"respirer laisser couler la rivière vie
    accepter que le jour poursuive la nuit
 se rattrapent valsent s'enlacent s'étreignent
         pour que la nuit s'éteigne"
 
 
 
 
MARIE MÉLISOU, POÈMES DE NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1997
 
 
 
<== Pour écrire à Marie Mélisou
 
  
  
 
 
NOVEMBRE
 
 
 
 
Transparence blanche
 
 
 le jour pâle s'installe
 mur blanc
 elle diaphane
 rêves en couleurs sur le grand mur blanc
 vide long temps
 heures creuse de l'attente
 elle attend
 le mur blanc repeint en esprit colle à l'égarée 
 plus que jamais déchirure du monde
 mur blanc
 elle hyalin
 rêves en couleurs de douleurs incertaines
 paysage de son corps flachs d'images non-ôtées
 un manque se dessine
 aussi
 sur le grand mur blanc elle translucide
 hier teintée de rouge
 demain sera en impressions visuelles riches
 un azur dessiné sans mur blanc
 caresses souffles rauques en souffrances
 
  
    
             Marie Mélisou  5/11/97
 
      
 
 
La bergerie au pistou 
 
 un chemin monte aux graviers qui roulent
 le serpent mène à la bergerie
 rayons du matin l'homme travaillera
 une murette beige claire aux pierres taillées 
 petit lait doucement aigre
 une vallée qui bruisse du lac profond à la crête nue
 le sommet sera habité dès le soleil haut
 depuis toujours coule le ruisseau
 le pot sera lavé et recevra de l'eau claire
 l'herbe jaunit sans ombres d'arbres reçoit
 depuis longtemps l'homme attentif penché
 les bêtes s'éloigneront  pas non comptés
 le feu  et les senteurs de la soupe
 suc du basilic de la vallée
 deux regards rivés celui qui la connaît et l'autre
 il est l'un et sourit au ciel nu d'étoiles
 songe aux prochains ténèbres en rotation
 où ses mains feront le long voyage
 gros tissu rêche qui recevra leurs corps doux
 l'étendu déployé prendra mille chemins
 les descentes tracées seront miel embrasé
 un chemin monte pente douce vers sa chaleur intérieure
 elle attend le désir enflammé de l'homme penché
 boules de feu qui crachent des rayons intenses
 consignée sur la mémoire désirs la bergerie existe
 
 
                   Marie Mélisou  5/11/97
  
Paradis en miettes
 
 
  heureuse époque n'est plus
  évoquation achevée
  inspiration du théatre de l'absurde
  sursauts de joie en allégresse stoppée
  c'était un jaillement comme une source inépuisable
  échos épars du reste d'un monde illuminé
  où le miroir reflet d'une lumière perdue et désirée
  angoisse des hommes
  le monde semblait sur le point de s'effacer
  s'évanouir sans brillance
  le monde et ses grisailles boue gluante 
  qui dira comment s'arracher pour aller vers ce qui éclaire
  ni courir ni franchir
  empêtré de photos
  agitation du monde l'ennui sans joie
  le non envol pose stationnaire intensité de la mort
  mécanismes déréglés
  absurde du quotidien des rêves et angoises du levé
  ruptures profondes de découvrir l'étrangeté du réel
  divaguer dans les mots
  clichés qui se heurtent à l'image bancale
  vie en long monologue
  étonnement devant le monde
  un désir de lumière aux milieu des angoisses de mort
  passé et présent tout en images
  obsessions
  se tenir à l'écart pour mieux regarder la boule bleu
  surprise des drames aux masques des difficultées
  démarche identique
  examiner le quotidien avec du recul
 
  même l'angoisse secrète
  est solitaire
  les mots sont incompréhensibles trop souvent
 
 
                   Marie Mélisou   5/11/97
 
 
Univers hors temps  
 
  
    Pomare ne m'attend plus
    débris d'une coco fraiche
    un fou a pied rouge 
    rejoint une aigrette sacrée
    le sable est noir
    le sable est blanc
    une sterne aussi
    le rêve d'un sacrifice 
    Dieux ancestraux
    sur l'ancien mara'e provoque ma fuite 
    le lagon est vie
    Tahiti
    où tous les bleus inondent la lumière
 
 
              Marie Mélisou    5/11/97
 
 
Trois voeux
 
 
   je me souviens de la parole
   nuance 
   et expression de l'être
   trois îles pour mots tracés
   la fantaisie verbale
   un certain charme
   je rebâtis la vie
   ce qui est en jeu
   ce que je voeux   
   trois couleurs à perdre
   secouer les apparences
   derrière ton masque
   je connais ta tête
   trois pensées vers moi
   relation avec les mots
   ils ont le pouvoir étrange
 
   inombrables sourires
 
 
              Marie Mélisou   5/11/97
 
 
 La gestation de la vitesse
 
 
   il y a des heures 
              celle liberté
           celles liées par des ficelles
  quand tous parlent à l'unisson
  disparaître dans le néant
                 rien ne le peut 
  le bruit est le réceptacle de nombreuses vies
  expériences multiples
               quantité de noms
  hurlements
  grondements des signatures diverses
  où seul un inconnu 
                 serait oublieux
   douceur éclipsée
  traces rouges non exessives
         un éveil de soupçon 
         total 
  absence d'indice
  quintessence bleue d'une épidémie de banalité
  dans la foule abrutissante 
                  l'invention d'exister
 
  la vitesse de rotation séduisante
  entend le vol-au-vent de l'heure importante
 
 
              Marie Mélisou   7/11/97
 
 
 
Station Poème
 
 mon sol absolu est un retour au calme
 liens mortels
 la terre du bonheur lorsque les pensées sont sous les nuages
 écoute un cahier de poèmes
 ce sont des prodiges de la nuit
 je m'interroge sur l'oiseau qui vole
 sur l'amour qui dérange
 main dans la main
 tu parcours de paysages et tous les matins
 tu es mon visiteur de vie
 et moi je t'applaudis
 ton royaume tes secrets tes galops
 je ne connais rien
 en fait tu es tout frais éboulie
 dans ma vie
 porteur de sable de roches de bruyères en poussière
 nos mots reconnus
 commes si nous étions seuls à utiliser les signes
 ici on descend Station Poème
 mes phrases t'enlovent lorsque je m'envole
 c'est la certitude de ton sourire
 
            
       
 
          Marie Mélisou   7/11/97
 
Une coupe pleine de malice
 
    
  jamais jamais je ne sais pourquoi
  comme un panier de fruits de silence
  pourtant tu me portes à bout de bras
  moitié soleil moitié étoile
  surtout grand vent
  toujours toujours tu es le passage
  celui qui allume celui qui éteint
                       sur son chemin
  tes yeux ne peuvent me dévaster
            tu ne me regardes pas
  l'espace est beau
  s'interroger sans être aveuglé
  pour pas que la lumière soit triste
  je veux parler pour éclore
  je veux écrire pour rassembler
  parce que tu m'as éveillé
  enveloppe ouverte nous parcourons les pages
  parfums de feux rose jaune et bleu
  si je ne rêve plus à toi je suis crépuscule
  chaque matin tu m'aides à crier dans l'ouragan
  demain sera
 
                    Marie Mélisou  7/11/97
 
 
Où le chemin se perd
 
 
         nous partageons des cris 
         amour 
             gris doux 
         désirs
              bleu froid
         petits bonds comme des brulures
         le jour gagne le soir
         tes mots me dévastent
 
 
                    Marie Mélisou  7/11/97
 
 
Si ma parole est nue
 
 
   une langue rigoureuse
   obsédée d'exactitude
   tour à tour poésie
   invention subversion
   j'éblouie l'éphémère
   littérature dans le grand vent
   la lumière s'évanouie
   le monde est blanc
   une neige d'hommes
   odeurs inséparables sur le reflet de la mémoire
   racines à greffer qui creusent mon espace
   la grande plage est une image de sable
   sensuel soleil du tournesol
   la mer se retire
   la vague est suspendue
   moi aussi
   contre l'absurdité des jours
   la haine des hommes
   on a créé l'engrenage de l'histoire
   l'écriture est le lieu de ma vie
   je pose un mot relance la partie
   je joue concernée
   touchée voire menacée
   mon cahier orange a le saut dans l'espace
   il n'y a pas de maison abandonnées
 
 
                Marie Mélisou   7/11/97
 
 
 
 
Le trajet de l'imaginaire
 
 
     là-bas dans le jardin
     j'aperçois un pied et un morceau de tissu
          mouvements
     il y a des étincelles
     c'est impressionnant
     le pas est pressé comme pour un dernier
     danse fantastique extravagante habite l'air
     quelqu'un qui court comme possédé
     le souffle court sans me tordre le pied
     caillou coupant je tranche le vent
     je cours aussi
     envol terrible communiqué
     et j'atterris dans des bras
     écrasée contre une force
     vêtement pressés bientôt éparpillés
     puisqu'heureusement c'était toi
     tu me serre pour m'aimer
 
 
                  Marie Mélisou   7/11/97
 
 
Âme élit
 
 
   Les enfants   elle rêvait d'en avoir tant
   Même autant          comme un grand printemps
 
   Les enfants ne croient plus que le ciel va pleurer
   Le père Noël ne croit plus aux enfants rêvés
 
   On n'expliquait pas comment ce jour-là il y avait un grand vent
   Comment les oiseaux volaient hauts et tournoyaient méchamment
 
   Dans une pièce fermée il y avait des poupées
                                      Et une couette abandonnée
   L'homme qui voulait des douleurs maitrisées
                Qui chaque jour y travaillait allait abandonner
 
   Les enfants ne croient pas perdre la vie pour une main lâchée
   Les fées ne se penchent pas sur les nouveaux nés
 
   On ne savait pas ce jour-là comment aller se promener
   Comment effacer les pleurs sous une douche de gouttes mouillées 
 
   Dans un lit fleurit il y avait des cheveux épars
                                         Et un corps poignant
   L'homme qui voulait travailler à la vie   hasard
                    Venait de laisser mourir une jeune enfant
 
 
                              Marie Mélisou   9/11/97
 
 
 Incandezan
 
         
    aujourd'hui j'ai eu vingt six zans offerts
    dans une pochette tranparence et sucrée 
    trente-six petits escargots noirs enroulés
    goût fort sur ma langue teintée
    c'est pour rire c'est pour jeu
    ce n'est même pas vrai
    aujourd'hui j'ai eu vingt-six ans
    j'aurais juste aimé avoir des zans à croquer
 
 
                   Marie Mélisou    9/11/97
 
Un foulard sur une chaise
 
 
        au bout du rire il y avait l'émotion
        c'était un voyage non tourmenté
        il y avait une maison où je te savourais
        un foulard sur la tête
        l'herbe sur laquelle on ne se dépêchait pas
        de légères plumes blanches
        vie immaculée
        tu avais souvent envie de me chatouiller
        je savais pas que j'écrirais nos images
        un jour   bien plus tard
        on s'appliquait à parler juste alors
        personne ne nous demandait de penser
        tu m'avais dit restons toujours ici
        ton coeur en cage je n'ai pas su
        ta vie était volage  vol d'âge
        c'était un voyage inachevé
        reste un foulard sur une chaise
 
 
 
                    Marie Mélisou 9/11/1997
 
 
 
  La première heure
 
 
        me désireras-tu encore au bout de cette petite heure
  puis prendre un café dans un bistrot désert
  ne plus agir   corps alanguis
  après les lèvres laisser parler les doigts 
  pudeurs trop tard qui déchirent les coeurs en fragments 
  plus triste que la mort seraient les remorts
  si je t'entraîne dans mes pensées tu n'en auras pas
  si je te suis dans ta course à la liberté on en rira
        m'aimeras-tu encore au bout de cette petite heure
  sac léger du théatre imprévu de la rue
  vues en répits inaccessibles   comme invincibles
     quatres murmures
  aventure  déchirure  armure  blessure
        m'en voudras-tu au bout d'une petite heure
                                de t'avoir suivi jusque là
 
 
                  Marie Mélisou   9/11/1997
 
L'histoire sans faim
 
 
     sur mon balcon un frigo
     dans la cuisine une serre
     et un écriteau
     << Le bonheur a été retrouvé, il est ici >>
     l'herbe à Nicot traverse le couloir
                    volutes
     je suis dans un grand pull couleur lavande
     et la porte n'est jamais fermée
     dans le placard de quoi sortir
     et dehors des fleurs à rentrer
     sur mon buffet un poisson
     et à la cave ma télé
     avec un écriteau
     << Lieu à débarrasser, s'il vous plaît >>
     j'ai tout mélangé
     ce que j'avais 
     ce que je n'ai jamais possédé
     comme dans ma vie 
     qui est pleine d'aspéritées
     je rêve à ce qui arrive 
     avec des phrases non sybillines
     sur l'armoire les chaussures
     au sol les toiles d'araignées
     et un écriteau
     << laissez-nous vivre, longtemps >>
     sur mon balcon un frigo
     et rien à la cuisine...
 
 
                    Marie Mélisou   8/11/1997
 
 
 
 Le présent oublié
 
 
       j'ai pris une pensée pour un murmure 
       j'errais près de ton visage de papier
       moi qui ne suis même plus un rivage
       ton image commence à vivre      passé
       les couleurs et les tons aussi l'éclairage
       éclair-âge    éclair rage
       un simple bruit et tu te figes  froide
       à la fois miroir vide  à la fois non reflet 
       l'instant est enfui
       hurler de perdre même les ombres
 
 
                          Marie Mélisou   8/11/97
 
Glissement nostalgique
 
 
    j'aimerai aller à Venise
         intenses sensations
     image et nation
         espace d'un rêve
     Venir
   kaléidoscopes de métamorphoses
     magie inspirée
     musées flottants
             sable et îlots
   instabilité du temps arrêté
         ensorcelé ou freinétique
   j'aime la dimension temporelle 
   dualité irrésistible
   un orage inattendu
       et désert nostalgique résonne
   Adriatique  coucher de soleil
     Venise est étrange
     image sans nation
   cacher la tristesse sous des masques sourire
     libertinages et amours sacrés
             couleurs à Murano
   caractère et détermination 
   j'aimerai partir à Venise
       devant le portail des Doges
          St Marc et mosaiques de Byzance
   Quelques Soupirs sur le pont
     Voyage à l'envers
   romantique trajets 
          l'âme humaine est bouffon
   peintres  poètes  fous
        petite fugue souriante
             sur un air de Giovanni Giacomo
   sans fil de violence
     sans loi du Talion   clichés
                     images d'une nation
                     imagination
    Venir à Venise
         désorceler la Lagune
         j'aimerai aller à Venise
 
 
 
   Marie Mélisou  11/11/97
 
 
 
 Perdu
 
 
  je n'aime pas l'amour c'est du temps perdu
          disais-tu
     je vais faire un tour j'oublie ça
       tas d'individus 
   il faut savoir ce qu'on veut
   tu ne sais pas dire 
   j'ai bien entendu
   un échange pris sur la vie
   un jour je te dirai
               pourquoi cette désolation
                      pourquoi plus de soleil
   des pas sur le sable    effacés par l'eau
   anéantissement voulu
   petits coups de pattes précis
   tuyaux crevés
   bouches béantes où s'engouffrer
   je n'aime pas l'amour c'est du temps perdu
         disais-tu
   irrésistiblement tirée vers l'abîme
         tentatives
   début de l'infini
   vent furieux sans oasis
   comment pourraient se rencontrer nos envies
        je suis partie
 
 
                   Marie Mélisou  12/11/97
 
 Méditation
 
 
     minuscule cour    trois murs
          moquette blanche en tapis ratissé
       seule
      une seule feuille découpée
                        rouge érable
        sol 
      cailloux sable blanc
    dépouillé  
            infini suggéré
    espace rangé
       carte postale d'intuition 
    indéfinissable langueur
     simplicité travaillée
 
    arch-île-pels en immensitées minuscules
    mon regard intérieur sur ce jardin japonais
 
 
             Marie Mélisou   12/11/97
 
 
 
Ne pas comprendre
 
 dis moi cette désolation
 dis moi pourquoi plus de soleil
     être une île je ne sais
 
 nimphéas nénuphars lotus
 fibre d'une corde jouée
 
 poser un nom
   poser une vie
 renaître
 anéantissement voulu
 avant la fin du monde
 
 dis moi cette désolation
 dis moi pourquoi plus de soleil
     être une île je ne sais
 
 avant d'en arriver là
 
 
             Marie Mélisou   12/11/97
 
 
 
Un point c'est tout 
 
 
  un point
          précis
  de travers  avancée en crabe
  un point situé
            milieu de phrase
    n'a rien à faire ci
    s'est trompé  hurle la foule
  petit accident
          parcours sans rond-point
  point faux libellé
  élément de négation
     de repère
     de ralliement
     de vue
  je veux voir
  un point ôté
       pas noir
             suspendue
             belle avancée
  trois petits signes colorés 
  et phrases ensuite
 
 
            Marie Mélisou  12/11/97
 
 
 
 
 
 La nuit obscure 
 
 
  un temps elle écrivait en pensées
  joie de son vol contraire 
  enroulée aux mouvements
  pulsion de désirs
  les nerfs du corps et canaux convergent
  comme un premier péché
  grands nuages étalés
  le vent gonflait le changement nu
  puis est venu le grand matin
  monde qui rit des femmes qui rêvent
  idéal confronté 
  mauvaises herbes sur beau terrain
  courants des rivières
  nuits et jours ne reviennent
  la corolle de mots en cohorte
  elle a posé le fadeau
  regardé les vérités
  ciel et eux dessous
  peintures
  fol élan  instant de semer
           planter
  Picasso
  elle a commencé des milliers tableaux
  tous sur un même sujet
  
 
 
               Marie Mélisou  12/11/97
  
 
 
 
 Les redoutées
 
 
    j'ai peur 
    du pot de tiges penchées en équilibre
    du vent qui souffle en s'intensifiant
    de la vie suspendue à un léger brin
    du bruit qui gronde sous les hommes en action
    que l'Ailleurs ne soit pas
    d'un demain qui serait obligatoire
    qu'il n'y ait plus de pluies sur le sable
    qu'il n'y ait plus de sable sur la grève
    que la mer n'arrive plus jusqu'à moi
    qu'un jour il n'y ait plus de mots
    ou que je ne sache plus les écrire
    que tu ne sois qu'un de mes rêves
 
    mais alors ils existeraient
 
 
                        Marie Mélisou  19/11/97
 
 
 
 
Prendre ensemble un chemin sans bout
 
 
 une histoire de peau désirée
 la lumière était émotion
 les vents sur le sable entrecroisaient les sillons
 semblable à leurs doigts
 elle entendait le bruit églantine à la hâte de son coeur
 contre sa gorge
 centre de l'espace visible
 il tenait à ce que toutes les voiles hissent son éclat
 généreux vertige qui transperce la pinède
 pupilles agrandies d'un jour plein
 ils prenaient le temps de la traversée
 repas du matin illuminé en pluie vive
 
 elle partait souvent
 espoirs auquels elle tendait toujours avec ciel en avant
 
 les nuits avaient porté leurs enfances au monde
 c'était loin
 seuls comptait ces jours uniques
 impressions de manèges qui pénètrent 
 emportent
 il la regardait et sans heurt leurs peaux envahissaient leurs sens
 yeux miroirs où montaient les sensations tactiles de caresses
 retour des aller
 moindre geste 
 moindre cil habitait l'endroit où ils étaient posés
 
 il revenait depuis les temps anciens sur le rôle de ses mains
 et composait les sons de l'expression de la beauté
 
 les douches naissaient pour continuer les averses
 retrouver les besoins violents
 un silence poursuivait la connaissance
 se boire devenait brûlant
 elle scintillait pendant les étreintes immenses
 il tremblait lorsqu'elle s'enlovait depuis son cou en foetus serrée 
 
 les jours de voyages ne se comptaient plus en mots
 le murmure des vagues devenaient vagues nuages ocres
 glisser et se lire chantait le vent allongé devant eux
 leurs côtes rocheuses prenaient pleine mer
 
 la lumière humide était toute à son émotion
 
 
                  Marie Mélisou   19/11/97
 
 
 
Se réfléchir
 
 
    sans rien pas une photo pas un dessin
    mur nu
    le miroir de la pièce mouillée lui offre
    le regard d'un visage humain
    simplement
    reflet cheveux 
    quelques mêches
    ébauche de se sourire
    même pas
    effleuré sans pénétrer
    glace délivre-coeur
    il n'y a que là 
    unique et seul
    au fil des jours
    pour être apaisé
    que l'on peut ouvrir son coeur
    vérité d'une image qui avance dans le temps
    lieu de confidence aux petits pots dorés
    endroit pour voies intérieurs
    prendre le ciel lointain en essort triomphal
    l'avenir-vie ses dernières heures
    le vide sonore emplifit le vacarme de toujours
    jusqu'au grandiose selon les matins
    ou jusqu'aux larmes
    le long du cou long
    d'un reflet
 
 
                        Marie Mélisou    20/11/97
 
 
 
 
Déchirement simple
 
 
 
  ta paupière apprend l'espace
    ton oreille le monde
   regards de pierres du ciel
   sur ton visage dans le soleil
               a percé la grande muraille
     solidité
  une de tes mains sans gémissement furtif me dévaste
  l'autre est un pas qui bat dans mes veines
  le poids de ton corps est un pacte de sang attendu
 
  un jour
  désir amour qu'importe
  un cri se détachera
  un jour
 
                  Marie Mélisou  18/11/97
 
Regard sur le sommeil
 
 
  elle dormait
  il était là
  tendresse d'un homme
  elle ne le savait pas
  il était lui
  pas encore eux
  ses mots l'éveillaient 
  ses couleurs y travaillaient
  sa chair la respirait
  elle ne le voyait pas
  confiance tentations impertinences
  ils allaient tout poser à terre
  quai du pastel
  grand mélange
  sans tri étrange 
  aquarelle de la tendresse d'un homme
  lavis au milieu de la vie
  leurs yeux croisés
  regards reconnus
  il riait du mot âme
  elle acceptait sa puissance
  dormir dans la tendresse de cet homme
 
 
                Marie Mélisou 18/11/97
 
 
 
La ligne et les nuages
 
 
 un bleu blanc gris s'étire
 journée beauté ventée
 s'arrêter à tout allure
 trainées devant les mouvements
 fascinée par l'entre-temps
 j'observe l'harmonie compliquée
 au milieu du tableau
 noire nuée qui s'étire décomposée
 désordre du vol
 apparence d'un rapide rangement
 tous suivent les prédécéceurs
 disproportions et grâces 
 manteau de brises du monde autour qui bouge
 le silence est parfaitement semblable
 le froid et le bruit sont dehors
 je choisis de voler aussi
 intérieur  extérieur
 le jour vient de trouver son sens
 
    Marie Mélisou   18/11/97
 
 
 
 
 
La nuit blafarde posée sur un plateau
 
 
       ses couleurs ont des sons inconnus
           dures presque violentes
            départ où nul retour
          envies de lâcher le fil
 
      le ciel n'est pas dehors mais dedans
   la nuit n'est pas ailleurs mais tout autour
   la souffrance halète jusqu'à l'inacceptable
          elle dévaste à petit feu
         vaisseau rouge incandescent
 
    respirer laisser couler la rivière vie
    accepter que le jour poursuive la nuit
 se rattrapent valsent s'enlacent s'étreignent
         pour que la nuit s'éteigne
 
  alors sur le plateau d'un crépuscule corail
              une fleur éclot
              nervure lumière
            douceur d'un pétale
        pays qui laisse éclater l'aube
       émergence d'un possible paisible
 
  ce jour encore on n'égarera pas la beauté
 
 
                      Marie Mélisou   18/11/97
 
 
Le matin qui tombe
 
 
 Deux énormes masses bleue marine, épaisses, compactes et denses.
 Juste entrouvertes au-desssus d'Eux, en une rayure horizontale.
 Sur une bande de matin gris cieux, intacte et lisse, le ciel parle 
 à nuages ouverts d'une crise profonde qui les agite fortement.
 
 Une illumination progressive de cette couleur foncée, et le marine 
 devient gris-bleu moyen.
 Le vent se secoue à son tour.
 
 Alors, les deux nuages inattaquables continuent de s'ouvrir, de se 
 déchirer en oubliant, ou en offrant au paysage des cirrus cotoneux. 
 Des écheveulés s'installent sur la plage de l'horizon céleste. 
 
 Eux, sont dessous.
 Juste pour ressentir leurs souffles emmélés, ils ont encore tenté de 
 se réconcilier. 
 
 Le vent déplace l'air et le jour-matin tombe.
 La pluie arrose le sol. 
 Sombre, pas chagrin, il fera jour plus tard, avec de grands frissons. 
 Ceux que procurent la joie de connaitre d'autres choses.
 
 
                       Marie Mélisou, 22/11/97
 
 
 
 
Temps qui pense
 
 
    dehors ondée s'embrume
    j'écoute le bruit de l'eau
    un bruit presque autre
    plainte ou rire
    il court entre le jardin et la maison
    entre les troncs et l'herbes lourde
    entre la peau et le coeur
    vagabonde jusqu'à mon esprit
    je le choisis rire
    cette pluie est du soleil
 
   
             Marie Mélisou   26/11/97
 
Simplement
 
 
 rêve, rêve, chante-t-il au vent
 un rien inventé attendrit les yeux
 ils simplifient tout
 peau en amour
          délier le rivage et la mer
 chemin des sens
           les corps
 exploration du miroir  nos reflets
 ventre mille envies
 recevoir
 rêve, rêve, rit-il dans le vent
 si en cadeau elle offre le rêve
 il devient invincible
 s'aimeront  regards et rires
 découvrir 
 le premier moment
 l'instant où les bouches s'écrasent
 puis
 celui où la vie palpitante glisse
 absence dans l'autre
 ou renaissance
 
 scandaleuses pensées
 le vent sourit et en rêve 
 
 
              Marie Mélisou  26/11/97
 
 
 
Signal de l'écriture
 
 
            forme romanesque
            la fièvre désespérante
            au passage des symboles
            on n'écrit pas seulement avec des mots
            seismographe du coeur
            détruire chaque matin la route tracée la veille
            souffrir 
            tremblements en ponts
            autre côté des apparentes contradictions
            l'écriture en souffrance crie
            destruction libération mise en question
            l'acte de fouiller
            doute de la certitude
            "faiseur de paraboles, réalité de la fiction"
            soupirs heureux  mise au monde des signes
 
 
                           Marie Mélisou  26/11/97
 
 
Vent fusion
 
 
          le passe-mot
          je t'aime tu m'emmènes
          par le chemin
 
          demain
 
          nous allèger
          bagages confiés au seul vent
          éclats des rires gardés
 
          deux mains
 
 
                  Marie Mélisou 28/11/97
 
 
La part des anges
 
 
        vide sans honneur
        j'ai connu avec ton départ 
        une éternité désirée 
        laisser la vie que tu avais perdu
        supplice connu
        plaisirs tués
        vide sans bonheur
        tu avais les traits d'une jeune guerrière
        mais le faiseur de rimes noirs
        sous une feuille de palme
        m'a détaché de toi
        sans chercher le grand signe
        pour temps
        pourtant et-vie-dans
 
 
                      Marie Mélisou  28/11/97
 
 
Désordre de pétales blancs
 
 
  ligne d'horizon d'un petit monde
  très gris très froid
  ceinture de pierres granitées
 
  coeurs blancs des assemblages de végétaux
 
  la banquise piège les mots
  les aveuglés regardent vers le plafond 
  invisible et invable espace bleu
  
   si mon coeur tourne
   chaque instant pensées dansent
   ce siècle a eu ta peau
 
 
               Marie Mélisou  29/11/97
 
Résonne déjà de ce qui entoure
 
 
    chevelure de retrouvailles
    nostalgie à effacer en flots de mains tenues
    azur conquète 
    du non péril de soi
    il attend le grand moment
 
    sous chaque pierre
    les peines pâles perdues
    les ennuis éteints des poignants bonheurs laissés
 
    sous les peines perdues
    les aubes où nulle ne se pose
    sauf la belle horloge du temps orangé
 
    la mer emporte les rires
    devant elle il redevient l'enfant de toujours
    conques rencontrées s'écoutent durant un instant d'éternité
 
 
                      Marie Mélisou 29/11/97
 
 
 
 
 
Carnet de deuil
 
 
   l'inventaire du mourir
   temps d'avoir le temps
   il est convenable de laisser l'herbe pousser
   suivre le chemin habituel
   sans autre escapade que le regard vide
 
          ---
 
   flotter loin avec les ombres
   petites paroles sans tête
   voilier lié au mur figé
   intact sans peau
   petit poème
   les visages possèdent
   tous les grands bruits du monde
 
         ---
 
   rumeur de l'épreuve
   unisson du froid qui gerce
   redécouverte de l'infini rétréci
   quatre coins  sans espace
   pas de ligne à l'horizon
   ombre qui n'enlacera plus
 
   ultime confidence
   d'un corps sans coeur
 
         ---
 
   abîme dans un regard
   pas vif je me soustrais à la félure
   neige noire des failles sans passage
   confusion entre fuite de non proximité
 
        ---
 
   parcours d'un homme
   baignade cascade 
   poitrine se libère d'air
   l'esprit beau du regard
   il veut faire reculer le ciel
   précédrer l'altitude du rester
   je lui donne du repos au-dedans
   souveraine rage
   signes pénétrables
   de tuer la faucheuse
 
                
                   Marie Mélisou  29/11/97
 
 
 
 
Tessons du ciel
 
 
   sources secrètes partagées
   sans digue de robes chimères
   pour parer les apparences futiles
 
   entre ciel et jardin courait ton sourire salé
   chant très proche du mien
   mendiaient une vie délivrée
   suspendue
   marchand rieur
   vigne de lumière
   sans diffraction    rencontre
   toi le droit
   ton dos s'inclinait sous ma caresse
   pesions autour l'un l'autre
   nos regards à giorno niaient
   la pénombre feu-follet
 
   la nuit finissait par manger le jour
   naître l'éblouissement
   l'écume dépouillée d'un sillage au large de ton île
   il venait en toi ce grand désir
 
   savoir plein combien cela était rêve
   ne changeait aucune pensées
 
   l'appel d'étoiles
   acceptait le beau jeu
   et se glissait entre les jours de nous, vivants
 
 
                   Marie Mélisou  29/11/97
 
 
 
 
Poème blanc de toutes les couleurs
 
 
   sous mon pas cramoisi renaît le monde
   fil transparent sans oiseau
   voir la lueur céladon délivrée
   dans l'exhorte du froid
 
   le monde s'intensifie
 
   passer une robe de fée en limites abolies
   le ciel nacarat et une pincée lapis
   jonquille des perles lumières
 
   les élans nous portent loin
 
   souffle des larmes rebondies
   toute rumeur
   est une lente retombée bistre
   au midi livide du coeur gelé
 
   feuille-morte du clair-obscur s'éveille
   je voudrais mourir de froid bleu
               ou de soleils rougis
 
 
               Marie Mélisou 29/11/97
 
 
 
L'enchantement simple
 
  juste le souci-fleur
  de toucher un peu ton coeur
                     mots fôlatrent
  mouvement d'une mêche  
      relevée par l'une de nos mains
  peu importe qui
               mélange de nos joies
 
  alors
  soûlés de reflets salés-sucrés
  les mots viendront     ou s'envoleront
            éperdus yeux mêlés
        début d'odeurs d'amour
  cabine passée
  comme porte d'un château
 
 
            Marie Mélisou  29/11/97
 
 
Coup de pied de la nuit
 
 
     parabole irradiée du soleil en galaxie éclatée
     le ciel avait d'autres visages
     masque des oiseaux nocturnes
     affluents d'une qui avait égarée le magique
     j'amassais des idées sans interêt
     désespérées par essence
 
     j'explorais des parois vides et creuses
     insensée inconscience
     comme si ce n'était pas vrai
     et que je fus une autre
 
     idoles de papiers glacés    
     cartons pré-machés
     j'oubliais la fuite devant des écrans colorés
     pour livrer mon corps aux tous prêts emballages 
     j'ignorais avoir connu le fluide 
 
     puis subrepticement voile blanc écarté 
     par hasardeux clandestin passager
     déchirer et rendre à la vie 
     pour matin éthéré
     temps nouveau qui cessait d'être obscur
 
     j'étais voleuse
     ou nouveau-né
 
 
                  Marie Mélisou  30/11/97
 
Nous avons donc existé
 
 
   aulnes et bouleaux jaunes
   feuilles balayent l'éternité
   promenades
   élan à l'émotion
 
   monter plus haut 
   y  accèder avant l'oiseau
   courir plus loin
   y être avant la marée
   eau et air 
   j'effleure ainsi le caché
   indicible et introuvable accès
 
   une complicité perceptible
   puit en feu
   puissant faire
   prouve que nous avons existé
 
 
                   Marie Mélisou  30/11/97
 
 
Le temps que je crée 
 
 
        le ciel est là
        j'accroche une pensée aux nuages
        sourire qui ralentit le prisme
        envolée de thym
        figue et pain
        ne rien perdre de mon errance 
        dans l'air 
        je suis à l'empreinte l'essence des mots
        j'attire les branches
        connaissances des ouvertures secrètes
        raisin et pain
        assise dans le jardin
        réflexion sans épines d'aubépine
        je pense 
        au croisement de la terre et de l'encre
 
                
                            Marie Mélisou  30/11/97
 
 
 
Partageur de rêves
 
 
            pensées indescriptibles
            regards en débit de mots
            notre parole
            se met à table
            et sans assiette
            dîne
 
            regards rêveurs
 
            alors je perd mon nom
            monde à son commencement
            et me souviens
            pour la première fois
            de qui est derrière
 
 
                      Marie Mélisou  30/11/97
 

   
 
 
DÉCEMBRE
 
Le penche-temps /2
 
 
     eau bleue de la clepsydre 
     pluie de temps   elle frappe les mots
     écoute-coeur irisé
     derrière les aubes les corps s'étreindront
 
     ce que je dis tient sur l'aiguille des heures
     ou dans l'ombre poursuite 
     le tonnerre capucine meurtrit l'angelot
     l'étincelle du flot est lumière
 
     tout me surprend   
                   s'embrase à nos vies
     personne ne sait défaire les attachés
 
     eau bleue de la clepsydre
     plume de temps   elle enlove les secrets
     donner un sens permis
     devant les crépuscules les corps s'apaiseront
 
     ce que je fais tient sur la foulée châtaigne
     ou dans les moissons halos bleus
     le rayonné du mystère n'altère pas l'angelot
     la morçure infléchie la raisonnée pensée
 
     et tout me surprend
                      s'emboite à nos jours
     chacun connaît les perspectives en sentiers
 
 
                               Marie Mélisou   3/12/97
 
 
 
 
Libre toujours
 
 trouver les hommes sans audace
 l'usure achevée                    
 et les actions ruine
 compagnons de pas jeu
 crier chut au loup
 se tenir en fureur
 c'est pour triste
 
 enjamber la fenêtre
 un grand signe à l'aurore
 marcher sur le nuage du jour
 quitter la nuit refusée
 réclamer des ailes
 engloutir les citées
 c'est pour rire 
 
 vouloir grande beauté
 vitesse à la roue joie
 la saveur des heures pleines
 caresses renouvelées
 rayonner dans le vent
 aimer et libertée
 voler par-dessus toi
 c'est pour vrai
 
 
                Marie Mélisou  10/12/97
 
 
 Rubans
 
 un ruban de branches en feu
 comme une absence qui ignore une présence
 je ne vaux pas grand chose
 plumetis
 simplement
 la liberté l'amour les arbres
 
 un ruban sans morale jeunesse
 comme le mépris s'infiltre sur une sentence
 je ne vaux pas grand chose
 nuage
 librement
 des pensées des sourires des véritées
 
 un ruban de pays dont je rêve
 comme les romans de sa propres existence
 je ne vaux pas grand chose
 légère
 sûrement
l a valeur de chaque grain de sable en vol
 
 
             Marie Mélisou   10/12/97
 
 
 
Fenêtre
 
 
  feuilles en feu éphémère devant les yeux
  la fenêtre rend
  le fragile dehors de tout ce qui est dit
  paroles de hasard qui grattent
  
  refaire le chemin à l'envers
  partir comme arriver
  les falaises laisser
  sentiments précieux ne sont pas à écarter
  feuilles voltigent
 
  parfum profond du temps des ardents
  la fenêtre réfléchit
  les pierres sanglots des pêcheurs d'orgues
  l'étouffant ajouté où suffisait l'été
 
  feuilles en feu éphémère s'envolent au loin
  la fenêtre regarde
  le monde où naît l'embrasement du zénith
  le miel du mystère fougue
  et les paroles de hasard qui s'adonnent
 
 
                   Marie Mélisou  10/12/97
 
 
 
Flamme de l'âme
 
 
     nous avons tissé l'envie
     avec des fils d'amour
 
     dernier soupir d'un petit serpent
     rendu au néant
     dans une lumière réverbère
     pied du mur
     me suis déplacée en forêt vie
     ai rejoint ton champ sans mur
     force d'un vent sans ébullition
     rafales qui nous secouent 
 
     captive des beautées furtives
     les lueurs de ton ciel sans peur
         digue
     pour effacer les choses jugées
     ton coeur lève les doutes 
 
     nous avons tissé l'amour
     avec des fils d'envie
 
     tu importes avec toi les ouvertures
     s'offrir
            franchir
     s'éprendre de l'univers
 
 
 
                 Marie Mélisou   11/12/97
 
 
 
Le voyage déjeuner
 
 
  je pensais à la surface rugueuse
                  roches
  à un jour de vent
                  eucalyptus
  prenais appui et pensais à regarder
    à m'étonner
       à m'éveiller
  roseaux et iris avaient poussé
  là
  à droite plus au fond 
  il n'y avait plus de grille
  et puis des arbres encore
  jour de souffle 
                 vent
  tous avaient à peine bougé
  le délabré était d'accord
             était en coeur
 
  le chemin reconnu devait mener 
       jusqu'à la falaise
             à demain
                  à toujours
  marcher  regarder l'air
  rarement en arrière
  je ramassais un caillou
          parce qu'il était rond
  je pensais à une fontaine
                     simplement
  puis à l'odeur de mon café
  aux tartines que tu me demandais
    couper
      revenir ici
  petit déjeuner
  le chemin mémoire attendu veillait      
 
 
                       Marie Mélisou  11/12/97
 
 
 
 
Voyage 
 
 
   Toboggan de reins uns et nus
   je suis la captive
   de notre beauté furtive 
        un premier cri 
   mesure l'étendue du frisson vif
 
   tu répêtes la chanson du pêcheur
   l'instant ne meurt
   qu'assis dans l'espace de nos yeux
   nous sommes point cardinaux
 
   profonde nuit palpite
 
   feux de la lune et mes seins 
   se presse
   suscitent sous tes doigts caresses
   jeux sans trève 
   corps soleil déjà lourds
   ton ancre s'ingénie
 
   ouvre les portes de l'eau vive
 
   pays aux toits bleus
   j'y suis robe tendresse d'amour
   chansons éprises
   tu répands en moi ton ciel cristal 
   sucré salé des baisers
   du vaporeux étonnant nous attache
 
   suit le vent diamant profond
 
   suivra la torche de l'aube
   scintillement 
   tes lèvres en confiance sauront les mots
   le cordon île 
   langage des enfants
   qui connaissent les nuits les étés
 
   approche brûlante du total reflet
 
 
             Marie Mélisou  11/12/97
 
 
 
 Etrange bonne heure
 
 
  sel de papillon et soupir silence
  s'égarent en mains lumineuses
  volonté du courant explicite
  véhémentes plongées
            aux yeux de l'extase
  frôlement en prime heure
 
 
  muraille de rose et feu colombe
  s'épenchent en créations valsées
  désir de percer l'éternité
  chuchotements inépuisables
             à chacun de tes pas 
  frôlement de coule heure
 
 
              Marie Mélisou  12/12/97
 
 
 
Miroir corps
 
 
                         j'ai rêvé 
  clignement de yeux du navigateur
  ses voyages racontés
  chemins de portes liquides
  emprunter le fil récit
  rayon de soleil en aigue-marine
  où tourbillonne la tramontane
  le velours des lêvres sur l'infini
  souvenir futur qui monte lentement
  ondes millénaires
  sont les torches du dernier mot
  et se déroule le souffle à souffle
 
  ondes éternelles
  sont archipels des seuls gémirs
  et s'imbrique une vie dans une vie
 
 
           Marie Mélisou  12/12/97
 
 
 
 
Les désouvenirs
 
 
   j'ai besoin d'hier pour être toujours debout
   printemps en deuil
   un manège fou a signé ton absence
   il n'est de territoire 
                      où je voudrais hurler
   pour que tu sois démorte
   pensées d'épines sur une bête fauve
 
 
   j'ai besoin d'hier pour rire cent révoltes
   exil fond de cale
   une pluie salive hais ce quelque part
   un flagrant naufrage
                     d'où tu devrais jaillir
   comme une déblessure
   folie en serpe du dernier soupir
 
 
   j'ai besoin d'hier pour proscrire mon exil
   revivre la mort chaque matin
   apocalypse sombre des pensées en cyclones
   avant d'affronter le présent
                     où la vie en couleur
   sans déchagrin possible
   en guise de cicatrices pousse le vent
 
 
                     Marie Mélisou  12/12/97
 
 
 
 
Les désouvenirs
 
 
   j'ai besoin d'hier pour être toujours debout
   printemps en deuil
   un manège fou a signé ton absence
   il n'est de territoire 
                      où je voudrais hurler
   pour que tu sois démorte
   pensées d'épines sur une bête fauve
 
 
   j'ai besoin d'hier pour rire cent révoltes
   exil fond de cale
   une pluie salive hais ce quelque part
   un flagrant naufrage
                     d'où tu devrais jaillir
   comme une déblessure
   folie en serpe du dernier soupir
 
 
   j'ai besoin d'hier pour proscrire mon exil
   revivre la mort chaque matin
   apocalypse sombre des pensées en cyclones
   avant d'affronter le présent
                     où la vie en couleur
   sans déchagrin possible
   en guise de cicatrices pousse le vent
 
 
                     Marie Mélisou  12/12/97
 
 
 
 
L'âme ne manque
 
 
  enfin tes lèvres s'entrouvrent
  idées fertiles d'une danse des arcs
  qui apprend à l'étoile beige nu
  comment
  survivre en jardins profanes
  tu touches avec éblouissement l'imaginaire                
 
  quelque part dans notre pays
  les bruns d'or
  convolent
 
  quelque part sous ma peau
  le pêche velours
  bruisse
  
  quelque part dans ton esprit bleu
  le rose chine
  flamboie
 
  enfin tu défies nos mots d'envols
  crique où vagues charnelles bavardent
  avec les grains crissants
  tandis
  que perle le beaume d'amour 
  passerelle
  passe rêve d'elle
  tu étouffes d'un baiser nos rires aux éclats
 
 
                   Marie Mélisou   17/12/97
 
 Les pages à vide
 
 
  même suivre la Croix du Sud
  mes lettres épices ne t'arriveront
  la peur de l'hiver à vivre
  vole la nuit de l'air
 
  sans escale
  des cimes vers la source
    déciment mes idées
  tu es grande rivière en moi
  un lent chagrin
  manque du commencement
  est avide du bruissement de tes ailes
     à vide du cruel
     je voudrais que tu sois
 
  juste battement de cils
  dernier souffle 
  je le vois
  douceur d'une nuque
  mes doigts se souviennent
  ma mémoire ne connaît ton voyage jeunesse
  seules
  images noires et blanches
  blues de la souffrance souvenir
 
  un silence aujourd'hui
  le temps est vieux aussi
  juste un mot 
  ton prénom
  écrit en bleu délavé  
  comme couleur de tes yeux
 
 
               Marie Mélisou   17 décembre 1997
 
Dél'île en moi
 
         
   Mémoire de pleureuse
              au solstice du long très long arrêt
   un goût de feu incendie
   consume l'étoile qui erre
   la fin appelle la fin
                           opaque nuit
   sommation
   invitation du crépuscule
           pour enseigner sa nuit résolue
   le visible décline et je sais la lumière quittée
   chiffons et pleurs
                           gorge enrouée
   silence 
             à perdre haleine
   tombent les aîles
 
   juste un cil sur ta joue froide
 
 
                         Marie Mélisou    19/12/97
 
 Dél'île en moi
 
         
   Mémoire de pleureuse
              au solstice du long très long arrêt
   un goût de feu incendie
   consume l'étoile qui erre
   la fin appelle la fin
                           opaque nuit
   sommation
   invitation du crépuscule
           pour enseigner sa nuit résolue
   le visible décline et je sais la lumière quittée
   chiffons et pleurs
                           gorge enrouée
   silence 
             à perdre haleine
   tombent les aîles
 
   juste un cil sur ta joue froide
 
 
                         Marie Mélisou    19/12/97
 
 
Séparés
 
 
 secret 
 
 subitement l'amertume avait éclose
 interruptions de piliers
                       saccage 
                              naufrage
 sous la lune le fourbe cellulaire
 lucarne labourée
                        profane amateur
  son front en attente de ruines
  dressé
          fol temps déçu
  repliait vers le bas l'autrefois grelot
  frissons
 
  coeur mort
  des promesses d'enfants compagnons
                 cave et grenier
  
  destruction appliquée
  pourriture sans souffle beautée
 
                        départ
 
 
                    Marie Mélisou   19/12/97
 
 
Mine sombre
 
 
 
   de moi s'échappe la nuit
   réserve à épices d'une île sans nom
                      désobéissances de mémoire
   je suis recouverte d'un lent chagrin
   sonore et noir d'iris
                      désaccords arrachés
       sans frère
          sans adresse
   j'ai vécu en veilleuse mécanique
              sans province
 
   je suis dans un enclos temps
   poison d'un fruit enseveli à jamais
                     agenouillée devant personne
   de moi s'échappe une âme caillou
   stérile et sombre nuit
                     asservie rivière
       sans source
           sans trésor
   je ne suis rien qu'un passage
             sans retour au réel
 
 
 
                  Marie Mélisou   19/12/97
 
 
Soleil à vif
 
 
     soleil vif    sommeil vivre
     diamant contre jambe
     mots nus d'un dialogue déshabillé
     tu as le poids de l'océan
              pois de gouttes d'une pluie salée
 
     médusé au retour d'un si long voyage
     voler sur le sillon de l'eau
     fil d'une cambrure-orage
     tu dérives 
                  divagues
                             découles
 
     soleil fissuré   sommeil offensé
     charbon contre idées
     marécage d'un dialogue interrompu
     tu as le poids de l'huile
              pois tachés de fauves saletées
 
     emmuré comme condammé sans voyage
     ailes coupées sans route tracée
     fil de rasoir sang perlé
     tu délires
                 divagues
                            dérailles
 
 
                    Marie Mélisou   19/12/97
 
 
 Ombre elle
     
                  
 
    masque d'une musique et air enchevêtré
       elle murmure qu'il faut la connaitre
                                 sans croire en vain 
                                           pour savoir
          sans étendue servante
            sans étendue étale
                           ombrelle à rive hier
                                    arrêt sur son image 
 
      le discours est mémoire chuchote-t-elle
                  et choisir n'est jamais renoncer
               cri
           non aspiration à une agonie safran
                              frôlement au long silence
         bruissements bleus thés en feu naître
                                    stalactite cassant
                  l'hiver lumineux 
                      est fragile cette année
 
 
                     Marie Mélisou   23/12/97
 
                
Petits mots vers le chaud
 
 
     une brêche immense
                   ciel se découpe
     sur le spacieux spectacle du jour créé
 
     l'azur aiguise
                   le givre argenté
     une paresse glacée au souffle buée
 
     or et fleurs complice absence
                    sommeil venin
     de la nature piégée 
                            baille sur l'hiver masque noir
 
     dure belle attente
                    peau cuivrée bleue
     d'un arôme d'idée soleil ciselée transparente
 
 
 
                Marie Mélisou  25/12/97
 
 
Petits mots vers le tout
 
 
    un rien 
       souffle éperdu pour écouter
    extase du vide    libellule engourdie
      sans ombre faiblesse
    il se passe rêve   les corneilles sont affolées
         demi hier
           moitié demain
    lier le délice d'une chaleur gesticulante
    frémir la cueillette d'un plaisir
 
   je chancèle en vagues travaillées
   offre des songes visions
                       saphir délicieux
   je repousse l'infini    
             nuit pour tirer les fils connaissance
   tes bras sont le tout entr'ouvert
 
 
                          Marie Mélisou   25/12/97
 
 
 
 
 Brûlure sans âme erre
 
 
            sur les dix vols de chemins vers toi
                je réponds au désir de couvrir ton corps
                                                  or
                                  soir sur un pont
                                             danse en rond
            mes sourires sont brûlés au jardin insulaire
                 je relie ma liberté  relis ta douceur 
                                             heure 
                             lit de nos étreintes
                                      deux mains aujourd'hui
            sur tes trésors à fond de cale
                  tu m'offres le vent cyclone pour oublier  
                                                  lier
                                  soie sur ma peau
                                            soit toi sur moi
            tes paroles sont la marée qui tue le mourir
                   tu connais les reins embrasés des rêveS 
                                                  Eve
                               pluriel et il 
                                    plus rire elle et île
 
 
 
                           Marie Mélisou   29/12/97
 
 Flagrant délîle
 
 
                 je n'écris plus je voudrais
                                          je voeux
 
              tu reviens sur les cheveux de l'écume jade colère
                    voyage manège sur cheval de mer
                       chevauchée à la mer à la terre à la joie
                 immobile feu du soleil couchant en tête
 
                      l'eau cavalcade en nos rires
                                               j'écoute
 
                 acrobate des rochers pour bannir l'obscur
              tu souffles le sourire révolte qui envahit les oiseaux
                               voyage bleu pas que beau
 
                       nos terres se touchent
                                        un seul lieu partagé
                                             fil
 
                  sur la trace des mers chaudes 
                              nos peaux respirent le salé
 
                      une certaine idée d'un devenir liberté 
                     dérive  en ici   et   en là    
                                  clarté arc-en-île
 
 
                                         Marie Mélisou   29/12/97
                     
 
                                                               
Suite d' éveil
 
 
       ombres d'étoiles
               je suis éclat entre tes draps rêves
          empire inconnu en conquête
       tes rideaux lourds s'ingénient à me modeler
 
        traits solaires
                je vais éclore contre ta lumière
           royaume de fruits secrets
       tes saveurs offertes s'apposent à nous combler
 
 
 
                        Marie Mélisou   30/12/97
 
 
Compte à tenir debout
 
 
 
   un goût de naufrage non-voyage
             quelque part sous ma peau la mémoire pleure
       je ne pense plus peur
          seulement manque
             il y a des oublis qui donnent la connaissance
 
   une danse atomisée qui explose mes veines
              quelque part en mon corps le loups hurle
       je n'écris plus mourir
           seulement contour
             il y a des silhouettes qui illuminent la clarté
 
   le désastre d'une mise à mort est si lent
               quelque part, surtout partout, le temps suinte
        j'ai maux dit comme il faux
            surtout en m'appliquant
             il y a des secrets qui se rendent visibles
 
   une pluie souterraine qui pleure ses pigments
                 quelque part la fin d'un corps change le monde
        je pense à tes brûlures
            sûrement plus vive que les miennes
             il y a des âmes qui mettent le feu sur la Terre
 
   un désespoir si serein qu'il a copié ta nuit
                 quelque part désirer jeter une culpabilité
        je n'ai jamais prié
            seulement cru en toi
             il y a des ténèbres qui m'éclairent sur la terre
 
 
 
               Marie Mélisou  30 décembre 1997
 
 
 
      "Il y a des ombres qui font la lumière sur la Terre"
                           S. Reggiani.
 
 
Un signifiant temps
 
 
        un cliquetis égrenne la durée
        ma soif a faim de pluie
        tes lèvres la possèdent
        éclat carmin charnu
        quelques paroles arrachées aux nuages
        je conte les dernières heures
        cavalées
        cavaliers
        soleil couchant
 
        puis mains pensées furtives promenées
        horloge arrêtée
        sous le diamant lunaire
        recompter tous les mots
 
        magiquement
        plat ventre gagne le coeur
        bourdonnements
        
        souffles courts colorés
        accessibles fréquences et écorces argentées
 
        sablier
        grain à grain
        s'écoule    c o u l e 
        un tourbillon d'heures teintées de fauve
        soleil levant
        une brosse posée doucement sur le marbre
        belles promesses
        porte
        l'année s'ouvre
 
 
 
                              Marie Mélisou  31 décembre 1997

 
            
VERS OCTOBRE 97        VERS JANVIER 1998
 
 
                   

 
Credits :
 
Fond, vagues et phares : 
 
 
(Site consacré aux sirènes 
et à leur monde)
 
 
Ariel :   (banque d'image du dessin animé)