Mise à jour : 24 janvier 2009
 
 
 
 

 

Omnium des libertés

Jacques Guyard condamné

Le tribunal de Paris a estimé que M. Guyard n'était « pas en mesure de justifier d'une enquête sérieuse » à l'appui de ses accusations contre l'Anthroposophie. Les rapports parlementaires sur les sectes seraient truffés de « blancs » rédigés par les Renseignements Généraux. Un « blanc » est une note anonyme qui permet à un officier des RG d'accuser n'importe qui, et pour n'importe quoi, dans la plus totale impunité.


IMPOSSIBILITE de « justifier d'une enquête sérieuse », documents non « pertinents » ou n'ayant « aucune valeur probante », « rapport ne présentant aucun caractère contradictoire »... Les méthodes de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes ont du plomb dans l'aile, à lire le jugement de la dix-septième chambre correctionnelle du tribunal de Paris qui a condamné, mardi 21 mars, son président Jacques Guyard, député (PS) de l'Essonne, à 20 000 francs d'amende et 90 000 francs de dommages-intérêts pour avoir diffamé trois mouvements anthroposophes se réclamant du courant de pensée de Rudolf Steiner.


Le député a cependant maintenu l'appellation « secte », sur la foi, notamment, d'un « blanc » des renseignements généraux. Puis a maintes fois fait référence au caractère « secret » du travail de la commission parlementaire, l'empêchant, selon lui, de divulguer ses sources. « Ça fait beaucoup de secret alors que tout le monde a intérêt à savoir comment cela se passe ! », a fini par s'exclamer Martine Ract-Madoux, la présidente du tribunal. « Aucun des documents produits n'est pertinent au regard des accusations de manipulations mentales, pressions financières, détournements de fonds et pratiques médicales mettant en péril la vie des malades », a ajouté le tribunal, qui a refusé au document des RG toute « valeur probante ».


Rejetant le bénéfice, pour M. Guyard, de l'immunité parlementaire, pour lequel avait opté le substitut du procureur François Cordier, les juges ont estimé que le préjudice des parties civiles était « important (...) dès lors que les propos diffamatoires [avaient] été tenus par un député, président de [la] commission, dont l'autorité et la compétence n'ont pu être mises en doute par le public ».

(Le Monde daté du jeudi 23 mars 2000)