Friedrich Hölderlin   passage                                                                                    traduction proposée par Patrick Guillot


 
         STIMME DES VOLKS (Zweite Fassung)
                                        VOIX DU PEUPLE (seconde version)
 

Du seiest Gottes Stimme, so glaubt ich sonst
Tu es la voix du peuple, ainsi l’ai-je cru jadis
In heilger Jugend ; ja, und ich sag es noch !
   Dans la jeunesse sacrée ; oui, et je le dis encore !
Um unsre Weisheit unbekümmert
      À notre sagesse indifférents
Rauschen die Ströme doch auch, und dennoch,
         Rugissent pourtant aussi les fleuves, et néanmoins,

Wer liebt sie nicht ? und immer bewegen sie
Qui ne les aime ? et toujours m’émeuvent-ils
Das Herz mir, hör ich ferne die Schwindenden,
   Le cœur, je les entends au loin, qui décroissant,
Die Ahnungsvollen meine Bahn nicht,
    Qui pleins de pressentiments, non par mon chemin
Aber gewisser ins Meer hin eilen.
         Mais plus sûrement vers la mer se hâter.

Denn selbstvergessen, allzubereitet, den Wunsch
Car s’oubliant lui-même, par trop disposé à combler
Der Götter zu erfüllen, ergreift zu gern,
   Le souhait des Dieux, prend-il trop volontiers,
Was sterblich ist, wenn offnen Augs auf
      Ce qui est mortel, quand les yeux grand ouverts
Eigenen Pfaden es einmal wandelt,
         Il suit une fois sa propre voie,

Ins All zurück die kürzeste Bahn ; so stürzt
Pour revenir dans le Tout le plus court chemin ; ainsi se précipite
Der Strom hinab, er suchet die Ruh, es reißt,
   Le fleuve vers le bas, il cherche le repos, l’emporte,
Es ziehet wider Willen ihn, von
      L’attire contre sa volonté, de
Klippe zu Klippe, den Steuerlosen,
         Rocher en rocher, ce désemparé,

Das wunderbare Sehnen dem Abgrund zu ;
La merveilleuse nostalgie pour l’abîme ;
Das Ungebunde reizet und Völker auch
   Le débridé excite, et des peuples aussi
Ergreift die Todeslust und kühne
      Épris de la volupté de la mort, et de fières
Städte, nachdem sie versucht das Beste,
         Cités, après avoir recherché le meilleur,

Von Jahr zu Jahr forttreibend das Werk, sie hat
D’année en année poursuivant l’œuvre, ont
Ein heilig Ende troffen ; die Erde grünt
   Trouvé une fin sacrée ; la terre verdoie
Und stille vor den Sternen liegt, den
      Et calmement gît face aux étoiles,
Betenden gleich, in den Sand geworfen,
           Tel qu’en prière, jeté dans le sable,

Freiwillig überwunden die lange Kunst
Volontairement abandonné, l’art dès longtemps
Vor jenen Unnachahmbaren da ; er selbst,
   Face à ces inimitables-là ; lui-même,
Der Mensch, mit eigner Hand zerbrach, die
      L’homme, de sa propre main brise, pour
Hohen zu ehren, sein Werk, der Künstler.
         Honorer les Très-Hauts, son œuvre, l’artiste.

Doch minder nicht sind jene den Menschen hold,
Pourtant, ceux-là n’accordant pas moins leurs faveurs aux hommes,
Sie lieben wieder, so wie geliebt sie sind,
   Ils aiment en retour comme ils sont ainsi aimés,
Und hemmen öfters, daß er lang im
      Et souvent ralentissent, afin que longtemps dans
Lichte sich freue, die Bahn des Menschen.
         La lumière il s’éjouisse, le chemin des hommes.

Und, nicht des Adlers Jungen allein, sie wirft
Et, non seulement les jeunes aigles, les jette
 Der Vater aus dem Neste, damit sie nicht
   Hors du nid le père, de peur qu’ils ne
Zu lang ihm bleiben, uns auch treibt mit
     Demeurent trop longtemps près de lui, nous chasse aussi avec
Richtigem Stachel hinaus der Herrscher.
         Le juste aiguillon en avant le Seigneur.

Wohl jenen, die zur Ruhe gegangen sind,
Heureux sont-ils, ceux qui sont allés au repos
Und vor der Zeit gefallen, auch die, auch die
   Et tombés avant le temps, eux aussi, eux aussi
Geopfert, gleich den Erstlingen der
      Sacrifiés, tels que prémices
Ernte, sie haben ein Teil gefunden.
         À la moisson, ils ont trouvé leur part.

Am Xanthos lag, in griechischer Zeit, die Stadt,
Sur le Xanthe s’étendait, au temps des Grecs, la cité,
Jetzt aber, gleich den größeren, die dort ruhn,
   Mais à présent, telle que les plus grandes, qui là-bas se reposent,
Ist durch ein Schicksal sie dem heilgen
      Est-elle, par un destin, de la lumière
Lichte des Tages hinweggekomen.
         Sacrée du jour, retirée.

Sie kamen aber, nicht in der offnen Schlacht,
Ils périrent, non dans la mêlée ouverte,
Durch eigne Hand um. Fürchterlich ist davon,
   Mais de leurs propres mains. Terrifiante, de
Was dort geschehn, die wunderbare
      Ce qui advint là-bas, la merveilleuse
Sage von Osten zu uns gelanget.
         Légende depuis l’Orient nous est parvenue.

Es reizte sie die Güte von Brutus. Denn
Les excita la bonté de Brutus. Car,
Als Feuer ausgegangen, so bot er sich,
   Comme s’éteignait l’incendie, s’offrit-il
Zu helfen ihnen, ob er gleich, als Feldherr,
      De les aider, bien qu’il sembla comme général
Stand in Belagerung vor den Toren.
         Tenir le siège devant les portes.

Doch von den Mauern warfen die Diener sie,
Pourtant des remparts jetèrent-ils les messagers
Die er gesandt. Lebendiger ward darauf
   Qu’il envoyait. Plus vivace devint alors
Das Feuer und sie freuten sich und ihnen
      L’incendie, et ils se réjouirent, et leur
Strecket’ entgegen die Hände Brutus
         Tendait la main Brutus

Und alle waren außer sich selbst. Geschrei
Et tous étaient hors d’eux. Une clameur
Entstand und Jauchzen. Drauf in die Flamme warf
   S’éleva et un cri de joie. Alors dans la flamme se jettent
Sich Mann und Weib, von Knaben stürzt’ auch
      Maris et femmes ; et des garçons se précipitent aussi
Der von dem Dach, in der Väter Schwert der.
         Qui dans la mêlée, qui sur le glaive du père.

Nicht rätlich ist es, Helden zu trotzen. Längst
Il n’est pas conseillé de défier les héros. Dès longtemps
Wars aber vorbereitet. Die Väter auch,
   Etait-ce pourtant préparé. Les pères aussi,
Da sie ergriffen waren, einst, und
      Comme ils furent surpris, une fois, et
Heftig die persischen Feinde drängten,
         Violemment par l’ennemi perse harcelés,

Entzündeten, ergreifend des Stromes Rohr,
Embrasèrent, se saisissant des roseaux du fleuve
Daß sie das Freie fänden, die Stadt. Und Haus
   Par lequel ils trouvèrent la liberté, la cité. Et maisons
Und Tempel nahm, zum heilgen Aether
      Et temples les prenait, vers l’Azur sacré
Fliegend, und Menschen hinweg die Flamme.
         S’envolant, et les hommes, la flamme.

So hatten es die Kinder gehört, und wohl
Ainsi l’avaient entendu les enfants, et certes
Sind gut die Sagen, denn ein Gedächtnis sind
   Sont bonnes les légendes, car une mémoire sont-
Dem Höchsten sie, doch auch bedarf es
      Elles du Très-Haut, pourtant est-il aussi besoin
Eines, die heiligen auszulegen.
         De quelqu’un pour interpréter les sacrées.