Les Nouvelles De La Nuit

Présente :

Psyché

 

 

6 H 00.

L'alarme stridente du réveil retentit dans toute la chambre. La main gauche de Franck chercha pendant quelques secondes le gros bouton de plastique rouge et l'enfonça. Les yeux bouffis, les cheveux emmêlés, il s'assit sur le bord du lit. Il ouvrit le tiroir de la table de nuit, sortit un paquet de cigarette et en alluma une. La première bouffé fut suivit d'une violente quinte de toux. Franck frotta ses yeux mit sa cigarette aux lèvres et se leva.
Il enfila un caleçon et sortit de la chambre. De l'autre coté du salon, dans le canapé son frère ronflait, allongé sur le dos. Franck traversa la pièce en prenant soin d'éviter les canettes de bières qui jonchaient le sol et commença à mettre de petit coup de pieds dans le canapé.
- " Eric, debout, il est six heures." Râla t-il entre deux toussotements.
Puis il passa dans la cuisine se servit une tasse de café de la veille et l'enfourna au micro-onde. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre, et admira les gros flocons de neige qui valsaient dehors. Il n'était pas arrivé au bout de sa cigarette que le tintement du micro-onde résonna. Il sortit la tasse et la porta à ses lèvres. Il grimaça sous le goût amer du breuvage. Deux cigarettes et un café plus tard Eric entra dans la cuisine et se dirigea vers la cafetière.
- " Comment vas ce matin ? " demanda Franck.
- " J'ai une épouvantable migraine." Fit Eric en se tenant la tête.
Franck ouvrit un placard saisit un tube d'aspirine effervescentes et le lui lança.
- " Prends ça et file à la salle de bain, ne soit pas en retard pour ton premier jour. "
Le cachet d'acide acétylsalicylique se dissout rapidement dans le verre d'eau et fut ingurgité quelques instant plus tard. Eric rota sous l'effet des gaz et fonça sous la douche. Trente minutes plus tard, un costume sur le dos et une attaché case en main il claqua la porte du pavillon avec pour tout encouragement un - merde- que son frère lança entre ses dents.

Resté seul Franck soupira en voyant le bordel accumulé dans le salon. Après avoir rangé l'appartement il se dirigea lui aussi dans la salle de bain qui était intégrée à la chambre. Il enduit son visage de crème à raser et fit couler l'eau chaude. La vapeur d'eau occasionna un dense buée sur le miroir et Franck du passer un coup de serviette éponge sur le miroir pour pouvoir se voir. Il leva la tête et passa son rasoir sur son cou en sifflotant "Carmen". Cette fois ci la condensation occasionna des gouttelettes qui dégoulinaient le long du miroir et qui dessinaient des motifs dans la buée restante. Franck passait la lame d'acier sur sa joue droite quand l'impression d'être épié s'installa en lui. Il s'arrêta de siffler et regarda tout autour de lui pour découvrir l'éventuel espion. Mais à part un cafard, qu'il ne vit pas, qui courait entre ses pieds Franck était seul. La seule paire d'yeux qui était braqué sur lui était en Bakélite. Joey, l'ours en peluche de son enfance trônait sur un rocking chair et regardait fixement dans la direction du lavabo. Franck reprit sa besogne en sifflotant cette fois ci avec un peu moins d'entrain. Dans le miroir il scrutait plus la chambre que son visage.
- " AÏE !!! " Couina t-il lorsque la lame d'acier coupa sa joue.
Les gouttelettes de sang, après avoir ruisselé sur son visage, tombaient dans le lavabo et se mêlaient à l'eau pleine de mousse à raser. Franck frotta énergiquement la glace et regarda attentivement la chambre dans le miroir. Dans le reflet le nounours n'était tout simplement pas là…
Franck tourna le dos au miroir et admira la peluche qui n'avait pas bougé.
- " Il était tout mité alors je l'ai jeté." Fit une voix derrière lui.
Il se retourna à nouveau vers le miroir et regarda attentivement. Ces jambes commencèrent à flageller, ses yeux se révulsèrent, ses genoux ployèrent lentement. Il bascula en avant et sa tête frappa le miroir, qui se fendit, avant de s'écrouler de tout son long sur le sol.
- " PFFF… Et en plus il tombe dans les pommes." Fit la voix.
Franck ouvrit les yeux et regarda tout autour de lui.
- " Ch'uis pas tombé dans les pommes." Râla t-il en se relevant.
Au travers du miroir fendu Franck conversait avec son propre reflet.
- " C'est extraordinaire." Demanda Franck.
- " M'ouais." Répondit le reflet.
Franck resta interdit.
- " ça ne t'étonnes pas ?"
- " Habille toi et je t'expliquerais."
En Hâte il passa un jean, une chemise noire, accrocha sa croix à son col et passa une paire de mocassins. Puis il s'approcha à nouveau du miroir fendu.
- "Voilà." Fit il en ouvrant les bras.
Franck recula vivement lorsque l'avant-bras de son reflet passa au travers du miroir. La paume tournée vers le ciel, l'index se repliait en faisant le signe "viens ici".
- "Approche, n'ai pas peur." Fit le Franck bis.
Franck s'approcha doucement et saisit le main de son jumeau. Une poigne ferme l'attira et contrairement à ce qu'il attendait, sa main ne fut pas arrêté par la surface du miroir. La semblait se liquéfier, Franck toujours tiré par son identique avait maintenant passé son épaule. Encore quelques centimètres et ce serait au tour de son visage. Il inspira à fond et bloqua sa respiration tel un apnéiste et s'engouffra de l'autre coté.
Franck bis l'aida à passer par dessus le lavabo. Une fois arrivé de l'autre coté Franck reprit sa respiration de manière bruyante.
- " Tu m'a pris pour un poisson ?" Demanda le reflet.
Franck secoua la tête négativement.
Comment t'appelle tu ?" Demanda le reflet.
- "Franck - répondit Franck - comme toi je suppose ?"
- "Non , moi c'est Kcnarf."
Franck souleva les sourcils et acquiesça d'un mouvement de tête.
- "Comment cela ce peut il ? C'est un véritable miracle." continua Franck
- "Un miracle de technologie. Oui." Fit l'autre en lui montrant l'appareil qui trônait dans sa chambre.
Le boîtier était cubique et mesurait une soixantaine de centimètre d'arête. Quelques Leeds, rouge, jaune et vert ici et là, un écran lCD et un clavier rudimentaire le composait. Une dizaine de fils reliaient l'appareil au miroir.
- "C'est toi qui a fabriqué cela ?" Demanda Franck.
- "Non, ce sont des chercheurs, moi je suis chargé de le tester et d'évaluer les dangers potentiels qui pourraient survenir de votre monde."
- "Tu es testeur ?"
- " Non militaire. On m'emploie pour des missions à hauts risques. Et je dois dire que je m'en sors toujours avec brio quelque fois au dépends de la vie des autres mais du moment que j'accomplis ma mission… toi que fais tu dans la vie ?"
- " Un soudar, un commando, un tueur, c'est pas vrai- Fit Franck entre ses dents - Moi je suis… curé…"
Knarf trouva la situation amusante.
- " Mais je manque à tous mes devoirs d'hôte. Suis moi."
Franck emboîta le pas de son double. Ils traversèrent le salon qui était superbement rangé et entrèrent dans la cuisine.
- "J'ai exactement le même pavillon." Remarqua Franck.
- "Un thé ?" Demanda Kcnarf.
Franck secoua la tête négativement.
- "Je n'aime pas le thé je préfère le…"
- "Café, je parie. " Coupa Kcnarf.
- " Tu n'aimes pas le café ?" Demanda Franck.
Kcnarf secoua la tête négativement.
- " Et du coup je n'en ai pas."
- "Un jus d'orange fera l'affaire."
Kcnarf, à nouveau, secoua la tête négativement.
- " Tu n'aimes pas non plus le jus d'orange ?"
- " Si mais dans notre monde l'agriculture est pauvre. Les fruits et légumes sont des produit très rares."
- " Un verre d'eau alors. "
Kcnarf lui tendit un verre d'eau.
- "Tu es gaucher ? " Demanda Franck.
- "Comme 80% des gens." Répondit Kcnarf.
Franck détaille la cuisine sont intérêt se porta sur les robots ménagers qui lui semblait futuristes.
- " Votre technologie est plus moderne que la nôtre." Remarqua Franck en regardant les appareils ménagers.
- "Ca ne ce bouffe pas." Souleva Kcnarf.
- "Non évidement. Tu as un frère ? "
- "Oui et le tiens doit s'appeler… Eric." Fit Kcnarf après avoir remit les lettres dans l'ordre.
- "Exact."
- "Il fait quoi dans la vie ?"
- "Heu… il vient de trouver du travail comme assistant programmeur. Avant cela il avait fais quelques petit boulot à droite à gauche rien de très concret."
Kcnarf sourit méchamment.
- "Un raté en somme."
- "Non, ne dit pas cela. Il a eu des problèmes. Et que fait le tien ?"
- "Cire est PDG d'une multinationale financière."
Franck siffla d'admiration.
- " Et pour quelles raisons les chercheurs de ton monde ont ils mis au point cette machine ?"
Kcnarf déglutit son thé.
- "Notre monde est à la fin de ses ressources naturelles. Nous allons périr si nous ne faisons rien. Il y a trente ans de cela nos gouvernement ont décidé de trouver le moyen de nous faire partir d'ici. Nous n'avons pas trouver le moyen d'évacuer tout le monde par vaisseaux spatiaux. Et puis la chance de trouver une planète habitable se révéla infinitésimale. Par contre…"
- " Venir cohabiter avec nous." Coupa Franck.
- "Pas cohabiter." Surenchérit Kcnarf en pointant son Berreta munit d'un silencieux sur Franck…

20H00.

La clé tourna dans la serrure et la porte s'ouvrit. Eric s'arrêta un moment étonné. Il ne s'attendait pas à trouver l'appartement rangé mais sûrement pas saccagé. Tous les miroirs du salon avait été brisés. Il pensa tout d'abord à un cambriolage. Il traversa la salle et entra dans la cuisine, là aussi le miroir était brisé en petit morceaux.
- "Franck." Appela t-il.
Pas de réponse. Il ressortit retraversa le salon et entra dans la chambre.
- "Mon dieu, Franck, que c'est il passé ?" Fit il en se précipitant sur son frère.
Franck, enroulé dans une couverture, blanc de peur, suant et grelottant, était recroquevillé dans un coin de la chambre.
- "Ils arrivent." Fit il.
Eric s'accroupit et pris son frère dans ses bras.
- "Mais qui donc ?" Fit il en le berçant doucement.
Après un bon café chaud Franck se calma un peu et raconta à son frère l'incroyable mésaventure. Il lui raconta le sombre dessin, que les habitants de l'autre coté, avaient projeté et comment il avait réussi à échapper aux balles de son double.
Eric s'approcha du miroir qui était au dessus du lavabo et regarda son reflet avec attention.
- "Et tu dis qu'avant cela tu t'es cogné la tête sur le miroir ?"
-" Je n'ai pas rêvé Eric, je ne suis pas tombé dans les pommes."
Eric réussi au bout de deux heures de dialogue à faire prendre à son frère un somnifère, lui promettant de rester éveiller auprès de lui.

8H00

Franck ouvrit difficilement les yeux. Il céda au rituel de la clope du matin. Et se dirigea vers la cuisine. Eric était déjà levé. Il était assit au bout de la table et buvais son café.
- "Tu as du café tout chaud. Bien dormi ?" Fit il avec un grand sourire.
Franck secoua la tête en se servant un café.
- "Non, comment veux tu que je dorme bien avec ce qu'il c'est passé."
Eric soupira.
- "Tu crois toujours que j'ai rêvé . C'est ça ?"
- "Oui Franck, je crois effectivement que tu t'es cogné la tête sur le miroir, ta blessure sur le front en témoigne, et qu'après ton inconscient à fait le reste."
Franck toucha sa blessure en avalant son café. Il se voulut rassurant pour son cadet.
- "T'as sans doute raison." Fit il.
Eric afficha un sourire radieux.
- " Ha !!! Enfin. Tu me passerais une clémentine."
Franck saisit un fruit dans la corbeille et le lança à Eric qui l'attrapa.
Franck dévisagea son frère un court instant.
- " Depuis quand es tu gaucher Eric ?"


Canis Lupus

 

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