LE ROUGE ET LE NOIR


Résumé

 

 

1.-- REPÈRES HISTORIQUES:

Stendhal a emprunté son canevas initial à l'actualité, s'inspirant de
l'histoire d'Antoine Berthet, originaire du village de Brangues, étudiant
aux séminaires de Grenoble et de Belley, guillotiné à Grenoble, le 23
février 1828, pour tentative d'assassinat sur la personne de Mme Michoud.
De ce fait divers, Stendhal avait eu connaissance par les comptes rendus
proposés par _La Gazette des Tribunaux _, notamment les 28, 29, 30,
31 décembre 1827, et 29 février 1828. Ces textes sont reproduits en
appendice dans le tome II des _ Romans_, de la collection « L'Intégrale »,
Seuil, 1969, pp. 649-656. L'idée d'un roman serait venue à l'auteur en
octobre 1829 ; le titre du roman, en mai 1830 : le Rouge pour signifier
les idées républicaines de Julien; le Noir, la soutane qu'il porta un
moment. A partir du mois de mai, et jusqu'en novembre, Stendhal fait
composer par l'éditeur les chapitres au fur et à mesure qu'il les écrit.
L'impression est interrompue entre le 25 juillet et le 4 août 1830, pour
cause de révolution. Le 6 novembre, Stendhal part pour l'Italie, occuper
son poste de consul à Civita-Vecchia, où le nouveau régime l'a nommé.
L'édition originale, en 2 volumes, paraît au début de décembre 1830 ;
Stendhal n'a pas revu les épreuves des derniers chapitres avant son départ.
Une seconde édition, en 6 volumes, paraîtra en 1831.
Auparavant, Stendhal avait publié son premier roman : _ Armance _, en août
1827 ; son autre grand roman, _ La Chartreuse de Parme _ verra le jour en
avril 1839 -- deux textes accessibles sur le site de l'ABU. Stendhal devait
mourir à Paris le 23 mars 1842.



2.-- RESUME DU ROMAN :


LIVRE PREMIER

Chapitre 1 :
Description de la petite ville de Verrières. Son aisance. Portrait du
maire, installé depuis 1815 : M. de Rênal, propriétaire de la fabrique de
clous. Pour agrandir ses jardins, M. de Rênal a dû négocier ferme avec le
propriétaire de la scierie : M. Sorel, père de Julien. Tyrannie de
l'opinion à Verrières.

Chapitre 2 :
La promenade de Verrières (le Cours de la Fidélité), embellie par M. de
Rênal, enclenche une rêverie poétique de l'auteur : la vue sur la campagne
y est somptueuse, quoique l'autoritarisme du maire ordonne une taille
impitoyable des platanes tous les ans. Dans cette ville, l'utilité et
l'argent règnent en maîtres. Depuis peu, les notables redoutent l'arrivée
d'un Parisien, dont les dénonciations, dans les journaux libéraux,
pourraient leur attirer quelques ennuis.

Chapitre 3 :
Le Parisien en inspection est guidé par l'abbé Chélan, à qui les autorités
reprochent cette complaisance, qui pourrait lui coûter sa place. Pour
soutenir son rang, M. de Rênal songe à engager Julien Sorel comme
précepteur de ses enfants. Portrait de Mme de Rênal : une âme naïve, qui ne
s'avoue pas qu'elle s'ennuie auprès de son mari.

Chapitre 4 :
Pour négocier l'engagement de Julien, M. de Rênal rend visite au Père
Sorel. Au lieu de surveiller la scie, le jeune homme est en train de lire
le _ Mémorial de Sainte-Hélène _, activité odieuse à son père, qui ne sait
pas lire. Portrait de Julien, plutôt maladif, et qui hait son entourage
familial.

Chapitre 5 :
Lorsque son père lui annonce son engagement, Julien fait aussitôt connaître
qu'il n'acceptera pas de manger avec les domestiques -- opinion qui lui
vient de la lecture des _ Confessions _ de Rousseau. Négociation finaude du
Père Sorel avec M. de Rênal, au terme de laquelle il parvient à faire
monter appointements et avantages en nature. L'accord conclu, Julien part
au château, occasion de dévoiler ses projets ambitieux, et la conduite
hypocrite dont il les voile : dans cette époque de Restauration, il vise la
voie royale, qu'est la prêtrise. En passant par l'église, Julien y découvre
une coupure de journal relatant l'exécution à Besançon d'un certain Lurel,
dont le nom rime avec le sien. Chez elle, Mme de Rênal redoute, pour ses
enfants, l'arrivée d'un précepteur, sale et mal vêtu, qui les fouettera.

Chapitre 6 :
Sa stupeur à l'arrivée de Julien, dont elle remarque la beauté. M. de Rênal
transmet au nouvel employé ses instructions, et l'emmène chez le tailleur
pour lui acheter un habit noir : il ne doit pas être vu en veste par les
autres domestiques. Présentation de Julien aux enfants. Julien s'acquiert
une gloire instantanée en récitant par coeur des pages entières du Livre
Saint.

Chapitre 7 :
Julien commence à s'attirer la jalousie des domestiques, mais aussi de M.
Valenod, directeur du dépôt de mendicité, qui courtise Mme de Rênal.
Raisons pour lesquelles Mme de Rênal commence à s'attacher à Julien :
inexpérience de la vie, due à son éducation de couvent. Comme la vie de
province n'est pas guidée par les romans, tout y progresse plus lentement.
La vie de Julien se passe en petites négociations, comme l'art de faire
admettre à M. de Rênal de prendre un abonnement chez le librairie libéral,
sous le nom d'un des domestiques. Ignorante de l'amour, Mme de Rênal vit
ces moments heureux dans l'innocence.

Chapitre 8 :
A la suite d'un héritage, Elisa, la femme de chambre prétend épouser
Julien, mais celui-ci fait savoir que ce mariage ne lui convient pas.
Remontrances de l'abbé Chélan, surpris d'un tel refus, et joie de Mme de
Rênal lorsqu'elle l'apprend. C'est alors qu'elle commence à s'interroger
sur l'amour qu'elle pourrait bien porter à Julien. Avec les beaux jours, M.
de Rênal transporte sa famille dans son château de Vergy. On y fait la
chasse aux papillons, et Mme de Rênal se surprend à faire la coquette, sans
y avoir pensé. Bientôt, elle installe à Vergy sa cousine, Mme Derville.
Julien entraîne les deux femmes vers les points de vue sublimes de la
région. Un soir, par hasard, il vient à toucher la main de Mme de Rênal,
qu'elle lui retire aussitôt. Alors, Julien se fait un devoir de la
reconquérir.

Chapitre 9 :
Il aborde la situation comme une bataille à gagner. A dix heures sonnantes,
il passe à l'acte, et se saisit de la main de Mme de Rênal, qui en est
transportée. De manière inopinée, le lendemain, M. de Rênal se présente au
château. Il est venu faire remplacer les paillasses de la maison. Cette
nouvelle effraie Julien qui a caché dans son lit un portrait de Napoléon.
Il supplie Mme de Rênal de mettre ce portrait accusateur en sûreté, sans y
jeter un regard. Elle s'exécute, non sans ressentir les premières atteintes
de la jalousie.

Chapitre 10 :
En froid avec M. de Rênal, Julien sollicite un congé pour se rendre auprès
de l'abbé Chélan. Sur le chemin de Verrières, Julien laisse aller sa
sensibilité devant les beautés de la nature, et donne libre cours à ses
projets de destinée ambitieuse.

Chapitre 11 :
Julien se donne pour défi de prendre la main de Mme Rênal en présence,
cette fois, de son époux. C'est une autre victoire. Cependant sa vraie
passion est encore pour Napoléon. De son côté, Mme de Rênal commence à
passer par des alternatives de passion naïve et d'effroi moral devant ce
sentiment. Elle traverse une nuit de délire.

Chapitre 12 :
Au moment de partir pour rendre visite à son ami Fouqué, Julien est surpris
par l'accueil glacial de Mme de Rênal. Il décide de répliquer par la
froideur. Quand elle apprend le voyage de Julien, Mme de Rênal, blessée, se
met au lit. Cheminant dans la montagne, Julien s'arrête dans une grotte, et
s'y livre au plaisir d'écrire en liberté : ambitieuses rêveries de vie
parisienne. Après avoir brûlé ses écrits, Julien arrive à une heure du
matin chez Fouqué, qui lui propose de devenir son associé dans son commerce
de bois. Ayant évalué la proposition durant la nuit, Julien la refuse,
prenant prétexte d'une irrésistible vocation religieuse. En fait, il
redoute que plusieurs années de cette vie mercantile n'émoussent sa volonté
de parvenir.

Chapitre 13 :
De ce voyage, Julien revient mûri. Mme de Rênal se fait coquette, et à ce
détail, sa cousine, Mme Derville, comprend qu'elle est amoureuse. Comme
Julien paraît se détacher d'elle, Mme de Rênal va jusqu'à reprendre la main
de Julien. Ce geste le persuade qu'il est aimé. Il décide de faire de Mme
de Rênal sa maîtresse. Mais au lieu de répondre spontanément à la passion
de Mme de Rênal, il entreprend de la faire souffrir, par esprit de revanche
sociale : il lui laisse entendre qu'il devra quitter Verrières, parce qu'il
l'aime et que cette passion est incompatible avec l'état de prêtre. N'ayant
pas connu l'éducation sentimentale procurée par la lecture des romans, Mme
de Rênal croit pouvoir se jurer qu'elle n'accordera rien à Julien.

Chapitre 14 :
Avec gaucherie, Julien, qui se prend pour une Don Juan, s'efforce de mettre
en pratique un plan de séduction, et parvient à enlever un baiser à Mme de
Rênal, mais celle-ci en est effrayée. En présence du sous-préfet Maugiron,
Julien presse le pied de Mme de Rênal, qui parvientà tromper l'attention en
laissant tomber ses ciseaux. A Verrières, l'abbé Chélan déménage : il vient
d'être destitué et remplacé par l'abbé Maslon. Fâché par cette injustice
au sein de l'Eglise, et par prudence, Julien écrit à Fouqué pour se ménager
la possibilité de revenir au commerce.

Chapitre 15:
Julien somme Mme de Rênal de le recevoir dans sa chambre à deux heures du
matin -- mais il tremble qu'elle accepte. Le moment venu, il s'y rend, en
se demandant ce qu'il pourra bien y faire. En y entrant, il se jette à ses
pieds et fond en larmes. Sa maladresse l'aide à triompher des réserves de
Mme de Rênal, mais il ne sait pas goûter simplement le bonheur qui se
présente : il continue de se contraindre à jouer le rôle du séducteur. Mme
de Rênal, quant à elle, vit l'événement avec un déchirement moral.

Chapitre 16 :
Le lendemain, en société, Julien est la prudence même, mais sa froideur
alarme Mme de Rênal. Elle craint d'avoir découragé le jeune homme de
revenir dans sa chambre. Ce second soir, il commence à s'apercevoir des
charmes de Mme de Rênal, et à céder au plaisir d'aimer. En dépit de la
différence d'age qui inquiète Mme de Rênal, Julien, en peu de jours, tombe
complètement amoureux. De son côté, sa maîtresse s'émerveille d'un
sentiment qu'elle n'a jamais soupçonné auparavant. Elle imagine la vie
d'épouse qu'elle eût pu vivre à ses côtés. Julien est tenté de lui avouer
en confiance l'ambition de sa vie.

Chapitre 17 :
Julien regrette Napoléon, qui permit à la jeunesse pauvre de s'élever. Des
remarques de Mme De Rênal, il reçoit une première éducation sur la société
: intrigues pour la nomination du premier adjoint de Verrières ; réunions
de la Loge maçonnique. Mme de Rênal ne se lasse pas d'admirer l'avenir
qu'elle entrevoit pour Julien.

Chapitre 18 :
On apprend inopinément la venue d'un roi à Verrières. Aussitôt la petite
ville, en ébullition, se prépare à un défilé militaire. Julien s'imagine
que Mme de Rênal, toute occupée de préparatifs vaniteux, ne songe plus à
l'aimer. Il la surprend sortant de sa chambre et emportant un des ses
vêtements. C'est qu'elle a le projet fou de le faire nommer dans la garde
d'honneur et de lui faire tailler un uniforme neuf. Cependant, M. de Rênal
contraint le nouveau curé à accepter que figure l'abbé Chélan dans le
cortège. Il est en effet l'ami de M. de la Mole, le ministre, qui
accompagnera le roi. Et son tempérament satirique serait capable
d'infliger un soufflet à l'administration municipale, s'il ne rencontrait
pas l'abbé Chélan. Lors de la cérémonie, la présence de Julien parmi les
gardes fait sensation et suscite l'indignation. Julien, lui, est au comble
de la joie ; il se prend pour un officier de Napoléon. En peu de temps,
Julien court se changer pour revêtir l'habit ecclésiastique, afin de se
trouver à la cérémonie de vénération des reliques de Saint Clément. Là, le
clergé réuni attend l'évêque d'Agde qui doit montrer les reliques au roi.
L'abbé Chélan, en tant que doyen, est dépêché pour le chercher ; Julien
l'accompagne. Errant dans l'antique abbaye, Julien parvient dans une salle
où le jeune évêque, placé devant un miroir, s'exerce aux bénédictions.
Julien se propose d'aller chercher sa mitre, qui a souffert du transport.
Fasciné par les manières charmantes de l'évêque, Julien l'accompagne lors
de la cérémonie, qu'il trouve magnifique. Son ambition ecclésiastique s'en
trouve ravivée. Pour la première fois, Julien aperçoit fugitivement M. de
la Mole. Plus tard, il accompagne l'abbé Chélan jusqu'à la chapelle
ardente. Splendeur éblouissante de la mise en scène, et exhortation
rhétorique de l'évêque aux jeunes filles dans l'assistance.

Chapitre 19 :
Ce qui surnage de cette fête, c'est l'indignation contre Julien, et contre
Mme de Rênal, qu'on suspecte d'avoir favorisé l'épisode de l'habit
militaire. A peu de temps de là, le fils de Mme de Rênal tombe malade, et
cette maladie suscite les remords de sa mère, désormais consciente de sa
faute. Elle demande à Julien de fuir cette maison, rendant sa présence
responsable de son malheur familial. Un jour que l'enfant estau plus mal,
Mme de Rênal se jette aux pieds de son mari, sur le point de lui avouer sa
liaison. Mme de Rênal est alors prête à une humiliation publique pour
sauver son fils. Julien parvient à la dissuader d'une telle démarche. Il
propose de faire lui-même retraite à l'abbaye ; au bout de deux jours, il
est rappelé. Stanislas guérit, mais les remords restent. Julien tombe alors
dans toutes les folies de l'amour. Cependant, Elisa, la femme de chambre,
révèle à Valenod la liaison de sa maîtresse, et le lendemain, une lettre
anonyme en avertit M. de Rênal.

Chapitre 20:
Pour l'entretenir de cette lettre anonyme, Mme de Rênal tente de se rendre,
de nuit, à la chambre de Julien. Mais celui-ci croit prudent de la lui
refuser. Aussitôt, Mme de Rênal lui écrit une lettre, où elle expose un
plan de défense contre la lettre anonyme : elle demande à Julien d'en
écrire une à son époux, dont elle dicte les termes. Julien se retirera à
Verrières, courtisera la bonne société et fera croire que Valenod est sur
le point de l'engager, comme précepteur de ses propres enfants. M. de Rênal
ne devrait pas supporter cette perspective, ce qui ferait revenir Julien à
Vergy, maison de campagne des Rênal.

Chapitre 21:
Crise intérieure de M. de Rênal, qui passe la nuit dans les incertitudes,
et délibère sur la conduite à tenir. Il pense dresser un piège pour
s'assurer de la véridicité des faits. Mais, au retour de la messe, son
épouse lui remet la lettre anonyme confectionnée par Julien, et parvient à
détourner ses soupçons sur Valenod, dont elle le pousse à lire les lettres
à elle adressées dans le passé. Dans sa hâte à se les procurer, M. de Rênal
va jusqu'à briser le secrétaire de sa femme. A la fin, Mme de Rênal obtient
la réalisation de son plan : Julien se voit accorder un congé de quinze
jours à Verrières.

Chapitre 22 :
A Verrières, Julien reçoit la visite du sous-préfet Maugiron, qui lui
propose un poste de précepteur à 800 F. Julien s'empresse de demander
conseil à M. de Rênal et fait confidence de la proposition à M. Valenod.
Invité à déjeuner chez Valenod, avec quelques notables libéraux, on lui
demande une démonstration de son savoir : réciter par coeur la Bible en
latin, ce qui provoque l'admiration de l'assistance. Après s'être retiré,
Julien exprime son mépris des gens vulgaires, et manifeste des affinités
avec le mode de vie aristocratique des Rênal. Un jour, Mme de Rênal le
surprend à Verrières où elle est venue pour des courses. Moments charmants,
interrompus par l'air soupçonneux du mari. Analyse de la situation
politique de Valenod et de ses intrigues locales.

Chapitre 23:
Affaire de l'adjudication de la maison de Verrières, qui échappe aux visées
du maire. Julien, qui assistait à l'adjudication, se fait traiter d'espion
de M. de Rênal. Le soir, survient le chanteur Geronimo, qui déride
l'atmosphère. Il raconte son histoire : par quelle tromperie, il s'est fait
chasser du conservatoire de Naples, pour se faire engager comme chanteur au
San Carlino. Mme de Rênal se laisse aller à rêver une vie conjugale avec
Julien, si elle se trouvait veuve de M. de Rênal. Cependant toute la ville
s'entretient de ses amours avec Julien. La servante Elisa, ayant fait
connaître en confession à l'abbé Chélan les amours de Julien, l'abbé exige
que celui-ci quitte Verrières pour le séminaire. Afin d'apaiser l'amertume
de sa maîtresse, Julien lui promet de revenir la voir régulièrement. Quant
à M. de Rênal, il envisage un duel avec Valenod, mais son épouse l'en
dissuade et lui fait accepter l'idée que Julien entre au séminaire.
Nouvelle lettre anonyme, qui pousse Rênal à acheter des pistolets pour un
duel. De nouveau, son épouse l'en dissuade et convainc M. De Rênal
d'accorder à Julien les 600 F de sa pension au séminaire. Le jeune homme
n'accepte qu'à grand peine, considérant cette somme comme un prêt
remboursable. Trois jours après son départ pour Besançon, Julien revient,
de nuit, visiter Mme de Rênal. Mais celle-ci, persuadée qu'il s'agit de
leur dernière rencontre, reste d'une froideur de glace.

Chapitre 24:
A Besançon, Julien fait d'abord le tour de sa citadelle, pour flatter ses
ambitions militaires, puis entre dans un café où l'on joue au billard, et
entame la conversation avec la jeune dame de comptoir : Amanda Binet.
Julien regarde de travers un homme qui vient d'entrer, qu'Amanda présente
comme son beau-frère, et qui est sans doute son amant ; il envisage un
duel. Amanda parvient à le faire quitter les lieux. Avant d'entrer au
séminaire, Julien prend la précaution de déposer ses vêtements bourgeois
dans une auberge.

Chapitre 25:
Arrivé au séminaire, Julien est introduit dans le bureau de l'abbé Pirard,
son directeur. Atterré par l'atmosphère du lieu, il se trouve mal. Revenu à
lui, il peut s'entretenir avec l'abbé, qui lit une lettre de recommandation
rédigée par l'abbé Chélan. Suit une conversation en latin, durant laquelle
l'abbé Pirard sonde l'éducation théologique du jeune homme. Après trois
heures d'entretien, Julien est conduit à sa chambre, dont la vue donne sur
la campagne.

Chapitre 26 :
Julien se choisit pour confesseur l'abbé Pirard -- une étourderie.
Médiocrité des autres séminaristes. L'abbé Pirard intercepte des lettres
d'amour adressées, de Dijon, à Julien. Visite de Fouqué, qui apprend que
Mme de Rênal a sombré dans la dévotion. Julien ne tarde pas à s'apercevoir
que sa conduite, son ardeur à l'étude, lui ont aliéné la sympathie de ses
condisciples. Pour la regagner, il s'efforce à l'hypocrisie et à la
médiocrité dévote. Mais comme il ne se réjouit pas de la choucroute qui est
servie, il se fait mépriser. Un jour, il est convoqué dans le bureau de
l'abbé Pirard, pour répondre d'une délation : on a trouvé dans sa malle une
carte où sont portées des indications relatives à Amanda Binet.

Chapitre 27 :
Les malheurs de Julien en butte à l'incompréhension de ses collègues,
occupés de cures avantageuses, et jaloux de sa supériorité intellectuelle.

Chapitre 28 :
Julien est mandé à la cathédrale pour préparer les tentures de la
Fête-Dieu. De ce labeur, il s'acquitte avec maestria, suscitant la
reconnaissance de l'abbé Chas. Julien participe avec exaltation à la
procession. Tandis qu'il garde une partie désertée de l'édifice, il
remarque deux dames près d'un confessionnal. L'une d'elle est Mme de Rênal,
qui s'évanouit à sa vue.

Chapitre 29:
L'abbé Pirard fait appeler Julien. C'est pour lui accorder un privilège :
il le fait répétiteur pour le Nouveau et l'Ancien Testament, et lui révèle
combien il tient à lui. S'ensuit un moment d'émotion sincère. Mais aux
examens, Julien est victime d'un piège du grand vicaire de Frilaire, qui le
fait trop parler sur Horace, un auteur profane! Un jour Julien reçoit une
lettre de Paris qui lui envoie une somme d'argent, et lui demande de
continuer ses études brillantes. Explication : M. de la Mole, en
correspondance avec Pirard sur certaine affaire, cherche à le remercier des
services rendus. Il lui propose, par une lettre, de s'installer à Paris, où
il lui trouvera une cure tranquille. Pirard rédige sa lettre de démission
du séminaire à l'adresse de l'évêque, et envoie Julien la porter. Celui-ci,
ému de ce départ, met à sa disposition ses 600 F d'économie. A l'évêché,
Julien s'entretient avec l'évêque, qui, charmé de sa connaissance des
poètes latins, lui fait cadeau des oeuvres de Tacite. L'abbé Pirard ne
tarde pas à quitter Besançon, nommé à une cure magnifique dans les environs
de Paris.

Chapitre 30:
A Paris, le marquis de La Mole propose à l'abbé Pirard de devenir son
secrétaire, richement appointé, et de s'occuper de ses procès en
Franche-Comté. Déclinant cette offre, l'abbé propose les services de
Julien, qui reçoit une lettre le convoquant à Paris, avec les fonds
nécessaires à son déplacement. Avant de quitter la Franche-Comté, Julien se
rend chez Fouqué, qui ne se montre pas enthousiaste de cette promotion, et
rencontre l'abbé Chélan, qui lui intime l'ordre de quitter Verrières sans
revoir personne. Mais Julien renvoie son cheval et, au prix d'une audace
folle, escaladant la façade du château par une échelle jusqu'à parvenir à
la chambre de Mme de Rênal. Celle-ci commence par lerepousser, lui raconte
ce qu'a été sa vie, puis Julien, à son tour, fait le récit des tracasseries
auxquelles il a été en butte au séminaire. Le ton de l'intimité se rétablit
entre eux. Après trois heures d'entretien, Mme de Rênal finit par céder aux
instances de Julien, lui propose même de rester une journée de plus auprès
d'elle, caché dans sa chambre. Mme de Rênal se charge de faire disparaître
l'échelle, qu'un domestique ira cacher dans le grenier. Julien passe ainsi
la journée enfermé dans la chambre de Mme Derville. Le soir, ils dînent
ensemble dans la chambre de Mme de Rênal, lorsque surgit l'époux. Julien se
dissimule sous le canapé, de sorte que M. de Rênal ne s'aperçoit pas de sa
présence. Mais, dans la nuit, à nouveau M. de Rênal tambourine à la porte
de sa femme : il craint un voleur, après la découverte de l'échelle. Julien
saute par la fenêtre, et parvient à s'enfuir, tandis que les balles
sifflent à ses oreilles.

LIVRE SECOND

Chapitre 1:
Dans la malle-poste vers Partis, conversation entre Falcoz et Saint-Giraud,
lequel fuit les tracasseries politiques de la province, et clame son
animosité à l'égard de Bonaparte, qu'il juge responsable du rétablissement
des anciennes hiérarchies sociales. Julien, quant à lui, dès son arrivée à
Paris, et pour satisfaire à sa passion bonapartiste, se rend en pèlerinage
à la Malmaison. Plus tard, il revoit l'abbé Pirard, qui l'informe du mode
de vie qui sera le sien chez le marquis de La Mole, et fait son instruction
morale relativement à la vie parisienne. Eblouissement de Julien à son
arrivée à l'hôtel de La Mole.

Chapitre 2 :
Premier et bref entretien de Julien avec le marquis. L'habit Pirard le
quitte en le laissant aux soins du tailleur qui lui confectionnera un
habit. Lors de son premier dîner, Julien parvient à se faire remarquer par
sa culture et son à-propos.

Chapitre 3:
Prise de contact avec les enfants de la famille : Norbert et Mathilde. Il
se fait remarquer d'une autre manière : en tombant de cheval! Mais le
lendemain, crânement, il remonte et parvient à effectuer la sortie sans
incident.

Chapitre 4:
Atmosphère du salon de l'hôtel de La Mole : magnificence et ennui.
Echantillon des dialogues de moquerie légère qui s'y entendent.

Chapitre 5:
Julien capte la confiance du marquis qui, de plus en plus, lui confie ses
affaires épineuses à débrouiller. Cependant, Julien se sent tenu à l'écart
et éprouve un sentiment de solitude.

Chapitre 6 :
Un jour, il s'estime injurié par un certain regard jeté dans un café, et
provoque le personnage en duel. Mais le lendemain, lorsqu'il se rend au
domicile indiqué, il ne trouve qu'un dandy, qui n'est pas son personnage ;
le duel ne peut donc avoir lieu. A la sortie, Julien reconnaît son
agresseur, qui n'est autre que le cocher de la maison. Du coup, son maître
consent au duel, dans lequel Julien est légèrement blessé. Pour ne pas
avoir l'air de s'être battu avec un homme de rien, son adversaire fait
courir le bruit que Julien est le fils naturel du marquis de La Mole. A peu
de temps de là, ce dernier consent à cette fable, qui peut lui être utile à
l'avenir, et invite Julien à se frotter davantage au beau monde.

Chapitre 7 :
Le marquis envoie Julien en Angleterre, pour qu'il y fréquente l'ambassade
de France. Au retour, il lui remet une décoration. Valenod, devenu maire de
Verrières, en remplacement de M. de Rênal, vient à Paris et se fait
présenter au marquis de La Mole. A cette occasion, Julien réclame la place
de directeur du dépôt de mendicité de Verrières pour son père. Il prend
conscience des compromissions dans lesquelles il lui faut entrer.

Chapitre 8 :
Julien transformé en dandy voit arriver Mme de La Mole et sa fille, retour
d'Hyères. Mlle de la Mole lui demande d'assister avec son frère Norbert au
prochain bal de M. de Retz. Magnificence de cet hôtel, et de la fête qui
s'y tient. Julien capte quelques échantillons de conversation sur la beauté
des jeunes femmes présentes, dont Mathilde est la reine. Elle fait assaut
d'érudition avec Julien, et, à propos du comte Altamira, conspirateur
libéral, fait réflexion que la peine de mort est la seule grandeur qui ne
s'achète pas. Cependant, Julien procède à une évaluation du personnage de
Mathilde, contre laquelle il était fâché depuis l'ordre intimé d'aller au
bal. L'entretien avec Altamira déçoit Mathilde. Elle ne cesse de faire
réflexion sur l'existence d'ennui qui l'attend avec le convenable et
conventionnel marquis de Croisenois, qu'elle doit épouser.


Chapitre 9:
Au bal, Mathilde se désennuie de ces mondanités en prêtant attention aux
propos de Julien, qu'elle entend parler de Danton avec Altamira, qui se
sait menacé d'extradition et de pendaison dans son pays. Propos de cynisme
politique d'Altamira. Les deux hommes ignorent les réactions de Mathilde
qui s'efforce de s'insinuer dans la conversation. Réflexions d'Altamira sur
les salons parisiens : l'esprit y fait défaut; on l'emprisonne; et la
vanité y règne. En plébéien révolté, Julien médite sur Marino Faliero : une
conspiration a pour effet d'effacer les différences de classe. Il passe la
nuit à lire l'histoire de la Révolution. Le lendemain, s'étant présentée à
la bibliothèque, Mathilde parvient à peine à se faire remarquer de Julien,
qui finit par dévoiler ses pensées révolutionnaires et s'interroger sur
l'opportunité de la violence dans les révolutions.

Chapitre 10 :
En la comparant avec l'affectation de Mathilde, Julien se souvient avec
nostalgie du naturel des sentiments vrais dont faisait preuve Mme de Rênal
à son égard. Après un dîner où il a vu Mathilde en habit de deuil, Julien
se fait expliquer par un académicien familier de la maison les raisons de
ce rite : il commémore de la décapitation en place de grève d'un des aïeux
de La Mole, en 1574. Peu à peu Julien s'efforce de sortir de son rôle de
confident passif. Mathilde affectionne les temps héroïques de la Ligue. Peu
à peu, Julien se départit de sa réserve blessée d'homme pauvre, et entre
dans le ton des confidences. Il surprend en Mathilde un air doux à son
égard. Incertitudes de Julien quant aux dispositions amoureuses de la jeune
femme à son encontre : l'aime-t-elle vraiment ?

Chapitre 11:
Ironies de Mathilde face à ses prétendants insipides. Face à l'ennui qu'ils
lui inspirent, elle prend de l'intérêt dans la compagnie de Julien. C'est à
ce moment que Mathilde décide qu'elle l'aimera.

Chapitre 12:
Spéculations de la jeune femme sur cette liaison : héroïsme solitaire du
jeune homme pauvre. Son frère l'avertit qu'en cas de révolution, il les
guillotinera tous. Mathilde fait la comparaison entre les jeunes gens
convenables de son monde, et l'énergie de Julien. Avantage à Julien.
Bientôt, les jeunes aristocrates se liguent pour contrebattre la bonne
opinion que Mathilde a de cet intrus. Mais elle les couvre de sarcasmes ;
leur confusion. A son tour, Mathilde se demande si Julien voit en elle une
amie, ou bien s'il est question d'amour. Ce sujet de préoccupation chasse
en elle tout ennui. Quant à elle, elle décide de se livrer à une grande
passion.

Chapitre 13.
Le lendemain, Julien a le soupçon qu'on veuille se moquer de lui. Mais il
s'aperçoit que Mathilde partage avec lui des comportements d'hypocrisie :
elle lit, comme lui, Voltaire en cachette, et détourne les mémoires
hostiles à la politique du trône et de l'autel que fait acheter secrètement
son père. Il la voit comme un Machiavel, l'accomplissement de la
scélératesse parisienne. Cependant, incertain quant au sort qu'on lui
réserve, Julien prend le parti de quitter la place pour un voyage en
Languedoc. Mathilde parvient à lui faire différer son départ. D'elle, il
reçoit une lettre, qui est une déclaration d'amour. Réaction orgueilleuse
de Julien. Un moment de vertu est vite balayé par la haine de classe : son
mérite l'emporte sur celui d'un Croisenois! Par précaution Julien envoie la
lettre de Mathilde à son ami Fouqué, dissimulée dans une Bible. C'est dans
l'ivresse qu'il répond à la jeune femme.

Chapitre 14 :
Période d'hésitations et de doutes de Mathilde quant à son amour pour
Julien. Considérations sur le courage relatif des hommes d'aujourd'hui par
rapport à celui des hommes du XVIe siècle. Elle se souvient avec inquiétude
du temps où elle se permettait la hardiesse d'écrire aux jeunes gens à la
mode. Mathilde mesure l'énormité de son audace au cas où Julien se
servirait de la prise qu'elle lui donnait sur elle. Le lendemain matin,
Julien remet sa réponse. Pour lui, un bataille se prépare, contre l'orgueil
de la naissance, et il se reproche de n'être point parti. Nouvel échange de
lettres entre les jeunes gens. Puis un troisième, et cette fois, Mathilde
demande à Julien de la rejoindre dans sa chambre, la nuit, au moyen d'une
échelle.

Chapitre 15 :
Julien mesure l'imprudence ; il croit à un piège, décide de ne pas même
répondre, et de partir en voyage. Mais bientôt il balance entre la prudence
et l'audace, et place les lettres de Mathilde en lieu sûr, car ses ennemis
pourraient tenter de les récupérer sur lui, en cas d'attaque. En attendant
le moment d'agir, il rédige un petit mémoire justificatif de sa conduite,
au cas où il lui arriverait malheur dans l'événement, et l'expédie à
Fouqué, avec ordre de le publier en cas d'accident. Au dîner qui précède,
Julien s'avoue qu'il a peur de ce qui peut advenir. Plus tard, il vérifie
l'échelle, et fait la comparaison avec l'épisode semblable de Verrières : à
ce moment-là, il était sûr des intentions de Mme de Rênal.

Chapitre 16 :
Julien se prépare à son entreprise nocturne, et prend soin d'observer le
comportement des domestiques, qui pourraient tomber sur lui. Leur
comportement festin le rassure. Néanmoins, il a peur. A une heure du matin,
par l'échelle, il accède à la chambre de Mathilde, qui l'attendait. Elle
commence par se refuser à ses avances, et lui demande de renvoyer l'échelle
au moyen d'une corde, pour ne pas casser les vitres des salons en
contrebas. Grand embarras pour tous deux. Mathilde réclame ses lettres ;
Julien détaille les précautions qu'il a prises. Réaction enflammée de
Mathilde, qui ne se refuse plus qu'à demi. Nul bonheur amoureux pour Julien
dans cette situation, rien que des satisfactions d'ambitieux, de voir plier
une fille de haute naissance. De son côté, Mathilde commence à sentir la
folie qu'elle a faite, qui la livre à Julien, et elle en souffre
intérieurement. C'est par devoir, et non par tendresse, que Mathilde
devient enfin sa maîtresse, mais plus par un acte volontaire que par élan
véritable. Nuit plus singulière qu'exaltante pour Julien. A la fin,
Mathilde en est encore à se demander si elle l'aime.

Chapitre 17 :
Les jours suivants, elle affecte la plus grande froideur. Julien se perd en
conjecture sur les motifs de cette conduite. En fait, Mathilde est en proie
aux fureurs de la vanité : elle s'est donnée un maître ; Julien est le
premier amour de sa vie. Au bout de quelque temps, leur dialogue tourne à
la haine et au dépit. A partir du moment où Julien se voit brouillé
définitivement avec Mathilde, il se met à l'aimer passionnément. Sur le
point de partir pour le Midi, il la rencontre dans la bibliothèque. Sur un
mot insolent, Julien, dans sa colère, s'essaie à la tuer. Mathilde sort
bouleversée de la scène. Lorsqu'il annonce son intention de partir pour le
Languedoc, M. de La Mole s'y refuse, car il réserve à Julien d'autres
fonctions. Désarroi de Julien.

Chapitre 18 :
Cherchant à renouer avec Julien, Mathilde l'entraîne dans le jardin et
prend le ton des confidences intimes, relatant ses anciennes velléités
d'amour pour les jeunes gens de son monde, ce qui suscite la jalousie de
Julien. C'est en constatant les faiblesses de son partenaire que Mathilde
s'autorise à l'aimer. Julien n'a pas lu de romans, et n'a donc pas
l'expérience du sentiment. Il a la maladresse de révéler qu'il aime, et, du
coup, Mathilde le méprise et prend ses distances. Julien, malheureux, la
fuit, mais ne cesse de penser à elle, connaît des distractions dans son
travail. Cependant Mathilde médite sur la fortune qu'elle pourrait apporter
à Julien.

Chapitre 19 :
Cependant un travail intérieur, en faveur de Julien, se produit en
Mathilde. En cas de nouvelle révolution, elle s'envisage comme une autre
Mme Roland. En dessinant, par hasard, elle s'aperçoit qu'elle trace
spontanément le portrait de Julien. A l'Opéra où l'a entraînée sa mère,
Mathilde est frappée par une cantilène d'amour, qu'elle applique à sa
position. Dans son émotion, elle connaît un moment d'amour vrai, et non
plus d'amour de tête. Intervention de Stendhal pour protester contre
l'accusation d'immoralité de son héroïne : le roman est un miroir qu'on
promène le long d'un chemin. Julien, quant à lui, traverse une phase
« renversée », dénigrant ses qualités à ses propres yeux. Il va jusqu'à
songer au suicide. Mais la nuit, cédant à une inspiration irrésistible, il
renouvelle la scène de l'échelle, frappe à la fenêtre de Mathilde, et se
fait ouvrir. Moments de félicité et d'égarement : Mathilde se proclame la
servante de Julien. Lorsque son amant se retire à l'aube, en replaçant
l'échelle, Mathilde lui jette par la fenêtre une moitié de ses cheveux
qu'elle vient de couper, en signe de soumission à son maître. Mais le
lendemain, Julien a la surprise de constater un retournement d'attitude :
Mathilde ne le juge pas suffisamment exceptionnel pour justifier les folies
qu'elle a faites en sa faveur. Désespoir de Julien.

Chapitre 20 :
Le lendemain, le jeune homme se sent en disgrâce dans le salon, tandis que
Mathilde a repris ses grâces auprès des jeunes aristocrates. Mal à l'aise,
Julien quitte les lieux. Enfin Mathilde l'aborde, c'est pour lui dire
qu'elle ne l'aime plus! Dans une scène de rupture, la jeune femme s'emporte
contre lui, de la manière la plus haineuse, ivre d'avoir récupéré la
maîtrise de soi. Un autre jour, par inadvertance, Julien casse un vase du
Japon : ainsi fait-il de son amour pour Mathilde. En fait, sa passion
contrariée ne fait que croître.

Chapitre 21 :
Le marquis lui laisse entendre qu'il va l'envoyer en ambassade pour
rapporter des propos appris par coeur lors d'une réunion secrète, qui tient
de la conspiration aristocratique. Départ du marquis et de Julien pour
cette réunion. Mise en place des conspirateurs.

Chapitre 22 :
Julien à la séance de conspiration. Digression de Stendhal sur la politique
dans le roman. Dans son intervention, M. de La Mole demande à ses
partenaires qu'il sacrifient le cinquième de leurs revenus pour lever une
milice destinée à appuyer une intervention étrangère, afin de sauver la
monarchie.

Chapitre 23 :
Suite de la discussion politique : il faut l'argent de l'Angleterre et un
parti armé en France pour que se produise une intervention étrangère afin
de rétablir la monarchie d'Ancien Régime. Le poids du clergé sera capital
pour dominer le peuple. Intervention de M. de Nerval, premier ministre en
fonction, sollicité de quitter son poste, et qui défend ses intérêts
personnels. Propos exaltés du jeune évêque d'Agde : c'est de Paris qu'est
venu tout le mal ; il faut le détruire. Le lendemain, départ de Julien pour
l'étranger. Sa nuit passée dans une auberge. Il y retrouve Geronimo, et
s'aperçoit qu'on veut bloquer leur progression en cachant les chevaux de
poste dont ils ont besoin. On les drogue pour les faire dormir. La nuit,
deux hommes, dont un prêtre (l'abbé Castanède, chef de la police de la
congrégation sur la frontière du Nord) , pénètrent dans sa chambre et
fouillent sa malle, sans trouver aucun papier compromettant. Cependant,
Julien réussit à gagner sa destination auprès d'un duc allemand, et après
avoir accompli sa mission, reçoit ordre de séjourner en attente dix jours à
Strasbourg.

Chapitre 24 :
Pendant son séjour dans cette ville, Julien ne cesse de penser à Mathilde.
La solitude du voyageur augmente ses idées noires. Se promenant à cheval,
près de Kehl, sur le théâtre des opérations napoléoniennes, il rencontre le
prince Korasoff, qui lui fait le récit, très approximatif, du siège de
1796. Julien est rempli d'une admiration stupide pour cet homme brillant.
Le prince s'étant informé de sa tristesse, Julien lui fait confidence de
ses peines d'amour. Et celui-ci prodigue des conseils de séduction
(tactique de la diversion) pour parvenir à attirer l'attention de la femme
aimée. Il lui remet copie de 53 lettres d'amour toutes faites. Le prince
finit par lui proposer d'épouser sa cousine en Russie, proposition par
laquelle Julien est un instant tenté. Mais revenu à Paris, après sa
mission, il décide de mettre en application les préceptes de Korasoff, et
de feindre de faire la cour à Mme de Fervaques.

Chapitre 25 :
De retour à Paris, il fait confidence de cet amour supposé à Altamira. Pour
lui être utile, celui-ci le conduit auprès de don Diego Bustos, qui fit en
vain la cour à cette dame. Ses avis: la question est de savoir s'il s'agit
d'une prude, lasse de sa position. Au dîner, Julien revoit Mathilde, qui ne
l'attendait point. Dans l'intervalle, elle l'a d'ailleurs presque oublié.
Julien commence donc sa cour auprès de Mme de Fervaques. A ce moment,
Mathilde prend conscience que Julien est bien le mari qu'il lui faut. Le
marquis La Mole sera prochainement ministre, ce qui voudrait dire un
évêché pour Julien.

Chapitre 26 :
Portrait moral de Mme de Fervaques : le calme patricien. Conformément aux
préceptes du manuel épistolaire de Korasoff, Julien, après huit jours de
cour à la maréchale de Fervaques, lui fait parvenir la première lettre
copiée. Réactions favorables de l'intéressée.

Chapitre 27 :
Pendant une quinzaine de jours, Julien poursuit le jeu des lettres copiées
pour la maréchale. Un jour, il reçoit d'elle une invitation à dîner.
L'oncle de la maréchale, haut dignitaire de l'Eglise de France,
dispensateur de bénéfices ecclésiastiques, fréquente son salon. Par le
petit Tanbeau, autre secrétaire du marquis, Julien apprend que Mme de
Fervaques n'est pas insensible au penchant que Julien lui manifeste.

Chapitre 28 :
Dans ce jeu stupide des lettres copiées, Julien commet une bévue : il
recopie textuellement une lettre traitant de Londres et Richemond, au lieu
de Paris, ce dont lui fait remarque la destinataire. Pendant ce temps,
Mathilde ne parvient pas à détacher sa pensée de Julien, dont elle admire
la faculté de dissimulation et le machiavélisme, tandis que Julien doute de
ses capacités. Il lui arrive de songer à quelque suicide solitaire.

Chapitre 29 :
Mme de Fervaques regrette que Julien ne soit pas encore prêtre, pour couper
court aux calomnies, car l'intérêt qu'elle prend à ses lettres de Julien
s'accroît. Elle-même écrit quotidiennement. Les réponses de Julien sont
toujours copiées sur le manuel, et ont peu de rapport avec les lettres
reçues ; le style emphatique empêche que Mme de Fervaques s'y arrête.
Quant aux lettres de la maréchale, Julien les jette dans un tiroir sans les
décacheter. Ce manège, surpris par Mathilde, déclenche en elle une douleur
d'orgueil ; elle accuse Julien de la mépriser, et tombe évanouie à ses
pieds.

Chapitre 30 :
Mathilde décachette nerveusement les lettres de la maréchale, puis exprime
ses regrets de tout l'orgueil dont elle a pu faire souffrir Julien. Lui
s'impose une froideur affectée, alors qu'il est prêt à céder aux élans de
l'amour. Le soir, il répond à l'invitation de la maréchale, dans sa loge à
l'Opéra.

Chapitre 31 :
En visite dans la loge de Mme de La Mole, Julien y trouve Mathilde en
larmes. En dépit de son envie, Julien se retient de lui adresser la parole,
de peur de trahir son amour : il s'imagine qu'un tel aveu serait de nature
à faire évanouir celui de Mathilde, car il vit dans la crainte de reperdre
l'avantage qu'il vient de gagner dans cette sorte de bataille. L'idée lui
vient que pour tenir l'ennemi en respect, il faut lui faire peur. Dans un
tête-à-tête, Mathilde lui propose, comme garantie de son amour, qu'il
l'enlève pour Londres, et ainsi la déshonore. Soudain, Julien faiblit et se
laisse aller à faire confidence de son amour et de son malheur passé. Sûr,
maintenant, d'avoir gagné l'amour de Mathilde, il n'en continue pas moins
sa correspondance avec Mme de Fervaques.

Chapitre 32 :
Pour la première fois, M connaît l'amour. Mais son orgueil lui dicte d'agir
dangereusement. Bientôt, elle se trouve enceinte, et annonce son intention
d'écrire à son père pour lui dévoiler la situation. Julien obtient qu'elle
diffère d'une semaine. Lettre d'aveu de Mathilde à son père. A la suite de
quoi, Julien est, séance tenante, convoqué chez le marquis.

Chapitre 33 :
Dans sa fureur, le marquis accable Julien des plus bas jurons. Le jeune
homme lui propose de le faire tuer dans son jardin par un de ses hommes.
Après cet entretien, il décide d'aller solliciter les conseils de l'abbé
Pirard. De son côté, Mathilde voit son père, et lui affirme que s'il arrive
malheur à Julien, elle portera le deuil de Mme veuve Sorel. Lorsque Julien
rentre à l'hôtel de La Mole, Mathilde lui ordonne de gagner la propriété de
Villequier et de lui abandonner le soin de ses affaires.

Chapitre 34 :
Par suite de l'indécision du marquis, un mois se passe sans que la
négociation avance. Un jour, il décide une donation de ses terres du
Languedoc, assortie d'une rente. Cependant, Mathilde demande à son père de
venir assister à son prochain mariage. Alors, le marquis se voit acculer à
prendre un parti. Parfois, il rêve d'une fortune brillante pour Julien,
mais redoute un côté que tout le monde qualifie d'effrayant dans le
caractère de Julien. Au terme de longues délibérations, il prend le parti
d'écrire une lettre à sa fille, dans laquelle il met à disposition de
Julien un brevet de lieutenant de hussards. Mathilde lui répond en
demandant l'autorisation de se marier prochainement. Sur ce point, le
marquis ne répond pas : il ordonne à Julien de partir sur le champ à
Strasbourg, où son régiment tient garnison. Il fait observer à Mathilde
qu'en fait, elle ne connaît pas vraiment Julien. Julien, quant à lui, croit
son roman fini par un succès.

Chapitre 35 :
A Strasbourg, le nouveau lieutenant se fait immédiatement respecter, en
dépit d'une absence de formation et de son jeune âge. Soudain, un message
de Mathilde lui parvient : tout est perdu ; qu'il rentre d'urgence à Paris!
Lorsqu'ils se retrouvent, elle lui donne à lire une lettre du marquis,
écrite avant son départ pour une destination inconnue. Il transmet à sa
fille une lettre de Mme de Rênal, au sujet de la moralité de Julien, en
réponse à une demande d'information diligentée par le marquis. Cette lettre
dénonce sévèrement l'ambition et l'intéressement de Julien, criminel par
les moyens de séduction mis en oeuvre. Lorsqu'il en prend connaissance,
Julien s'enfuit, prend la malle poste pour Verrières, y achète une paire de
pistolets, se rend à la messe où assiste Mme de Rênal, et, dans l'église,
tire deux coups sur elle.

Chapitre 36 :
Aussitôt Julien est arrêté, et conduit en prison. Mme de Rênal n'est que
blessée, ce qui l'afflige, car elle désirait la mort. Elle avait remords de
sa lettre à M. de La Mole, dictée par son confesseur. Le juge reçoit des
aveux complets : Julien désire sa condamnation à mort, qu'il estime
méritée. Il écrit à Mlle de La Mole : qu'elle garde le silence sur leur
aventure, ne parle pas de son père à l'enfant qui va naître, et qu'elle
épouse M. de Croisenois. Progressivement, Julien renonce à l'ambition et
se prépare à la mort. Nul remords. Mais le geôlier lui apprend que Mme de
Rênal n'est pas morte de ses blessures. Alors seulement, il connaît le
regret. Transporté dans le donjon de la prison de Besançon, il y jouit
d'une vue superbe. Un moment, il envisage de se tuer, mais y renonce. Il a
trouvé dans sa prison une sorte de bonheur.

Chapitre 37 :
Un jour, il reçoit la visite de l'abbé Chélan, vieilli par les ans et
abattu par la circonstance. A travers lui, Julien voit la mort dans sa
laideur; elle lui paraît moins facile. Puis Fouqué vient le voir : il ne
songe qu'à vendre tout son bien pour trouver les moyens de faire évader
Julien. Cette visite sublime rend à l'accusé la force que celle de l'abbé
Chélan lui avait ôtée. Quant à son père, Julien entend ne pas le voir.

Chapitre 38 :
Déguisée en paysanne, Mlle de la Mole lui rend visite. Julien lui reproche
aussitôt cette audace, qui risque de la perdre, si elle est sue. Pour
vaincre le responsable qui faisait obstacle, Mathilde a dû lui révéler son
vrai nom. Dans sa folie, elle propose à Julien de se tuer avec lui. Elle
parcourt Besançon dans l'idée de soulever le peuple en faveur de Julien. A
force de sollicitations, elle obtient un rendez-vous avec l'abbé de
Frilair, et ne se rend à l'évêché qu'avec crainte. Mathilde ne tarde pas à
lui avouer qu'elle est la fille de son puissant adversaire. Frilair calcule
l'intérêt de ces confidences qui peuvent le porter à l'évêché. Il l'assure
qu'il dispose de la majorité des jurés, ainsi que du ministère public, pour
répondre du verdict.

Chapitre 39 :
Mathilde éprouve alors la passion la plus folle pour Julien, ne parle que
de projets les plus périlleux, veut étonner le public par l'excès de sa
passion. Mais Julien est fatigué d'héroïsme, et souhaiterait plus
d'intimité. L'ambition est morte en son coeur ; une autre a pris sa place :
le remords d'avoir attenté à Mme de Rênal, dont il est éperdument amoureux.
Enfin, Julien demande à Mathilde d'épouser M. de Croisenois, dont elle fera
l'avenir, et de confier la garde de son fils à Mme de Rênal, qui, elle,
dans quinze ans, ne l'aura pas encore oublié.

Chapitre 40 :
Face au juge et à l'avocat, Julien néglige les éléments de sa défense. Il
constate qu'il n'a connu le bonheur d'exister que depuis qu'il est en
prison, et que sa vie est menacée. Il passe ses journées à fumer des
cigares sur la terrasse du donjon. Pendant ce temps, le mot d'évêché est
prononcé en faveur de l'abbé de Frilair, qui se dépense en intrigues auprès
des jurés pour sauver Julien. De son côté, Mme de Rênal, venue à Besançon
pour le procès, écrit à chacun des jurés pour demander l'indulgence ; elle
renonce à toute vengeance.

Chapitre 41 :
Enfin, le procès s'ouvre. Mathilde porte à l'abbé de Frilair une lettre de
Mgr l'évêque de ***, premier prélat de France, qui demande l'acquittement
de Julien. Une nouvelle fois, Frilair répond du jury. Quand Julien est
conduit au tribunal, un murmure d'intérêt l'accueille à son entrée dans la
salle, remplie de jolies femmes ; on se bouscule à la porte pour assister
aux débats. Lors de la plaidoirie, l'accusé est sur le point de
s'attendrir. Puis Julien prend la parole pendant vingt minutes; il dit tout
ce qu'il a sur le coeur, se présente comme l'illustration d'un cas social
de paysan ambitieux méritant la mort, et dénonce son jury comme appartenant
à la classe bourgeoise. Après une longue délibération, ce jury le déclare
coupable et le condamne à la peine de mort, dans les trois jours. Autour de
lui, les femmes sanglotent, et Mathilde, cachée derrière un pilier, jette
un cri. Julien soupçonne que Valenod, président du jury, son rival auprès
de Mme de Rênal, a cherché à se venger.

Chapitre 42 :
De retour à la prison, Julien est placé dans l'inconfortable cachot des
condamnés à mort. Il repousse les consolations de la religion, tient le
Dieu de la Bible pour un despote sans pitié. Mais le Dieu de Fénelon,
celui-là ne saurait-il pardonner? Mathilde, changée par la douleur, le
réveille au matin ; elle est venue avec l'avocat pour lui faire signer son
appel. Mais Julien refuse : il craint que son courage s'émousse après
plusieurs mois de cachot, et préfère mourir sans tarder. Pendant toute la
durée de cette entrevue avec Mathilde, Julien ne cesse de rêver à Mme de
Rênal, à sa chambre à coucher de Verrières ; il est persuadé que la femme
qu'il a voulu assassiner sera la seule à pleurer sincèrement sa mort.

Chapitre 43 :
Une heure plus tard, il est réveillé par des larmes -- celles de Mme de
Rênal! Celle-ci le supplie à son tour de signer son appel, et cette fois,
Julien y consent. Duo d'amour. Ils se font des confidences sur leur passé.
Pour la première fois, Julien comprend les sacrifices qu'elle a fait pour
lui en venant le voir dans sa prison. Pendant ce temps, à la porte de la
prison, un prêtre, à deux genoux dans la boue, fait le siège pour obtenir
la confession du condamné. Furieux de ces manifestations qui ameutent la
foule, Julien demande qu'on fasse entrer le prêtre, et parvient à le faire
décamper en lui demandant de dire une messe à son intention.

Chapitre 44 :
Nouvelle visite de Mathilde. Si le recours en grâce n'aboutit pas, la mort
de Julien, laisse-t-elle entendre, ressemblera à un suicide. Julien
parvient à se défaire d'elle ; il aspire à la solitude, quand Fouqué, à son
tour, vient le voir ; il le congédie également. Puis c'est au tour de son
père, que Julien reçoit avec grand malaise, et qui l'accable de reproches.
Julien retourne la situation en l'intéressant à ses économies. Resté seul,
et affaibli par l'incarcération, Julien s'adonne à des réflexions
métaphysiques, aspire à une religion vraie et bonne. Mais il convient, pour
finir, que la seule chose qui lui manque est la présence de Mme de Rênal.

Chapitre 45 :
En dépit des instructions de son mari, celle-ci s'est échappée de Verrières
et est revenue à Besançon pour être auprès de Julien. Elle obtient de le
voir deux fois par jour. Julien apprend la mort, dans un duel, du marquis
de Croisenois, lequel avait su par lettres anonymes la vérité de la
situation de Mathilde. Cette mort change les plans de Julien quant à
l'avenir de Mathilde ; il tente à présent de la persuader d'épouser M. de
Luz. Frappé de son propre irrémédiable malheur (Julien en aime une autre),
Mathilde traverse une phase dépressive. Au milieu de cette vie apaisée avec
Mme de Rênal, Julien est encore la victime d'une intrigue de son
confesseur, qui lui demande une conversion avec éclat, pour faire
impression sur les jeunes femmes de Besançon. Refus hautain de Julien, qui
tient à garder sa dignité. Peu après, Mme de Rênal lui confie son intention
de se rendre à Saint-Cloud, réclamer auprès du roi Charles X la grâce de
Julien. Mais Julien lui interdit cette démarche. Il prépare sa fin, demande
que sa dépouille soit enterrée dans une petite grotte de la montagne
dominant Verrières. Après l'exécution, Mathilde vient visiter la dépouille,
pose la tête de Julien sur une table et la baise au front. Dans le cortège
funèbre, à l'insu de tous, elle porte cette tête sur ses genoux. La
cérémonie se fait avec vingt prêtres et de nombreux curieux venus des
environs. Plus tard, assistée de Fouqué, Mathilde enterre elle-même la tête
de Julien. Par la suite, elle fait orner de marbre venu d'Italie la grotte
funéraire. Quant à Mme de Rênal, elle meurt trois jours après l'enterrement
de Julien, entourée de ses enfants.

[Daniel Durosay]
</NOTESPROD>

 

Voir le texte complet

 


Logiciels - Musique - Jeux - Humour - Litterature - Calculatrices - SMS - Forum - Liens

 


Page d'accueil

 

Contactez-moi: s4@ifrance.com

 

 


2001 S.H.