La chanson d'Abhu Newes

Paroles : Juliette Noureddine, d'après un texte d'Abhu Newes
Musique : Juliette Noureddine

Il s'est montré, vêtu de lin
à la blancheur de lait.
ses yeux frais comme le matin,
sous ses paupières, languissaient
Et les roses tendres de ses joues
bénissaient qui les a créées.
Je le regardai d'un regard fou
et lui parlai d'une voix brisée :
« Pourquoi passes-tu sans me voir,
alors que je consens à me livrer
entre tes mains aux doigts d'ivoire,
à te faire don de ma liberté ? »

Il répondit : « Regarde en silence
l'objet de tes instances !
Blanc est mon corps, blanc est le lin,
blanc mon visage et blanc mon destin.
c'est Blanc sur Blanc
et Blanc sur Blanc ! »

Il s'est montré dans un habit
rouge comme ses procédés cruels.
Enflammées par le vin et l'envie
mes paroles devinrent un appel :
« Pourquoi, », lui dis-je, « malgré ton teint
Blanc comme l'astre de la nuit,
rougissent tes joues de satin
colorées par le sang de ma vie ? »

« L'Aube me prêta son vêtement, »,
dit-il, « mais le Soleil lui-même
a prêté ses dards ardents
pour habiller celui qu'il aime !
Regarde, regarde sans rien dire
l'objet de ton désir.
Rouges sont mes joues, rouge mon habit,
Rouges mes lèvres et le vin qui les unit.
c'est Rouge sur Rouge
et Rouge sur Rouge ! »

Il s'est montré vêtu de noir,
noir comme la sombre nuit,
ne daigna me donner un regard,
peu soucieux de mes soucis
et je lui dis : « Ne vois-tu pas d'ici
exulter les envieux et rire mes ennemis
qui voient mon abandon et voient mon désespoir ?

Ah ! Je le sais bien que tout n'est plus que noir !
Noirs sont tes yeux, noire ta chevelure,
noir ton habit et noire ma déchirure !
C'est Noir sur Noir
et Noir sur Noir. »