La neige est attendue avec impatience chaque hiver, sauf à basse altitude et en ville où elle est plutôt redoutée.
Explications avec Jérôme, prévisionniste à Météo-France.
Comment se forme la neige ?
Jérôme : La neige est une précipitation solide qui tombe d'un nuage et atteint le sol lorsque la température de l'air est négative ou voisine de 0°C. Ces cristaux de glace s'agglomèrent et forment des flocons. Leur forme varie en fonction de la température : étoiles (entre -16°C et -13°C), plaquettes (vers -12°C), aiguilles ou colonnes (vers -6°C). Sous nos latitudes, la neige tombe en plaine par une température sous abri comprise entre 1°C et - 5°C.
La température est-elle le seul paramètre déterminant pour prévoir la neige ?
Jérôme : La température est bien le paramètre clé de la prévision des chutes de neige. Pas seulement la température de l'air près du sol, mais aussi celle du sol et de la masse d'air sur plusieurs kilomètres d'altitude. D'autres paramètres entrent également en jeu et déterminent la nature de la neige : l'humidité de l'air, à savoir sa teneur en eau, le vent et son effet de refroidissement, plus ou moins rapide et intense.
Pourquoi la neige collante est-elle si indésirable ?
Jérôme : C'est une neige aux effets dangereux : elle se compacte et adhère à la chaussée, aux câbles électriques, voire aux caténaires de la SNCF. Un faible enneigement de ce type, même de quelques centimètres, peut perturber gravement le trafic routier, la circulation aérienne et ferroviaire. Mais, l'accumulation de neige mouillée, fréquente dans le sud de la France, provoque aussi de sérieux dégâts. Sous le poids de cette neige très lourde, les toitures ou les serres peuvent s'effondrer et les branches d'arbres rompre.
Comment limiter les effets des neiges collante et mouillée ?
Jérôme : En anticipant les épisodes de neige. La carte de vigilance lancée en octobre 2001 par Météo-France intègre la neige. En cas d'épisode de neige dangereux, elle informe les Français et les pouvoirs publics et permet de mettre en place des mesures préventives.
Des seuils de hauteur de neige ont été établis par région, selon la densité de la population et les conséquences potentielles locales. Les régions sont diversement acclimatées à la neige. Un enneigement de 5 cm perturberait par exemple davantage Paris ou Perpignan que Grenoble ou Tarbes. Les agglomérations, surtout celles situées en plaine, ne sont en général pas conçues pour vivre avec de la neige. Elles sont donc particulièrement vulnérables. La carte de vigilance rappelle également les précautions à prendre pour se protéger chez soi ou lors de ses déplacements.
Est-il plus facile de prévoir des chutes de neige en plaine ou en montagne ?
Jérôme : La prévision est plus facile en montagne, car les situations météo y sont plus marquées. Les températures nettement négatives excluent les précipitations sous forme de pluie. Il en est de même pour certaines grandes villes réputées pour leur enneigement. La prévision de la neige est plus aisée sur Chicago ou Moscou que sur Paris. Les températures basses qui y règnent ne laissent pas de place au doute : les précipitations ne peuvent être que neigeuses.
Enfin, la prévision de la neige en plaine comprend non seulement les chutes de neige, mais aussi l'évolution du manteau neigeux : son maintien au sol, sa fonte, son regel et la formation de plaque de verglas, son épaisseur, ses qualités successives, la durée et la vitesse de ces différents états.
Quels sont les moyens utilisés par les prévisionnistes pour prévoir la neige ?
Jérôme : Nous utilisons bien sûr les résultats des modèles de prévision (simulations informatiques du comportement de l'atmosphère) que nous confrontons aux observations. L'imagerie issue des satellites et des radars permet de surveiller l'évolution des paramètres vent et température à différentes altitudes et de corriger les résultats des modèles parfois sur-estimés ou sous-estimés.
Si le modèle prévoit par exemple de la neige sur Paris, on pourra, grâce aux images satellite et radars, estimer l'arrivée de la bande de précipitations. Les radars ne permettent pas toutefois de distinguer entre la pluie et la neige. Les prévisionnistes détermineront s'il s'agit de neige ou non.
On peut donc prévoir de la neige dès que la température au sol est inférieure à 0°C ?
Jérôme : Et bien, non, la formation de la neige est plus complexe. Lorsqu'il neige, la température au sol est, il est vrai, le plus souvent comprise entre 1°C et - 5°C. Mais la neige peut aussi tomber, plus rarement, par des températures positives.
La neige se forme en altitude et évolue au sein des masses d'air qu'elle rencontre lors de sa chute. Si la température de l'air devient positive à moins de 300 m du sol, les flocons n'ont pas le temps de fondre et atteignent le sol. C'est pourquoi des chutes de neige sont possibles avec des températures de 1°C à 3°C.