(Publié au printemps 2000, ce roman — qui s'intéresse au pouvoir de la finance versus celui de l'état — est une intrigue politico-scientifique.)




Guêpes est originellement paru aux
Éditions HUMANITAS à Montréal Québec (Canada).

ISBN: 2-89396-202-5
Dépôt légal - 2e trimestre 2000
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
© Humanitas et Gervais Pomerleau

REMERCIEMENTS

    Je tiens à exprimer toute ma gratitude aux biochimistes Nicolas Cermakian, Véronique Pomerleau et Laurent Marguerat (ce dernier se doublant d'un traducteur), aux vétérinaires Caroline Fortin et Pierre Olivier, de même qu'à la biologiste Maryse Giguère qui m'auront été d'un précieux secours, des guides généreux ayant suivi la rédaction de ce roman, le jugeant avec toute la rigueur et la célérité de leur art respectif et leur intérêt pour le mien. Merci également au psychiatre Guy Lanctot qui, outre son amitié, m'a gratifié de généreux conseils malgré sa charge de travail. Chacune, chacun aura d'ailleurs investi nombre d'heures dans ce travail de révision sans jamais ronchonner autrement que pour me souligner des incohérences imputables à mon ignorance. Ces scientifiques ont fait leur possible, mais j'ai la tête dure...
    Le biologiste PierreM. Marotte du ministère de l'Energie et des Ressources québécois aura également fait preuve de bonne volonté et aura été un aide précieux en m'aiguillant vers des sommités dans les domaines impliqués, entomologie, microbiologie. S'ils ont fait fi de ma correspondance, lui n'est, à tout le moins pas à blâmer.
    Peut-être mon roman eût-il pu être plus réaliste, plus juste sur un plan entomologique, mais comme ce n'est pas ma spécialité, j'ai fait avec ce qui était disponible, avec les réponses qu'on a bien voulu me donner... quand on a accepté de le faire. Mes erreurs - que je revendique pour moi seul et me reviennent de droit -ne pourront en aucun temps être imputés à l'Insectarium de Montréal qui a bien voulu, avec toute l'ouverture d'esprit de ses dirigeants [sic], rejeter une après l'autre, la totalité de mes demandes d'information.
G.P.

A mon frère Sylvain,
comme un souvenir des temps anciens
de notre enfance où nous allions,
lui et moi,
au cinéma pour nous gaver
de la frayeur des autres...

G.P.


"...et il émit l'opinion que quiconque
pourrait faire pousser deux épis de blé,
ou deux brins d'herbe, à un endroit
du sol où un seul croissait auparavant
mériterait bien plus de l'humanité
et rendrait un service plus éminent
à son pays que la race tout entière
des politiciens..."
- Jonathan Swift
Les Voyages de Gulliver

PROLOGUE


    Dehors, les grillons chantent et les crapauds en mal d'amour coassent à rendre l'âme, pendant que, à l'intérieur, affalé dans son fauteuil, le ministre a la tête ailleurs. Dans sa main gauche, comme un chef d'accusation, il tient nonchalamment une feuille à entête thermogravé arborant le logo de l'Association forestière du Québec.
    Inconsciemment, le pouce gauche du ministre passe et repasse sur le "A" stylisé en forme d'épinette. Son œil, rêveur, fixe sans les voir les méandres des branches bétulaires effeuillées tenant lieu de "Q" sur le papier haut de gamme.
    Combien de fois a-t-il relu cette lettre maudite? Il ne le sait plus lui-même. Mais il la connaît par cœur. Jamais, aussi loin qu'il puisse se souvenir, il n'a eu un dossier aussi difficile à gérer. Et maintenant, non seulement en a-t-il plein les bras, mais encore par-dessus la tête. Cependant, il tient une carte maîtresse en main.
    Jamais, en effet il n'aurait cru le président de l'Association forestière du Québec suffisamment inconséquent pour mettre par écrit les propos qu'il a entre les mains. Comment celui-ci a-t-il pu faire pour se permettre un tel écart à la loi non-écrite qui veut que, justement, les menaces ne doivent jamais être écrites?
    Jean-Pierre Laforest, le ministre au nom prédestiné, comme se plaisaient à l'appeler ses collègues du Cabinet, repasse dans son esprit les six derniers mois de sa vie professionnelle et tout ce qui lui revient en mémoire, ce sont toutes les choses qui se sont passées depuis le jour de réception de cette fameuse lettre. Comme si cette dernière avait occulté tout ce qui l'entourait ou lui était étranger. Le projet de loi conjoint avec le ministre des Sports, des Loisirs et de la Nature visant à redonner au contribuable, accès aux forêts de la Couronne n'a plus le moindre intérêt pour lui.
    N'eut été de cette lettre qui le hante jour et nuit depuis que les choses ont commencé à mal aller, Jean-Pierre Laforest aurait tout lieu d'être fier de sa carrière politique. Elle est entièrement dépourvue de tache. Sauf qu'il y a cette maudite lettre. Elle le poursuit, l'empêche de se reposer, même dans son sommeil. Qui n'est plus, depuis longtemps, relaxant.
     Même dans son sommeil il revoit le visage osseux du secrétaire de l'AFQ, à l'autre extrémité de la table de séquoia, exagérément longue sur laquelle les quelques grands argentiers de la forêt publique québécoise prennent toutes leurs décisions. Les bonnes comme les mauvaises.
    Mais il n'a que faire de ce secrétaire décharné. L'homme au corps tellement maigre qu'il doit fuir les chiens n'est, après tout, qu'un sous-fifre, un faire-valoir contraint d'exécuter servilement les basses œuvres de ses employeurs.
    "Finalement c'est quelqu'un qui me ressemble, convient le ministre. Tout comme moi il fait un travail sale; comme moi, il doit rendre des comptes; comme moi, il est pris entre l'arbre et l'écorce."
    S'il n'était pas ministre des Forêts, le prédestiné trouverait cocasse cette allusion à l'arbre et à son écorce. Mais dans les circonstances, ça ne l'intéresse pas de s'attarder à ce genre de frivolités. Plus maintenant. Surtout maintenant que la forêt est devenue impénétrable.
    Par sa faute, par sa seule et unique faute, non seulement les représentants de l'AFQ n'ont-ils pas obtenu ce qu'ils voulaient, mais la situation s'est détériorée à un point tel que les forêts sont désertées. Pas seulement les forêts, d'ailleurs. Le Québec au complet et, avant longtemps, le Canada, puis l'Amérique du Nord. Pour ce qui est du reste...
    C'est ainsi qu'on aboutit, à cinquante-trois ans, à un tournant. Une vie entière de durs labeurs, d'intégrité, où on s'était toujours promis de n'en faire qu'à sa propre tête ou, à tout le moins, n'écouter que son cœur et sa propre raison pour avancer sur le chemin de la vie. Et tout ça, foutu en l'air avec un seul mot, prononcé plus ou moins six mois plus tôt, le jour où il a reçu cette lettre maudite. Un seul petit mot de neuf lettres.
    Neuf lettres pour anéantir le Québec. Pas le rayer de la carte, non! En faire le lieu d'où émanent tous les maux. Et dire qu'on était bien, avant que le ministre prédestiné ne prononce ce malheureux petit mot de neuf lettres.
    Il y avait un taux de chômage oscillant aux environs de treize pour cent; il y avait une dette accumulée, pour la seule province, qui frôlait les cinquante milliards; il y avait la famine dans de nombreux recoins de la province, bien qu'on s'organisât pour la taire; il y avait des conflits ouvriers dans de nombreux secteurs de l'économie; il y avait l'éternelle lutte intestine entre le Québec et le Canada sur le plan constitutionnel; il y avait un premier ministre à Ottawa, issu du Québec, comme tant d'autres et qui, comme tant d'autres avant lui, avait promis de mettre le Québec au pas de la Confédération; il y avait...
     Mais de tout ça, que reste-t-il maintenant? Ou plutôt, qu'est-ce qui est changé? La dette de la province est tout aussi élevée et ce n'est que le début. Au cours des prochaines années, le Québec croulera sous son déficit, encore qu'on peut s'attendre à ce que les autres pays viennent à la rescousse du Canada et, par le fait même, du Québec. Parce que même le Canada ne pourrait pas venir, à lui seul, à bout de ce fléau. Ni pour en trouver la solution, ni pour éponger les coûts engendrés par ce cataclysme.
    On se fout des chicanes constitutionnelles lorsqu'on a des problèmes comme ceux qui sont actuellement nôtres. Le Premier ministre fédéral? Peu importe. Que ce soit lui ou un autre, il n'y a aucune issue possible. Le Québec est ruiné, tout comme le Canada. Quant à la famine, mieux vaut ne pas en parler. Et les conflits ouvriers? Il n'y a plus de conflit, nulle part, parce qu'il n'y a plus d'ouvrier. Où que ce soit.
    Plus personne ne travaille, parce que tout le monde se sent traqué, donc se terre. Et tout le monde se terre parce que tout le monde a peur. Envoyer l'armée? Pour aucune considération un militaire n'oserait traverser les frontières du Québec pour refaire le coup d'Octobre '70. Les militaires savent bien que, s'ils ont un minimum d'une chance sur deux de revenir de la guerre, la situation est bien différente pour ce qui est du Québec. Un soldat qui y viendra, que ce soit pour tenter de rétablir l'ordre ou pour une autre raison, est un soldat qu'on ne reverra plus. Probabilités de l'énoncé: 100%.
    Et tout ça, pour un petit mot prononcé par un ministre au nom prédestiné qui se croyait trop malin pour tenter de se servir de cette masse grise qui, exception faite de la masse osseuse, prenait tout l'espace entre ses deux oreilles. Parce que le ministre en question n'a pas été capable de se fier à ce que lui disait son personnel. Un beau résultat, tout compte fait.
    Jean-Pierre Laforest n'a plus de confident, plus de chauffeur, non plus que de secrétaire. Quant au reste du personnel, c'est du pareil au même. Tout le monde se terre là où il est et, pour aucune considération, personne ne sortirait de sa cache. Si au moins c'était le fruit d'un accident nucléaire, on aurait tout lieu de garder espoir. On a vu Three Miles Island, Tchernobyl et bien d'autres, sans pour autant mettre la population du globe en danger.
    Bien sûr, on a bouffé des radiations et on en bouffera encore pendant longtemps, mais qu'est-ce que c'est, quelques radiations, en comparaison de ce qui attend le monde? Qu'est-ce que c'est, Hiroshima, à côté du Québec? Une molécule dans l'océan...!
     Neuf lettres! Et c'est la terreur. Une terreur d'autant plus diabolique qu'elle empêche même la radio et la télévision d'en faire état, parce que maintenant, aucun journaliste ne serait assez bête pour se risquer à venir au Québec afin d'y voir ce qui se passe. Pour les mêmes raisons qu'on ne voit pas de soldats. Personne ne voudrait venir voir. Soldats et policiers ont abdiqué. Quant aux touristes, comme ils tiennent à leur vie, ils se tiennent loin; même loin des albums de photos leur rappelant le Québec.
    Et les journaux? Les journalistes de la presse écrite ne sont pas mieux que les autres. Ils sont même dans une situation plus précaire parce qu'on a besoin de plus de personnel pour produire un journal que pour diffuser un bulletin spécial à la radio ou à la télévision. Alors les journalistes de la presse écrite restent eux aussi chez-eux. Ils n'ont, au fond, rien d'autre à faire.
    Neuf lettres qui, d'ici six mois, un an tout au plus, arrêteront le supposé immuable cours du temps.
    Passer à l'histoire? Ne serait-ce qu'il y a six mois et demi, Jean-Pierre Laforest l'espérait. Davantage, il y croyait. Plus maintenant. Parce que c'est ici que s'arrête l'histoire de l'humanité. Arrêtée parce qu'un ministre a décidé de courber l'échine devant les intérêts de multinationales qui lui ont refait le sempiternel coup des menaces et qu'il s'est aplati devant elles. Comme un chien soumis.
    Que ne donnerait pas Jean-Pierre Laforest pour revenir en arrière! Que ne ferait-il pas pour n'avoir jamais prononcé ce mot de neuf lettres, ce mot qui n'a pas même pris une seconde à prononcer, qu'il a prononcé bien haut, pour que tout le monde comprenne que c'était lui, dans son bureau, à son ministère, qui donnait les ordres. Non, il n'a pas lieu d'être fier de sa toute-puissance ministérielle.
    Fini le temps où il pouvait sortir de son bureau et aller se promener, escorté par les agents de la Sûreté du Québec, s'arrêter sur la rue Saint-Jean pour bouquiner, pour y prendre un verre. Aujourd'hui, même la Sûreté a la trouille. Question sûreté, c'est plutôt la débandade face au fléau. Mais comment le leur reprocher?
    Finies, les sorties en cachette pour aller à la chasse aux mineures dans les parcs de la vieille capitale. Ce temps-là est passé et bien révolu. A jamais! Le prédestiné se terre dans son bureau et attend l'inexorable fin. Plus de mineures, plus d'épouse, plus d'enfants. De toute façon, ce n'est qu'une question de quelques jours, quelques semaines tout au plus.
    Il est loin le temps béni où les électeurs se plaignaient pour un rien, lui faisaient les gros yeux ou lui proféraient des insanités dans la rue parce qu'ils n'approuvaient pas ses politiques. Loin aussi celui où il pouvait appeler sa secrétaire, juste pour affirmer son autorité ministérielle, et lui demander un café; ou lui demander d'envoyer le chauffeur à la pâtisserie avoisinante acheter une demi-douzaine de beignes pour prendre avec son café, juste pour le plaisir de diriger.
    Tout aussi loin celui où il pouvait, lorsqu'il était encore enseignant, aller prendre une bière en compagnie de collègues de travail, en compagnie d'étudiantes auxquelles il en profitait pour faire des avances sous promesse de faveurs à venir sur les corrections des examens ministériels. Tout ce temps est anéanti. Et par sa seule faute encore.
    Il n'a pas même le luxe de se dire que c'est la faute de quelqu'un d'autre. Ou si peu. S'il s'était tenu debout devant les bonzes de l'AFQ, ces derniers auraient peut-être fait ce qu'ils avaient prétendu, mais même s'ils avaient mis leurs menaces à exécution, le résultat eut été de loin moindre qu'il n'est actuellement. Evidemment, il y aurait du chômage. Et il aurait grimpé en flèche. Mais au moins il y aurait encore du travail pour quantité de gens. Que reste-t-il de tout ça, aujourd'hui? Un cauchemar dont personne ne peut se réveiller parce que personne n'arrive plus à dormir par crainte de l'envahisseur.
    Pas plus que quiconque, Jean-Pierre Laforest n'a ouvert les persiennes de son bureau depuis des semaines. Pas plus que quiconque, il n'ose regarder par la fenêtre parce qu'il craint de voir ce qui se passe hors de son bureau. Il craint de voir l'évolution des dégâts. Il craint de voir la progression de cette catastrophe qu'il a mise en branle.
    Rien ne sert de nier l'évidence, le ministre prédestiné se terre. Depuis trois jours, il ne s'est pas rasé pour économiser l'eau. Sa dernière douche remonte à deux semaines, encore qu'il n'est resté sous le jet que cinq minutes, également pour économiser l'eau. Tout simplement parce que lui-même n'arrivait plus à supporter l'odeur qu'il dégageait: les effluves de la peur.
    Ce matin, il a mis à la porte son commissionnaire. Même sachant qu'il le condamnait à une mort certaine. Sans aucun remords, il l'a personnellement coincé entre les doubles portes et a ouvert électroniquement celles donnant sur l'extérieur. Heureusement que ses bureaux sont équipés de génératrices.
     Et le ministre prédestiné n'a aucun regret. Il a fait d'une pierre deux coups: premièrement il a puni le commissionnaire parce qu'il l'a pris sur le fait, en train de dérober une ration supplémentaire de nourriture, amenuisant ainsi les chances de survie de ses collègues de travail et, en même temps, il a pu revoir de ses yeux, comment ça se passait et ce, sans aucun danger pour lui: c'était à faire frémir. D'autant moins de remords que Jean-Pierre Laforest avait fait afficher une directive en ce sens partout dans l'édifice. L'affiche était, on ne peut plus explicite:

- Avis -

Pour aucune considération, il ne sera toléré que qui que ce soit, quel que soit son statut, son ancienneté, son titre ou ses privilèges antérieurs, emprunte ou dérobe, sur ses propres rations ou celles de ses collègues, eau, nourriture ou tout autre objet qui pourrait mettre en danger la sécurité d'une ou plusieurs personnes présentes dans cet édifice; tout manquement à cet avis par un individu, qu'il soit pris sur le fait et dénoncé par un ou une collègue ou qu'il soit soupçonné de s'être adonné à une pratique contraire à cette ordonnance sera puni sur-le-champ et la personne fautive ou présumée telle sera expulsée de l'édifice avec les conséquences qu'on peut imaginer.
J.-P. Laforest, min.


    Sans aucune honte, sans arrière-pensée, le ministre prédestiné avait apposé son paraphe au document avant que des photocopies en soient faites et distribuées à chaque étage, à chaque bureau et à chaque employé de l'édifice, comme ça avait également été fait pour les agents de sécurité qui assuraient la garde du souterrain reliant les quartiers-généraux du ministère et le bunker du Cabinet.
    Pendant les premières journées qui ont suivi le placardage de l'ordonnance, on a eu droit à des règlements de compte en douce. Certains fourbes n'allaient pas se priver de dénoncer des innocents, augmentant d'autant les réserves de chacun, puisque celles appartenant au fauteur ou supposé tel, étaient redistribuées parmi ceux qui restaient sitôt qu'il avait été expulsé. Cependant, assez rapidement, les choses s'étaient ajustées et tout le monde demeurait sur le qui-vive, redoublant d'honnêteté.
D'aucuns parlaient de chantage bassement fait à l'endroit de l'un ou l'autre des employés du ministère par d'autres membres du personnel qui réclamaient des faveurs diverses avec menace de dénonciation si l'individu n'obtempérait pas ou s'il parlait, mais depuis le temps que les bureaux du Ministère sont devenus un véritable blockhaus, plus personne ne se formalise de ce mode de fonctionnement. Par ailleurs, la situation s'est résorbée.
     A l'image de ce qui se passe à l'extérieur, l'édifice est devenu une véritable jungle où chacun cherche à sauver sa peau, où "chacun pour soi" est le mot d'ordre général.
    Le Québec est assiégé de l'intérieur et les bureaux du Ministère des Forêts ne sont pas davantage dans un état très enviable. Tout ça parce que l'honorable Jean-Pierre Laforest a prononcé un mot de neuf lettres de trop. Il eut été mieux de ne rien dire...


(...)

La suite est dans le volume; veuillez vous adresser à mon éditeur ou chez moi