Mac Pherson

Paroles et musique : Félix Leclerc

À l'angélus de ce matin,
Le chef de drave, le gros Malouin
A dit : « Les billots sont pris.
Qui d'entre vous, avec sa gaffe,
Va faire un trou, pour qu' ça s' dégraffe ?
Celui-là r'viendra pas. »

C'est en chantant cet air de Jazz
Que Mac Pherson a pris le large.
Sur son parka, une fleur sauvage.
Au-d'ssus d' sa tête, un p'tit nuage,
Du soleil jusqu'à l'Occident,
Des diamants plein l' lac Saint-Jean,
Des symphonies dessous les flots,
Un homme tout seul sur son radeau.

Ring ring, va Mac Pherson,
Ring ring, ousque ça sonne.
Ring ring, r'grette pas personne.
La vague est bonne, bonne.

Quand l' noir s'est vu au large tout seul
Avec la bouée Éternité
Qui lui jazzait au nez,
A oublier le monde entier,
À son enfance, il a rêvé.
Il a revu sa vieille mamie
Qui l'a aidé à débarquer.

Ring ring, viens Mac Pherson,
Ring ring, viens, qu'on te donne,
Ring ring, c' que t'as mérité,
Qu'on n' t'a jamais donné.

Dans les remous, on a r'trouvé
Un vieux radeau tout défoncé,
Les chaînes arrachées
Mais l' Mac Pherson en paradis
Fut emporté par ses amis.
C'est Malouin qui l'a dit.

Les anges chantaient son air de Jazz
Quand Mac Pherson a pris le large.
Sur son parka, la fleur sauvage
Brillait comme l'étoile des Mages
Et le soleil, à l'Occident,
Mettait du rouge sur ses vêtements.
Les symphonies dessous les flots
On fait éclater le radeau.

Ring ring, sonnez cloches du lac St-Jean
L'âme de celui qu'est triomphant,
Ring ring, les billots ont r'pris le courant
Et Malouin est content
Et tout le monde est content.

Mac Pherson est content.