CNT AIT TOULOUSE ANARCHOSYNDICALISME
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 Serbie : les nervis du pouvoir

       jeudi 10 juin 2010 par cnt ait

       Six anarchosyndicalistes de Belgrade ont passé presque six mois en
       prison sous l'accusation grotesque de « Terrorisme international
       ». Relaxés de cette accusation et mis en liberté provisoire, ils
       repasseront en procès le 16 juin sous une inculpation
       « allégée » ! En Serbie, ce procès constitue un enjeu de taille
       pour le pouvoir. Il pourrait bien tourner à la déroute politique
       de l'Etat serbe, tellement le dossier est creux et les méthodes
       employées révélatrices du plus total arbitraire. Ce qui ne peut
       que ternir l'image de « démocratie » que le pouvoir cherche à se
       donner et nuire aux énormes intérêts financiers en jeu dans le
       processus d'intégration au sein de l'Union Européenne actuellement
       en cours.

       C'est pourquoi les forces réactionnaires et nationalistes serbes
       cherchent à faire taire les membres de l'ASI par une violente
       campagne d'intimidation.

       Les nervis du pouvoir à «  l'oeuvre »

       Déjà le soir de la libération des 6 de Belgrade, la réunion et le
       concert de solidarité avaient dû être écourtés suite à une
       agression à la bombe lacrymogène. Ensuite ce furent les affiches
       de menaces directes, nominatives, apposées dans le voisinage de
       certains compagnons.

       Les menaces deviennent maintenant des actes. Ainsi, le 14 mai,
       vers 23 heures, un militant a été agressé par un groupe de quatre
       néo-nazis en plein centre-ville à Belgrade. Il a reçu plusieurs
       coups de poing au visage après qu'on lui eut demandé s'il était
       anarchiste. Quelques jours plus tard, le 22 mai vers 3 heures du
       matin, D.K, membre de l'Initiative anarchosyndicaliste de la ville
       de Novi Sad, a été également agressé par des néo-nazis dans la rue
       Pap Pavla. Il rentrait chez lui lorsqu'une voiture s'est arrêtée à
       ses côtés. Aux cris de « mort aux antifascistes » il a été frappé
       violemment à la tête, ce qui lui a fait perdre connaissance, après
       quoi l'agresseur a continué à le frapper à coups de pied et de
       poing tandis qu'il gisait sur le sol, dans le coma.

       Quatre autres de nos compagnons font l'objet d'un procès politique
       ubuesque pour avoir « fait obstruction à la justice » (en clair
       avoir brandi dans le tribunal une feuille de papier réclamant la
       libération des 6 inculpés de Belgrade).

       Contrairement à la volonté des hiérarques serbes, toutes ces
       exactions ne feront pas taire nos compagnons et les
       anarchosyndicalistes du monde entier et leurs amis se chargent de
       dénoncer les pratiques criminelles de l'Etat serbe et des nervis à
       son service.

       En France parmi d'autres initiatives, il faut souligner
       l'occupation, par une dizaine de compagnons de la CNT-AIT du
       Centre culturel de Serbie de Paris (17 octobre). Puis, le match
       retour TFC-Partisans de Belgrade (3 décembre) a donné lieu à
       Toulouse à une activité intense d'information de la population,
       d'autant qu'au cours du match aller, un supporter toulousain avait
       été assassiné à Belgrade par des nervis nationalistes (les mêmes
       sinistres individus qui agressent actuellement nos compagnons).
       Comme nous ne confondons pas tous les supporters serbes avec les
       fascistes, 15 jours avant le match, nous avons appelé à
       fraterniser avec les supporters et nous nous apprêtions à profiter
       de leur venue à Toulouse pour les informer massivement avec des
       tracts en langue serbe. Quelques jours à peine avant le match,
       nous avons appris que le Gouvernement serbe interdisait à tout
       supporter de se rendre à Toulouse... Plus récemment, le 3 mai,
       M. Batakovic, ambassadeur de Serbie, était à la Faculté de
       Besançon pour une conférence sur les relations diplomatiques entre
       les deux pays. Des compagnons ont interpellé le diplomate sur la
       détention abusivement longue, les tortures, la violation des
       droits, l'absence de preuves, la campagne médiatique calomnieuse
       et le soutien passif de l'État à des groupes nationalistes. Devant
       les arguments pertinents des compagnons, l'ambassadeur a perdu
       beaucoup de sa superbe...

       Continuer à organiser la solidarité

       Durant les 6 mois passés en prison, pratiquement toujours en
       isolement, nos six compagnons ont subi pressions et tortures. L'un
       des six en a perdu l'usage de la parole (et ne peut toujours pas
       parler à l'heure qu'il est), d'autres doivent faire face à des
       soins médicaux coûteux. Ceux qui étaient ouvriers ont été
       licenciés, du fait de leur emprisonnement préventif. Ils sont
       maintenant sur une «  liste noire  » qui leur rend très difficile
       de retrouver un travail. Quant aux compagnons étudiants, comme ils
       ont « manqué  » la moitié de l'année universitaire (du fait de
       leur emprisonnement arbitraire...) ils sont considérés comme
       redoublants, ce qui signifie qu'ils perdent le droit à la gratuité
       des études. S'ils veulent continuer ils devront payer
       l'intégralité des frais de scolarité, (ce que leur situation
       personnelle ne leur permet pas) ! A cela s'ajoutent les frais des
       procès. La solidarité financière est donc de première importance
       dans cette affaire. Déjà, nous avons réuni plus de mille euros. Il
       est nécessaire de continuer.

       Ceux qui le peuvent sont invités à adresser leurs dons à CNT-AIT,
       108 rue Damrémont, 75018 PARIS, chèques à l'ordre de CNT-AIT
       (CCP : 5734845 H 020), mention «  Solidarité Serbie  » au dos.

       La solidarité militante constitue le deuxième grand axe du
       soutien. Tout événement sportif, culturel, économique,
       diplomatique ou autre impliquant la Serbie doit servir à faire
       connaître l'injustice que subissent nos compagnons. Ne laissons
       rien passer ! Que personne n'hésite à manifester sa solidarité
       dans la lutte pour la liberté !