USA/CANADA TOUR REPORT Sept/Oct 2004

27/09/2004 : Marseille

Les Neurotic Swingers aux USA, qu'est-ce que c'est que cette arnaque ?

Rendez-vous à l'aéroport à 4h30 du mat pour un départ à 6h30. Pascal se rend compte qu'il a oublié les T-Shirt et l'appareil photo numérique. Sacré Pascal ! Dans l'avion , je me rappelle de cet email de Tony qui me demandait des CDs pour son émission de radio canadienne " Explosion du Son ". Il avait ajouté : " si vous voulez, je peux vous faire jouer dans ma ville à Sherbrooke ". C'est de lui que tout est parti, ce devait être en Juin. Il nous a ensuite proposé de booker une tournée d'une semaine au Canada. Le réseau international du punk-rockeur s'est mis en branle, les contacts locaux se sont démenés, et nous voilà avec 16 dates (10 aux USA et 6 au Canada)

Je pense aussi à ce qui est arrivé aux Shocks, excellent groupe allemand qui était parti aux States tourner 3 semaines avec les Briefs. Ils avaient naïvement dit aux douaniers qu'ils venaient jouer aux USA et ils se sont fait refoulés manu militari. Il est interdit pour un groupe européen de jouer aux States, même gratuitement, à moins d'avoir une carte de travail. Nous avons donc pris les devants (surtout que nous allons passer les douanes 4 fois !!) : nous avons une lettre de Martin Verta-Ray (Speedball Baby) qui a un studio à New York et une autre d'un studio canadien. Notre " alibi " est simple : nous allons enregistrer un album à NY, puis partir au Canada pour enregistrer d'autres morceaux, puis revenir à NY pour mixer le tout.

Première déception dans l'avion : toute bouteille d'alcool est payante !

New-york city, Kennedy Airport, Terminal 9 : après 2 nuits blanches, 2 décollages, 2 atterrissages dans ces boîtes à conserves sordides que le yuppie de base adore prendre 3 fois par semaine.

Premier flip à notre arrivée à l'aéroport JFK : Mathieu se fait arrêter par les douanes. Il récite correctement sa réplique, montre notre belle lettre du studio, et ça passe…

Kennedy est un aéroport qui ressemble à tous les aéroports…un peu plus grand que celui de Marseille… seule différence quand t'arrives à Marseille, t'as pas affaire directement à un cordon de flics inquisiteurs qui iraient jusqu'à te fouiller le cul pour connaître les raisons de ta visite dans ce qu'ils considèrent eux comme le pays de la liberté… Parce qu'il faut savoir que dans ce pays de merde, tu n'y rentres pas comme les avions de Ben Laden dans les tours du World Trade Center. Pas question de dire : " Hi guys ! We are the Neurotic Swingers, where is the club ? ". Donc entre Raph qui clignote comme un sapin de Noël avec son Zip, ses deux ceintures à clous et son collier de chien et, Steph et Marc qui se sont fait les cheveux platine pour l'occasion, parce que vous comprenez ce n'est pas NY tous les jours, autant vous dire que le passage à la douane a été plutôt chaud ! Diplomatie oblige, on se retrouve comme des abrutis inexpérimentés sur les trottoirs de NY avec tout notre backline, sans adresse, sans van, et avec le jetlag dans les dents… Alors simplement on a pris le métro sous le regard stupéfait des New-yorkais qui en ont pourtant vu d'autres.

28/09/2004 : New York

Une fois le matos posé, je vous épargne le récit de nos deux premiers jours à New-York parce que, d'une part, il ne s'est rien passé de réellement intéressant et d'autre part, qu'est-ce que vous avez à foutre de mes petites impressions sur NY.

29/09/2004 : Brooklyn, NY @Hank's Saloon w/ Kowalskis + Volunteers

Le Hank's saloon comme on s'en rendra compte plus tard est un club typique américain, c'est-à-dire peint en noir du sol au plafond, un bar énorme derrière lequel trônent des dizaines et des dizaines de bouteilles, un mec d'une froideur spectaculaire qui t'accueille, et son lot de white trash vissé au comptoir pour la bière d'après boulot. Novices, on se pointe à 6 heures et demie alors que là-bas les groupes n'arrivent jamais avant 21 heures. On se boit quelques bières avec les deux tickets boissons offerts généreusement par la maison et vers 20h, le cirque commence.

Alors que je suis tranquillement en train de dire du mal de la country et du Rockabilly à Raph autour d'un verre, se ramène un grand mec chevelu avec un étui à trombone qui nous regarde méfiant en jettant " Hi guys, do you play tonight ? ". Réponse affirmative. Le type mi-étonné mi-consterné va s'asseoir dans un coin. Dix minutes après, il arrive le même genre de mec avec cette fois un étui à trompette. Rebelote. À partir du troisième mec de la sorte on commence à se poser des questions…Qu'est-ce qui nous veulent, ces gros ricains de merde ? Il s'avère que la nana qui programme (elle joue dans " cop shoot cop ") a booké par erreur 2 soirées à la même date, un big band de jazz, 18 musicos, et nous, les Neurotic, 4 clampins de Marseille. Magnanimes, on leur laisse la place (en fait ils jouent ici tous les mercredis soirs depuis 4 ans) et on se tape une monstrueuse virée des bars de Manhattan où on rencontre, tenez vous bien, un mec des Turbo ACs, un mec des Vega Thunder et une nana des Venus Shell de Dresden. Comme dit mon pote Brend, " small fucking world ! ", j'aurais bien rajouté " small fucking Hank's Saloon ! "

30/09/2004 : Boston, MA @Abbey Lounge w/ Sleazies + Sacred Hearts

NY - Boston 300 bornes, 7 heures de route. Traversée de la Nouvelle Angleterre, chère à Jonathan Richman, il faudra qu'il nous fasse visiter les bons coins parce que bordel, c'est pas la joie partout !… Arrivée au club à 21h00 pendant que le 1er groupe monte sur scène. Le temps de décharger et de boire une bière, et c'est à nous. Une cinquantaine de personnes présentes, dont un qui connaît les paroles ! ! (Si bien sûr, on peut appeler ça des paroles, hé hé). Le cachet est maigre, mais le premier groupe nous donne leur part ! Nous dormons chez Jami des Sleazies, pendant ces deux jours.

01/10/2004 : Providence, RI @Green Room w/ Sleazies + Sasquatch and the Sick-a- Billys + the Marvels

Providence est une petite cité étudiante assez peu digne d'intérêt. Jamie, le chanteur des Sleazies, chez qui on pieute nous fait une visite guidée de la ville, on y rencontre une punk de Nancy qui a ouvert une boutique de disque. Elle nous dit que si elle devait quitter Providence, elle quitterait les USA. Etrange.

Je vais vous parler une bonne fois pour toute de la manière dont se déroulent les concerts aux USA, histoire de plus y revenir parce que c'est partout pareil et que je ne vais vous raconter 17 fois la même chose hein ?? Il est relativement facile de jouer dans n'importe quel club à partir du moment où celui-ci ne fait aucun effort. Le groupe est payé aux entrées, il n'a ni bouffe, ni boisson, ni hébergement. Le club ne fait absolument aucune promo, il considère que c'est au groupe de le faire. Intelligent quand il programme un groupe européen. L'accueil est le plus souvent glacial, voire inexistant, oubliez toute idée de fête avec l'assos qui programme ou même avec les groupes avec qui vous jouez… En fait pliés à cette mentalité, les groupes arrivent une demi-heure avant de jouer et repartent aussitôt leur set terminé. On s'est souvent demandé pourquoi ces mecs continuent à faire de la musique, certainement pas pour les 80 dollars qu'on leur file en général…. Loin de moi l'idée de faire ma petite starlette française, on savait ce qui nous attendait…Je comprends mieux pourquoi les groupes ricains adorent venir en Europe !

Ceci dit, le concert de ce soir est assez marrant, on attaque devant une centaine de personnes qui au bout du troisième morceau se réfugient au fond de la salle. Comme de bons petits frenchies vexés, on décide après 7, 8 morceaux d'arrêter le concert. On se dispute, on boit, on prend de la drogue et on échoue dans une party, l'anniversaire de Jamie. Là, tous les punks et les punkettes viennent nous voir pour dire combien ils ont apprécié le concert " He guys, you rocked bla bla bli, bla bla bla… " Voilà ce qu'on appelle de l'incompréhension culturelle.

La fête se déroule dans une immense baraque de trois étages avec des gens défoncés absolument partout. Vers quatre heures du matin je tente un rapatriement vers le cagibi qui me sert de chambre, sage décision vu que les autres feront nuit blanche et qu'il faut bien que quelqu'un conduise.

02/10/2004 Sherbrooke, Qc @Bar Rive Gauche w/Jennie and The PIn Ups & Brigitte Bordels

Visite chez nos cousins canadiens (cousins éloignés, hein…). La veille, il y a eu un article dans le canard local à Providence où ils expliquaient qu'on faisait un crochet par le Québec. L'article se terminait par : " Demain ils sont au Québec où ils tenteront en vain de comprendre et se faire comprendre par la population locale. ", Véridique ! Dur de parler avec un crusty québécois qui te raconte à deux heures du mat' un concert des Shériff qu'il a vu en 92. Concert dans un petit bar sympa, bonne ambiance, on joue avec les Jenny and the Pin ups et les Brigitte Bordel. On dort dans une magnifique maison dans la forêt, paysage carte postale et réveil bucolique.

03/10/2004 : Montreal, Qc @ Cafe Chaos Spookie Night w Brigitte Bordels

Montréal est une station de ski géante où l'ambiance est particulièrement décontractée. L'avantage de cette ville, en dehors de sa jeune population, est que tu peux faire " allo cocaïne " en même temps que " allo pizza ". On pieute quatre jours chez nos potes du Nombre qui nous parle la larme à l'œil de leur ville natale Québec City.

07/10/2004 : Quebec, Qc @ Kashmir w/Hellcats

Plus vieille ville du continent nord américain. On dirait un quartier rénové d'un quelconque centre ville européen. L'intelligentia punk de la ville se déplace pour voir les Frenchies. Il revient toujours les mêmes questions, pourquoi vous ne chantez pas en français comme les Wampas ou les Shériff… Ceci dit la faune rock'n'roll au Québec est plutôt sympathique, les gens nous semblent accueillants et ouverts d'esprit.

08/10/2004 Chicoutimi, Qc @Le Potin w/ Midnight Tramps

L'anecdote sur le morceau des Carayos est qu'ils se sont fait casser la gueule par une bande de bikers alors qu'ils cherchaient de la drogue dans un bar interlope. Super concert devant un public exclusivement jeune et féminin. Pendant notre premier morceau, un punk se rue devant la scène et se verse intégralement le contenu de deux bières sur la tête. Suicide à l'alcool de Stéphane qu'on retrouve à trois heures du mat' en train de taper le bœuf dans une caravane avec des hippies.

09/10/2004 : Ottawa, ON @ Cafe Dekcuf w/ Sick Fitts + Sweet Janes

Concert dans un bar, donc interdit aux mineurs, là-bas c'est 19 ans. Les copines du groupe de première partie ne peuvent même pas rentrer. Ce que je dois dire c'est qu'aux Amériques la dégaine et le paraître priment largement sur le fond ou la musique. Combien de mecs de groupe sont venus nous voir enthousiastes après qu'on leur ait infligé une sévère déculottée, alors qu'ils te regardent plutôt de haut en début de soirée.

10/10/2004 :Toronto, ON @ Rancho Relaxo

Mégapole de 4 millions d'habitants . Rendez-vous à 17 heures pour un concert enregistré et retransmis à la radio. Plutôt cool, sauf que le gars n'a aucun casque, ni retour, ni sono. Tout passe directement par sa table de mixage Assez difficile de chanter dans ces conditions, vous pouvez essayer pour voir dans votre local. Vous jouez et chantez comme d'habitude, sans brancher les micros.

On adroit à un encart avec photo dans le journal local, enfin une preuve tangible que je pourrai montrer à ma grand-mère qui croit dur comme fer que je suis parti prendre de la drogue avec des cow-boys.

Nous jouons au dessus d'un resto méxicain. La bouffe (offerte, assez rare pour être signalé) est la meilleure de toute la tournée. Le concert est organisé par Tracey Case, le batteur des Tijuana Bibles, très bon groupe surf-rock & roll. Les musiciens sont déguisés en catcheur sur scène. Je pense qu'il fait d'ailleurs une sérieuse fixation sur ce " sport ", il vient de réaliser un film " Enter Zombie King ", où des catcheurs détectives affrontent des zombies. A voir absolument…

11/10/2004 : Detroit, Ypsilanti, MI @Elbow Room w/Whores Of Babylon & High Rollers

Nous partons tôt pour aller voir les fameuses chutes du Niagara. Si les chutes en elle-même sont impressionnantes, je me demande encore comment a-t-on pu gâcher un tel site naturel ? Tout autour, des casinos, des starbucks, des hôtels immondes, des musées de l'horreur, on se croirait dans une fête foraine.

Après un long et pénible interrogatoire, nous traversons la frontière, au grand désespoir des douaniers, qui auraient pris un malin plaisir à nous refouler. Notre petite lettre du studio nous a sauvé !

La traversée de Detroit est impressionnante. Tout le monde nous a bien averti que cet endroit était dangereux. On se croirait dans une ville déserte, nous arrivons vers 17h00. Tout est fermé, personne dans les rues. A part les buidlings de Ford et de General Motors (je crois) , le centre semble laissé à l'abandon, les locaux en ruine . Ma première impression est que cet endroit a été frappé par une bombe atomique, j'exagère à peine.

Nous jouons en banlieue, c'est un ami à Kevin K qui nous a trouvé ce plan. Pendant que le fameux concert d'Iggy & the Stooges (celui où il marche sur la foule) passe à la télé (une constante dans tous les clubs où nous avons joué : des télés partout !! et des billards dans 90% des cas), les chanteurs des deux groupes jouant avant nous s'affrontent pour savoir lequel ressemblera le plus à Iggy, tout y passe : on se roule par terre, on se mets à poil, on se verse de la bière dessus…

Pendant que je m'installe, le gratteux du 1er groupe me demande " How do you say Vagina in french ? ". Je lui réponds " Vagin " ce qui le fait hurler de rire . Pendant toute la soirée, à chaque fois que je le croise, il me hurle " Vagin " dans l'oreille en se tordant de rire. Heu…

Scott Morgan avec qui nous avons joué à Dresde est dans la salle. Son batteur, John joue aussi ce soir et nous a généreusement prêté ses tomes. Et je peux vous dire qu'il tient à son instrument . Au deuxième morceau, Pascal monte sur la grosse caisse et s'en fait virer illico presto par John qui monte sur scène et l'engueule en plein concert.

Ce soir, Crazy Mark est là !! Ce sosie de Django Edwards (je ne suis pas sûr du nom, pour ceux qui s'en souvienne, c'est une sorte de clown ricain qui squattaient les télés françaises il y a quelques années) a une émission sur le cable à Chicago, Detroit et sur le web. Il a l'air aussi barré ! Il nous filme et l'interview est un pur moment surréaliste.

Nous dormons à deux heures de route dans une petite ville nommé Coldwater. Nous sombrons tous dans le van, pendant que Marc conduit le van.

Nous dormons dans un appart assez pourri, on nous montre le salon et le sol où nous allons nous coucher. Les murs sont recouverts d'affiches de films gores et d'un immense poster d'un visage avec des lunettes. Un des gars habitant là me demande si je sais qui c'est. Je réponds non. Il me dit " c'est un psychopate, il a tué toute sa famille à la hache " . A ce moment-là, le gratteux vient me hurler " vagin " dans l'oreille en s'esclaffant .Il est 4 heures du mat et grand temps d'aller se coucher

12/10/2004 : Chicago, IL @ Bottom Lounge

On se lève assez tôt , je pense qu'inconsciemment, on a vraiment hâte de partir d'ici. Je m'aperçois que la douche ne marche pas. Je cherche un gars de l'appart . Je trouve dans une des chambres quelqu'un qui se balance sur une chaise à bascule en fixant le mur. Il me confirme qu'il n'y a pas de douche. En partant, je le croise sur cette même chaise à bascule en train d'écouter les Misfits tout en lisant un comics : quelle bande de ploucs psychos ! !

Nous sommes dans le Mid-West, en plein cœur de l'américaine profonde. Nous décidons de prendre un peu la nationale : succession des mêmes maisons avec le 4X4 obligatoire et le drapeau américain. Et dans pratiquement tous les jardins, une pancarte planté : " I vote Bush "

Chicago a l'air d'une superbe ville, dommage que nous n'ayons pas de day-off, on y aurait bien passé 2-3 jours. Le club où nous jouons est terrible, dommage que le concert ne soit annoncé nulle part. Même pas une petite affiche à l'entrée. Peu de monde. Nous commençons à accuser la fatigue, et nous ne traînons pas après le show.

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