Le problème du remboursement de la dette publique


19 mai 2007
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L'Etat français doit impérativement réduire son endettement. Mais pour le citoyen assujetti à l'impôt et à la puissance de l'état, le problème essentiel est de savoir sur qui pèsera la charge de ce remboursement.

A cette question posée à un pays harassé par une fiscalité exorbitante, la réponse qui semble se dessiner ne présente pas d'attrait. Plus encore, le sérieux de cette réponse est douteux.

Bien sûr, les opposants politiques ne se privent pas de critiques. Ils semblaient pourtant disposés à prendre les mêmes mesures si le pouvoir leur avait été offert. Ce n'est pas à leur concert de récriminations que ce papier se joint.

En effet, il faut voir que la démarche politique entreprise dans la solution au problème de la dette est de type "pénitentiel". Elle place en accusés les français actuellement actifs qui "auraient provoqué de manière fautive une dette exorbitante" vis à vis des jeunes français futurs actifs sur qui reposerait la charge illégitime de cette dette.

Or, cette analyse nous paraît conduire à une situation historique nouvelle. Nouvelle et potentiellement névrotique.

Cette analyse, c'est de la politique économique conduite par le ressentiment. On ne tire rien de bon du ressentiment entre fractions d'une même communauté. Déjà exaspérés par la charge des retraites par répartition au bénéfice des anciens, les jeunes devraient en plus payer la dette que ces mêmes anciens auraient provoquée. La solution envisagée ménagerait la susceptibilité des générations futures. Nous n'en croyons bien entendu pas un mot.

Plus encore, la solution qui semble se mettre en place paraît bien étrange. En effet, deux grandes mesures sont annoncées. Tout d'abord, la rigueur budgétaire doit conduire à un budget en quasi équilibre dans plusieurs années par progrès successifs. Ensuite, les recettes extraordinaires seront au moins partiellement dévolues au remboursement de la dette.

Selon la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, avec une croissance moyenne du PIB estimée à 2%, il est prévu un montant annuel de 12 milliards d'euros pour ce remboursement. Comme l'endettement provoqué par le seul Budget gouvernemental est de l'ordre de 1.000 milliards, on en déduit qu'il faudra 100 ans pour rembourser la dette publique d'état. Est-ce bien sérieux ?

Quant au retour à l'équilibre budgétaire, il n'est pas, lui non plus attendu avant longtemps. La dette d'état, provoquée par le seul budget de l'Etat, va donc encore augmenter. En effet, si la politique de rigueur atteint son objectif d'équilibre en 10 ans, avec une simple décroissance linéaire, on aura de toutes façons doublé l'endettement.

On voit que, de toutes façons, les générations futures supporteront la charge de la dette.

On concèdera que les mesures de rigueur budgétaire et de remboursement forcé de la dette ne sont pas forcément mauvaises. Elles sont seulement fondées sur une analyse fausse. Plus grave, ces mesures sont trop timides pour avoir la moindre chance de changer le déclin économique de la France en une croissance.


Quelle autre analyse faut-il avoir qui aurait une chance supérieure de réussite ?


Il faut tout d'abord évacuer les causes partielles à cet endettement.

On a dit que l'Etat vivait au-dessus de ses moyens. C'est exact. Mais c'est confondre un effet pour la cause. Ce n'est pas seulement parce que l'Etat vit au dessus de ses moyens qu'il s'endette. Les gouvernants sont sûrement critiquables, mais ils ne sont pas cinglés. L'Etat s'endette parce qu'il ne peut pas faire autrement. Voilà l'affreuse vérité. Il vit au-dessus de ses moyens parce qu'il ne peut pas faire autrement et les deux maux dénoncés sont largement indépendants, à tout le moins pas directement liés par la relation de cause à effet.

Dans le même ordre d'idée, on a incriminé le nombre exorbitant de fonctionnaires publics. C'est encore exact. Mais cela provient d'une autre cause, terrible celle-là et qui s'appelle le jacobinisme ou, si l'on veut faire plus moderne, le bureaucratisme étatiste.

Si la France était "seule au monde", ce serait sûrement la cause de l'endettement. Malheureusement pour l'hypothèse de la surpopulation fonctionariale, la France n'est pas seule au monde.


Une autre cause à l'endettement


Il existe une autre cause et cette cause provient d'un mouvement délétère, interne au mondialisme. La réduction des coûts de production présentée depuis vingt ou trente ans comme l'impératif catégorique du libéralisme est en réalité la cause ultime de l'endettement.

En effet, la réduction des coûts rencontre le mouvement de croissance du PIB. Dans la France contemporaine, quand le PIB s'accroît, les charges se mettent à dépasser les recettes réduites par la politique de réduction des coûts.

Il en résulte que le fabricant d'ordinateurs dans un pays dont le PIB a dépassé le niveau moyen du PIB des pays producteurs d'ordinateurs ne peut plus suivre le mouvement de baisse de prix des ordinateurs. S'il est assez rapide, il ferme ses usines dans le pays riche en PIB et tente de se délocaliser dans un pays plus pauvre en PIB. Le résultat dans le pays quitté est double.

Tout d'abord, les charges sociales augmentent parce qu'il faut indemniser le chômage provoqué par la fermeture des usines de production d'ordinateurs. Ensuite, les taxes payées par la firme sur ses ventes d'ordinateurs et sur leur production ne sont plus payées dans le pays puisque la firme a délocalisée ou a disparue.

Ce mouvement est bien connu. Aussi, la réponse officielle toute faite est encore dans les esprits. Cette réponse est double. L'économie de production doit d'urgence se convertir en économie de services. Pour y parvenir, il faut recourir à la formation de façon à transformer les ouvriers de production en ingénieurs de conception, ou en femmes de ménage, autre folie. Un enseignant voit immédiatement le problème. L'économiste politicien ou le politicien économiste, pas.

Mais, même l'enseignant tout fier de recevoir les chômeurs en reconversion dans ses instituts de formation professionnelle se fait une idée fausse de la réalité. En effet, ces anciens ouvriers ne deviendront jamais des ingénieurs, et pas seulement parce qu'ils n'en ont bien entendu pas les capacités, la diplomite n'ayant manifestement pas les vertus que les historiens rapportent qu'avaient les brevets délivrés par les rois de France.

Les travailleurs en reconversion vers le "tertiaire" ne seront jamais ingénieurs, ni quoique ce soit d'autre, parce que les usines de production n'étant plus là, les ingénieurs qui les dirigent, et les autres emplois tertiaires qu'ils nécessitent se trouvent ailleurs. C'est ainsi que, quand une entreprise délocalise sa production en Chine ou en Inde, en Roumanie ou en Turquie, moins de deux ans plus tard son centre d'études établi au Mans ou à Vélizy, à Lille ou à Toulouse, ferme. Depuis trente ans, l'histoire s'est répétée cent fois avec des variantes parfois inversées, une entreprise asiatique venant s'implanter, en Lorraine par exemple ... et l'ensemble de l'emploi, postes d'ouvrier et d'ingénieur compris, repartant en Asie trois ans plus tard, les subventions engrangées ....

Pour maintenir la croissance du PIB de manière purement fictive, l'Etat est alors obligé d'augmenter ses dépenses parce qu'elles comptent dans le calcul du PIB ! Augmentant ses dépenses, par indemnisation du chômage, embauche de fonctionnaires, commandes d'état, l'état réduit d'autant ses ressources. Il lui faut donc emprunter.

Et voilà exposé le mécanisme de l'endettement de l'état.


D'autres voies de relance du progrès économique


Augmenter la rigueur budgétaire est certainement une mesure de salubrité publique. Mais elle ne traite pas le problème de la nécrose du système productif local et elle pénalise les victimes du système pervers de la mondialisation au lieu de décourager les agressions mondialistes perverses.

Certains systèmes de TVA sociale commencent timidement à envisager la solution. D'autres se trompent complètement. Mais la véritable reconquête de la prospérité économique utilise deux armes : l'acquisition d'entreprises industrielles dans les pays à bas coût de main d'oeuvre et la taxation équilibrante des importations agressives de manière à ramener le prix de marché à un niveau supportable par l'industrie locale.

La première arme peut être maniée par l'Etat et par des sociétés d'économie mixte. Elle peut aussi être maniée par des entreprises industrielles locales quand elles disposent encore d'une trésorerie leur permettant d'acheter à un prix tenu pour bas relativement à la richesse subsistante des entreprises de production à bas coût. Puis le produit de ces usines peut alors être écoulé à un prix très élevé dans le pays à fort PIB de manière à augmenter la richesse publique.

Si le pays à bas coût de main d'oeuvre proteste en augmentant sa propre fiscalité à l'encontre des exportations, et ceci de manière déséquilibrée s'il favorise les exportations des firmes qu'il contrôle, la France pourra prendre des mesures de rétorsion.

En effet, la seconde arme utilisable consiste à appliquer une fiscalité confiscatoire à l'encontre des importateurs et des distributeurs qui importent en France des productions délocalisées non labellisées FRANCE de manière à ramener leur prix au niveau des contraintes sociales et étatiques de la France.

Contrairement aux apparences, ces deux armes peuvent parfaitement être utilisées dans le respect des accords sur le commerce international. Les Etats-Unis l'appliquent depuis toujours. Quelques plaintes contre leur protectionnisme aboutissent. Mais c'est bien rare.

Pourquoi la France n'appliquerait-elle pas ces mesures ?


Un problème politique rencontré lors de la solution à un problème économique


On note que lorsque, dans le régime débilitant actuel, une entreprise publique ou privée délocalise sa production dans un pays à bas coût de main d'oeuvre, elle semble utiliser la première arme préconisée plus haut. Or, le succès est moins qu'évident. La France continue son déclin malgré les délocalisations massives.

Que ce passe t'il ?

En réalité, se trouve posée ici la question de la communauté économique nationale. Qu'est-ce qu'une économie nationale dans le contexte de la globalisation ou de la mondialisation ?

Si nous prenons le cas d'un certain constructeur automobile qui a délocalisé une partie de sa production dans un pays à bas coût de main d'oeuvre, nous constatons qu'il a à la fois réduit son personnel en France et le nombre de ses immatriculations en France. Au lieu de réimporter en France des véhicules à un prix de marché, il a produit des voitures de très bas de gamme et ne les laisse pénétrer le marché français qu'à un prix très bas et avec des quotas ridicules.

Qu'en résulte t'il ?

Cette firme devenue globalisée, ne pense plus "communauté nationale", mais "dématérialisation des actifs" de façon à ne plus contribuer au budget de l'état français par les impôts et le chiffre d'affaires.

Le raisonnement économique de cette firme est très simple : "si j'ai le choix entre "gagner 10 en France" et "gagner 100 hors de France", pourquoi resterais-je en France ? Allons ailleurs !"

Si vous considérez que cette entreprise n'est soumise à aucun actionnariat de court terme, imaginez le choix stratégique d'une firme contrôlée par un fonds de pension de retraités américains du Middle West !

Il apparaît donc que l'Etat devra faire face à sa responsabilité politique en rendant une cohésion nationale au tissu économique dissout par la mondialisation. Il aura deux instruments.

Tout d'abord, il doit trouver une incitation à une globalisation bénéfique pour la communauté nationale. S'il n'y parvient pas, l'état français disparaîtra, parce que ses citoyens rejoindront d'autres ensembles où l'état français n'aura plus de part.

Ensuite, l'Etat doit se joindre au mouvement de globalisation parce qu'il est le seul à avoir une puissance susceptible d'imposer une loi de paix à une jungle décadente dans laquelle la mondialisation nous a jeté. Pour cela, l'Etat doit exécuter deux missions. Il doit se poser comme un interlocuteur obligé des organes de la mondialisation que sont dans l'ordre d'importance, les Etats-Unis et leur affidé, la construction européiste, les organisations comme l'OMC et la Commission de Bruxelles, et enfin les autres Etats avec qui l'Etat français restauré doit manier un dialogue armé, ferme et constructif. Ensuite, malgré son endettement, l'Etat dispose d'une puissance financière qui lui permettra d'investir les économies émergentes encore accessibles comme l'Allemagne le fait en Europe Centrale.



Le problème des institutions mondialistes



Il existe cependant un problème politique majeur. Ce problème réside dans les accords européens, imposés par la dynamique destructrice des traités d'Amsterdam et de Nice.

Il est évident qu'une forte restauration de la souveraineté économique dans le domaine douanier notamment est essentielle pour la sauvegarde de la France.


Conclusion

Pour conclure, on peut dire que rien n'indique que l'état français ait perçu ces terribles réalités.


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