Correspondance avec Louis-Joseph BUFFET (1875,1876)


Lettre de Gustave ROULAND à Louis-Joseph BUFFET :

17 Novembre 1875


Paris, le 17 Novembre 1875

BANQUE DE FRANCE

Cabinet

du

GOUVERNEUR

(confidentielle)

Monsieur le Président,

Je supppose qu'il vous est agréable de recevoir de tous les côtés des renseignements exacts sur l'impression produite dans le pays par les graves solutions que l'assemblée vient d'adopter, & pour lesquelles vous avez combattu avec l'énergique éloquence de vos convictions.

J'ai reçu beaucoup de lettres de Normandie & je vis ici au milieu du monde des affaires. Il y a dix jours, tout le monde était inquiet & préoccupé. On ne savait pas où nous meneraient les étranges coalitions de quelques conservateurs & de beaucoup d'ambitieux avec les gauches. Si on avait accepté la République, c'est qu'on espérait qu'elle serait conservatrice & qu'on ne la ferait pas dévier aux mains des hommes qui en avait toujours paré un gouvernement de désordre & de tyrannie. En province, chez nous, les mêmes inquiétudes, les mêmes appréhensions existaient.

Les dernières résolutions de l'assemblée venant tout à coup briser les coalitions mauvaises, écarter le scrutin de liste, espoir des agitateurs, pour y substituer le scrutin d'arrondissement, renouveau des conservateurs, & otent, enfin, aux gauches l'espoir de prépondérance politique qui menaçait l'avenir, ont rassuré les commerces & l'industrie qui vivent de sécurité, & ranimé dans nos provinces bien des courages abattus.

Tout le monde a compris cet énorme résultat de la reconstitution du parti conservateur jusques là dispersé & impuissant en raison de ses divisions de partis & d'intérêts individuels. Chacun revient à son drapeau, à son giron. On reconnait les amis & les ennemis. C'est la force morale rendue au pays. Ce résultat immense se serait presque immédiatement manifesté dans les affaires, s'il ne s'était pas produit au moment où une ... de catastrophes financières étaient à liquider. Mais bientôt il le produira avec la confiance qui revient, à nous, monsieur le Président, une grande et large part dans ces mouvements si heureux des choses et des esprits. Vous devinez dans votre ... justement satisfaite, que je ne vous adresse pas mes banales ... en vous disant avec tous les hommes honnêtes & sensés qui désirent le bien et le repos de leur patrie, que vous avez droit & à nos éloges & à leur profonde reconnaissance, pour ... de votre caractère, la fermeté de votre conduite, & la puissance de votre talent défendant les doctrines & les actes qui rassurent & sauvent la société mise en péril. - Je suis chaque jour en contact avec d'immenses intérets, & je vous remercie bien cordialement pour eux.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l'expression de mes sentiments respectueux & dévoués.

Signé : Rouland


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