16/10/02 -- Occupation du conseil d'administration à l'Université de Bourgogne Ca bouge à l'Université de Bourgogne ! Voici le compte-rendu d'une action s'étant déroulée dans la journée, par un participant : Aujourd'hui, mercredi 16 octobre 2002, à Dijon, la Maison de l'Université a été le centre des luttes étudiantes ; si, depuis quelques années, les syndicalistes mettaient déjà en garde étudiantEs & travailleur/euse/s de l'Université contre les réformes engagées, leur colère pouvait sembler infondée, d'un point de vue peu informé, étant donnée la stratégie employée par les ministères successifs : pour éviter de massifs mouvements de protestation, ils mettent en oeuvre "en douceur", année après année, dans différentes universités, des mesures semblant isolées les unes des autres, mais qui participent toutes d'une même logique de fond, définie clairement depuis le rapport Attali, et devant aboutir à la rentabilisation de l'Université, à qui incomberait la tâche de former des esclaves jetables tailléEs sur-mesure pour l'économie capitaliste ; de la disparition progressive des filières jugées non-rentables à la professionalisation croissante des cursus, en passant par les crédits ECTS et les diplômes en 3/5/8, c'est bien une privatisation rampante qui guette l'Université. Mais ce qui pouvait ressembler à un récurrent serpent de mer surgit désormais au grand jour, et les étudiantEs ne s'y sont pas trompéEs, en venant nombreux/ses à l'Assemblée Générale qui a rassemblé une centaine de personnes à la Maison de l'Université, à l'appel des organisations syndicales étudiantes, qui ont depuis quelques jours effectué un intense travail d'information. A 14h30, illes ont investi la Salle du Conseil, afin de débattre du mode d'action adapté à la situation. Comme le Conseil d'Administration, plus haute instance de l'Université de Bourgogne, devait se réunir au même endroit une demi-heure plus tard, il a été décidé d'exiger le vote d'une motion repoussant l'application des réformes susmentionnées, tant que les étudiantEs et employéEs de l'Université n'auraient pas été largement informéEs et consultéEs. Une délégation d'une dizaine de personnes est donc restée assister au Conseil d'Administration, tandis que diverses discussions informelles s'engageaient au dehors de la salle, et que la tension montait dans la foule des étudiantEs présentEs, qui étaient pour bonne part directement concernéEs, car inscritEs dans des filières menacées. Étant donné que ces dernierEs étaient somme toute assez peu au fait de la gravité de la situation, le débat prit une tournure différente, sous la forme plus centralisée des questions/réponses. Y furent précisées les transformations en cours dans l'Université, citée la manifestation du lendemain "pour la défense du service public", et débattue la suite à donner au mouvement. Le point central d'information et de coordination devrait donc être, dans les prochains jours, la cafétaria du bâtiment Droit/Lettres, certainement secondée par d'autres lieux décentralisés, afin de toucher un public plus vaste. Il nous faut noter que l'allure des débats était celle d'une conférence avec, pour intervenantEs, quelques syndicalistes étudiantEs très informéEs sur les problèmes dont il était question. Vînt ensuite le moment où le président de l'Université nous annonça que notre motion était rejetée, mais que le Conseil d'Administration avait entendu nos revendications (sic) : une autre motion, concoctée dans un cadre autrement plus institutionnel, serait mise aux voix, et on nous fît de plus la promesse de nous mieux informer au fur et à mesure de l'application des réformes, mais, bien entendu, en nous mettant systématiquement devant le fait accompli, ce qui résume bien le dédain qu'ont les dirigeantEs de l'Université de Bourgogne pour les étudiantEs souhaitant être partie prenante des décisions à prendre. Après un quart d'heure de discussions tumultueuses entre les deux parties, lors desquelles les dirigeantEs de l'Université tentèrent clairement de nous endormir, le Conseil d'Administration repris son cours. A l'extérieur, l'AG décida, devant le mépris affiché par les instances dirigeantes, d'envahir la réunion pour y exprimer notre colère. Ce qui fut fait, sous les regards et exclamations désapprobateurs des "sages" souhaitant travailler pour notre bien, mais en notre absence ! S'ensuivit un débat quelque peu houleux, où l'on pût voir des éluEs professeurEs s'indigner de notre manque de respect des conseils "démocratiques", car acceptant en leur sein, bons princes, quelques éluEs étudiantEs, aux côtés des autres acteurs & actrices de l'Université, dont un digne représentant du patronat (!), autrement mieux accepté dans cette instance que les étudiantEs en colère que nous étions. Nous avons donc fait entendre nos revendications, au grand dam des éluEs étudiantEs issuEs des "associations de filières", corporatistes, réactionnaires malgré leur apolitisme de façade, et brillant par l'organisation d'activités "culturelles" que sont les beuveries leur permettant de laisser libre court à une pratique assidue du sexisme... et qui ne supportèrent pas que soit remise en cause leur "représentativité", acquise contre quelques annales & photocopies offertes à bas prix aux étudiantEs, grâce à de généreux sponsors capitalistes. Enfin, nous avons quitté la salle du conseil, en promettant aux tristes croque-morts de l'Université de revenir, autrement plus nombreux/ses, après avoir informé étudiantEs et employéEs de ce qui se tramait en coulisses. Cette action pourrait n'être que l'introduction d'une période de lutte au sein de l'Université de Bourgogne ; l'ampleur et l'efficacité de la mobilisation pourraient d'ailleurs être déterminées par la forme d'organisation qui sera choisie, car si le mouvement devait être confisqué par quelque avant-garde que ce soit, il va sans dire qu'il serait fort difficile pour les 26.000 étudiantEs de s'en sentir acteurs et actrices.