Le tribunal de Paris a estimé que M. Guyard n'était « pas en mesure de justifier d'une enquête sérieuse » à l'appui de ses accusations contre l'Anthroposophie. Les rapports parlementaires sur les sectes seraient truffés de « blancs » rédigés par les Renseignements Généraux. Un « blanc » est une note anonyme qui permet à un officier des RG d'accuser n'importe qui, et pour n'importe quoi, dans la plus totale impunité.
IMPOSSIBILITE de « justifier d'une enquête sérieuse »,
documents non « pertinents » ou n'ayant « aucune valeur
probante », « rapport ne présentant aucun caractère
contradictoire »... Les méthodes de la commission d'enquête
parlementaire sur les sectes ont du plomb dans l'aile, à lire le
jugement de la dix-septième chambre correctionnelle du tribunal de
Paris qui a condamné, mardi 21 mars, son président Jacques
Guyard, député (PS) de l'Essonne, à 20 000 francs d'amende
et 90 000 francs de dommages-intérêts pour avoir diffamé
trois mouvements anthroposophes se réclamant du courant de pensée
de Rudolf Steiner.
Le député a cependant maintenu l'appellation « secte
», sur la foi, notamment, d'un « blanc » des renseignements
généraux. Puis a maintes fois fait référence
au caractère « secret » du travail de la commission parlementaire,
l'empêchant, selon lui, de divulguer ses sources. « Ça
fait beaucoup de secret alors que tout le monde a intérêt à
savoir comment cela se passe ! », a fini par s'exclamer Martine Ract-Madoux,
la présidente du tribunal. « Aucun des documents produits n'est
pertinent au regard des accusations de manipulations mentales, pressions
financières, détournements de fonds et pratiques médicales
mettant en péril la vie des malades », a ajouté le tribunal,
qui a refusé au document des RG toute « valeur probante ».
Rejetant le bénéfice, pour M. Guyard, de l'immunité
parlementaire, pour lequel avait opté le substitut du procureur François
Cordier, les juges ont estimé que le préjudice des parties
civiles était « important (...) dès lors que les propos
diffamatoires [avaient] été tenus par un député,
président de [la] commission, dont l'autorité et la compétence
n'ont pu être mises en doute par le public ».
(Le Monde daté du jeudi 23 mars 2000)