La Procession et le cortège

Seul saint Georges participera à la procession, les autres acteurs se tenant à l'Hôtel de Ville d'où ils partiront vers la collégiale pour de là effectuer leur descente vers l'arène préparée sur la Grand-place. Le cortège des acteurs et du dragon suit un parcours bien précis: ils partent de la collégiale Sainte-Waudru et descendent la rue des Clercs qui mène à la Grand-place. Durant ce trajet, le dragon donnera trois coups de queue dont un doit libérer un assemblage de ballons, ajout tardif (il date de la fin de la dernière guerre) au cortège mais assurant un autre moment d'émotion, l'envol des ballons étant un signe positif.

Dans la demi-heure qui précède l'arrivée de saint Georges et des acteurs, de jeunes Montois miment des combats et se roulent dans le sable de l'arène, se mettant ainsi "en condition" pour le combat du lumeçon qui doit commencer peu de temps après. Ce sont ces jeunes gens que l'on retrouvera à la "corde" lors du combat rituel.

Peu avant douze heures trente et au signal de l'échevin, les pompiers tirent une salve et ouvrent la marche. Le cortège se met alors en route. La population en est avertie par deux coups de trompette et par la fanfare qui commence à jouer l'air du "doudou". Le cortège est ouvert par les pompiers, qui tireront des salves d'honneur avant chaque "faux" coup de queue du dragon lors de la descente de la rue des Clercs ainsi que durant tout le combat. Ces pompiers (qui sont réellement des pompiers de la ville) sont les héritier des anciennes compagnies bourgeoises qui ont tenu ce rôle jusqu'à la guerre civile. Suivent les "Montois cayaux", c'est-à-dire des personnes dont l'appartenance à la ville de Mons remonte à de nombreuses générations, qui, accompagnés d'autres Montois, encerclent la fanfare qui joue l'air du "doudou" sans interruption (elle ne s'arrêtera que lorsque la bête aura été vaincue).

Derrière eux se trouvent les acteurs pour qui le jeu a déjà commencé. Les "chinchins" donnent des coups de tête dans le public et, bien entendu, aux diables. Pour eux, c'est le seul moment où ces taquineries sont possibles, car, pendant le combat, leur rôle est exclusivement d'attaquer le dragon et ses diables. Les diables donnent des coups de vessies dans le public et sur les chinchins et saint Georges joue de sa lance. Le dragon donnera plusieurs coups de queue avant d'arriver dans l'arène, mais le crin ne fera que survoler le public. Durant tout le trajet, les hommes blancs sont aidés dans leur rôle par les hommes sauvages.

Une fois à proximité de l'arène, une brèche est formée dans la foule par les policiers afin de permettre aux acteurs de joindre le lieu de leurs futurs exploits. Les pompiers se divisent en deux colonnes dont une va se poster à côté du kiosque où s'est installée la fanfare.

Autour de l'arène (qui a approximativement nonante mètres de circonférence), une corde a été dressée afin de délimiter l'aire du combat et celle du public. Public qui lui aussi aura son rôle lors du combat: il s'agira d'attraper du "crin", car il porte bonheur à celui qui le porte. Selon des puristes du combat, il ne tiendra son rôle de porte-bonheur qu'à la personne qui l'aura attrapé ou à celle qui se sera vu offrir du crin par quelqu'un qui l'aura attrapé. Le crin ramassé à terre après le combat n'a donc théoriquement aucune "valeur".
(Avec l'aimable autorisation de l'auteur : Christine Eloy 1996)

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