Le pommier à pommes

Pourquoi pas qu'on s'assoit sous un pommier à pommes ?
Bien assis, bien à soi, on attend qu'elles tombent.
Pourquoi pas qu'on boira de l'eau de la rivière
Dans le creux de ses doigts, dans le lit de la pierre ?
Y fait comme il voudra, l'avion Paris-Stockholm :
J'ai besoin de personne quand l'pommier pommera.

Pourquoi pas qu'on ira labourer dans la neige ?
Quand la neige fondra, y aura le blé qui lève.
Je prendrai mon fusil pour chasser du chemin
La mauvaise compagnie des chasseurs et des chiens.
Y fait comme il voudra, l'avion Paris-Stockholm :
J'ai besoin de personne quand mon blé lèvera.

Pourquoi pas qu'on cassera la pendule de la gare ?
Comme ça tout le monde y s'ra ou trop tôt ou trop tard.
Ça gênerait pas le coq ni ses cocoricos,
Ni l'appétit du loup, ni la peur de l'agneau.
Y fait comme il voudra, l'avion Paris-Stockholm :
Y s'ra l'heure qu'on voudra sous le pommier à pommes.

Pourquoi pas qu'on fera un ou deux petits drôles,
Un pour toi, un pour moi sous le pommier à pommes ?
J'te jouerai du violon pendant que t'accoucheras :
ça t'paraîtra moins long, je crierai avec toi.
Y fait comme il voudra, l'avion Paris-Stockholm :
J'ai besoin de personne excepté de toi.

Pourquoi pas qu'tu casseras toutes tes méchantes machines,
Ta télé pyjama, ta demoiselle en leasing,
Et tu détourneras l'avion Paris-Stockholm
Qui te déposera sous le pommier à pommes.