La dynastie Martin

Propos recueillis par : Olivier Noël
Dessins : Jacques Martin
Remerciements à Cathy Degreef et Marie-Thérèse des éditions Casterman qui ont organisé cet entretienTexte intégral

© 2000 HEXAGONAL

   Le 4 décembre 1999, à l'occasion du Salon du Livre de Jeunesse à Montreuil (93), nous avons pu rencontrer Jacques Martin, celui de la BD, le vrai, le père d'Alix, de Lefranc, le dernier pilier de la BD francobelge, l'un des fondateurs de la bande dessinée moderne. Morceaux choisis d'un entretien avec un monument historique.
 


Les ailes de Martin

   MultiMondes : Vous êtes né à Strasbourg et y avez passé une partie de votre enfance, quelle importance a cette région pour vous ?
   Jacques Martin : Le fait d'être né en Alsace m'a beaucoup influencé, surtout pour ce qui est de l'histoire. J'habitais Aubernay avec mes parents bien sûr, et je voyais ce château... ces châteaux car il y a beaucoup de châteaux sur les crêtes alsaciennes, vosgiennes, et ces châteaux m'ont fait rêver déjà tout petit. Je sciais mes parents pour aller visiter ces châteaux parce que j'affabulais là dessus. Alors l'Alsace avec ses traditions beaucoup plus ancrées, beaucoup plus fortes que dans d'autres régions de la France, sur le passé s'entend, les maisons, tout ça... La plupart des maisons sont du 17 ou 18ème, il y a de nombreux châteaux, des ruines, etc. Il est évident que cela m'a beaucoup influencé, ça m'a donné le goût de l'histoire. Alors je ne sais pas, mais par exemple si j'avais habité Montreuil. (rires) Je n'aurais sans doute pas fantasmé de la même manière. L'endroit où l'on vit est très important vous comprenez. Si j'avais été breton, j'aurais sans doute été porté sur la mer, les bateaux et toutes ces choses. J'ai eu deux influences comme ça, l'histoire, et puis l'aviation parce que mon père était aviateur.

MM : Il était aviateur ? Pilote ?
   J.M. : Oui, oui, il a fait la Première Guerre Mondiale. Il faisait la ligne Paris-Strasbourg. De Strasbourg il faisait aussi Munich, Prague, Varsovie, c'est d'ailleurs le premier aviateur avec Bruno Guess(1) qui s'est posé à Moscou en 1924. A l'époque c'était un exploit, maintenant... D'ailleurs mon père avait cette prescience, il m'avait dit quand j'étais gamin, tu verras un jour, les pilotes ne seront plus des héros mais des chauffeurs de taxi de luxe. Donc j'ai eu deux influences comme ça, mais je dois dire que l'histoire l'a emporté sur l'aviation. Toutefois je garde toujours un intérêt très fort pour l'aviation.

MM : Cette vocation, cette passion du dessin vous est venue comment ?
   J.M. : Justement j'ai retrouvé dernièrement des livres que m'avaient offerts mes parents, et je dessinais partout, sur chaque feuille, chaque bout de papier je dessinais, j'avais la rage du dessin. Mes parents me laissaient faire, mais à l'école c'était très mal reçu. Dans les marges de mes cahiers il y avait des dessins partout. J'ai eu beaucoup d'ennuis avec ça, des zéros etc. Même plus tard à 15 ou 16 ans, je ne résistais pas à l'envie de faire un dessin.

MM : Et malgré ça vous n'avez pas fait d'études de dessin. Je suppose que c'est parce qu'à l'époque c'était assez mal vu.
   J.M. : En fait mon père, qui était donc aviateur, s'est malheureusement tué en 1931. Et à l'époque ce sont des organismes d'aviation dont certains existent encore comme les Ailes Brisées(2) qui s'en occupaient. Ce sont donc les compagnies d'aviation qui ont financé les études de mon frère et les miennes. Et bien sûr quand ce type d'organisation prend en charge les études de jeunes, ils ont un droit de regard. Quand j'ai dit à ma mère je veux faire les Beaux-Arts et qu'elle a retransmis ça, ils lui ont dit c'est pas sérieux Madame, on va pas financer des études pareilles.

MM : Surtout à l'époque.
   J.M. : Vous pensez bien sûr, avant la guerre ! Ils ont dit "puisque votre fils veut faire un métier un peu artistique, il n'a qu'à faire les Arts et Métiers(3) comme ça il apprendra un métier et en même temps il apprendra les arts !" C'est bien sûr un leurre car le mot métier cache l'art de la construction, de la ferraille, du bâton, mais absolument pas l'art graphique ! J'avais plutôt envie de faire des dessins style David à l'époque, et apprendre la perspective et tout ça. Alors de fait ça m'a cassé les pieds.


Belgique, la terre promise

MM : A cause de cette école et de votre connaissance en aéronautique, vous êtes "arrêté" par les Français et envoyé pour deux ans dans les usines Messerschmitt en Allemagne. Vous êtes ensuite libéré par les Américains et revenez en France, et ensuite ?
   J.M. : J'attrape malheureusement une maladie qui va me poser de gros problèmes visuels, le botulisme(4). J'ai mangé une boîte de conserve qui n'était pas très fraîche - à l'époque parce qu'il faut bien replacer les choses dans leur contexte, la conserve n'était pas aussi sur que maintenant. Ma mère avait une maison dans les Vosges et j'ai passé 3 ou 4 mois là-bas avant de reprendre mon travail dans l'usine d'hydravions où je travaillais avant guerre. Et quand j'ai vu l'ambiance à cette époque là je me suis dit je ne vais pas rester là-dedans. On foutait rien, ça gloussait politique, les projets étaient nuls . J'ai appris d'ailleurs ensuite que les vrais cellules qui travaillaient employaient des ingénieurs allemands qui travaillaient en secret. En fait ces bureau d'études français servaient de couvertures à ces ateliers secrets. Je me suis alors mis au dessin animé, j'ai travaillé quelques temps pour Grimault(5). J'ai fait des décors, j'ai appris l'animation mais ça ne me plaisait qu'à moitié, j'avais pas envie de rester là dessus.

MM : Pourquoi la Belgique ?
   J.M. : Il faut savoir qu'à l'époque la Belgique c'était le pays de cocagne. Il avait vendu pour une fortune aux américains une partie de l'uranium congolais, et cette Belgique c'était incroyable. Il y avait une Europe ravagée et pauvre, et elle. En fait j'avais un peu de famille en Belgique et je leur avais envoyé quelques dessins. Ils m'avaient dit de monter chez eux. Quand je suis arrivé là-bas tout marchait, j'ai eu des offres de travail tout de suite. J'ai été engagé dans un bureau de publicité, l'OTP. Je rappelle qu'en fait je n'ai jamais appris le dessin.

MM : Vous n'avez en fait jamais appris le dessin, vous êtes donc un autodidacte, comment êtes vous entré chez Tintin Journal ?
   J.M. : A l'OTP, il y avait un lettreur qui s'appelait Miessen. Un jour il me dit "Toi qui aimes la bande dessinée tu sais que deux rues plus loin, derrière la grand-place vient de s'ouvrir le journal de Tintin. Tu devrais aller voir". J'ai foncé là-bas et j'ai tout de suite été reçu par la direction. Bien sûr ensuite ça n'était plus aussi facile. Mais à l'époque le journal était pas encore sorti ! J'ai montré mes dessins et ils m'ont dit "Présentez-nous un projet. Trouvez quelque chose d'original". Je suis rentré chez moi, dans la petite pièce que j'avais à Bruxelles, et j'ai inventé Alix en 10 minutes.

MM : Et pourquoi l'antiquité ?
   J.M. : Parce que j'avais beaucoup lu sur l'antiquité depuis l'âge de 15 ans, Salammbô, tout ça. D'ailleurs juste avant d'arriver en Belgique, j'avais acheté dans une librairie boulevard St Germain tout un traité. Je l'avais vu de dehors et j'avais demandé "Qu'est-ce que c'est que ça ?" "Un traité sur la Grèce et Rome, personne ne lit ça". Et je l'ai acheté 15 F. Ancien ! Le type était tout content de s'en débarrasser. Aujourd'hui ça vaut une fortune parce que c'est toute l'étude d'un grand spécialiste d'avant guerre 14-18 qui était la sommité sur la matière à cette époque. Et j'ai lu ça, j'ai avalé ça parce que ça faisait suite à ce que j'avais déjà lu. Alors au fond le personnage d'Alix je l'avais en moi et il est venu tout de suite. Hergé m'a toujours dit "La bonne trouvaille se fait en 5 minutes". D'ailleurs Hergé avait trouvé le graphisme de Tintin en 5 minutes !

MM : Ils ont accroché tout de suite ?
   J.M. : Je le leur ai présenté et ils m'ont dit c'est super, c'est très bien, dès qu'on passe de 12 à 16 pages, c'est pour vous. Et en effet c'est ce qui s'est passé. Ma première prestation est fortement inspirée de Ben-Hur je le reconnais et j'ai toujours voulu recommencer cette page mais je n'ai jamais pu.


Les studios Hergé

MM : C'est à ce moment là que vous avez travaillé avec Hergé dans ses fameux studios ?
   J.M. : Non pas tout de suite. J'ai été engagé par le journal en 47, Alix est paru en 48. C'est en 51 qu'Hergé m'a demandé de travailler avec lui pour faire les "chromos voir et savoir", je ne sais pas si vous connaissez cette série ?

MM : Non, mais je me renseignerai.
   J.M. : Ca marchait du tonnerre de dieu à l'époque. Il y avait des timbres Tintin qui fonctionnaient avec des marques d'huile, des chocolats. Alors on faisait comme prime d'achat une image de Tintin. C'était l'histoire de l'automobile, de l'aviation, des bateaux, avec chaque fois un petit Tintin dedans. Et c'est moi qui faisais ça. J'étais très bien payé, on touchait 5 centimes par timbre et il partait des milliards de timbres par mois, même en France ! Vous vous rendez compte ! Mais bien sur ce genre de succès ça suscite les jalousies et il s'est trouvé un politique quelque part pour interdire la vente par timbre en Belgique puis en France. C'est dommage parce que personne n'y a rien gagné. Il y a eu d'autres tentatives de timbre mais ça n'a jamais marché comme les timbres Tintin. Le journal Tintin était vraiment précurseur et avait des années d'avance sur le reste de l'Europe.

MM : Cette fois, vous êtes aux fameux studios Hergé.
   J.M. : Pas au début mais en 55. Il y avait tellement de boulot avec les timbres que Hergé m'a demandé de terminer un album de Joe et Zette(6) qu'il avait commencé avant guerre. Et il m'a dit "Viens travailler chez moi". J'ai résisté 3 ans. Parce que ce n'est pas la même chose voyez-vous. J'avais l'habitude d'être indépendant et puis Hergé avait des conceptions du travail que je n'avais pas du tout. Les horaires de bureau, on commence à 9 h on finit à midi, et puis le collaborateur engagé, payé au mois. C'était pas tellement mon truc et j'aimais pas tellement ça. Enfin, je m'y suis plié mais après 20 ans je suis parti.

MM : Ce genre de contrainte n'est pas trop dur à assumer.
   J.M. : Ca dépend. Par exemple durant la période des studios Hergé, quant on proposait des scénarios de Tintin, ils étaient refusés parce qu'il n'y avait pas toute la famille. Il fallait écrire les histoires de Tintin avec la castafiore, les Dupond, le professeur Tournesol, Haddock, etc. Et donc il refusait tous les scénarios parce qu'il ne pouvait pas y mettre toute la famille.

MM : Vous avez quitté les studios Hergé en quelle année ?
   J.M. : Je suis parti en 72 mais de toute façon je continuais mes séries en, parallèle, c'était la condition à mon entrée aux studios, avec l'utilisation des coloristes. Mais ce n'était pas sain, tout était pris en charge financièrement par les studios même les voitures des collaborateurs, et il y a eu des dérives, d'autant que Hergé a eu de gros soucis qui ont fait qu'il ne s'intéressait plus à ce qui se passait dans les studios. Le malheur c'est que moins Hergé travaillait, plus le studio gagnait d'argent ! Forcément quand on disait il faut faire un nouveau Tintin, on nous disait "Non pourquoi ? Les anciens albums marchent très bien. Pas besoin d'en faire de nouveaux !". Le premier à partir a été mon collaborateur Roger Leloup(7), j'ai suivi un peu plus tard. Comme j'avais eu le bonheur ou le malheur, je ne sais pas comment il faut prendre ça, d'avoir créé plusieurs séries qui marchaient bien j'ai recruté des collaborateurs.

MM : Vous n'êtes donc pas un adepte du système studio ?
   J.M. : Non, à l'heure actuelle j'ai aussi des collaborateurs mais c'est pas du tout le système de l'usine, ils travaillent chez eux, ils sont indépendants. Mais le studio je trouve que c'est pas motivant. On y prend une mentalité . D'ailleurs les studios Hergé ne sont pas morts de ça mais il y avait une sclérose, avec le train train, le côté administratif, on colorie toujours comme ça, etc. J'ai jamais pu avoir un coloriage ! J'avais une productivité beaucoup plus forte que celle d'Hergé - J'enfoncais une porte ouverte, mais ses coloristes il n'y avait plus moyen de les faire bosser. On ne pouvait plus avoir de travail convenable, ils sont restés dans leur train-train, leur mentalité. Les studios sont morts de cette démotivation.

MM : Qu'est-ce qui a construit le succès d'Hergé et de Tintin ?
   J.M. : C'est simple, il a été seul sur le marché pendant 15 ans ! Imaginez un petit constructeur contre Renault ou un petit studio de dessins animés contre Disney, c'est impensable. Et ce retard de 15 ans, il était irrattrapable par les autres. Je me souviens en 1950 et des poussières un neveu m'avait demandé des albums de bandes dessinées pour son Noël. Mais il m'avait dit pas des Tintin, et pour cause j'étais en contact avec Hergé et je les lui avais déjà donnés. Et bien je n'ai rien trouvé ! Il n'y avait que du Tintin. Mais attention, des panneaux entiers ! Bien sûr maintenant on trouve de tout mais à l'époque...

MM : Vous êtes souvent considéré comme l'un des fondateurs de la BD européenne, ou francobelge avec Jacob et Hergé...
   J.M. : Mais écoutez non, il ne faut pas être si limité ! Il ne faut pas oublier un type comme Vandersteen(8), ou Franquin(9). Il ne faut pas oublier ce qu'ont fait des gens comme ça. Moi j'admire beaucoup ce qu'a fait Franquin. Hergé n'a pas été tout seul, je ne voudrais retirer le mérite de personne. Mais si vous voulez il y a une quinzaine d'auteurs de bandes dessinées qui ont fait ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Bien sûr il y a eu toutes sortes d'évolutions même pour arriver au manga mais tout y était à l'époque.

MM : Vous avez bien connu Jacobs ?
   J.M. : Mais si on doit se mettre à parler de Jacob, il y en a pour des heures ! Parce que Jacobs c'est un phénomène très particulier. C'était un charmant type, très drôle, mais plein de complexes, de problèmes. C'est un personnage qui a eu un parcours compliqué, faut pas oublier que c'était un chanteur d'opéra, qui a atterri dans la bande dessinée alors que c'était pas trop son truc.


Les personnages s'imposent

MM : Pour en revenir à vos personnages, vous avez créé Alix en 10 minutes, mais comment est né Enak ?
   J.M. : C'est une sorte de hasard. Enak est né dans le second album d'Alix Le sphinx d'or et je n'imaginais pas me resservir de ce personnage. J'avais en fait créé ce garçon comme ça, et puis il s'est passé le même phénomène qu'avec le Capitaine Haddock... Je reviens sur Hergé, quand il a créé le Capitaine Haddock, c'est un soûlard qui vend son bateau, c'est une crapule, mais il est marrant. Et c'est le public qui a imposé Haddock à Hergé. Quand j'ai commencé le 3ème épisode de Alix(10) je ne cherchais pas du tout à mettre Enak. Mais j'ai reçu des tonnes de lettres au journal. Et la rédaction de Tintin m'a téléphoné et m'a dit, je reprends les termes, "Vous allez nous parachuter ce personnage tout de suite". Et depuis je n'ai jamais pu m'en défaire (rires). Et à l'heure actuelle c'est devenu une sorte de couple, ce qui est un peu gênant parce que sans m'en rendre compte ça a fait une ambiguïté que je n'ai pas voulue ou réfléchie. J'avais mis un gamin parce que dans le contexte une gamine c'était difficile, il aidait Alix, et puis voilà. Mais j'ai jamais imaginé... C'est très curieux. Bien sur à l'époque, j'avais 25 ans, je n'ai pas résisté à la pression qui m'a imposà ce personnage. A 45 ans ça aurait été une autre histoire. D'ailleurs c'est curieux parce qu'aujourd'hui dans une séance de dédicace, s'il y en a un qui demande Enak, hop tout le monde demande Enak.

MM : Quand vous avez créé Lefranc, c'était pour vous dépayser ?
   J.M. : Au départ je ne voulais faire qu'une histoire ! Au journal ils m'ont dit "Mais pourquoi voulez vous faire ça, des histoires modernes il y en a déjà, vous allez marcher dans les plates bandes de Jacob(11), etc". Je leur disais que c'était pas du tout la même chose mais bon. Alors je leur ai dit permettez-moi une histoire. Et ils m'ont dit d'accord, une. J'ai donc fait Lefranc qui a très bien marché et quand j'ai voulu enchaîner sur un album d'Alix, ils m'ont fait "Pourquoi voulez-vous reprendre Alix ? Lefranc ça marche très bien !" Au final le compromis ça a été de faire un Alix, un Lefranc. En quelque sorte j'ai été victime du succès de Lefranc !

MM : Lefranc avait également un compagnon, Jeanjean, mais celui-ci a assez vite disparu des albums pourquoi ?
   JM : Pour Lefranc, Tintin avait exigé que je fasse quelque chose qui ne perturbe pas les lecteurs, donc Lefranc devait ressembler à Alix, et je devais placer un comparse comme Enak. Mais je me suis rendu compte qu'à notre époque il n'était pas possible ce personnage. Parce que si Enak je peux le mettre à 14-15 ans se baladant toute la sainte année à travers le monde, un personnage de 14-15 ans à notre époque voyageant à travers le monde avec un homme de 25 ans, ce n'est pas possible. Dans le prochain album Lefranc fait visiter l'Egypte à Jeanjean mais ensuite le renvoie en Europe, il permet juste de faire voyager Lefranc là-bas. Mais vous savez Enak ce n'est pas toujours facile de le gérer et je me suis efforcé de ne plus donner de comparses à mes personnages. Dans le prochain Alix La chute d'Icare, on assiste au retour de Arbacès mais une fois et voilà. Je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas mettre trop de comparses fixes dans une BD, sinon ça devient impossible à gérer.

MM : Lefranc a un grand ennemi qui revient dans chaque album, en l'occurrence Axel Borg, ce qui n'est pas le cas d'Alix.
   J.M. : Si dans Alix il y a Arbacès.

MM : Il n'est intervenu qu'assez rarement.
   J.M. : Oui parce que comme Haddock avait plus de succès que Tintin, Arbacès avait plus de succès qu'Alix auprès des lecteurs. C'est très curieux.

MM : Parce que c'est un personnage ambigu ?
   J.M. : Non, le méchant, le mauvais, appelez le comme vous voulez, plait davantage aux lecteurs parce qu'au fond, il a des défauts. Et si vous lui donnez une certaine prestance, du bagout, ou une allure, les lecteurs adoptent le personnage. Ils se retrouvent en lui. Alors Borg justement je ne l'ai fait pas trop criminel, pas trop trop méchant, dans une histoire il sauve Lefranc, en échange d'autre chose bien sur (rires), il faut pas non plus exagérer. Je peux me permettre des choses avec mes personnages que je ne peux pas faire avec d'autres. Ce que je reprochais aux scénarios de Jacob, c'est d'avoir fait d'Olric un personnage irrécupérable.


Archéologie sur papier

MM : La série des voyages d'Orion, devenus voyages d'Alix est née comment ?
   J.M. : C'était lors d'un voyage en Egypte. J'étais avec mon fils et des gens qui s'intéressaient à l'archéologie mais qui n'étaient pas archéologues. Ils nous suivaient partout en me demandant des explications. Et ils me disent "Il y avait de la couleur partout, mais c'est pas possible !". Les gens avaient du mal à s'imaginer que tout était coloré. Le soir ils vont chercher dans les boutiques des reconstitutions. Et je leur dis ne cherchez pas, il n'y en a pas, et en effet ils font chou blanc. "Mais pourquoi vous ne faîtes pas ça vous ?". Je leur réponds que j'ai pas le temps, qu'ils se rendent pas compte, etc. Mais en fait c'est la pièce de un franc qui est tombée et qui a fait tilt. Et en rentrant dans l'avion je me dis tiens je vais faire un bouquin.

MM : Quelles sont vos méthodes de travail pour faire un album ?
   J.M. : Tout d'abord il faut avoir l'idée, ensuite je vais sur place, 8 à 15 jours. Et j'y retourne si c'est nécessaire. Et là je prends des photos, beaucoup de photos. Encore que le prochain Lefranc se passe au Cambodge et que pour des raisons de santé mon médecin n'a pas voulu que j'aille là-bas(12).

MM : Vous avez envoyé des collaborateurs ?
   J.M. : Disons que j'ai la chance d'avoir un cinéaste qui est venu chez moi et qui m'a dit "Mais ma fille est au Cambodge !". Alors j'ai faxé une lettre à cette madame qui m'a répondu "Mais je vous envoie une cassette". Et elle m'a envoyé deux cassettes où elle filme tout, Phnom Penh, à droite à gauche, et d'ailleurs c'est dommage parce que je n'ai fait qu'une dizaine d'images de Phnom Penh. Et puis Angkor, la jungle, les temples, les voitures. Alors évidemment on constate des choses au Cambodge, d'abord il y a les cigarettes Alain Delon ! Bien sur c'est un détail mais je ne sais pas si vous le saviez. Et puis ils sont tous en vélo ou en moto et n'ont pas de casques, et alors ça circule !! Ensuite il y a vraiment des maisons considérées comme de luxe, et puis le gourbi, il n'y a pas de juste milieu. Par contre tout le monde est habillé pareil, c'est-à-dire un T-shirt, et un short ou un jean. Et ça de 15 à 75 ans, avec en plus ces chapeaux en paille. Et j'ai appris des tas de choses, dont le démontage et le vol des statues, qui est la motivation de l'histoire. Donc pour cet album je n'irai pas au Cambodge puisque j'ai reçu des tonnes de documentation et ce ne sera pas nécessaire. Par contre pour le Lefranc suivant qui se passe en Egypte, j'ai comme principe de suivre le trajet de mon personnage, alors je fais des tas de photos.

MM : Vous utilisez beaucoup l'informatique ? Par exemple pour vos dessins préparatoires d'architecture antique ?
   J.M. : J'utilise Internet pour ma documentation mais sans plus. J'ai fait dernièrement un appel sur Carthage, et je n'ai pas reçu grand chose. Mais pour les reconstitutions non, ça n'est pas utile. Il vaut mieux savoir où aller, quoi acheter, être en rapport avec des archéologues. Je prends un exemple, quand j'ai fait le second livre sur la Grèce avec Pierre de Broche, un professeur d'université de Marseille, qui hélas est mort. Nous avons calé sur le site de Delphes. On avait une image et on se disait "Mais là qu'est-ce qu'il y a, là ?". Alors j'ai écrit à un archéologue spécialiste en Alsace et il m'a répondu "Là on ne sait pas ce qu'il y a, ça a été pulvérisé, mettez ce que vous voulez." Je lui dis non, si dans 6 mois, 3 ans on fait une découverte, j'aurais l'air bête. Alors il m'a fait un croquis en me disant voilà ce qui est le plus plausible. Qu'est-ce que vous voulez faire d'autre ? Un autre exemple, le temple de Karnak en Egypte. Le saint des saints a été totalement pulvérisé et détruit parce que comme c'était du calcaire, au Moyen-Âge, les fellahs ont brûlé tout ça pour faire de la chaux. On ne saura jamais ce qu'il y a. Alors ou on le fait pas, ou on le voit de loin, il n'y a pas d'autre solution. Je préfère ne pas inventer et présenter de loin. Il y a des endroits comme ça, comme Carthage, on prépare un album dessus, et bien on peut faire un livre, mais pas deux. On constate que les romains ont parfaitement réussi le génocide et la destruction de Carthage. J'en parlerais peut-être dans le livre mais ils ont tout comblé avec de la terre, vous imaginez le nombre d'esclave qu'il a fallut ! C'était en terrasses et ils ont comblé avec des tonnes de terre et ils ont construit dessus. Ils pensaient que les ruines resteraient enfouies à tout jamais. Et bien non, qu'est-ce qu'on a fait ? On a jeté tous ces remblais parce qu'entre temps qu'est-ce qu'avaient fait les arabes ? Ils avaient piqué toutes les colonnes. Au Caire par exemple les mosquées sont pleines de colonnes Corinthiennes, mais pleines, il y en a des centaines... A partir du moment où il n'y avait plus de ruines romaines puisque les vandales avaient tout pris, les archéologues ont retrouvé les fondations de Carthage. C'est grâce à ça que l'on peut imaginer ce qu'il y avait au-dessus.

MM : La visite sur place vous apporte beaucoup ?
   JM : Oui, encore que parfois c'est très frustrant. Olympie par exemple j'y ai été plusieurs fois, il y a des colonnes du temple de Zeus par terre. Ce qu'il y a de vexant c'est qu'on pourrait rétablir les colonnes, ce qui n'est pas difficile, mais il y avait des fresques sur ces colonnes, et là ! Alors il y a quelque chose de râlant là dedans, c'est qu'il y avait un grand visiteur de tout ça qui s'appelait Posanias, à l'époque d'Hadrien, et lui raconte tout. Mais il ne raconte pas ce qui lui paraît courant : "Le temple avait des colonnes formidables de tant de hauteur, tant de largeur, et sur la face nord, la fameuse évocation des Argonautes." Oui mais il ne dit pas comment c'est ! Il ne décrit pas le tableau parce que pour lui c'est évident. C'est comme si vous disiez "Je suis passé devant la colonne de la Bastille" et que dans 500 ans on dise mais elle était comment cette colonne ? Bien sûr on est frustré, c'est pourquoi il y a une limite à la reconstitution. Il y a des sites de la Mésopotamie par exemple qu'on présente sur une image et c'est tout.

MM : Entre l'Egypte, la Grèce et Rome, où va votre préférence ?
   J.M. : C'est-à-dire que si je devais partir sur une île avec un bouquin je prendrais l'Egypte. Parce que c'est fabuleux, c'est fascinant... J'aurais quand même un petit regret pour la Grèce.


Les successeurs de Pharaon

MM : Quand vous voyez actuellement des personnages comme Blake et Mortimer qui sont repris par des successeurs ?
   J.M. : Ecoutez c'est une question très difficile car j'ai comme principe de ne jamais faire de commentaires sur le travail de mes collègues. Par ailleurs Dargaud est un de mes éditeurs.

MM : Détrompez-vous, mon but était de passer par cet exemple pour en venir au fait que des dessinateurs comme Chaillet ou Moralès reprennent vos personnages, pas de vous faire réagir sur Blake et Mortimer.
   J.M. : Ah oui je comprends. C'est-à-dire que moi je prépare ça. C'est tout à fait différent, moi je désire que tout continue après moi. C'est pour ça que j'ai formé ces garçons n'est-ce pas. Je prends l'exemple de Christophe Simon(13), il est jeune, il a l'air frêle et fluet comme ça, mais c'est un type extraordinaire. Il a une patte ! Il faut voir ce qu'il fait en peinture, c'est extraordinaire ! Alors bien sûr je passe le relais, je leur apprends. Le cas de Blake et Mortimer n'est pas le même, l'auteur n'est plus là pour donner des conseils ou des directives. Je connais bien Juillard(14) mais malgré tout son talent, ou à cause de, il fait du Juillard, il ne parvient pas à se mettre totalement dans la peau de Jacob. C'est pareil pour Hergé, et pour d'autres, Charlier n'est plus là pour écrire ou faire écrire des scénarios. C'est pour ça que je prépare le terrain. Maintenant ils savent ce que je veux, j'ai des scénarii prêts à l'avance, et ils savent très bien la marche à suivre.

MM : Vous travaillez avec combien de collaborateurs actuellement ?
   J.M. : Une dizaine, il y a Christophe Simon, Morales(15), Henniquiau(16), Denoël(17), Pleyers(18), j'ai comme coloristes et encreurs France Ferrari, Christiane Grégoire, Vincent Hénin, et Cédric Herwegue.

MM : Gilles Chaillet également ?
   J.M. : Non, non, Chaillet on a arrêté, il est trop concentré sur Vasco, à juste titre d'ailleurs, et il avait parfois tendance à bâcler un peu Lefranc, et la... En fait à partir du moment où il se servait de Lefranc comme d'un instrument alimentaire, il a fallut arrêter.

MM : Ils ont l'esprit Martin en fait ?
   J.M. : Oui mais en plus il faut choisir des gens qui sont doués bien sûr mais surtout qui sont intèressé par ça. Parce que si vous prenez un dessinateur même s'il a beaucoup de talent, mais qui n'est pas intèressé par ce truc, vous perdez votre temps et il ne fera jamais quelque chose de valable. Il le fera pour l'argent ou d'autres motivations, mais il ne sera pas branché, le courant ne passe pas. C'est pour ça que c'est difficile. Je reprends le cas de Christophe Simon parce qu'il est typique. C'est quelqu'un qui n'a pas envie de s'exprimer personnellement parce qu'il ne se sent pas scénariste. Il a des problèmes dans le découpage, et dans la mise en page, et j'essaye de lui apprendre ça. C'est pas facile parce que ce qui l'intèresse c'est le dessin, et là il est très brillant. Mais raconter une histoire, c'est pas tellement son truc. En fait la difficulté aujourd'hui d'ailleurs, c'est de trouver des bons scénaristes, ça court pas les rues. Essayez de retrouver un Gosciny pour refaire des histoires d'Asterix aussi drôles que les siennes. Ou un scénariste comme Charlier. On dit que personne n'est irremplaçable mais je regrette il y a des gens qu'on ne peut remplacer. Des gens qui savent tout faire, c'est à dire scénario, dessin, et couleurs, c'est rare. Des types comme moi, et je dis ça sans arrière pensée, y en plus des masses. Et j'essaye d'enseigner ça à mes collaborateurs, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver demain.

MM : Quels sont vos projets ?
   J.M. : Je continue Alix, Lefranc, tout ça. Il y a un Lefranc en préparation qui s'appelle La colonne, un Alix qui s'appelle La Chute d'Icare, et puis j'ai beaucoup de scénarios d'avance. D'ailleurs c'est un peu à cause de la télévision parce que quand ils ont adapté Alix en dessin animé(19), ils m'ont demandé deux scénarios originaux, l'Argos et Les Atlantes. C'était pour compléter les 26 épisodes de 26 minutes.

MM : Est-ce qu'un album de Alix en 26 minutes, ça ne paraît pas trop court ?
   J.M. : Un petit peu quand même, mais attention, pour les premiers albums ils ont divisé en deux épisodes. Il faut se souvenir qu'à l'époque c'est le journal Tintin qui dominait. Il exigeait par contrat 16 images par page. Ca faisait une cadence énorme sur 62 pages. Ca n'a rien à voir avec les albums de maintenant avec 46 pages et une moyenne de 7 à 8 images. En nombre de vignettes ça fait 1000 d'un côté et 450 de l'autre. Ils ont donc été obligés de diviser les premières histoires d'Alix en 2 parties.

MM : Vous êtes satisfait du résultat ?
   J.M. : C'est comme tout ce qu'il y a à la télévision, y a du bon et du mauvais. Mais on se rend compte au bout d'un moment, la télévision c'est le mur. La différence entre un film de 1H30 et un dessin animé de 26 minutes c'est que les producteurs considèrent que ça doit être simple à comprendre pour tout le monde. Le dénominateur commun est assez bas, au point de vue qualité s'entend. Par exemple j'ai du me battre à un moment donné parce qu'ils avaient mis les tuniques d'Alix et Enak sans la bande blanche pour simplifier l'animation. J'ai dit je vais me fâcher en disant qu'ils enlevaient l'identité des personnages. Ma femme peut être témoin je me suis battu comme un lion avec ces gens là. Non pas qu'ils étaient de mauvaise volonté, mais parce que "ça coûte cher", et que tout le monde fait comme ça, et patati et patata. Alors il est évident que ça ne me satisfait pas complètement mais je me dis que pour la télévision... Par conséquent je me montre peut-être trop difficile, mais enfin je vous donne mon opinion. Il y avait par exemple des inepties. Par exemple dans Alix l'intrépide on voit Arbacès crier "Attention au loin deux voiles noires", et l'image suivante on voit deux voiles blanches ! Alors je leur ai dit, mais est-ce qu'ils l'ont changé ça... parce que c'était déjà en cassette quand je les ai vus. En dehors de ça il y a des scènes moins bonnes et des scènes sympathiques. Mais je trouve que la cadence est un peu trop rapide, ce qui n'est pas gênant pour les jeunes, mais les gens de mon âge ont du mal à suivre. Sinon il y a des séquences très bonnes comme la bataille d'Alésia, et certains décors sont de très bonne qualité. C'est déjà passé en Suisse(12) et j'ai été très étonné parce que ça a eu beaucoup de succès. D'après les experts, c'est mieux que Tintin et surtout beaucoup mieux que Black et Mortimer.

MM : Vous avez d'autres scénarios d'avance ?
   J.M. : Oui parce qu'ensuite ils m'ont demandé si j'étais capable de réinventer 26 histoires si la télé en redemandait une série. J'ai dit que je ne savais pas et que j'allais voir. Quand je suis rentré chez moi je me suis mis à réfléchir et j'en ai trouvé 35. Pas en 5 minutes bien sûr, mais 35 tout de même. Donc en fait j'ai 35 idées d'histoires, de scénarios avec les titres, pour Alix. Depuis je les ai transcrits et chaque histoire fait une page ou deux. Pour Lefranc j'ai fait pareil, toujours dans l'idée de communiquer des scénarios à mes successeurs.

MM : Pour conclure que pensez-vous de la BD aujourd'hui ?
   J.M. : C'est difficile, la bande dessinée marche très bien et en même temps elle est en crise. En France l'an dernier il est sorti 1000 albums. Ca fait 3 bandes dessinées par jour, est-ce que vous connaissez des fans qui peuvent lire et acheter 3 albums par jour ? Je crains que la BD ne soit victime de son succès et qu'on en fasse trop. Quand je vois le planning de parution des éditeurs, je suis un peu affolé. Je ne suis pas victime de ça, mais je ne voudrais pas être un jeune qui démarre dans la BD.


1 : L'un de ses héros de l'époque, qui a été oublié (impossible de le trouver dans les dicos ni sur le Quid). J'espère ne pas avoir trop écorché son nom.
2 : Des organismes qui prenaient en charge les études des orphelins de pilotes, car les tragédies aériennes étaient fréquentes à cette époque.
3 : Une école d'ingénieur !
4 : Botulisme : Intoxication grave par métaux lourds pouvant provoquer des paralysies. Assez fréquent il y a quelques 40 ans.
5 : Paul Grimault (1905-1994) était l'un des maîtres du dessin animé. Son film le plus célèbre est Le Roi et l'oiseau cosigné avec Jacques Prévert et qui, sous le titre La bergère et le ramoneur, obtint le prix spécial du jury au festival de Venise de 1952.
6 : Une série à l'origine plus familiale que Tintin créée pour le journal Coeurs vaillants, que Hergé remaniera. L'album Jo et Zette au pays du Maharadjah, commencé en 1939, sera publié dans une version terminée par Jacques Martin en 1953.
7 : Assistant de Jacques Martin, Roger Leloup (né en 1933) est célèbre pour sa série Yoko Tsuno et pour ses romans.
8 : 1913-1990, ce dessinateur et scénariste auteur entre autres de Bob et Bobette est très connu en Belgique et au Pays-Bas. Il produisit plus d'un millier d'albums !
9 : 1924-1997 : Modeste et Pompon, Gaston Lagaffe, Spirou et Fantasio, etc. L'une des grandes figures de la BD européenne.
10 : L'île maudite
11 : Edgar Pierre Jacob (1904-1987) l'auteur de Blake et Mortimer
12 : Rappelons que Jacques Martin a 78 ans
13 : Un jeune dessinateur (né en 1974) talentueux qui dessine la série Orion, sous la tutelle de Jacques Martin.
14 : Le nouvel album de Blake et Mortimer, La machination Voronov, publié aux éditions Dargaud, est signé André Juillard (né en 1948)
15 : Raphaël Morales a travaillé pour les voyages d'Alix sur l'Egypte et pour le plus récent des Alix, Les barbares.
16 : Marc Henniquiau a travaillé pour les voyages d'Alix sur La marine antique.
17 : Jacques Denoël a pris la relève de Juillard pour la série Arno aux éditions Glénat.
18 : Jean Pleyers (né en 1953) a travaillé sur la série Teddy Ted dans Pif Gadget, ainsi que dans Metal Hurlant, et bien d'autres BD. Il collabore avec Martin sur la série Jhen.
19 : Diffusée sur France 3 en décembre dans l'émission Mini-Keums, cette série de dessins animés sera bientôt rediffusée.


Biographie succincte

25/09/21 :
Naissance à Strasbourg

1946 :
Installation en Belgique

16/09/48 :
Lancement de Alix dans le journal de Tintin

1949 :
Apparition de Enak et de Arbacès

1952 :
Parution de la première aventure de Lefranc

1953 :
Il participe aux scénarios de Tintin L'affaire Tournesol et Coke en stock

1956 :
Parution du premier album d'Alix

1964 :
Parution du premier album de Lefranc

1970 :
Il confie les dessins de Lefranc à Bob de Moor

1972 :
Il quitte les studios Hergé

1977 :
Le dessin de Lefranc est confié à Gilles Chaillet

1983 :
Création de la série Arno, avec Juillard

1990 :
Naissance d'Orion une série dessinée par Christophe Simon

1991 :
Parution du premier album de la série Kéos avec Jean Pleyers

1992 :
Création des voyages d'Orion qui deviendront Les voyages d'Alix

1999 :
Adaptation en dessins animés de la série Alix
 


 


Bibliographie

En gras, les albums que nous vous recommandons le plus


ALIX

Edité chez Casterman
Cadre : La Rome antique
- Alix l'intrépide
- Le sphinx d'or
- L'île maudite
- La tiare d'Oribal
- La griffe noire
- Les légions perdues
- Le dernier spartiate
- Le tombeau étrusque
- Le dieu sauvage
- Iorix le grand
- Le prince du Nil
- Le fils de Spartacus
- Le spectre de Carthage
- Les proies du volcan
- L'enfant grec
- La tour de Babel
- L'empereur de Chine
- Vercingétorix
- Le Cheval de Troie
- Ô Alexandrie,
avec Rafael Moralès

Avec Rafael Moralès chez Dargaud
- Les barbares



LEFRANC

Edité chez Casterman, sauf * chez Dargaud
Cadre : Contemporain
- La grande menace
- L'ouragan de feu
- Le mystère Borg
- Le repaire du loup,
avec Bob de Moor
- Les portes de l'enfer,
avec Gilles Chaillet
- Opération Thor,
avec Gilles Chaillet
- L'Oasis,
avec Gilles Chaillet
- L'arme absolue,
avec Gilles Chaillet
- La crypte,
avec Gilles Chaillet
- L'apocalypse,
avec Gilles Chaillet
- La cible,
avec Gilles Chaillet
- La Camarilla,
avec Gilles Chaillet
- Le Vol du Spirit*,
avec Gilles Chaillet



JHEN

Avec Jean Pleyers, aux éditions Casterman
Cadre : La France du début du XVème,
avec Gilles de Rais.
- L'or de la mort
- Jehanne de France
- Les écorcheurs
- Barbe Bleue
- La cathédrale
- Le lys et l'ogre
- L'alchimiste
- Le secret des templiers



KEOS

Avec Jean Pleyers édités par Casterman
Cadre : L'Egypte biblique
- Osiris
- Le Cobra
- Le veau d'or



ORION

Avec Christophe Simon, chez Dargaud
Cadre : La Grèce et l'Egypte antique
- Le lac sacré
- Le Styx
- Le Pharaon



LES VOYAGES D'ALIX

Publiés chez Dargaud
Cadre : Reconstitution de l'époque antique
- L'Egypte 1,
avec Rafael Moralès
- La Grèce 1,
avec Pierre de Broche
- La Grèce 2,
avec Pierre de Broche
- Rome 1,
avec Gilles Chaillet
- Rome 2,
avec Gilles Chaillet
- La marine antique 1,
avec Marc Henniquiau
- La marine antique 2,
avec Marc Henniquiau
- Le costume antique 1,
avec Jacques Denoël



AUTRES ALBUMS

- L'Odyssée d'Alix,
chez Casterman
- L'Odyssée d'Alix 2,
avec Christophe Simon,
chez Dargaud



ARNO

édité chez Glénat
Cadre : le monde sous Bonaparte
Avec André Juillard
- Le pique rouge
- L'oeil de Keops
- Le puits nubien

Avec Jacques Denoël
- 18 brumaine
- L'ogresse
- Chesapeake