Friedrich Hölderlin
                                                                                                                     traductions proposées par Patrick GUILLOT


(en guise de postface)

Poésie n’est pas ‘jeu de mots’.

Que la traduction soit à jamais imparfaite — incertaine — tient à son statut propre.
Ce manque est sa vérité. Aussi le discours convenu sur "l’impossible" traduction
est-il ici hors de propos — et de même l’exposé de la moindre justification :
ce ne sont pas les imperfections provoquées par l’incapacité du traducteur qui importent ici.

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Mais je dois dire tout d’abord quelque chose de la raison de la publication de ces traductions -
même si elles n’ont pas cessé d’avoir été entreprises en vue du seul bénéfice privé.
Cette raison, peut-être étrange, et d’ailleurs pas entièrement éclaircie, se présente ainsi :
ces poèmes de Hölderlin, il s’agit en quelque sorte, par le moyen de cette publication,
de les "remettre là où je les avais pris".

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Ensuite, plus essentiel, pour que soit dit quelque chose de la visée,
lire la Méditation préliminaire du cours que Martin Heidegger a consacré à l’hymne Germanie :

« La configuration rythmique du dire (cet élan originel toujours primordial au choix des mots,
à leur répartition, à leur emplacement) est déterminée par le ton fondamental,
qui crée sa propre forme dans l’esquisse intérieure de sa totalité.
Et ce ton fondamental provient du lieu métaphysique propre à chaque poésie particulière. »

Est-ce toujours tourné vers ce lieu que j’ai décidé ici du choix des mots, — des mots français disposés selon, c’est-à-dire parfois contre, les principes de la syntaxe française ?
Je ne peux rien espérer d’autre.

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Enfin laisser le dernier mot au poète.
Hölderlin avait prévu de faire précéder l’hymne Fête de la paix de cet avertissement au lecteur :

« Je vous prie de ne lire ces feuilles qu’avec bonté. Ainsi ne seront-elles pas incompréhensibles, encore moins malsonnantes. Mais s’il se trouve pourtant quelqu’un qui juge cette langue
trop peu conventionnelle, alors je devrais bien lui avouer que je ne peux rien faire d’autre.
Par une belle journée se laissent entendre presque toutes sortes de manières de chanter,
et la Nature, d’où elles proviennent, les reprend aussi. »