Journal de tournée Juin 2002

  Bordeaux, Rennes, Poitiers et Toulouse. Voilà le programme ! L'occasion également de faire des emplettes à Total Heaven, Rockin' Bones, la Fanzinothèque, Vicious Circle et Armadillo. Départ bien évidemment à la bourre (et par ma faute en plus).

Bordeaux

Nous jouons ce soir à l'athénée libertaire pour l'apéro. C'est un local au fond d'une petite impasse pavée (idéal pour faire rouler les amplis), regroupant des assos anars et ultra-gauche. Los Purinos, composé de vieux de la vieille de la scène rock bordelaise, assure la première partie avec des reprises de la Mano, Oberkampf, Undertones… Chemises noires, cravates flashy, lunettes noires et bananes… Le chanteur nous expliquera plus tard que tout le concept du groupe réside dans le fait qu'il doit arriver sur scène sur un vieux 103 pourri, histoire d'aller à fond dans le délire Margerin. Mais bon, il nous raconte qu'à 1 heure du concert, son ex- nana qu'il vient de larguer, lui a crevé les 2 pneus et lui a bousillé le démarreur. Hé hé, trop forts ces bordelais…

Cela fait un bail qu'on n'a plus joué ensemble (le 19 avril exactement) et notre concert s'en ressent. On rate des enchaînements, on se désaccorde, on casse une corde… Bref, la mayonnaise ne prend pas. Il reste bien quelques filles devant, mais c'est juste parce qu'on est sexy avec nos chemises déboutonnées. Concert de rodage, quoi.

On reprend l'apéro (on a fini de jouer à 22 h), tape la discute à droite à gauche, un peu déçus de ne pas voir Xavier des TVK et les Jerky. On finit chez Buzz avec Los Purinos, autour de pizzas faites maison et de quelques bouteilles de vins (de bordeaux bien sûr !). On retrouve dans ce groupe le bassiste d'Improvisators Dub et Chinois qui a été ingénieur du son avec la Mano Negra et road-guitar des Dogs. Anecdotes, picole et dodo.

Rennes

On se lève bien sûr trop tard pour passer à Total Heaven comme prévu et, après s'être attardé sur les lectures intéressantes de l'athénée, on décolle pour Rennes. On arrive au Mondo Bizarro (un des 5 meilleurs clubs français à l'aise) pour l'apéro. On est accueilli par quelques gars, qui carburent déjà aux pintes de bières et par Bruno, bassiste des TV Men qui tient l'endroit. On joue ce soir avec Mister Tav Falco, qui est accompagné par Sylvie du Subsonic, assurément la plus grande swingueuse du Sud.

Tav met 3 heures à faire la balance et on en profite pour goûter aux coutumes locales : Bruno nous sert son fameux " Blitzkrieg Bop ", un alcool fort breton qu'on flambe et qu'on boit avec une paille. Hey Ho… Let's go

 

Après des balances éclairs, on y va. Visiblement, le public est venu pour Tav Falco mais on se donne à fond, bien décidés à effacer le concert en demi-teinte de la veille… Et le gosier encore chaud de multiples " Blitrkrieg bop ", we burn the floor !

Dans les loges, on observe un peu fasciné les préparatifs de Tav. Bruno vient lui apprendre qu'il devra peut-être raccourcir son set, ce qui a l'air de le contrarier mais ne le fait pas accélérer pour autant. Luc de Rockeurs contre Sida est là, sa compil regroupe tous les meilleurs groupes français : un objet à posséder absolument, et pour la bonne cause en plus.

Maquillage, brushing, accordages répétés, Tav est aussi speed que pour les balances. Il demande à Bruno de lever la lumière bleue qui lui éclaire le visage sur scène et de la remplacer par un spot " ambre " qui lui va, il est vrai, beaucoup mieux au teint. Ca commence enfin. Le public s'enflamme peu à peu, et à la fin du show, tout le monde dansera comme des fous…. Sauf nous. A vrai dire, on n'a pas été très emballés par la perf de Tav. Un peu trop plan plan peut-être. On préfère se retrouver au comptoir et boire à la santé de Dee Dee devinez quoi ?… Exact, des " Blitzkrieg Bop ". Cyril des Asspirators a fait le déplacement de St-Hilaire. Fabrice de Banana Juice est là aussi. Tav Falco, qui est malgré tout un personnage adorable, embarque avec toute sa troupe. Le lendemain, il joue en Espagne !!

 

On finit boire un dernier verre dans un bar de la mythique Rue de la soif et basta !

Poitiers

Notre gueule de bois et notre retard nous lèvent bien sûr l'idée de passer à Rockin' Bones. On se console en se disant que tout à l'heure, on visitera la fameuse Fanzino. 260 kms séparent Rennes de Poitiers. Même pour des marseillais, on devrait avoir le temps d'y faire un tour.

Erreur, on se trompe de route et on se retrouve bloqués sur une nationale pourrie où ça avance à 30 à l'heure. Bordel ! On arrive finalement au club à 19 h 30 (au lieu de 16 h !). Tout ce qu'on aura vu de la fanzino, c'est Gilou qui organise le concert au Cluricaume Café, un bar irlandais. Crevure attaque leur set, ambiance punk début des années 80, ils reprennent les Pistols et les Clash. Ils viennent de sortir un split avec " Maïte les Moules ".

 

Ce concert sera le meilleur de la tournée. On est maintenant bien rodés. Le public est là et il le fait savoir ! Il y en a même qui connaissent les morceaux !! Rien de mieux qu'un tel concert pour effacer la gueule de bois, la fatigue et la chaleur.

On dort chez Gilou : une superbe vieille bâtisse à 2-3 kms de Poitiers; à deux pas de la terrasse coule une belle rivière. Un immense et superbe sole pleureur complète ce paysage de carte postale ! De l'autre côté du Clain se trouve un superbe parc avec quelques échantillons du marais poitevin. Magnifique!

 

 

Seul inconvénient, Gilou est le voisin de Raffarin. Oui, notre cher premier ministre !

Toulouse

On a du mal à décoller. Le petit déjeuner est un bienvenu oasis de calme dans ce tourbillon de bruit et de fureur (hé hé). On se décide finalement, on passe devant la maison de Raffarin, accolé à son usine (fabrication de lait, je crois). Ainsi, les ouvriers smicards peuvent voir la maison du boss lorsqu'ils pointent au boulot. Pas de doute, ce gars-là est un notable de Province de la pire espèce.

Arrivée à Toulouse au Fantômas. On est accueilli par les Streetwalkin' Cheetahs dans la sono, les murs du bar sont décorés avec des figures des BD Marvel. Starshit, le nouveau groupe de Lo' Spider assure (dans tous les sens du terme) la première partie. Un conseil, retenez bien ce nom. Ce groupe va faire parler de lui. De notre côté, le concert se passe ma fois plutôt bien.

Tout l'intelligentsia toulousain est là : Eric Vicious Circle (qu'on a bien sûr pas eu le temps de visiter, on aura vraiment tout rater), Gildas et Sylvain Dig It, les Jerry… Y a même Olivier des Jakes. On s'échange les derniers potins rock & roll avec en vrac : les relations avec un label mythique, les raisons d'un split, un festival énorme à Mont De Marsan pour la rentrée, Eudeline a-t-il encore sa place à notre époque, et si oui, pourquoi a-t-on envie de le gifler ?, une réformation qui va faire du bruit, l'habituelle difficulté des magasins indés… Blah-blah, gloups et rock & roll.

On demande au patron s'il n'a pas un " Blitzkrieg bop " local. Il nous fait goûter un alcool italien anisé du meilleur effet. Qui entame bien Matthieu, notre batteur. On doit partir dans la nuit car deux d'entre nous bossent le lendemain. Mais impossible de le décoller du comptoir et il nous sort le grand jeu le bougre. Le voilà qu'il s'asperge de bière sur la piste de danse en hurlant. On le prend de force et on y va. On s'arrête à la première aire d'autoroute pour qu'il puisse vomir tranquille. Raphaël, le roadie le plus rock & roll de la scène française tient le volant et assure comme d'hab. Arrivée à Marseille à 8 h du mat. On goûte au plaisir de décharger le camion au petit matin sans avoir dormi et on rentre tous chez nous, vous croyez quoi ! Bye