TOUS EN TONG

A la fin du mois d'octobre, le groupe néo-zélandais The Datsuns se produit à Lyon. Mais si nous nous rendons au Ninkasi Kao ce soir là, c'est surtout pour voir les Neurotic Swingers. Le groupe marseillais balance un punkn'roll incroyable sur scène ou sur leur dernier album "Artrats" et nous on adore. Petite rencontre aftershow avec les quatre gaziers, tard dans la soirée dans les loges. L'occasion de faire le point sur leur tournée américaine, sur la scène française, de boire des bières et de raconter pas mal de conneries... pour notre plus grand plaisir.

Tong : Salut les Neurotic Swingers, présentation, antécédents musicaux, etc.

Steph : Stéphane Lollipop, guitare.

Pascal : Moi c'est Pascal, guitariste et je jouais avant dans les Gasolheads. Et je crois qu'après les Gasolheads, les autres ont pas besoin de dire d'où ils viennent parce que c'est la misère pour eux.

Raph : Les Gasolheads c'est de la merde. J'étais avec Mat, on a demandé à Stéphane de venir gratter avec nous, puis à Pascal qui jouait dans un groupe de merde. Sinon, je chante et je joue de la basse.

Mat : Mat Sugar, batterie. Je jouais dans Sugarfix, d'où Mat Sugar...

Tong : On vous a vu à Lyon il y a quelques mois au Blue Banana, vous revenez aujourd’hui dans une salle plus grande, en première partie des Datsuns. Comment avez-vous trouvé le public lyonnais ce soir ?

Raph : Les gens n’étaient peut-être pas venu spécialement pour nous mais j’ai trouvé qu’il y avait du répondant. Des mecs se sont pointés sur le stand à la fin pour nous dire qu’ils avaient apprécié…

Steph : Je crois surtout qu’on leur a mis la race aux Datsuns ce soir, à mon avis ils ne s’en remettront pas… (rire)

Mat : C’est qui les Datsuns ?

Tong : Vous revenez juste d’une tournée aux Etats-Unis, comment ça s’est passé ?

Steph : On a des avis différents sur la question. Moi j’ai trouvé ça vachement intéressant même si c’est difficile : l’accueil est pourri, aucune promotion sur place… On a joué dans des salles presque vides où notre nom n’était même pas annoncé le soir-même. Mais c’était un super trip !

Pascal : Aller jouer aux Etats-Unis pour un groupe français, avec tous les fantasmes que tu as, c’est un truc à faire. Moi, tous mes fantasmes liés au rockn’roll aux Etats-Unis se sont démontés les uns après les autres. Tout le monde dit : aux Etats-Unis tu mets un coup de pied dans un arbre il en tombe trois bons groupes, c’est une connerie. On a joué avec trois groupes par soirée et franchement, il y avait que des groupes de merde, genre le groupe de ton petit cousin qui se met au hardcore mélodique, ou alors du mauvais garage-punk à la Nashville Pussy. En fait là-bas, ils ont une vision de la musique complètement différente de la notre : les groupes se montent dans l’espoir que ça marche un jour. Les mecs arrivent, posent le matos, jouent et se cassent, aucun échange, aucune festivité.

Raph : Maintenant, on a plus aucun complexe. On vit en Europe et c’est dix fois plus rockn’roll qu’aux Etats-Unis !

Steph : Il faut pas trop généraliser non plus, on a rencontré des mecs supers là-bas comme les Sleazies ou les Briefs qui se détachent vachement de la mentalité américaine, c’est des OVNI ! On va essayer de refaire ça avec des gens plus concernés, et sûrement sur la Côte Oust car sur la côte Est, c’est pas très punk. En tout cas, c’était un rêve de jouer à New-York et je suis heureux de l’avoir fait, même si il n’y avait pas grand monde.

Tong : Votre album ‘Artrats’, sorti l’an dernier a récolté des critiques élogieuse un peu de partout, et notamment aux Etats-Unis, quel effet ça fait d’avoir une chronique dans Maximum Rockn’roll ?

Steph : Ouais bien sûr ça fait plaisir. Mais tu sais, en France, il y a un mec qui nous aime bien, qui s’appelle Patrick Tad Foulhoux et qui écrit dans au moins dix magazines, c’est aussi simple que ça.. (rire)

Tong : Dans une interview, les Hatepinks ont dit que vous étiez obligé de sucer les mecs de rockn’folk ?

Raph : Alors on va mettre les choses au point tout de suite, les Hatepinks, je les aime !

Pascal : Moi les Hatepinks je les aime pas du tout, je comprends pas pourquoi ils parlent toujours de nous, nous on parle jamais d’eux !

Tong : Vous avez joué ce soir avec les Datsuns qui est un groupe qui marche bien. Pensez-vous que ce fameux revival rockn’roll peut avoir de l’impact en France et vous permettre de toucher plus de gens ?

Raph : Ouais les Datsuns c’est pas trop mon truc, je suis pas branché hard-rock. Après, j’aime bien les White Stripes, les Headcoats, même the Hives je pense que ça a remis au goût du jour un certain style. Dans chaque pays, il y a un gros groupe rockn’roll qui déchire, mais il est vite rattrapé par les majors. En fait, on s’en fout un peu !

Pascal : Il a répondu à côté de la plaque. Par rapport au revival rockn’roll, ça fait trois ans qu’on le ressent : avant on jouait devant 40 personnes, et maintenant devant 60 personnes, c’est assez impressionnant (rire). J’ai une petite cousine qui a 16 ans et qui est au lycée, elle écoute les Strokes. C’est toujours mieux que de la techno de merde ou les trucs que leur propose M6. A la télé, les gens voient the Hives, the White Stripes, et il se disent qu’un guitare électrique et une batterie ça existe encore, donc on va pas cracher sur ces groupes là.

Tong : Avec quels groupes en "the" vous n’auriez pas envie de jouer ?

Mat : Avec The Datsuns ! (rire)

Steph : Je sais pas quoi répondre… en fait, on s’en branle un peu. Ca fait 10 ans qu’on fait du punk-rock, on a pas attendu ces putains de groupes en "the".

Raph : Moi j’aimerais bien faire la première partie de The Velvet Underground.

Tong : Il y a quelques année, on avait l’impression que les groupes rockn’roll en France cherchaient à être le plus garage possible. Avec vous et quelques autres, les mélodies, les tenues soignées et le maquillage semble être de retour, c’est le revival glam ?

Raph : Là tu touches un point sensible. Déjà ce que je veux dire c’est que nous, les Hatepinks, les Man made monsters et quelques autres, on est habillé pareil sur scène et dans la vie de tous les jours. Mat : Non, les Hatepinks se déguisent, nous pas.

Steph : Concernant les mélodies, je crois qu’elles ont toujours été présentes dans le punk-rock, chez les Boys, les Vibrators… je ne pense pas qu’on amène un truc nouveau sur ce plan là.

Raph : Un dernier truc pour les jeunes groupes. Putain, les mecs faites un effort quand vous montez sur scène, arrêtez ces t-shirts pourris de groupes de merde, soignez votre look, soyez sexy, maquillez-vous, mettez des chemises a jabots, des bonnes bottes…

Pascal : Par contre, si vous mettez des bottes, achetez des Harley Davidson ou des Carolina, pas des imitations de la Halle aux chaussures !

Tong : Vous avez joué avec des grosses pointures du rockn’roll, comme Radio Birdman, Guitar Wolf ou les Datsuns (!)… quels sont les groupes qui vous ont vraiment mis sur le cul ?

Steph : Radio Birdman non. Quand je les ai vu, je me suis dit que j’aurais vraiment du les voir 20 ans avant. Guitar Wolf à la rigueur… Le problème, c’est qu’on leur met la race à tous ces groupes quand on joue avant ! (rire)

Raph : Radio Birdman, je préfère écouter leurs disques. Aujourd’hui, il y a un revival, ils reviennent mais ça vaut pas le coup. Je préfère jouer avec les Sleazies, les Briefs qui viennent et qui envoient à mort en se foutant du reste.

Steph : En ce moment, il y a toutes les reformations possible et imaginables, et la plupart sont ridicules : New York dolls, MC5… je refuse de voir tous ces groupes maintenant. Des groupes comme MC5, ça sert à quoi qu’ils se reforment ? Ils jouent les mêmes trucs qu’il y a 40 ans mais en moins bien ! Je préfère voir des vieilles photos ou des vidéos, quand ils étaient jeunes, beaux et qu’ils envoyaient plutôt que de les voir en vrai maintenant, gros, chauves et à la rue sur scène !

Pascal : J’ai vu une photo de la reformation des MC5, il y a un putain de drapeau Levi’s au fond de la scène. C’est inimaginable que Wayne Kramer est accepté ça ! Que tu sois vieux et con c’est une chose, mais que tu rejoues avec ton ancien groupe comme si tu avais 22 ans et que tu acceptes ça, je trouve ça monstrueux.

Tong : Justement, on fait souvent référence à des groupes anciens en parlant de vous… mais quels sont les groupes de votre génération qui vous font vibrer ?

Pascal : Si tu laisses ton magnéto tourner 10 minutes, je te parle des groupes dont les gars ont moins de 30 ans et que j’écoute à longueur de journée. Rien qu’en Allemagne, j’adore les Cellophane suckers, Dumbel, Shakin’ Nasties ; en France, j’adore Jerry Spider gang, les Cowboys from outer space, les Hatepinks, Holy Curse… et puis The Distraction, les Sleazies… On a des bons groupes en Europe, mais aussi en France, on n’a rien à envier aux Etats-Unis ! Par contre, ça fait longtemps que je n’écoute plus de rock scandinave, je me l’interdis. Parce que les petits bourges avec la mèche sur le front, qui font péter la révolution à coups de gros sons et de cassage de couilles, moi j’écoute plus. Pour les Etats-Unis, tu peux pas généraliser mais c’est grand comme 30 fois la France et proportionnellement, ils ont pas plus de meilleurs groupes que nous.

Mat : Mais il y en a certains qui le savent. Les Briefs par exemple, ils s’intéressent à l’Europe car ils sont curieux, ils savent qu’ils vous croiser sûrement autant de bons groupes en faisant une tournée européenne que dans tout leur pays.

Tong : Stéphane, quels sont les projets du label Lollipop ?

Steph : On a le festival Lollipop à Paris dans 15 jours, deux jours de concerts avec les Briefs, nous, Petit vodo, Hatepinks, etc., des afters sauvages au Petit Garage et tout sera filmé pour un DVD qui regroupera tous les meilleurs moments ! Sinon, un tourneur allemand nous a proposé de nous organiser une grosse tournée européenne avec les Neurotic, c’est en projet.

Tong : Question à la con pour finir : est-ce que, comme tout bon marseillais qui se respecte, vous êtes des supporters de l’OM ?

Steph : On s’en branle ! Mais ils auraient jamais dû vendre Drogba pour acheter Luyundula, c’est une erreur colossale ! (rire)

Mat : J’ai entendu dans le camion en arrivant que Lyon était premier du championnat. Et Marseille j’en sais rien, j’espère juste qu’ils sont pas 18e !

Steph : En fait, on aime tout le monde sauf les Stéphanois. D’ailleurs on est banni de cette ville, on est allé jouer à Saint-Etienne et on a dit du mal de leur équipe de foot pour rigoler, mais ça les a pas fait rire… depuis on peut plus aller jouer là-bas ! (rire) Allez, le mot de la fin pour John le régisseur…

John : Allez les verts !

Interview réalisée par François au Ninkasi à Lyon, en compagnie de Christophe. Un grand merci à Gilles.