Lors de son passage aux Iles en 1535, Jacques Cartier parle de cette île (qu'il nomme Brion en hommage à son protecteur, Messire Philippes Chabet, comte de Barensais et de Chargny, Seigneur de Brion et Amiral de France) dans les meilleurs termes: «...Ceste-dite Ille est la meilleure terre que nous ayons veu, car vng arpant d'icelle vaut mieux que toute la Terre Neufve. Nous la trouvames plaine de beaulx arbres, prairies, champs de blé sauvaige, et poys en fleurs, aussi espès et aussi beaulx que je vis oncques en Bretagne, queulx sembloict y avoir esté semez par laboureux. Il y a force grouaiseliers, frassiers et rossez de Provins, persils, et aultres bonnes erbes, de grant odeur...»

    Au XIXe siècle, s'y installe la famille Dingwell qui l'érige en véritable fief. Pendant plusieurs décennies, Brion prospérera jusqu'à ce que, la famille Dingwell décimée par la mort, la nature reprenne lentement ses droits sur le territoire.

    Ne subsiste plus de toute cette luxuriance remarquée par Jacques Cartier, qu'une forêt clairsemée et rabougrie. De l'époque des Dingwell, ne reste plus que le quai en piteux état et la maison du propriétaire, dans un état encore plus pitoyable. Et même après lui avoir donné un statut spécial, le gouvernement québécois laisse à l'abandon, sujettes aux intempéries, ces installations témoignant d'une autre époque. Il est cependant vrai qu'associer cohérence et gouvernement est souvent anachronique.

    Aujourd'hui réserve écologique, on n'accède que difficilement à cette île enchanteresse. Les oiseaux de mer (pétrel-cul-blanc, harfang des neiges, macareux-moine, fou de Bassan, marmette de Troïl, petit pingouin...) et les renards y font mauvais ménage...

    Merci particulier à Sébastien Cyr qui a bien voulu me fournir les photos. A force de rames, approchons-nous...