Correspondance avec Louis-Joseph BUFFET (1875,1876)


Lettre de Gustave ROULAND à Louis-Joseph BUFFET :

16 Février 1876


Paris, le 16 Février 1875

BANQUE DE FRANCE

Cabinet

du

GOUVERNEUR

Une bronchite aïgue qui me tourmente depuis plusieurs jours et ne me permet pas de sortir, m'a empèché de solliciter de votre bienveillance une audience dont je n'étais pas certain de pouvoir profiter.

Mais je ne veux pas retarder plus longtemps les vifs & respectueux remerciements que je vous dois. - J'ai été, dans mon pays, à l'occasion des élections senatoriales, l'objet d'attaques & de coalitions tout à fait inattendues. - Heureusement, j'y ai retrouvé bien des liens & des souvenirs d'attachement & d'action. - Mais, trahi par mes propreps collègues de candidature, j'ai rencontré une grande force dans votre ferme & loyal appui.

Je n'ai pas besoin, monsieur le Président, de vous renouveler mes cordiales assurrances de dévouement au gouvernement du maréchal, que vous dirigez avec votre esprit éminent de justice, de bon sens & de conciliation. Je suis conservateur avant tout, afin que le pays puisse se défendre contre les agitations des partis, les ambitions natives des prétendants & jouir de la sécurité qui lui est due.

Nous périssons par la division, par l'émiettement de l'opinion conservatrice. Chacun porte une petite cocarde à son chapeau, quand le pays, lui, ne connait & ne veut connaitre qu'un drapeau, celui de la légalité, de l'ordre & du gouvernement établi. - Voilà pourquoi, monsieur le Président, vous êtes mille fois dans la vrai & sage politique en appelant à la détente de la société tous ceux qui de bonne foi, veulent travailler à cette oeuvre conservatrice. - Vous ... ... par les partis s'il vous plaisait d'être l'exécuteur de leurs haines réciproques. - On ne vous pardonne pas d'être au dessus de ces partis, & de préférer la France bien gouvernée & bien défendue aux ambitions des uns & aux rencunes des autres. - Mais la France, elle, ne s'y trompe pas, & elle vous remercie de votre excellente pensée de ralliement contre l'ennemi commun, & de lla force que vous entendez rendre au parti conservateur, en agrandissant les rangs au lieu de les diminuer. - Pour mon compte je vous remercie profondément de cette politique si droite & si utile & je la soutiendrai énergiquement.

Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'expression de toutes mes déférences & de mon dévoué respect.

Signé : Rouland


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