les dirigeants révolutionnaires amassent des trésors de connaissances à travers les défaites et les victoires, à travers des milliers de discussions sur des questions vitales. Ils sont forgés à travers la lutte de milliers, souvent de millions d’ouvriers et de paysans. C’est ce qui fait d’eux de grandes personnalités. Par conséquent, il est également important de ne pas tant considérer ce médecin argentin en tant qu’individu, en tant que personnalité unique dotée éventuellement de talents exceptionnels, que comme le fruit longuement mûri d’un processus révolutionnaire.

Un coffre plein de livres

Che lisait beaucoup. Adolescent, Che a systématiquement choisi de lire les ouvrages d’orientation marxiste de la bibliothèque de son père. Plus tard encore, il écrit à ce sujet : « On doit être marxiste de la même manière que l’on est newtonien en physique, ou ‘pasteurien’ en biologie. (...) Le mérite de Marx est d’avoir effectué un bond qualitatif dans l’histoire de la philosophie sociale. Il interprète l’histoire, explique sa dynamique et prévoit l’avenir. En outre, il va plus loin que son simple devoir scientifique, il formule un concept révolutionnaire: il ne suffit pas de comprendre la nature des choses, il est aussi nécessaire de les modifier. L’homme cesse d’être l’esclave et l’instrument de l’histoire pour devenir l’architecte de son propre avenir. »

Le marxisme apporte les meilleures réponses aux nombreuses questions auxquelles il est confronté dans sa jeunesse. Pourquoi y a-t-il tant de misère ? Pourquoi le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse-t-il de se creuser ? Pourquoi la voie non-violente a-t-elle échoué au Guatemala et pourquoi les Nord-Américains sont-ils tellement actifs dans le reste du continent?

Mais ce qui l’inspire le plus, c’est la révolution russe. Che est un des rares révolutionnaires latino-américains à avoir lu les écrits de Marx, Engels, Lénine et Staline. On le retrouve en 1964 : « C’est le petit père Staline qui m’a amené au communisme et personne ne viendra me dire que je ne puis lire Staline. Je l’ai lu à une époque où il était très mal vu de le lire. C’était une autre époque. Et parce que je ne suis déjà pas très malin, et qu’en plus je suis un cabochard, je continue à le lire aujourd’hui encore; dans cette période nouvelle, maintenant qu’il est encore plus mal vu de le lire. Et tant à l’époque qu’aujourd’hui, je découvre chez Staline toute une série de choses qui sont très bonnes. Il convient de considérer Staline à partir du cadre historique dans lequel il évolue, il ne faut pas se contenter de le considérer comme l’une ou l’autre brute, mais au sein de ce cadre historique particulier. » (E 48)

Ce sont des propos étonnants. Conséquence de la propagande de la Guerre froide : beaucoup considèrent la révolution russe comme quelque chose de pernicieux. Surtout Lénine et Staline sont présentés comme des personnages cruels et inhumains. Che en propose une tout autre image, carrément opposée à la propagande anticommuniste à laquelle nous sommes habitués. Che considère la révolution russe comme un événement positif. Il considère même la révolution russe – et, plus tard, la révolution chinoise – comme la principale école pour de futures révolutions. Aussi estime-t-il indispensable de les étudier.

L’étude est une composante de la discipline révolutionnaire du Che. « Nous devons persévérer dans la tâche qui est depuis quelque temps déjà la parole des jeunes communistes: ‘L’étude, le travail et le fusil’. » (O 367)

Ne te laisse pas prendre

A plusieurs reprises, Che a été confronté personnellement à la brutalité de l’impérialisme. Au Congo, en 1965, il lutte aux côtés des révolutionnaires. Pour réprimer la révolte dirigée par Mulele, des paras belges et des mercenaires sont déployés. Cette opération sanglante coûte la vie à des centaines de milliers de Congolais. Quelques années auparavant, les Français avaient déjà essayé d’empêcher l’Algérie d’accéder à l’indépendance en recourant à la violence brutale.

A ce propos, Che écrit : « Ces événements nous enseignent deux choses. En premier lieu, la bestialité de l’impérialisme, qui ne se confine pas à une frontière précise ou à un pays précis. Les hordes hitlériennes étaient des bêtes, tout comme les nord-américains sont des bêtes aujourd’hui, ou les paras belges, ou les impérialistes français en Algérie. Car c’est la nature de l’impérialisme qui transforme les hommes en bêtes, qui les mue en bêtes de proie assoiffées de sang prêtes à trancher des gorges, à assassiner. » (H 270)

Mais l’impérialisme est un loup dans une peau de brebis. Il camoufle souvent sa brutalité sous de faux arguments et de belles paroles. L’impérialisme se retranche derrière le droit international ou les Nations Unies, il jongle avec les « droits de l’homme » ou la nécessité d’interventions « humanitaires ». La révolution congolaise est réprimée, en partie grâce à l’intervention des Nations Unies. Lumumba, le premier président démocratiquement élu du Congo, est assassiné d’une manière particulièrement horrible. Che n’est pas naïf et sait très bien quel rôle jouent les institutions internationales : « La statue de Lumumba (...) nous rappelle (...) que l’on ne peut pas faire confiance le moins du monde en l’impérialisme, aucune confiance, rien. » (H 270) « C’est sous le drapeau des Nations Unies que Lumumba a été assassiné au Congo. Et ce sont ces mêmes Nations Unies qui, selon les Etats-Unis, devraient inspecter notre territoire. Ces mêmes Nations Unies ! » (H 270)

Pas d’omelette sans casser d’œufs…

« Deux, trois, de nombreux Viêt-nam. Le mot est dit. » (O 584) La seule façon de venir à bout de la bestialité de l’impérialisme et de mettre un terme à l’insupportable misère des peuples, c’est de prendre les armes soi-même. « Nous ne pouvons ni ne devons entretenir l’illusion que nous pourrons conquérir la liberté sans avoir à lutter. Et ces combats n’auront rien de simples combats de rue opposant des pierres aux gaz lacrymogènes, ni de pacifiques grèves générales, et encore moins de la lutte d’un peuple en colère qui, en deux ou trois jours, aura été matée par l’appareil répressif des oligarchies au pouvoir. (...) C’est eux qui nous ont forcés à cette lutte; il n’y a rien d’autre à faire que de nous y préparer et de nous y lancer. (…) Cela veut dire une guerre de longue haleine, et je le répète une fois de plus, une guerre cruelle. » (O 595, 597)

Che n’était pas un garçon frêle, pas une mauviette. Il connaît la cruauté de l’adversaire. Il est conscient que seule une attitude inébranlable peut sortir les peuples du tiers monde de la misère. Ce n’est pas qu’il exalte la violence, dans certaines circonstances, il s’oppose à ce qu’on y recoure. Mais, tôt ou tard, une confrontation armée est inévitable. « La violence n’est pas la propriété des exploiteurs, les exploités eux aussi peuvent y recourir. Plus, même : au moment adéquat, ils doivent y recourir. » (O 166)

Aujourd’hui, la stratégie des réformes non violentes, démocratiques et progressives se résume dans le concept stratégique de la ‘société civile’. De l’avis du Che, une telle stratégie est une illusion mortelle. Le tribut annuel de la démocratie et des réformes pacifiques en Amérique latine se monte à 500.000 enfants. Le tribut du processus de démocratisation au Congo dans les années 90 (la Conférence Nationale Souveraine) s’élève à plus de deux millions d’enfants.

Une ferme conviction

« Le communisme est l’objectif de l’humanité. … C’est la société parfaite, l’aspiration profonde de l’homme à voir plus loin que le présent. » (B 41) C’est par étapes qu’on arrive au communisme. La première étape est le socialisme, mais c’est une étape de transition vers le communisme : « Nous nous trouvons (...) dans la première phase de la transition vers le communisme, ou dans la phase de construction du socialisme. Celle-ci se caractérise par une violente lutte des classes et par la présence en son sein d’éléments capitalistes qui viennent troubler la compréhension correcte de cette phase. » (O 376-7) Ce qu’il entend par là, il le résume très brièvement : « Pour nous, il n’existe pas d’autre définition valable du socialisme que la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme. » (O 575)

Cela suppose un certain nombre de choses. Pour commencer, le pouvoir de l’Etat (police, armée, administration) doit être aux mains de la classe des ouvriers et paysans. Si ce n’est pas le cas, la bourgeoisie – souvent avec le soutien des militaires locaux ou des Etats-Unis – reprendra très vite en mains le pouvoir. C’est ce qui s’est passé par exemple au Chili en 1973 et à Haïti en 1991. Deuxièmement, la bourgeoisie doit être éliminée en tant que classe. Sinon, le peuple n’a aucune emprise sur l’économie ou les médias. C’est ce qui a été fatal à la révolution nicaraguayenne en 1990, lorsque l’opposition bourgeoise – avec le soutien des Etats-Unis et grâce à l’obstruction économique et à la propagande médiatique – a vaincu les Sandinistes aux élections. Si l’on veut faire coller l’économie aux besoins de la population, il faut prendre soi-même en mains la gestion de l’économie (nationalisation) et fixer les priorités dans un planning central. Une éducation constante de la population est aussi nécessaire.

Che était avant tout un communiste. C’est sur base de cette vision de la vie qu’il devient ministre à Cuba, qu’il rejoint le maquis au Congo et qu’il entame la guérilla en Bolivie. Sa conviction communiste est au centre de sa vie. Et c’est précisément cet aspect du Che que la classe capitaliste trouve le plus dangereux. Un héros extrêmement populaire un peu rebelle, passe encore. Mais si, en plus, il est un communiste convaincu, il constitue une sérieuse menace. Aussi cet aspect de la vie du Che est-il anxieusement passé sous silence.

Prenez-vous parti, vous aussi ?

Une révolution ne peut jamais être menée à bien sans une organisation vigoureuse. « L’organisation est la clé qui permet de définir selon des lignes précises, sous formes d’idées précises, et de transformer en action (...) les initiatives qui émanent des dirigeants de la révolution. Sans organisation, les idées perdent de leur efficacité une fois que la première impulsion est passée. Elles tombent alors dans la routine, le conformisme et il n’en restera bientôt plus qu’un souvenir. » (O 163)

Che nous renvoie ici aux trois premières années de la révolution, qui se sont caractérisées par une très forte tendance à l’anarchisme. A plusieurs reprises, il a mis en garde contre cet anarchisme. Afin de l’éviter, il est nécessaire qu’existe un organe qui prenne sur soi et guide la direction de la révolution. Cet organe n’est autre que le parti communiste. Il ne se trouve ni au-dessus ni en dehors du peuple. Le parti communiste naît dans le giron même de la classe ouvrière, il en regroupe les forces les plus vives. « Le Parti est une organisation d’avant-garde. Les meilleurs travailleurs sont amenés à y adhérer par leurs camarades. Il constitue une minorité, mais en raison des qualités de ses cadres, il dispose d’une grande autorité. Il représente notre aspiration que se constitue un parti de masse, mais uniquement lorsque les masses auront atteint le niveau de développement de l’avant-garde. En d’autres mots, lorsqu’elles auront été formées au communisme. Et c’est vers cette éducation que s’oriente notre travail. Le Parti est l’exemple vivant, ses cadres doivent être un exemple de dévouement et de sacrifice, par leurs efforts, ils doivent amener les masses à remplir leur tâche révolutionnaire. Cela requiert des années de lutte acharnée contre les difficultés inhérentes à la construction (du socialisme), contre les ennemis de classe, contre les abus du passé, contre l’impérialisme. » (O 381)

Che se rend compte que le parti communiste est d’une importance capitale pour la construction de la révolution socialiste. C’est une opinion qui est partagée par … les Etats-Unis ! Afin de déstabiliser la révolution cubaine, tout est mis en œuvre pour amoindrir l’influence du parti en créant une prétendue « société civile ». Un scénario expérimenté avec succès dans les pays de l’ancien bloc de l’Est. A Cuba, par contre, il ne réussit pas.

Restez fidèles à vos racines

En 1989, le mur de Berlin tombe. Un à un, les anciens pays socialistes d’Europe centrale et orientale rejoignent le camp capitaliste. La surprise est complète. Pourtant, trente ans plus tôt, le Che avait déjà prédit que, tôt ou tard, la voie adoptée par l’Union soviétique finirait par rejoindre le capitalisme. La direction soviétique de l’époque laissait jouer le marché (la loi de la valeur) pour redynamiser l’économie planifiée. Une profonde erreur, estime Che. « Là où on applique la loi de la valeur, on introduit en fraude le capitalisme. » (E 37) Et tôt ou tard, le marché régnera en maître. C’est précisément ce qui s’est produit dans les années 60 à 80 dans les pays – à l’époque encore socialistes – d’Europe centrale et d’Europe de l’Est.

Comment en est-on arrivé là ? Manifestement, il ne suffit pas d’avoir un parti communiste qui tente de construire une nouvelle société. Il faut aussi lutter activement contre des conceptions en tous genres qui, à terme, peuvent miner la révolution. En 1958, Khrouchtchev prend en mains la direction de l’Union soviétique. Il rompt radicalement avec le cours de son prédécesseur, Staline. Des principes fondamentaux du marxisme-léninisme sont abandonnés ou profondément « révisés ». D’où le reproche de révisionnisme. Dès le début, le Che se rend compte que le pays s’engage sur une mauvaise voie. Il n’épargne pas ses critiques envers Khrouchtchev. Il lui reproche notamment ses relations coloniales avec les pays du tiers monde, son refus de soutenir les mouvements révolutionnaires, l’introduction de mécanismes de marché dans sa propre économie, etc.

Certes, il avait des critiques à formuler à l’encontre de Staline : il lui reprochait son culte de la personnalité et le fait qu’il avait négligé l’éducation communiste. C’est ce qu’il appela un « crime historique ». (E 49) Mais ces critiques n’étaient pas de nature à rejeter globalement la ligne de Staline, bien au contraire. C’étaient précisément la rupture avec Staline et les attaques contre sa politique par Khrouchtchev qui avaient ouvert la porte aux éléments libéraux et capitalistes : « C’est dans ce que l’on a appelé les erreurs de Staline que réside la différence entre un comportement révolutionnaire et un comportement révisionniste. Il (Staline) comprend le danger des rapports (de marché) mercantilistes et essaie d’en sortir progressivement en brisant l’opposition. La nouvelle direction (Khrouchtchev) par contre cède aux impulsions de la superstructure et place l’accent sur l’activité mercantile. » (E 48)

Che comprenait que le révisionnisme de Khrouchtchev n’était pas seulement néfaste pour l’Union soviétique mais également pour les mouvements révolutionnaires de son continent. Hormis en Colombie, les activités de guérilla de tous les pays d’Amérique latine étaient condamnées par Moscou. Lorsque Che entreprit sa guérilla en Bolivie, il fut trahi par le PC bolivien, ce qui déboucha sur l’isolement et la liquidation de ses activités.

Le révisionnisme est mortel pour un mouvement révolutionnaire. Le PC cubain l’a compris à temps. La rectification de Fidel Castro en 1986 constitua la réponse à la perestroika de Mikhaïl Gorbatchev. Ce fut une tentative de faire basculer la tendance révisionniste qui, à l’instar de ce qui se passait en Union soviétique, s’était développée au sein du PC cubain. Par la suite, il s’avéra que cette intervention n’avait pas été superflue, au contraire. La révolution russe, si puissante naguère, subit quelques années plus tard une implosion sans précédent, alors que l’île extrêmement fragile tenait bon en dépit du blocus économique et des agressions incessantes menées par son tout-puissant voisin.

Construire l’homme nouveau

Che comprend très bien qu’une révolution doit changer non seulement les structures mais aussi les gens. Ils doivent transformer leur individualisme et leur égocentrisme en altruisme et en engagement pour les autres. C’est seulement à cette condition qu’on peut construire une société nouvelle. C’est dans ce sens que le Che parle de l’« homme nouveau ». Celui-ci n’apparaît pas spontanément. « La nouvelle société en devenir doit en découdre avec acharnement avec le passé… C’est un processus qui demande du temps. » (O 371, 380)

Les anciennes habitudes et convictions qui proviennent de siècles de capitalisme sont profondément enracinés. On ne peut s’en débarrasser qu’à travers un processus de transformation et de prise de conscience de longue durée. Et ce alors que l’impérialisme n’hésite pas à harceler les esprits par sa propagande. Ainsi Che perçoit-il l’éducation idéologique comme une tâche d’une importance cruciale incombant à la direction révolutionnaire. « Afin de construire le communisme, en même temps que la base matérielle, il convient de créer l’Homme Nouveau. Par conséquent, il est très important de choisir les instruments adéquats afin de mobiliser les masses. (...) L’éducation directe est de toute première importance. » (O 372-3)

Le sort d’une révolution dépend pour une part importante de la ligne politico-idéologique que l’on suit. Une orientation idéologique solide conduit à des prises de décisions politiques correctes. Si le fondement idéologique est faible, à la première décision difficile, on loupera le virage. Che y a consacré un article détaillé dans le début duquel il fait référence à un principe de base de Lénine : « Sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de mouvement révolutionnaire. »

La révolution : pas pour des mauviettes

Une grande partie de la population mondiale vit aujourd’hui dans des conditions effroyablement misérables. Le vingtième siècle nous montre qu’il existe peu d’issues pour sortir de cette situation. Cette prétendue « troisième voie » si facile monte aujourd’hui à la tête de beaucoup de gens. On rêve d’une issue pacifique et progressive à la misère. Mais c’est un fantasme qui revient en fin de compte à se faire le chantre d’un « impérialisme à visage humain ».

Seul un bouleversement révolutionnaire peut mettre un terme à l’holocauste. Des pays comme Cuba et la Chine le montrent très clairement. Si toute l’Amérique latine proposait à sa population les mêmes soins de santé que Cuba, 370.000 enfants seraient sauvés chaque année et il y aurait 20.000 décès périnataux en moins parmi les femmes. La même comparaison vaut pour la Chine et l’Inde : une Inde socialiste parviendrait à sauver chaque année 1,7 million d’enfants.

Mais faire la révolution, ce n’est pas de la rigolade. Che place la barre très haut. Et l’histoire lui donne raison. « Dans des périodes faciles, il est facile d’être révolutionnaire. Le vrai mérite consiste à être révolutionnaire dans des temps vraiment difficiles », dit Fidel Castro. Che et une poignée de combattants ont entamé leur guérilla dans la Sierra Maestra au moment où presque personne n’y croyait. Che a rejoint Kabila au moment où la guérilla de celui-ci avait déjà reçu des contrecoups décisifs. Perdre courage, voilà une expression qui ne figure pas dans le vocabulaire du Che.

Son optimisme révolutionnaire inflexible est aujourd’hui un exemple pour qui veut engager la lutte contre la globalisation impérialiste inhumaine, pour qui ne recule pas face aux grands défis du 21e siècle.

« Ceux qui ont éliminé et fait disparaître le Che ne comprendront jamais qu’à cette époque, sa trace dans l’histoire était déjà indélébile. Son regard de prophète est devenu un symbole pour les milliards de pauvres à travers ce monde. (…) Ensemble, nous continuerons à lutter pour un monde meilleur. »

(Fidel Castro, 17 octobre 1997, lors de l’inhumation de la dépouille mortelle du Che et de ses camarades de la guérilla bolivienne.)

 

(tiré de "Solidarité Internationale" n°144.)

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