CNT AIT TOULOUSE ANARCHOSYNDICALISME
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 La clinique du Pont des Chaumes

       jeudi 10 juin 2010 par cnt ait

       La clinique du Pont des Chaumes est une institution à Montauban,
       l'un des principaux employeurs de la ville. Depuis sa création,
       elle n'a jamais connue de mouvement social et les patrons sont
       fiers de le dire.

       Pourtant depuis plusieurs années, un profond malaise se développe
       au sein du personnel, les salariés voient se dégrader leurs
       conditions de travail, doivent supporter en silence les insultes
       et les brimades de certains médecins, et tout cela pour des
       salaires de misère. Alors que leur pouvoir d'achat diminue sans
       cesse, les salariés voient bien que les bénéfices de la clinique
       ne cessent d'augmenter (les superbes voitures alignées sur le
       parking des médecins et des actionnaires en témoignent). Rien
       d'étonnant donc, à ce que, malgré l'absence de culture de lutte,
       lors d'une assemblée générale le 17 mars à laquelle participe la
       quasi totalité du personnel, une grève soit votée très largement à
       mains levées.

       Les revendications sont claires  : amélioration des conditions de
       travail (fin des brimades....), paiement d'un treizième mois pour
       tous (ou 8,33% d'augmentation des salaires), suppression des trois
       jours de carence. Un préavis est envoyé et le 22 mars, 98% des
       salariés se retrouvent, tous unis et plein d'entrain sur le
       parking devant la clinique.

       En réponse, la direction montrant son mépris du personnel et des
       patients (en pareil cas, la loi prévoit la fermeture de
       l'établissement et le transfert des patients pour garantir leur
       sécurité) réquisitionne plus de cent employés, espérant ainsi
       casser le mouvement. Cette manuvre, illégale échoue devant la
       détermination des grévistes. Dans le même temps, la CGT obtenait
       grâce à une intervention juridique intensive, la fermeture
       administrative de la clinique. Sur la lancée de ce succès, les
       drapeaux de la CGT se mettent à fleurir autour de l'établissement
       bien que la CGT ne syndique à ce moment qu'environ 1 % des
       salariés... Dés lors, les gréviste allaient se partager entre deux
       manières de lutter, deux conceptions  : d'une part ceux qui
       voulaient une lutte dirigée, encadrée par la fédération CGT, avec
       ses drapeaux, ses tam-tam.... et d'autre part ceux qui, confiants
       en leur propre force, voulaient une lutte auto-organisée par les
       grévistes décidant démocratiquement leurs actions, leurs slogans
       etc. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, cette tendance imposa, la
       rotation des mandatés pour négocier avec la direction aux cotés
       des délégués du personnel.

       Au fur et à mesure que la direction s'arcboutait dans son refus de
       céder aux revendications, le fossé entre ces deux courants ne
       cessa de se creuser. Cette opposition trouva son épilogue dans la
       dernière semaine de la grève : fidèle à sa stratégie, la CGT
       obtint la nomination d'une médiatrice et de pouvoir négocier en se
       déclarant seule représentante des salariés. Le compromis obtenu
       (conditions de travail ???, une prime répartie sur 3 ans au lieu
       du 13ème mois - et après ???-, suppression d'un jour de carence)
       présenté aux grévistes après bien des débats, fut accepté, la mort
       dans l'âme par 169 salariés. 149 le refusèrent catégoriquement.
       Malgré cela, après 19 jours de grève, de débats intenses, de
       pratiques solidaires et démocratiques, rien ne sera plus comme
       avant : un puissant sentiment de solidarité s'est créé entre les
       salariés. Nombreux parmi eux, sont ceux qui pour la première fois
       ont découvert le sens du mot solidarité, le plaisir de réfléchir,
       décider et agir démocratiquement, sans chef, sans contrainte.

       Il appartient, aujourd'hui, aux salariés de la clinique du Pont de
       Chaume, et à eux seuls, de faire en sorte que cette belle aventure
       continue. Face aux stratégies répressives, que la direction semble
       vouloir mettre en place, la solidarité des salariés est plus que
       jamais nécessaire.

       Des salariés de la clinique Pont des Chaumes