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Sanseverino

Chanteur et guitariste
Guitarist Acoustic n°1 - Mai 2004

Interview donné à l'occasion de la sortie de l'album "Les Sénégalaises"

Question : Le succès du premier, la naissance de ce deuxième album a-t-elle été un accouchement sans douleur ou plutôt au « forceps »?

Réponse : Ça s'est fait un peu dans la douleur, parce que j'étais super en retard dans l'écriture. J'avais les musiques, mais pas de paroles. A la veille de la première date prévue pour la sortie (repoussée quatre fois...), je n'avais aucun texte ! Il a donc fallu que je me force. Avant, j'attendais que la chanson vienne toute seule. Maintenant, je me mets carrément "à table", avec mon cahier et mon stylo, et j'y vais. Je cherche mon thème toute la journée, voire toute la nuit. et dès que je l'ai trouvé, je commence à balancer des idées...

Question : L'inspiration du nouvel album prolonge celle du précédent?

Réponse : J'espère que c'est un chouia plus abouti! Sinon, j'ai utilisé les mêmes principes d'écriture. Pour aborder un sujet, je préfère raconter l'histoire d'un mec... Ça permet de dire les choses en évitant les généralités.

Question : Dans le précédent, il y avait également une reprise...

Réponse : Là, il y a titre chanson de Léo Ferré, sur un texte d'Aragon - que des mecs morts! - "L'Etrangère", une chanson tziganisante, sur laquelle j'ai invité Odjila, un groupe bosniaco-français que j'adore. Je n'ai pas repris d'autres chansons de Béranger, parce que je compte lui consacrer un album complet. Pour des morceaux comme "Paris Lumière", qui comportent une grosse partie instrumentale électrique, il va falloir gamberger, adapter ça à la formule du quintette swing. Je ne sais pas encore trop comment (peut-être en faisant appel à des pointures du jazz...), mais j'en ai très envie. Je veux le faire absolument!

Question : Pour cet album-ci, tu avais donc commencé par les musiques ?

Réponse : Oui. J'avais quasiment tout trouvé avant. Sauf pour une ou deux chansons, où je ne suis pas parvenu à placer un texte. Ou bien alors la musique ne convenait plus, comme pour "Michto la pompe". Plutôt que de virer le texte (comme je fais d'habitude), j'ai changé la musique au dernier moment. C'est la première fois.

Question : Tu composes seul ?

Réponse : En général, oui. A part une grille que m'a proposée Hervé Legeay pour "André II", et un instrumental écrit avec Dominique Fillon. Je passe du temps à chercher des grilles d'accords, sur lesquels je mets ensuite des mélodies. Jamais l'inverse (j'en suis incapable !). Il faut aussi que je sois à l'aise pour chanter, que ça me tombe facilement sous la main. Il y a donc beaucoup d'anatoles, si possible un peu trafiqués !

Question : Tu as aussi modifié l’instrumentation...

Réponse : Il y a une guitare en plus. Dans le premier album, j'avais un peu appliqué au swing la technique de la variét', en enregistrant parfois jusqu'à cinq parties de guitares. Là, la plupart du temps, on est trois : les deux Hervé (Legeay et Pouliquen) et moi. Deux Dupont et une Selmer, enregistrées "live" avec la contrebasse et le piano ! Plus la nouvejle guitare de Gilles Pourtoy, une sorte de demi grande bouche, avec beaucoup de graves, dont j'aime vraiment le son, que j'utilise sur quelques titres. Et quelques touches de guitare électrique en re-re (une grosse Hofner demi-caisse, et le Stimer).

Question : Tu as voulu intégrer le piano à cette cellule de base" ?

Réponse : Je cherchais un instrument qui rende le truc moins "roots" que dans le premier album, qui épanouisse le swing, sans en "remettre une couche" du côté de la virtuosité. D'où le choix du piano (que j'avais pu tester pour l'hommage à Reggiani), avec un genre de mix assez simple. En fait, c'est moins "produit" que le premier, bien qu'on ait l'impression contraire, parce qu'il y a plus d'air dans la musique. Les tempos sont moins rapides. Mais j'espère que ça swingue davantage !

Question : Sur scène on retrouve donc ce nouveau quintette...

Réponse : Oui, et j'ai modifié le déroulement du spectacle. Avant, on finissait en acoustique. Maintenant, au bout d'une heure, on arrête tout, on sort, le décor change, et on fait toute la deuxième partie en acoustique. C'est évidemment impossible devant 35000 personnes ! Mais je préfère jouer quinze fois devant mille personnes plutôt qu'une seule devant quinze mille. Il faut rester dans l'esprit de cette musique.

Question : Tu joues parfois des parties de guitare pas évidentes à négocier en chantant...

Réponse : Surtout lorsqu'il s'agit de les jouer debout,! Je dois trouver ma place, au fil des répétitions. La difficulté, c'est d'assurer les enchaînements, de maintenir la concentration, au moment où le chorus s'arrête, et où il faut recommencer à chanter. Souvent, je prépare des chorus "écrits" qui peuvent changer quand j'en ai marre. Par exemple, j'adore les octavados, mais je galère avec ça (à cause du décalage entre les quatre premières cordes et les deux suivantes). C'est mon problème à la gratte !

Question : Quel regard portes-tu sur ce renouveau de la guitare manouche, très en vogue actuellement ?

Réponse : Comme toutes les modes, ça passera. Mais ce qui me surprend, ce sont tous ces gens qui s'intéressent à la guitare, qui viennent "mater les plans" et qui apprécient, qui s'aperçoivent qu'on prend vraiment du plaisir à jouer les morceaux, qu'on n'est pas là pour "poêler mollement" derrière le chanteur. Il y a une vraie prise de risque sur le son de guitare. Ce sont des instruments qui restent difficiles à jouer, même avec les micros statiques et les Big Tone. Personnellement, j'ai longtemps réfléchi avant de mélanger le swing à la chanson, alors qu'en fait c'était l'évidence... Quand j'entends Jean Sablon et Django, j'aime bien, mais je trouve que le mélange n'est pas encore fait. C'est la base (Sablon. Trenet...), mais ils ont encore peur de la pompe.

Alors que moi, c'est mon fond de commerce! La pompe doit être forte je la demande toujours "énorme" en façade . parce qu'elle doit remplacer la batterie. Si c'est pas vraiment "bien", je vais avoir du mal. En même temps, j'ai envie de chercher des variantes de cette musique. Pompe européenne, pompe américaine...en passant un peu par la musique tzigane et les différentes façons d'accompagner. Il y a des morceaux où les renversements sont "obligatoires", d'autres où c'est bien de faire un gros Sol mineur tous ensemble. Ce sont les « finesses » avec lesquelles je commence à essayer de travailler. Mais je rame. Je suis nul en renversements !


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