Sur un curieux parallèle entre Louise Michel et Georges Clemenceau

 

 

Dans son livre Georges & Louise, l’écrivain Michel Ragon souligne un curieux détail. Georges Clemenceau a, presque toute sa vie, été en relation avec Louise Michel. De même que Victor Hugo. On ne retire pas clairement la qualification de leurs relations. On ne sait pas réellement ce qu’elles furent.

 

Mais, Louise Michel a été le produit de grands bourgeois, soutiens de la révolution de 1793, qui, retirés dans leurs terres de province, l’ont fait naître. Sa mère, domestique au château, a en effet servi d’animal favori au fils de famille qui s’en est servi pour faire ses classes. La chose était on ne peut plus traditionnelle. Et le fruit de ces exercices de salon a été élevé avec tous les égards dus à son rang. Avec précepteur et belles robes.

 

Georges Clemenceau fut assurément le fils de son père. Point. Il n’y a rien d’autre à dire. Mais, lui aussi fut un grand bourgeois. Il se maria avec une Bostonienne du meilleur monde. Il se comporta toute sa vie avec les appétits du père de Louise Michel.

 

Louise Michel eut toute sa vie une certaine difficulté à convaincre le milieu ouvrier de ses bonnes intentions. Aujourd’hui, elle est la Jeanne d’Arc miteuse de la révolution prolétarienne. Elle vécut avec une haine au cœur unique et dévorante : la haine de la bourgeoisie à laquelle elle appartenait de tout son corps.

 

Georges, lui, peut rester lui-même. Il a terrassé le dragon … allemand. Il vécut avec une seule haine : la haine du catholicisme.

 

Ils jouissent (encore) tous deux de la même réputation au bestiaire de la révolution.

 

Merci à Michel Ragon de révéler dans son livre cet aspect caché de l’Histoire. Si bien caché qu’on peut penser que Michel Ragon ne l’y a pas vu. Qui sait ?

 

31/12/2002