Pourquoi je n’aime pas les tubes d’Amélie
Philippe Brindet
5 janvier 2003 - révisé le 7 janvier 2009



Amélie Nothomb, « Métaphysique des tubes », Roman, Albin Michel, 2001

Le livre se présente dans un petit format avec une bande portant deux photos de l’auteur. La première photo représente ce dernier la tête rejetée en arrière, la bouche maquillée de rouge baiser, les naseaux grands ouverts et la trachée artère fortement tendue. Ce qui n’est pas sans rapport avec le roman, je l’ai bien noté.

Non vraiment je n’aime pas les tubes d’Amélie !

La seconde photo est une vue de trois-quart haut, beaucoup plus sage, dans un sépia fort traditionnel. Un peu genre André-Gide-revenant-du-Bazar après … . Bon, ceci est une autre histoire. Dans le show biz’, un tube, çà se fabrique. Le produit en question est fabriqué de même.

Non vraiment, Amélie je n’aime pas tes tubes !

Est-il besoin de poursuivre ?

Je ne suis pas critique professionnel. Je n’ai même pas acheté le livre prêté par un ami qui l'est resté (voyez comme je suis fidèle, malgré tout). Je n’ai donc pas lieu de me plaindre.

Malheureusement, le lecteur est bien contraint de protester parce que la production littéraire est uniforme. En matière économique, la production est toujours commandée par la distribution des produits. Or, en matière « CULturelle », la distribution est entre les mains d’un petit groupe de faquins, tous unis dans une agréable tâche de destruction de l’art. Il est donc presque impossible de trouver un roman qui ne soit pas basé sur trois composantes essentielles :

1° le sujet doit être catégoriquement « intellectuel » et de tendance dissolvante ;
2° le sujet est essentiellement sensualiste et sentir les latrines ;
3° le sujet est radicalement narcissique et naturellement pervers.
Bien entendu, « Métaphysique des tubes » n’échappe pas à ce diktat.

Ferais-je injure à l’auteur d’analyser pesamment son roman comme un délit de droit pénal ? Non. Je suis lecteur et non pas juge.

Lecteur ? Je dois reconnaître que j’ai entrouvert le livre. Seulement. Comment être réputé lecteur pour si peu ? Le drame d’Amélie est qu’il serait souhaitable que ses lecteurs ne dépassent pas mon énervement des premières pages.

Des premières pages …

Qu’il vous suffise, mes amis, de savoir que tout le récit est mené à la première personne. Amélie nous a évité le pluriel de majesté. Mais on y songe. On y songe, page 26 :

« En désespoir de cause, la mère alla regarder dans sa chambre. Ce qu’elle y vit la stupéfia : Dieu était assis dans son lit-cage et hurlait autant qu’un bébé de deux ans peut hurler.

Amélie-Dieu. »
Bon, je vous quitte avant de commettre les derniers outrages sur le tube à Amélie.