Friedrich Hölderlin   passage                                                                                    traduction proposée par Patrick Guillot

 
                An die Parzen    [*]
                             Aux Parques

Nur Einen Sommer gönnt, ihr Gewaltigen
  Ne me suffit qu’un été, ô Puissantes !
Und einen Herbst zu reifem Gesange mir,
  Et un automne, pour mûrir le chant,
Daß williger mein Herz, vom süßen
  Que plus docile mon cœur, de ce doux
Spiele gesättiget, dann mir sterbe.
  Jeu rassasié, alors en moi expire.

Die Seele, der im Leben ihr göttlich Recht
  L’âme, à qui en la vie son droit divin
Nicht ward, sie ruht auch drunten im Orkus nicht ;
  Ne fut reconnu, elle ne repose pas même là-dessous dans l’Orkus ;
Doch ist mir einst das Heilge, das am
  Mais si pour moi un jour le Sacré, en
Herzen mir liegt, das Gedicht, gelungen,
  Mon cœur déposé, le Poème, s’accomplit,

Willkommen dann, o Stille des Schattenwelt !
  Alors bienvenue, ô calme du pays des Ombres !
Zufrieden bin ich, wenn auch mein Saitenspiel
  Je m’en contente, quand bien même mon luth
Mich nicht hinab geleitet ; Einmal
  Ne m’accompagne en bas ; une fois
Lebt ich, wie Götter, und mehr bedarfs nicht.     (1)
 Aurais-je vécu, comme les dieux, et n'aurais d'autre besoin.



à signaler : trois traductions de An die Parzen par Eugène GUILLEVIC sont consultables
                      sur le site DERIVES  de anton alain, qui les présente ainsi :

<< Guillevic a retouché régulièrement ses traductions, en particulier le poème "aux Parques" d'Hölderlin,
efforts renouvelés pour restituer un poème qu'il se répétait comme une prière,
prière qu'il répétait dans un élan sincère, parfois en public, ou pour lui -même et ses proches,
poème qui révère le poème, poème qui appelle le poème. >>